RAPPEL : Bild publie le témoignage d'une amie expliquant que #AndreasLubitz avait vécu une déception amoureuse pic.twitter.com/ursWIYOUTY
— Breaking 3.0 (@Breaking3zero) 27 Mars 2015
La petite amie, bon sang, mais c'est bien sûr. Ça tombe sous le sens, cherchez la femme. Bon, ok, pour être honnête, j'ai entendu un psy de bon sens dire que si tous ceux qui ont des ennuis sentimentaux se comportaient de la sorte, il n'y aurait plus personne sur terre. Le cas est rare, mais quand même, on vient de grimper d'un cran dans la tuerie industrielle : 149 passagers et membres d'équipage emmenés à la mort pour se venger prétendument d'une déception amoureuse ! On en était restées aux lycéens qui se commandent de super guns bien phalliques sur internet, qui se livrent à un "killing spree " comme disent les américains, dans leur lycée ou dans la rue, dégommant tout ce qui bouge avant de se faire suicider par les policiers (suicide by cops) ; avec Lubitz, on a un "suicide by A320 ", un gros avion commercial de ligne lancé à 700 km/h, si on veut trouver plus phallique, il reste le lanceur de satellites orbitaux ! Plus haut , plus gros, plus fort.
Après avoir accusé les femmes, au lieu de chercher ce qui ne va pas chez eux, certains préfèrent accuser le féminisme : la preuve, trouvée par une twittas vigilante, un article de blog dont je ne vais pas mettre le rétro-lien, je ne tiens pas à le faire monter dans l'algorithme de Google en faisant cliquer dessus, sachez juste qu'il s'agit d'un masculiniste auto-proclamé "Alpha" qui écrit en anglais, et qui se propose de "briser les chaînes, gagner la partie et sauver la Civilisation Occidentale", rien de moins et avec des majuscules, s'il vous plaît !
Résumé : Ce pauvre Lubitz, 28 ans (la vie devant lui, co-pilote d'une filiale de la Lufthansa) "était un mâle Omega (notez l'Alpha hiérarchique qui considère l'Omega avec condescendance ou tout au moins en opposition avec lui) profondément amer et en colère qui effrayait les femmes à raison, car ils sont capables d'actes terribles et sans pitié d'auto-destruction ". Il le décrit d'après la photo le montrant assis, souriant près d'un pont, comme "un petit homme à calvitie naissante, un peu en surpoids (???), son métier montre qu'il est un peu plus intelligent que la norme MAIS son sourire incertain indique un rang socio-sexuel inférieur ". Le pauvre mâle Omega donc, qui ne s'accouple avec les femelles qu'en contrebande quand les alphas tournent le dos. On se pince devant une vision aussi réductrice des hommes entre eux. Toutefois, rajoute-t-il, "Lubitz est le seul à blâmer, même s'il est effrayant de penser à toutes ces vies qui pourraient être sauvées chaque année si les putes (SIC) de la planète étaient un peu moins sélectives et plus équitables dans leur distributions de pipes ", auxquelles les hommes ONT DROIT de DROIT DIVIN naturellement. Et de conclure son post du siècle : "A 28 ans, dans une société plus traditionnellement structurée (la tradition immuable, le temps cyclique, il n'y a que ça de vrai !) il aurait sans doute été marié. Il n'est donc pas impossible que les morts de la Germanwings représentent plus que les coûts indirects du féminisme ". Merci mec pour l'injonction faite aux femmes de faire infirmières soignantes palliatives de la rage et de la frustration masculines. On fait ce qu'on veut, d'abord. L'idéologie du mâle suprémaciste telle qu'on la lit ici n'est évidemment pas la plus largement répandue, mais tout de même, elle incite à rester sur ses gardes, les attaques au féminisme sont courantes et de plus en plus décomplexées.
Il est permis de penser que ce dont souffrait Lubitz, c'était d'un sentiment de "droit acquis lésé" (aggrieved entitlement), -voir article en lien ici - ce sentiment du masculin hégémonique qui fait d'eux des ayants-droit des considérations spéciales de la société, et quand ce droit est lésé (être dans les meilleures écoles, ne pas souffrir de la concurrence des femmes, noirs..., ne pas perdre le pouvoir, et sans doute dans ce cas précis, droit de devenir rapidement commandant de bord à la Lufthansa, plutôt que co-pilote dans une filiale low cost), ils passent à l'acte violent, estimant devoir se venger de la société qui ne tient pas compte de leur statut ; les symptômes de leur sociopathie ne sont détectables qu'après coup, car la société en général, les femmes de leur entourage aussi, sont indulgentes envers les divers comportements violents ou annonciateurs de violence chez les hommes, notamment les hommes blancs. Tout cela a un but : garder le pouvoir en faisant régner la terreur machiste.
Liens supplémentaires :
Pourquoi ne parlerions-nous pas de violence et de masculinité par Soraya Chemaly
Désespéré ou tueur de masse ? Une interview de criminologue chez Atlantico
La capacité de terroriser par Andrea Dworkin sur mon blog
Le déclin de la virilité, ce modèle archaïque immémorial, résumé d'une conférence de Georges Vigarello.