Début septembre, dans le sillage des révélations sur les agressions sexuelles commises par l'Abbé Pierre, on a entendu le témoignage d'une aide-soignante qui a eu le réflexe, alors que le saint homme faisant mine de trébucher, se raccrochait à la planche de salut de ses seins, que cette brave femme a eu le réflexe qu'on croyait perdu chez les féministes nouvelle génération : la bonne vieille baffe qui remet les idées en place et les mains où elles doivent être. Je me suis dit "ah enfin, une qui riposte", j'en étais à penser que la sidération avait définitivement gagné.
Si vous êtes cinéphile et avez regardé du cinéma français et hollywoodien des années 40, 50 et 60 du siècle dernier, vous n'avez pas pu manquer les gifles magistrales que les personnages féminins administraient aux hommes, assorties de l'insulte "goujat !" quand ces derniers avaient manqué à la courtoisie. La mandale de femme était très en vogue à l'époque dans la culture cinématographique. Il n'en reste plus rien. Recherche Google : on trouve les plus belles gifles de l'histoire du cinéma, en majorité des hommes giflant des femmes comme Ventura en mettant une à Adjani (jouant sa fille) dans le film au titre éponyme ; le ridicule ne tuant plus, un forum (où j'ai trouvé mon image) déplore qu'on ne réprouve pas plus vivement ces films où des mecs se font baffer par des femmes alors que l'inverse provoque un réprobation unanime. On trouve même une pétition de 2016 sur le site MesOpnions.com qui a fait un four retentissant : 21 signatures à ce jour ! Un non-sujet, tellement ça ne prête pas à conséquence, et que ça s'est perdu. Les conquêtes libérales féministes vers plus d'égalité ont eu raison de la baffe, laissant les femmes désarmées et "sidérées" en cas d'attaque. Comme si les femmes étaient les égales des hommes dans la violence et qu'il faille rétablir un équilibre qui n'a jamais été en notre faveur.
Dans le même ordre d'idées, je voudrais aussi rappeler le combat pionnier, courageux et victorieux des Suffragistes britanniques, féministes radicales qui ne s'embarrassaient pas de préséances. Elles y allaient franco, manifestant dans la rue, commandant et apprenant une technique de combat, le jujitsu, importé et adapté à leurs besoins par un maître Japonais pour se défendre contre les exactions policières ; elles ont été torturées, gavées de force, un tuyau enfoncé dans l'œsophage et l'estomac, lorsqu'elles menaient leurs grèves de la faim ; elles incendiaient des boîtes aux lettres et vandalisaient même les toiles de la Tate Gallery à Londres pour protester contre le fait que les femmes figuraient surtout nues sur les tableaux et nettement moins comme artistes peintres. Et pas avec de la soupe, mais avec un hachoir ! Elles l'ont emporté de haute lutte. Il a fallu un quart de siècle de plus aux suffragistes françaises (dénommées de façon méprisante "suffragettes") pour avoir le droit de vote et encore par décret, tellement le Parlement à majorité radicale socialiste mâle ne voulait pas en entendre parler, au motif que les femmes voteraient comme le curé leur soufflerait !
En conclusion
Ce calme hallucinant et étonnant des femmes ! Malgré Shaïna, Chahinez, Delphine, Lina, Pilippine, Gisèle et toutes les autres victimes d'agressions et de féminicides, malgré toutes ces femmes agressées, massacrées par les hommes de leur intimité, ou rencontrés dans la rue, pas de mairies, de bibliothèques ou d'écoles incendiées, pas de mobilier urbain détruit, pas d'émeutes, de celles qui suivent la mort par policier interposé, de mauvais garçons, mineurs conduisant sans permis, sans assurance, refusant d'obtempérer, troublant l'ordre public, risquant de tuer des enfants, des femmes, des hommes, des vieilles dans les rues où elles passent. Et sur qui la société, ses médias et sa justice patriarcale consacrent des pages, des écrans, des temps de radio et des commentaires ineptes infinis sans jamais nommer le problème, la violence masculine, les comportements asociaux des hommes. La vie des femmes en patriarcat est un roman gothique, leurs histoires d'Ann Boleyn maquées à des Henri VIII servent à avertir les récalcitrantes de QUI tient les manettes, et que tenter de sortir de l'oppression peut se payer de leur vie. Vie qui a moins de valeur que celle du mâle le plus délinquant et à qui les psys trouveront les excuses habituelles : violence familiale, misère sociale et sexuelle, absence de père, et tutti quanti. Les filles et femmes subissent toutes ces maltraitances à des niveaux supérieurs à ceux des garçons, et pourtant elles ne se vengent pas sur la société, ni d'ailleurs sur les usual suspects, les hommes ! Elles n'ont même pas la réflexe de se défendre lorsqu'elles sont attaquées. Le néo-féminisme libéral ne propose aucune alternative que le victimaire, et la quête de "moyens" auprès d'institutions, toutes d'obédience patriarcale, la police et la justice. On le voit ces jours-ci dans l'écœurant procès Mazan et ses débats vains sur le "consentement", une diversion patriarcale de plus où les femmes portent encore la responsabilité de leur agression parce qu'elles n'ont pas dit clairement non dans un système inégalitaire où les femmes sont "faites pour le sexe", où les hommes ont des droits à "un congé payé dans le CDI du mariage" comme on a pu entendre, éberluées, témoigner un des co-accusés du procès. Mais les mecs, si le mariage et le conjugo ne vous conviennent pas, vivez votre vie en célibataires sans enfants, faites carrière et sortez le soir avec vos amis. C'est quand même insensé de devoir rappeler cette évidence que PERSONNE n'est obligé de se marier, de vivre en couple ni d'élever des enfants. Si vous trouvez tout cela pesant (et ça l'est certainement !) ABSTENEZ vous.
EDIT - Evidemment, mon propos dans cet article n'est pas d'inciter à se faire vengeance soi-même, ni à faire l'éloge de la loi du plus fort. La violence légitime appartient à l'état, sa police et sa justice selon les lois voulues et écrites par le législateur. Mon propos est de dire aux femmes qu'elles ne sont pas totalement désarmées, qu'elles ont le droit de se défendre, d'arrêter de faire dévolution de leur sécurité à l'ennemi intime ou public principal, que lui confier notre sécurité conduit à des mortes et des blessées graves. Nous avons toutes dans la tête, indélogeable, ce tabou anthropologique de nous défendre, les armes nous étant interdites -nous savons pour quelles raisons- et c'est à tel point que même l'insulte nous fige d'effroi. Alors qu'on peut au moins vocaliser une légitime indignation, piquer une saine colère réparatrice, sortir un spray au poivre de son sac, et menacer de niquer une de leurs précieuses caisses, voire de passer à l'acte ! C'est quand même mieux que d'être transformée en statue de pierre permettant tous les abus, et se réveiller 18 ans après, non ?