A Davos au World Economic Forum 2016 : cherchez bien les femmes. Club des riches de la planète, swiss non profit foundation, ce qui a fait dire à Nicolas Barré un matin sur Europe 1 que c'est une ONG type Croix Rouge (si, il a osé), sauf que pour être membre il faut être le(s) dirigeant(s) d'une compagnie mondialisée de plus de 5 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Un club restreint donc, qui veille à ses intérêts, très opportunément confondus avec l'intérêt général. Leur principal meeting se tient une fois par an à Davos, meeting qui leur permet d'inviter des politiques, (Macron et Valls y étaient cette année, une première pour des ministres socialistes qui avaient jusqu'ici toujours refusé de s'afficher avec les hyper riches !) et des journalistes internationaux influents et triés sur le volet. Vous avez compris : il s'agit avant tout de remplir son carnet d'adresses entre copains d'un club très masculin, limite mafieux, puisqu'un club est ontologiquement d'essence masculine, et que l'on s'y coopte entre mêmes. Vous me direz qu'il y avait aussi Christine Lagarde, Directrice générale du FMI, évidemment inoffensive au pouvoir masculin, car première femme à diriger cette instance, puisqu'elle a été soigneusement sélectionnée selon les critères virils nécessaires pour occuper le poste ! La seconde aura plus de facilités, la terreur que leur provoque les femmes au pouvoir, femelles réputées incontrôlables, sera atténuée car Lagarde aura essuyé les plâtres... et endormi leurs préventions.
Ces 1% se sont tout de même fendus d'une déclaration sur la nécessité d'inclure les femmes (en majorité les pauvres de la planète, faut-il le rappeler ?) dans la prise de décision : "Il est temps de briser les chaînes de la dépendance pour les femmes et les filles" -en anglais sur ce lien-, ça ne mange pas de pain et ça leur donne un air furieusement progressiste. Puis, back to business as usual, status quo ante : on reste entre gars, la méthode est éprouvée. Rendez-vous l'année prochaine avec les mêmes.
Dans le même temps l'ONG OXFAM a publié une étude sur le gap qui se creuse entre les riches et les pauvres sur une planète aux ressources à bout de souffle. Selon les calculs d'Oxfam, 62 personnes possèdent autant que la moitié de la population mondiale : c'est dû à l'appauvrissement des producteurs de richesses (ouvrier.es, agricult.rices..., gagnant de moins en moins bien leur vie) et aux comptes offshore des grands contributeurs à l'impôt, l'évasion fiscale privant les états des moyens de la redistribution. Selon cette infographie du journal l'Humanité, 80 milliardaires les plus riches possèdent davantage que 3,5 milliards les plus pauvres de la planète, soit la moitié de l'humanité. La moitié des humains pauvres = 80 plus riches milliardaires. 1 % contre les 99 %.
Les 28 et 29 janvier 2016, la France déroule le tapis rouge à l'Elysée et aux Invalides au Président iranien Rohani, notre nouvel ami, en visite en France pour signer des contrats commerciaux (en s'asseyant au passage sur les droits humains et les droits des femmes) : Vinci, Peugeot, Airbus, SNCF, l'agro-industrie, ils sont tous là ! Comme Rohani professe que les femmes doivent rester à la cuisine, on lui a composé un tour de table à hauteur de ses désirs :
— Annie lahmer (@annielahmer) 28 Janvier 2016
Les hommes fabriquent et vendent des armes, ils font de la mauvaise politique et la guerre, ils sont aussi les plus gros carbonés donc ils ruinent le climat, et on leur laisse les clés du pouvoir ! Je laisse le dernier mot à Paola Tabet, anthropologue (in La construction sociale de l'inégalité des sexes) : de tous temps ont été assignées aux femmes les corvées non mécanisables, la prohibition des outils et des armes, elles travaillent de façon harassante à la main, à la binette, à la houe, avec des rendements très faibles ; aux hommes les outils, charrues, machines, les ARMES, et donc de hauts rendements ; avec le temps dégagé, ils ont des loisirs qu'ils utilisent à se réunir, à palabrer, à chasser, à faire de la politique et la GUERRE ! Avec des irresponsables pareils au pouvoir, je ne donne pas cher de l'avenir de l'aventure humaine sur la planète : le féminisme ou la mort !Car "le problème central devant les possibilités technologiques est : Qui décide ? Qui décide de quoi et contre qui décide-t-on ? " Colette Guillaumin.