Le 26 avril 1986 à 1 heure 24 du matin se produisait la catastrophe de Tchernobyl dans un silence assourdissant. Gorbatchev lui-même n'aura des informations fiables de son administration que 48 heures plus tard. Forêts brulées, terres contaminées en taches de léopard au hasard des précipitations, 300 000 hectares en Ukraine et en Biélorussie seront vidés de 130 000 habitants avec plusieurs jours de retard, personnes déplacées qui ne reviendront jamais chez elles. Cette tragédie coûtera à l'URSS
18 milliards de roubles (en 86, le rouble était à parité avec le dollar) : elle ne s'en relèvera pas. Et c'est l'Ukraine qui héritera du dragon.
Pour les russes Tchernobyl, c'est : 56 morts, pour l'OMS : 4 000 (chiffres négociés entre l'Est et l'Ouest au mépris de la vérité promise par les enquêteurs), tandis que le Réseau Sortir du Nucléaire annonce 1 000 000 de morts selon un rapport de l'Académie des sciences de New York.
La bataille de Tchernobyl dure 8 mois et implique 600 000 liquidateurs, plus que les armées napoléoniennes. Il n'y a pas de statistiques fiables sur les décès parmi ces liquidateurs ni sur leur état de santé. Ils étaient Russes, Biélorusses, Ukrainiens et Estoniens..., et ils ont subi la désagrégation de l'URSS et la perte de données et d'information qui s'ensuivra.On sait qu'après la bataille, les hôpitaux de toute l'URSS ont vu affluer les liquidateurs : 20 000 seraient déjà morts, et 200 000 seraient invalides : pour eux la bataille continue.
Sources et liens : Wikipedia, Médiapart, Réseau Sortir du Nucléaire, Tchernobyl Day, Tchernobyl Reactor 4, Politis (chiffres comparés Fukushima / Tchernobyl), et La bataille de Tchernobyl, film de 2006 qui donne le récit terrifiant de ces huit mois de guerre livrée par 100 000 soldats réservistes, plus une armée d'ouvriers mineurs réquisitionnés, de civils, d'infirmières, de médecins et de... chasseurs qui iront abattre tous les animaux domestiques et sauvages de la "zone" pour éviter la dissémination de la radioactivité. Les animaux paient aussi pour les folies humaines.
Et c'est précisément en cette année du 25ème anniversaire de Tchernobyl que se produit le deuxième accident nucléaire majeur de l'histoire dans un contexte différent : Fukushima. Et comme l'espèce humaine a la mémoire courte, après cette tragédie qui a failli rendre l'Europe inhabitable, sachant qu'il y a toujours à l'intérieur de la centrale de Tchernobyl 100 kg de plutonium, d'aucuns prétendent qu'il s'agit d'une énergie propre et sûre !
Le nucléaire, énergie dépassée, cauchemar prométhéen devenu réel, folie humaine, ou hubris* masculine ?
*Hubris : fierté démesurée, arrogance, terme de la tragédie grecque : le transgresseur est en général puni par les dieux de son arrogance.