La tête farcie depuis une semaine de déclarations d'un machisme hétéro-beauf impénitent, décomplexé et arrogant à propos de l'affaire Strauss-Kahn, il va falloir affronter dans les semaines à venir les obscénités du pouvoir masculin friqué qui peut tout s'acheter : des enquêteurs chevronnés et des avocats puissants acharnés contre une femme qui a trouvé son premier avocat sur les Pages Jaunes Internet (Yellow Pages rubrique Attorneys and Layers), l'implacabilité du système patriarcal dans les deux domaines où il prospère bien : la finance (ils ont failli couler le système bancaire mondial en 2008, et ils continuent à spéculer sur les matières premières agricoles) et le sexe.
Il faut dénoncer aussi les conditions de travail des femmes de chambre dans les grands hôtels : femmes émigrées précaires et mal payées, donc vulnérables, isolées dans des ailes et des suites immenses sans pouvoir obtenir de secours parce que personne ne les entend appeler quand elles sont les victimes de clients abusifs, alcoolisés et libidineux qui leur font des avances, s'exhibent devant elles, voire les attaquent, le phénomène serait courant : en anglais pour celles qui le lisent ICI.
Un lien aussi pour se rendre compte de la façon dont la publicité récupère absolument tout, pour faire mousser ses produits : La campagne DS4 de Citroën ! Jeu de mot sur le nom de la voiture, sur dire oui et dire non, et ça va vite mais regardez bien l'iconographie !
Aussi je vous propose deux films qui remontent le moral. Achetez-les, empruntez-les, au besoin volez-les ! Des femmes amies se soutiennent, s'épaulent indéfectiblement, se perdent ou se sauvent ensemble après des aventures haletantes. Ce sont des hommes qui sont derrière la camera, Ridley Scott pour Thelma et Louise et les frères Wachowski pour Bound. Tant pis ou tant mieux ! Ca fait du bien, ces deux films : des femmes se prennent en charge sans avoir recours à de mâles héros opportunément sauveurs !
Thelma et Louise : Ridley Scott 1991. Deux amies (jouées par Susan Sarandon et Geena Davis) décident de partir en week-end pour une partie de pêche sans leurs mari et petit ami ; la virée va mal tourner après une tentative de viol où le violeur est abattu. Mais en attendant quelle balade. Ce superbe road movie montre deux amies qui se prennent en charge à tour de rôle, y compris quand une est agressée et que son amie la défend le revolver à la main. Une magnifique collection de salauds et veules personnages parsème la randonnée (je rappelle que le réalisateur est un homme et qu'il est responsable des personnages qu'il montre). Quelques scènes réellement jubilatoires : le mari maltraitant apprend que sa femme est partie sans lui demander son avis, mais en laissant quand même un mot sur la porte du four, il se retrouve donc tête à tête avec le micro-onde pour réchauffer ses pizzas, et la télé ; la scène de la télécommande (c'est toujours Papa qui tient la télécommande, mais quand c'est deux papas qui regardent la télé et que le papa qui tient la télécommande change de chaîne sans prévenir l'autre, il y a ressort comique !), et pour les fuyardes en cavale, le rodéo avec un chauffeur poids lourd qui leur a fait des grimaces obscènes à chaque rencontre, rodéo où elles vont avoir le dessus et de quelle façon, le flic joué par Harvey Keitel qui sait que ça va mal finir mais qui n'arrive pas à cacher son empathie pour ses fuyardes, plus les paysages magnifiques du Sud des États-Unis : un film culte.
Bound des Wachowski Brothers 1996. Oubliez les calamiteux et inintéressants Matrix et leurs cache-poussière ! Les frères Wachowski ont fait BOUND, film cultissime : on leur pardonne la franchise Matrix. Une jeune femme plombière sortant de prison, en mission dépannage, rencontre dans l'ascenseur la petite amie d'un redoutable mafieux et c'est love at first sight, coup de foudre ! Elles tombent amoureuses l'une de l'autre :
Bound par winxptester
Elles ourdissent ensemble un complot pour piquer une grosse valise de dollars au mec de Violet, sans se faire prendre ! Film d'action diablement efficace avec suspense infernal vers le dénouement, on se demande sans arrêt laquelle va trahir l'autre ; de mémoire, les Wachowski Brothers nous mettent le nez sur nos turpitudes : en effet, la confiance en la solidarité féminine n'est pas la caractéristique principale de notre espèce ! Après des sacrifices et quelques tortures, elles vont rouler proprement dans la farine de redoutables tueurs de la Mafia, et partir mettre au soleil leur amour avec les dollars volés. Pas du tout moral, sauf si on considère que ce sont des tueurs mafieux qui ont été spoliés, mais ce film lutte vraiment bien contre l'assommoir misogyne auquel nous sommes en permanence exposées.
Lien vers le blog de Christine Delphi qui fait une analyse comparée des droits américains et français, magistral et utile pour comprendre, car la désinformation marche bien de ce côté de l'Atlantique.
Merci à Mauvaise Herbe pour l'information !