En premier plan un lion, devenu trophée de chasse, mort, assassiné ; posant fièrement avec son fusil, le chasseur qui a commis le forfait. Et derrière, la femme du chasseur avec... un bâton ! Sans arme, autrement dit. Voici ce qu'écrit Paola Tabet dans La construction sociale de l'inégalité des sexes :Avant, dans la chaine alimentaire, le lion mangeait le cochon. Mais ça c'était avant... pic.twitter.com/1uQgU5tVza— Emmanuel Foulon (@efoulon1) 21 mai 2016
" Chez les Aetas des Philippines, les femmes participent à la battue (de chasse) surtout si les chiens sont peu nombreux. Pendant la battue, [elles] courent ça et là dans la brousse en aboyant : elles n'ont jamais d'armes, lesquelles sont réservées aux hommes. " (citant Reed - 1904)
Elle continue : " Dans tous les cas... le rôle des femmes est indispensable et fait partie intégrante des opérations de chasse. Mais leur participation se fait à main nue : elles servent seulement de moyen sonore pour effrayer l'animal, elles sont une sorte d'épouvantail sans pouvoir offensif et en même temps sans protection ni moyen de défense personnel. Leur position reste subordonnée, elles ne capturent jamais directement l'animal. " [...]
" La chasse typiquement féminine se fait donc sans armes ou avec des armes improvisées : cailloux, bâtons..." Toujours Tabet.
Et
" Ce n'est pas la chasse qui est interdite aux femmes, ce sont bien les armes ; c'est bien l'accès aux armes, en tant que telles et en tant que concrétisation d'un développement technologique, qui leur est refusé "
Et comme les armes sont les premiers outils, voilà pourquoi les femmes n'ont pas accès aux outils non plus. 10 000 ans plus tard, les hommes conduisent l'auto le dimanche, le tracteur et la moissonneuse à la ferme, pissent du code dans les sociétés de services informatiques puisqu'on en a moins besoin au hardware qui était leur domaine réservé au début des calculateurs, font pilotes de chasse et longs courriers, et ont le quasi monopole du pilotage des camions, grues et des nacelles élévatrices sur les chantiers du bâtiment. La prohibition des outils nous interdit les gains de productivité, nous condamnant de fait aux tâches harassantes, répétitives et chronophages, pendant que les hommes qui ont, eux, des loisirs monopolisent ainsi le jeu et l'organisation de la Cité, la politique.
Le tabou des armes a aussi pour conséquence l'interdiction faite aux femmes de se défendre : sans accès aux armes on est à la merci des prédateurs, animaux comme humains. C'est plus facile de nous contraindre au servage, à la reproduction forcée et à la violence patriarcale. J'ai du mal à m'ôter de la tête que si Jacqueline Sauvage a été lourdement condamnée à deux reprises par deux instances à 10 ans ferme pour s'être défendue en tuant son bourreau de mari, c'est parce qu'elle l'a fait avec un fusil de chasse ! Meilleure coup de fusil que lui, la justice patriarcale française ne pouvait pas laisser passer. Ça ne la rend pas sympathique, je n'aime pas plus les chasseuses* que les chasseurs, ça donne juste l'envie de la défendre devant une telle adhésion aux constructions sociales héritées du Néolithique.
Pour en finir avec ces sociopathes -
Tuer un rhinocéros en payant (cher) pour sauver les rhinocéros oui, ça existe, c'est encore une manifestation du parasitisme patriarcal
Cet article du Scottish Sun rapporte une partie de chasse entre milliardaires au luxueux resort écossais de Donald Trump en Ecosse mi-mai : massacre de 600 faisans et perdrix pendant un séjour de 6 jours dans l'hôtel 5 étoiles de Turnberry, Ayrshire, juste pour le plaisir de l'entresoi, contre enchère de 10 000 £ remportée à Dallas USA, au grand dam des défenseurs des animaux. Deux ans auparavant, le même Dallas Safari Club, avait payé 270 000 £ pour tuer un rhinocéros noir de Namibie, espèce en grand danger de disparition. Devinez le prétexte : sauver les rhinocéros ! Si. On verse près de 300 000 £ sterlings pour tuer un rhinocéros... à un fond de sauvegarde des... rhinocéros. Ces malades ne prennent même plus de précautions pour cacher leurs incohérences de sanglants suprémacistes mâles. Ce sont les incohérences du conservationnisme, qui n'est pas l'environnementalisme, puisqu'il a été inventé par des milliardaires pour préserver leurs terrains de chasse. On retrouve leur ADN dans les "ONG" de type Sierra Club et WWF. Faites attention à qui vous donnez.
Les chasseurs accumulateurs de trophées d'animaux sont des sociopathes : froids, sans empathie, ils tuent sans autre motif que la jouissance que leur procure la mort d'un être vivant, ils n'ont que peu de contrôle social sur eux-mêmes, et si vous pensez que pour l'instant il ne s'attaquent "qu'à des animaux, c'est que des bêtes après tout", ça peut changer. Il sont susceptibles de transgresser vers le haut, puisque nous sommes une espèce hiérarchique, en tuant femme et enfants. Voyez Pistorius et tant d'autres. Le meurtre animal reste encore toléré, voire accepté, cela ne veut pas dire qu'il n'est pas symptomatique de cruauté et de jouissance malsaine selon leur bon plaisir. Ils sont dangereux.
A lire absolument. Paola Tabet est anthropologue.
Lien :
IFAW International Fund For Animal Welfare écrit aux chasseurs de trophées -
Chasse sportive : l'amour de la nature morte
* La chasse en France : 98 % d'hommes, 2 % de femmes. Néolithique, donc.