samedi 14 mai 2011

Discrimination positive

Depuis l'affaire des "quotas de blancs" dans les équipes de foot françaises, affaire et propos racistes s'ils ont eu lieu, il me semble que le mot "quotas" revient très fort à propos des femmes ! Je l'ai entendu jeudi matin sur Europe1, et je le lis dans des commentaires sur des blogs. Il suffit qu'un mot fasse la une de l'actualité pour que les medias grégaires s'en emparent et lui fassent sa fortune. Ayatollah dans les années 80 est le plus emblématique. Claire Brétécher en avait même fait une double page dessinée.
On nous pose la question : êtes-vous pour ou contre des "quotas" de femmes dans les entreprises ou conseils d'administrations, par exemple. Comme il est associé dans le foot à des propos racistes, je le trouve malsonnant. De plus, il est impropre. Assistant un jour à une conférence donnée par un américain, il en était venu tout naturellement à mentionner fièrement une invention américaine : l'affirmative action. Au fait, dit-il, il n'y a pas d'équivalent en français pour affirmative action ? Si, il y en a un : discrimination positive.

Pourquoi voyez-vous dans les séries américaines si vous en êtes fan, (House, Les Experts ou Crime Scene Investigation, Law and order, The good wife, Desperate housewives, et encore avant l'ancêtre Emergency Room (Urgences) une magnifique diversité ? Toutes les minorités des Etats-Unis sont représentées : hispano-américains, african-americans (noirs), native americans (indiens d'Amérique), american indian (indiens d'Inde), sino-américains, nippo-américains, anglais, émigrés européens, etc... tous ont des rôles dans ces séries. Médecins, Patrons/Patronnes de services, enquêteurs, avocats, juges, policiers, pompiers, tous jouent des personnages valorisants et valorisés qui évoluent et progressent bien au fil des épisodes. Mieux même, on peut s'amuser à deviner dans l'évolution de certains personnages lesquel-les sont crypto-gays et crypto-lesbiennes, tous héros ou héroïnes à fort potentiel dont on se doute qu'ils vont s'affirmer ! Les éros minoritaires sont enfin représentés. C'est dû à la politique américaine d'affirmative action, ou discrimination positive en français. Si les grands studios veulent avoir les commandes des grands networks, il est spécifié dans leurs cahiers des charges qu'ils doivent présenter des castings représentant la diversité. Ça marche et personne ne s'en plaint.

Photo de Archie Panjabi, actrice de The good wife

En France, où l'universalisme est un cache-misère hypocrite sur le sujet (interdiction de compter et de dénombrer), on pratique dans certains lieux la discrimination positive, y faisant entrer des français issus de l'immigration vivant dans des quartiers défavorisés. C'est le cas d'IEP Paris exonérant les bacheliers des ZEP (zones d'éducation prioritaires) du concours d'entrée, le cas aussi des handicapés qui doivent être embauchés à hauteur de 6 % dans les entreprises sous peine d'amende, le cas pour les femmes qui doivent être en nombre suffisant sur les listes de candidatures aux élections.
Des aides innombrables tombent en permanence sur les entreprises : aides à la création, exonérations de charges, abondement des états lors du krach financier de 2008, prêts à taux bonifiés, crédit-impôt-recherche, etc..., il est impossible de les citer tous (cela monterait à 170 milliards d'euros hors sauvetage des banques en 2008 évidemment !) ; pourquoi ne jamais assortir ces facilités à de bonnes pratiques éthiques : parité, discrimination positive, inclusion des personnes issues de la diversité, embauche de personnes handicapées ? Sauf à être un pays crispé sur son identité et ontologiquement sexiste, je ne vois pas d'autre explication. Les hommes blancs ont toujours été et sont encore discriminés positivement depuis des décennies puisqu'ils ont le pouvoir partout et pire même ils cumulent les postes : on peut maintenant, à diplômes égaux, compétences égales, discriminer positivement celles/ceux qui ont été écartés pour des raisons racistes et sexistes durant tout ce temps. Et qu'on arrête de nous parler de quotas ! Le foot masculin pervertit tout, y compris les concepts les plus généreux. Il s'agit de simple justice, de bon sens et de démocratie : appliquons les lois, sans cela nous n'y arriveront jamais.

Spéciale dédicace aux exposants du Salon Ouest-Industries où je suis passée jeudi matin : salon des sous-traitants de l'industrie (mécanique, plasturgie, électro-mécanique,...) et de la machine-outil : c'était 98 % testostérone et pas de femmes à l'horizon ! J'ai eu du mal à trouver, hormis les hôtesses d'accueil qui lisaient les badges et remettaient le catalogue des exposants aux visiteurs, deux femmes Responsables qualité ! Il y a léger progrès toutefois, sur leur site internet qui diffuse cette année une musique d’ascenseur, on entendait il y a deux ans, une voix niaiseuse qui demandait "Vous aimez les gros engins ?" ! Pitoyable.

3 commentaires:

  1. "En France, où l'universalisme est un cache-misère hypocrite sur le sujet"

    C'est d'ailleurs sur le principe d'universalisme que les féministes sont attaqué.e.s (et accusé.e.s d'essentialisme !!!). Dénoncer les violences genrées reviendrait à être obsédé.e par la binarité de genre alors que justement l'universalisme, dont la majorité des féministes se réclament (on laisera de côté Antoinette Fouque !), est le souhait que le genre/le sexe ne soit plus un motif de discrimination/violence.

    Et au même titre on nous reproche la revendication de discrimination positive alors que, comme tu le soulignes, les hommes la pratiquent entre eux depuis des lustres.

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  2. Oui tout à fait bien vu cette analyse. La discrimination positive uniquement appliqué à l'égard de l'hommme blanc. C'est tellement évident qu'on y pense même pas.
    Aussi d'accord avec Héloise qui parle de cette obsession qu'auraient soi-disant les féministes quant à la binarité de genre sans parler des "extrémistes" dont je ferais partie qui voudraient, paraît-il, "faire pencher la balance" (ah ouais ?). Depuis que je tiens mon blog, je découvre tous ces points de vue aussi étranges qu'éloignés de ce que je pense moi-même, alors qu'il me semblait ne rien faire d'autre que ce que tu décris en y mettant les mots qu'il faut : demander un arrêt de la discrimination genrée et un appel à une discrimination positive étendue, entre autres, aux femmes.

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  3. @ Héloïse et Euterpe : oui, ils se cooptent entre eux, et c'est totalement passé dans les moeurs, c'en est devenu pratiquement invisible.
    Pire, ils prétendent que nous faisons la même chose : au salon Ouest-Industries, un commercial homme m'a dit devant ma remarque qu'il avait cherché un poste d'esthéticienne et qu'on ne l'avait pas pris !

    @ Emelire : oui, les hommes américains des USA sont comme les nôtres, sans la carotte et le bâton des appels d'offres, ils n'auraient pas fait la diversité tout seuls !

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