Eco-féministes et militantes pour l'environnement : après Rachel Carson, pionnière par qui arriva la conscience environnementale dans les années 60 avec Printemps silencieux, voici Patricia Karin Kelly - 1947-1992- femme politique allemande, militante activiste pour la paix et l'environnement. Elevée aux Etats-Unis, elle revient en Europe et travaille avec la Commission de Bruxelles de 1971 à 1983 ; avec d'autres, elle fonde le Parti Vert allemand, premier parti écologiste de l'Histoire, parti non-violent, pacifiste, anti-nucléaire, démocratique et de défense de l'environnement, dont elle devient Présidente entre 1980 et 1982, parti qui parvient sous sa présidence à obtenir 28 sièges au Bundestag (Allemagne de l'Ouest). En 1982, elle obtient le Right Livelihood Award, pour avoir popularisé une nouvelle vision politique unifiant les préoccupations écologiques, le désarmement, la justice sociale et les droits humains. En 1997 la Green Political Foundation est créée pour promouvoir son message politique, et chaque année un Petra Kelly Prize est décerné à un-e activiste pour l'environnement, la non-violence et les droit humains.
Elle disparaît en 1992, mystérieusement, selon certains biographes. En fait, elle aurait été assassinée -sans doute "suicidée"- par son inséparable compagnon de longtemps, marié ailleurs, Gert Bastian, puisque leurs deux corps ont été trouvés ensemble, plusieurs jours après leur mort par balles. Des conspirationnistes ont imaginé qu'ils avaient été exécutés par des néo-nazis ou des agents du gouvernement. C'est sans doute plus simple selon cet article publié en 1993 par MotherJones : de la poudre retrouvée sur les doigts de Bastian, une arme spéciale pouvant tirer deux coups, pas trace d'effraction et pas d'empreintes autres que les leurs dans l'appartement. Bastian qui a 25 ans de plus -abandonnée par son père à 7 ans, elle prendra toujours des amants plus âgés qu'elle- a un passé de militaire venant de l'extrême-droite, puis il opère sa transformation politique pour finalement militer chez les Verts. Kelly n'est pas suicidaire, au contraire de Bastian sans doute, lequel avait de réels problèmes professionnels et d'argent. Estimant être son père autant que mari, portant ses bagages, assurant toute la logistique de sa femme totalement dépendante de lui (elle ne prenait pas un taxi seule), désespéré par le nationalisme allemand et la scission de la Yougoslavie, il aurait tué sa femme avant de mettre fin à ses jours, sans toutefois laisser le moindre mot d'explication. Les psys, chez nous appellent cela un "suicide altruiste" (incroyable oxymore) : le mari ou amant qui prend la vie de sa famille avant de se donner la mort. Qui choisit à la place de l'autre sans LA consulter, lui supprimant abusivement tout choix, tout espace de liberté. Une fois de plus : une histoire de violence envers les femmes.
"Nous, qui faisons faisons face au prochain siècle, pouvons ajouter cette injonction solennelle : Si nous ne faisons pas l'impossible, nous pourrions avoir affaire à l'impensable" Petra Kelly
Ah je suis contente que tu parles de Petra Kelly ! On ne la connaît guère en France, alors que c'est un personnage tellement important !
RépondreSupprimerPar contre, sur la question de sa mort, il ne fait pas de doute en Allemagne qu'elle a été tuée par son compagnon. Je viens encore de regarder sur son Wiki allemand et celui de son compagnon et il n'y a aucune autre version ou même l'évocation qu'il y aurait une autre version quelque part quant à sa mort.
Je ne sais pas pourquoi on raconte cela en dehors d'Allemagne.
Même qu'Alice Schwarzer a écrit un livre sur cette affaire qui s'intitule "Un amour mortel : Petra Kelly et Gert Bastian".
Je me souviens d'ailleurs parfaitement de la nouvelle de l'assassinat. J'étais sidérée au plus haut point ! Je me demandais ce qu'allaient devenir les Verts sans Petra Kelly. J'ai ressenti cette mort comme une énorme perte. Et comme, de nouveau, un sale coup de macho. On a d'ailleurs dit que c'était un meurtre du à la jalousie. Le mari a pas supporté l'influence de sa femme, sa popularité, l'espoir qu'elle suscitait dans la société allemande.
Dans une moindre mesure comme Hollande avec Royal. Sauf que ceux-là n'étaient plus ensemble.
Oui, il s'agit bien selon l'article en anglais, d'un meurtre suivi d'un suicide, un suicide bizarre d'ailleurs avec trajectoire de balle du haut vers le bas. Ce qui est incroyable, c'est cette espèce de "compréhension" accordée à ces meurtres, puisqu'on ne sait jamais ce qu'une personne fera d'une épreuve quelle qu'elle soit, ni comment elle évoluera. Petra Kelly se serait sans doute accommodée et remise du suicide de son compagnon, toute dépendante qu'elle ait paru aux yeux de tous. C'est le cas le plus courant. Ces mecs sont vraiment des dangers publics à se croire indispensable comme ça ! La thèse du macho incapable de partir seul est la plus probable.
SupprimerLe coup du "suicide altruiste" me sidère...je ne connaissais pas ce concept...mais ne s'agit-il pas plutôt d'un meurtre "altruiste" ? (Si on peut concevoir une telle énormité ?).
RépondreSupprimerC'est un psy que j'ai entendu parler de la sorte ! Molosse du patriarcat comme écrit Delphy à leur propos : comme c'est vrai. Tout est bon pour minimiser les torts faits aux femmes. Personne pour évoquer la perte, puisqu'il est pratiquement sûr qu'elle aurait surmonté. C'est de l'égoïsme pur : personne n'est paumé à ce point dans un cas de décès. J'ai des références personnelles sur le sujet !
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