lundi 26 mars 2018

Un monde d'hommes

" A men's world 
But finished
They themselves have sold it to the machines "*
Adrienne Rich - Poétesse

Des machines pour remplacer les ouvriers 
(OK, des bras articulés mus par cartes électroniques dans les ateliers de peinture et vernis de PSA, c'est mieux que des humains, les peintures et vernis sont hémato-toxiques)
Des chatbots sur Internet pour répondre aux clientes 
(Quand vous avez perdu un colis ou une lettre, la Poste vous permet de lui écrire sur son site web pour expliciter le dommage, l'accusé de réception est automatique et la réponse qui suit est envoyée par un chatbot, robot bavard (chat) qui apprend en interagissant (machine learning) ;
Des drones pour remplacer les facteurs et livrer les colis par géolocalisation

Des bagnoles autonomes
(qui écrasent les piétonnes pour le moment, mais bon, vous savez comment marche l'industrie, essai, erreur, essai, erreur..., jusqu'à la solution. Uber n'est pas une compagnie de taxis, elle est une entreprise de nouvelles technologies qui développe des applications de géolocalisation avec des petits bonshommes, où des petites voitures se meuvent sur votre écran et s'approchent de vous, signalant que vous allez être pris en charge dans 3, 2, 1 minute, c'est rigolo comme tout ; leurs chauffeurs sont des auto-entrepreneurs de l'économie informelle qui s'endettent pour acheter leur taxi, sont payés à coup de yield management -prix fixés en fonction de l'affluence ou non en une période ou un lieu donné-, mais tout le monde s'en fout, le but de l'opération, c'est de supprimer le chauffeur à terme, avec la voiture autonome de Uber, société de nouvelles technologies, rappelez-vous) ;
Des abeilles robots pour polliniser les cultures
les vraies abeilles étant subclaquantes à cause des saloperies de pesticides qu'ils ont déversés sur les campagnes depuis 50 ans, tant et si bien qu'il n'y a plus d'insectes, ni d'oiseaux non plus d'ailleurs, car ils se nourrissaient d'insectes ;
Des chiens, en tous cas des animaux à 4 pattes articulées qui ouvrent des portes,

Des poupées Xdolls pour leur triste sexualité
Toujours disponibles et pas compliquées, leur rêve !

REVUE DE WEB :

Les salles de marchés des banques sont truffées de robots qui achètent et vendent :
Triste photo de traders de Wall Street réagissant lorsque le marché des actions plonge.

 Nous allons tous mourir  pic.twitter.com/fAUyR2S9hX
Franchement, je ne sais pas ce que je fais si je rencontre CA en face de moi !



 En fait, c'est une robot-e :
Ils (elles) présenteront le journal télévisé ; sachez qu'ils écrivent déjà les articles et brèves que vous lisez sur Internet :


Enfin, les X dolls, poupées sexuelles en silicone à 80 € de l'heure environ : pour les phobiques sociaux mutiques.Triste sexualité quand même.

Actualisation 7 avril 2018

Zoé Lucider me signale le robot-soldat : il n'est pas encore au point, les robots militaires sont encore contrôlés à distance par des soldats humains, mais le robot autonome va suivre !

Robot de reconnaissance Cobra.

Les robots viendront-ils nous concurrencer dans la discipline humaine par excellence, en tous cas, c'est ce que nous prétendons, les animaux en sont pour l'instant exclus malgré quelques expériences avec des chimpanzés et des éléphants, l'art ? Il semble que oui. A preuve cette exposition qui se tient au Grand Palais à Paris du 5 avril au 9 juillet 2018


Obsolescence humaine :

Vous cherchez du travail ? Ressources humaines 2.0
Bientôt recruté-es par des robots ?
Comment séduire les robots recruteurs (pardon, ATS pour Applicant Tracking System) ?
Obsolescence humaine :
Chaque robot introduit sur le marché du travail détruit 6 emplois

Et en attendant une prochaine chronique sur Technically wrong : sexist apps, biased algorithms and other threats of toxic tech, l'excellent livre paru en anglais non traduit en français de Sara Wachter-Boettcher, consultante web californienne sur les biais et algorithmes sexistes d'un milieu dominé de façon écrasante par les hommes (mon billet sera en français évidemment), voici un avant-goût de ce qui nous attend toutes si nous ne prenons pas en main nous-mêmes ces technologies :
De l'automatisation des inégalités 

Bienvenue dans le futur ! 

*Un monde d'hommes. Mais fini. Ils l'ont eux-mêmes vendus aux machines.

PS Quand les femmes font du traitement du signal et de la robotique (j'en ai rencontré une à Rennes en décembre, sur un stand de protection animale où elle faisait du bénévolat) elles travaillent à développer des fauteuils intelligents pour handicapés. C'est en tous cas ce que cette ingénieure faisait. Autrement altruiste.

samedi 17 mars 2018

Intersectionnalité ? Ou convergence / divergence ? Conférence de Marie-Jo Bonnet, féministe historique

J'ai assisté à la conférence donnée le 16 mars par Marie-Jo Bonnet dans le cadre des manifestations du 8 mars 2018 à la Maison Internationale de Rennes. Titre de la conférence -il y a une erreur dans la date, le 16 était un vendredi : "Convergences et divergences des luttes intersectionnelles : l'exemple de l'homosexualité". Cela m'intéressait au plus haut point d'entendre une féministe historique, co-fondatrice du MLF, militante lesbienne, dire son point de vue sur l'intersectionnalité, dernière mutation du féminisme - "des féminismes", diraient certaines. Voici mon résumé de la conférence.

Définition de l'intersectionnalité : "Intersection des courbes (mathématiques) et tendances prenant en compte plusieurs critères et interactions dans l'expression des discriminations et des inégalités sociales selon le genre, l'ethnie, le handicap, l'orientation sexuelle... combinant différents effets de façon positive ou négative.". Le féminisme intersectionnel est au départ basé sur une notion juridique nord-américaine théorisée par le Black Feminism issu du mouvement des Civil Rights dans les années 70 (Elsa Dorlin, anthropologue du féminisme africain-américain), constatant que les femmes noires étaient déboutées de leurs plaintes pour discriminations sexistes au motif que la jurisprudence ne constatait pas ces cas lors de précédents jugements -majoritairement issus de plaintes pour discriminations sexistes de femmes blanches. Il fait le constat que les discriminations sont multicritères, qu'il y a pluralité de discriminations de classe, race et sexe, qu'elles se croisent, s'additionnent et peuvent ou non se renforcer. Il y a invisibilité des discriminations et elles peuvent être relatives à un groupe donné.

Herstoire du Mouvement des femmes, du MLF (Mouvement de Libération des Femmes) et du FHAR (Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire)

Cofondé au début des années 70 par des féministes militantes à la suite de Mai 68 : Monique Wittig, Marie-Jo Bonnet ( MJB), Christine Delphy, lesbiennes militantes, Françoise d'Eaubonne, hétérosexuelle homophile, et d'autres, le féminisme du MLF se veut universel : c'est "le Nous des femmes" explique MJB. Proprement révolutionnaire, c'est la première fois dans l'histoire que les femmes libèrent leur parole en disant "nous", de fait, séparateur des hommes. D'ailleurs, les hommes (hormis les gays avec le FHAR qui sera de toutes les manifestations derrière les femmes et leurs banderoles, car dit MJB, " il y avait du commun ", les gays étaient aussi silenciés), la plupart de leurs réunions à la Mutualité à Paris ne seront pas couvertes par l'ORTF de l'époque, les journalistes et les cameramen étaient refoulés de la salle, car de sexe mâle. La prise de conscience suivra, et l'ORTF formera et nommera des femmes dans ces deux métiers masculins pour pouvoir rendre compte du Mouvement des femmes et de leur prises de parole publique, hors lieux clos comme par exemple les prisons. Les années 70 et le mouvement féministe portent une contre-culture avec le "menstruel" féministe Le torchon brûle, Tout!, le journal des homos, et leurs slogans communs : A bas la virilité fasciste, à bas la dictature du phallus !
Monique Wittig, féministe et lesbienne radicale aura une phrase considérée comme malheureuse en 1980, rejoignant ainsi la pensée de Simone de Beauvoir sur le genre, en substance, les femmes sont des hommes comme les autres : "les lesbiennes ne sont pas des femmes" qui doit se lire comme les femmes hétérosexuelles vivent sous le joug du phallus, soumises aux hommes, les lesbiennes, elles, s'excluent de ce genre, car elles n'aiment pas les hommes, elles s'aiment entre elles.

A partir de 1981, c'est la fin de la communauté (classe sociale) des femmes, retour aux rapports sociaux de sexe, le mot femme disparaît au profit de "genre", les gays veulent se féminiser alors que les féministes n'en peuvent plus et rejettent radicalement ce concept de "féminité" considéré comme aliénant, les lesbiennes disparaissent, littéralement occultées, lors des années SIDA. Les hommes gays meurent massivement de l'épidémie, ce qui va provoquer un activisme gay, et les subventions vont aller aux associations gays de lutte contre le SIDA. Les lesbiennes se séparent des gays pour aller vers les femmes hétéros.

Années 2000-2010, le combat pour le PACS et le "mariage pour tous" : ces combats aboutissent selon MJB à une "normalisation des gays" ; pour MJB, l'homosexualité est une chance, c'est être non "main stream", à contre-courant, bénéficier d'un "stand point" (point de vue) hors norme. Le Mariage pour tous a été vendu à l'opinion comme une conquête de l'égalité, alors qu'il ne s'agit pas d'égalité au sens "droits de la personne, droits humains", mais de fait, d'une égalité entre couples hétéros et homos, les discriminations individuelles demeurent. Je pense qu'on peut dire la même chose de la PMA car les femmes célibataires en sont exclues. Quand à la location d'utérus, euphémisée sous l'acronyme de GPA* (tour de passe passe, le A suggérant l'altruisme), elle n'est ni plus ni moins qu'un droit revendiqué des hommes gays à l'accès au corps des femmes qu'ils n'aiment pas charnellement, pour porter leur descendance en effaçant la mère. Leur normalisation (et leur indéniable passage dans le camp du phallus) est achevée.

On assiste, dit MJB, à une " dissolution du féminisme dans les genres, la pratique sexuelle est au cœur de l'identité (homosexualité, trans-sexualisme), et le communautarisme est au centre de la solidarité, plus rien ne se transforme par la prise de conscience. Tout se fige dans un face à face destructeur  qui ouvre le règne des genres et du communautarisme sexuel. Fin de l'idée révolutionnaire, fin de la contre-culture. A force de couper la réalité en morceaux, on perd le sujet ".

Et puis, Année 2017 : retour du collectif, les femmes en tant que groupe social s'expriment à nouveau, la parole se libère comme en 1970-1971 avec le Mouvement mondial #MeToo ; elles n'en peuvent plus collectivement des violences, du silence et de l'omerta. Elles parlent, elles dénoncent et balancent leurs agresseurs. " MeToo, le nouveau cycle de la parole ; c'est le sujet qui parle, tout à coup c'est la libération, on parle de ce qui est refoulé dans l'inconscient."

Espérons que le mouvement #Metoo relance la parole collective des femmes. Mais " il faut être ferme sur les principes " conclut MJB.

En conclusion : Je vais tenter moi aussi, pourquoi pas, ma petite revendication intersectionnelle, puisque je fais partie d'un groupuscule dont on ne parle jamais, qu'on n'entend pas, et qui a le bon goût de raser les murs. Il s'agit des femmes célibataires sans enfant, et le comble, nous ne sommes même pas lesbiennes, donc vraiment aucune excuse ! Il va de soi que nous sommes aussi discriminées sur ce statut, en plus du reste : réputées égoïstes, n'ayant que soi à prendre en charge, imposées sur le célibat par le fisc, taxées dans les hôtels pour chambre à lit à une place, et en permanence emmerdées par les invitations de rigueur en couple. Au point de songer à louer un beau grand chien classieux à la SPA et arriver enfin à deux en smoking aux réceptions ! Tabac assuré. En entretien de recrutement, il n'est pas rare de s'entendre demander "mais pourquoi vous n'avez pas d'enfant ?", question parfaitement illégale ; tentez juste d'aller vous plaindre à l'Inspection du Travail ou même au CIDF, c'est l'expérience extrême, on vous y reçoit avec condescendance ou même mépris : les gars du bâtiment passent en premier à l'inspection du travail, et les femmes battues et/ou mères isolées sont les priorités du CIDF (enfin, j'espère, parce qu'à chaque fois que j'ai eu affaire à elles, j'ai été frappée par leur inertie !). Mais non, nous tenons bon, nous faisons et refaisons tous les jours nos choix, en rappelant aux autres qu'un choix, c'est dire non à toutes les autres possibilités, même (surtout) quand on choisit le mariage et la maternité ; nous travaillons notre assertivité et notre autonomie pour laquelle nous ne sommes prêtes à rien lâcher, nous portons nos noms fièrement et répondons à qui nous demande notre "nom de jeune fille" : j'espère que vous avez demandé la même chose au mec qui est passé avant moi, parce que le double standard ça commence à bien faire !", et sommes et restons surtout de fières féministes universalistes, répétant les slogans MLF des seventies "Un mâle, des maux" et "Une femme sans homme, c'est comme un poisson sans bicyclette" ! Que ferait un poisson d'une bicyclette, grande déesse ?

Mon MLF Albin-Michel Editeur :



MJB est à droite de la photo au premier plan.

"Viol de nuit", "Terre des hommes", "Un mâle, des maux" : slogans du MLF. Très radicaux comparés aux #HeForShe d'aujourd'hui !

Marie-Jo Bonnet, historienne de l'art et des femmes artistes, prépare actuellement une exposition "Les femmes et l'art" avec le Musée des Beaux-Arts de Rennes. Exposition prévue pour 2019. A suivre donc.

*GPA : Gestation Pour Autrui
Les citations de MJB sont en caractères gras et rouge.

jeudi 8 mars 2018

8 mars

Je n'aime pas les journées de commémorations qui permettent d'oublier et de se dédouaner, BA faite, pour le reste de l'année. Dès ce matin, à mes radios, la série habituelle des pataquès est de rigueur : la Journée Internationale des droits de lafâme, le plus répandu, commis par une éditorialiste économique d'Europe 1 ! Elle s'est fendue d'un édito sur le (reprenez votre souffle) "gender-budgeting" : en franglais, c'est plus sexy. Bon, elle a eu un peu de mal à expliquer en français édulcoré et non frictionnel que le pognon des collectivités locales (le vôtre et le mien) pleut sur les infrastructures pour garçons, notamment sur les clubs de foot et les skate parks, dans le vain espoir de canaliser leur violence et mauvais penchants, que les femmes, qui font autant de sport que les hommes, sont les grandes oubliées de ces investissements à fonds perdus.
Sur RFM, je suis réveillée par le journal en 80 secondes : Edouard Philippe promet des sanctions sur les différentiels de salaires entre femmes et hommes à l'horizon 2020 ! Tremblez, entreprises ! On se demande pourquoi pas tout de suite puisque le texte est dans le code du travail depuis 35 ans ? Mais les Inspectrices/teurs du travail ont tant d'autres chats à fouetter aussi : les gars du bâtiments et leur travail non déclaré, les maçons yougoslaves qui dorment sur leurs sacs de plâtres ! Il n'y a que les hommes qui travaillent bien entendu, les femmes ne font que forces supplétives et salaires d'appoint lorsque manque la "force de travail" (manpower disent les anglais) des bras masculins. C'est donc vu comme normal qu'on s'occupe d'eux en première instance. Quoiqu'il en soit, j'attends personnellement des réponses à mes différents courriers envoyés à différentes inspections du travail pour dénonciation de pratiques discriminantes par des entreprises et des cabinets de recrutement. Et je vais les attendre longtemps. Je n'ai même jamais reçu d'accusés de réception.


Cette même semaine, pour l'occasion, la région Ile de France et sa Présidente Valérie Pécresse ont lancé leur campagne contre le harcèlement de rue et dans les transports publics : une bouse pondue par Havas Paris, qui a reçu cinq sur cinq le message que justifiait Valérie Pécresse dans la presse en ligne : comme ce ne sont pas tous les hommes qui se livrent à ce terrorisme machiste (elle n'a pas dit terrorisme machiste, je vous rassure, c'est moi et mon mauvais esprit), on a choisi de montrer sur trois affiches, respectivement un ours, un requin et un loup, menaçant une femme cramponnée à un poteau de métro dans une forêt et au fond de l'océan ! Si. Ne nous fâchons pas avec les mecs, on en a à la maison. Comme les requins, les ours et les loups ne risquent pas de la ramener, vu qu'ils n'ont pas de voix, ni de bulletin de vote, on joue sur du velours. Et d'une pierre deux coups : ces trois animaux emblématiques, haïs des éleveurs et des touristes irresponsables dans le cas des requins (rappelez vous les surfeurs qui vont avec leurs planches dans des zones interdites, car réserves de requins à la Réunion tous les étés), sont, malgré leur statut d'animaux protégés par des conventions internationales ratifiées par la France, régulièrement abattus dans leurs sanctuaires par des préfets voyous à titre de "quotas de prélèvement" en novlangue, pour complaire aux suprémacistes humains que sont les éleveurs subventionnés, et les surfeurs touristes. Amalgamer ces grands prédateurs aux délinquants et incivils machistes des transports publics permet 1) de diffamer des animaux que les gens ont appris à craindre, et 2) d'épargner le seul vrai terroriste qui va du coup impuni : le mâle de l'espèce humaine. L'Aspas, One Voice et Sea Shepherd se sont toutefois fendus d'un tweet pour rappeler que les animaux sont aussi les victimes de la violence humaine -en fait, masculine-, via la violence préfectorale et le braconnage d'éleveurs délinquants. Et que la biodiversité régresse partout ! Cette campagne est infecte, elle manque son but, comme toujours.

Aussi, soyons plus créatives qu'eux : allez bien sûr aux manifestations et happenings prévus dans votre ville, mais vous pouvez aussi laisser libre cours à votre imagination ! Craies (chalk activisme), sprays (pas du tout réservés aux garçons), stencils, collages et marouflages, il y a plein d'idées et de méthodes à utiliser. Un aperçu ci-dessous -dont les 800 collages France entière d'un collectif de street art, Merci Simone qui a édité cette belle affiche.







Soyez créatives ! Bon 8 mars :)

jeudi 1 mars 2018

L'Eglise Catholique s'en va-t-au Salon de l'Agriculture


" Dieu les bénit et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et l'assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur terre. " Genèse 1-28

En totale cohérence avec ses enseignements, son iconographie et ses légendes, l'épiscopat français fait son retour aux sources : la révolution du Néolithique qui domestique quelques espèces d'animaux et les met au service des humains en les esclavagisant, prescrite par la Bible. Les autres, restés sauvages, seront désignés comme l'ennemi du berger et de ses brebis. Le loup notamment, en a fait les frais, nous l'avons littéralement tué avec des mots et son retour rencontre de fortes résistances des éleveurs. Et deuxième ordre, multipliez-vous ! Remplissez la terre. Par tous moyens comme on va le voir, même si certaines techniques de procréation n'ont pas la faveur des religieux, (ce qui renverrait les féministes contre la marchandisation et l'expropriation du corps des femmes à un conservatisme puritain, alors que ce n'est pas le cas ;( -on peut dire que leur fanatisme procréatif a été débordé sur sa gauche. Quoiqu'il en soit, ils sont toujours bloqués sur les droits au choix procréatif ou non (lois sur l'avortement) des femmes.
Le Salon International de l'Agriculture, Salon des Illusions, selon ses opposants qui soulignent qu'il met en scène un élevage qui n'existe plus, faisant perdurer pour les seuls parisiens une fiction aimable, montrable, cette exposition donc, est en réalité plutôt un salon de l'élevage. Les deux activités étaient pourtant bien distinctes au départ : l'agriculteur -agricultrice, selon Françoise d'Eaubonne qui soutient que ce sont les femmes qui ont inventé l'agriculture- n'a pas grand chose à voir avec l'éleveur qui est surtout un nomade, ex chasseur, allant de transhumance en transhumance pour trouver des pâturages pour ses animaux. L'éleveur primitif est nomade, l'agriculteur est sédentaire. Il cultive son champ. Donc, mélanger les deux notions sous le même mot "Agriculture" est une inexactitude assez récente.

La Bible, ce récit épique venant du Néolithique, transmis d'abord à l'oral, est bien une affaire d'éleveurs et de troupeaux. Pensez à l'évêque et à son bâton de berger, aux psaumes et aux écritures qui racontent des histoires de verts pâturages, de brebis égarées et de bergers/pasteurs bienveillants qui les protègent des dangers et des animaux sauvages. "Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien". La pratique professionnelle des prêtres en découlant est d'ailleurs appelée "pastorale". Au passage, on vilipende le loup (dans la bergerie) et les animaux sauvages, tout bénéfice, on fait d'une pierre deux coups. Bien sûr, ces narrations ne sont pas fortuites, elles servent un propos, une idéologie.

Françoise d'Eaubonne dans Les femmes avant le Patriarcat, rappelle la jalousie entre Caïn et Abel qui se termine par le meurtre de Caïn ; Caïn est l'agriculteur et Abel est l'éleveur, ce qui lui permet d'offrir des animaux sacrifiés à Dieu ; ce fayot d'Abel, écrit Françoise d'Eaubonne, se faisait ainsi bien voir et être dans les petits papiers de Dieu. Caïn en conçut une telle jalousie qu'il finit par tuer Abel, commettant ainsi le premier meurtre humain, selon la Bible. A partir de ce moment fondateur, les éleveurs avaient définitivement gagné sur les agriculteurs, commente Françoise d'Eaubonne. Voilà à quoi servent ces narrations, à promouvoir et finalement faire advenir ce qu'on juge souhaitable.Tout le monde va au Salon de l'Agriculture : les hommes politiques, les évêques donc, et même le ministre de l'écologie - en catimini, il n'est pas le bienvenu, avocat qu'il devrait être d'une pratique plus responsable et moins destructrice de l'environnement, tous y vont pour rendre tribut à une industrie mourante de ses excès, mais jusqu’au-boutiste. Le modèle est à bout de souffle, les paysans et les animaux crèvent. Souffrance animale, souffrance sociale. Qui révisera ces narrations bibliques qui ont fait leur temps et nous conduisent à notre perte ?

Père, Fils et Saint-Esprit : auto-engendrement

Ils vont le faire ! Depuis le temps que ça les démange : ils ont d'abord inventé des dieux mâles qui s'auto-engendraient sans passer par les femmes : Jupiter qui tire ses enfants de sa tête et de sa cuisse, puis la Trinité Chrétienne du Père, du Fils et du Saint-Esprit, où Marie, soumise au désir d'un Dieu mâle et pur esprit ayant tout de même besoin de s'incarner, était juste une mère porteuse à son service. "Je suis la servante du Seigneur".
Dans la location d'utérus mal nommée GPA, car supposant la fiction altruiste de la mère porteuse, généralement pauvre et sous influence, ils sont en passe d'effacer la mère. Lisez cet article : Grossesse pour autrui ou location d'utérus ?

"... au sein de la science la plus pointue régnait l’inconscient le plus archaïque, jubilant de l'auto-engendrement, tendant à effacer le corps et le désir (surtout la mère, c'est moi qui souligne)) pour magnifier la Volonté, qui, comme chacun sait, est de fer."  
" La fécondation in vitro était d'abord le simple transfert de techniques qui avaient fait leurs preuves dans l'industrialisation de l'élevage."