Charniers d'ici et d'ailleurs.
Trois semaines après mon article du 25 mars, (mais c'est certainement pure coïncidence !) une très compétente anthropologue reprend à peu près le thème de la virilité de Vladimir Poutine pour un article de La Croix daté du 11 avril 2022, " Chez Poutine, la cruauté et la virilité vont ensemble ". Pour l'instant, c'est encore le seul Poutine (bouffi de suffisance, de testostérone et de haine contre la démocratie et les peuples qui entendent l'essayer, c'est vrai que ce pauvre garçon charge particulièrement la barque) qui est désigné. Ne nous fâchons pas avec nos tyrans familiaux. Poutine se conduit avec l'Ukraine comme un amoureux éconduit, un mari fichu à la porte par sa femme : "Poutine tue le même", celui, CELLE de sa famille qui tente de reprendre son autodétermination et sa liberté en dehors du cercle vicieux de la famille, et bien entendu, c'est intolérable. Poutine pourrait même, dans un moment de folie se laisser aspirer comme dans les meurtres familiaux (maritaux) par un délire de furieux considérant que ses droits acquis sont lésés, comme dans ces cas courants de tueurs de masse et familiaux qui préfèrent tuer tout le monde et se tuer après, plutôt que de composer avec la frustrante réalité : les êtres autour de nous sont libres de leurs choix, n'en déplaise au pater familias infatué par ses supposées prérogatives de Maître et Possesseur.
Sur les plateaux télé, les "experts" et autres "spécialistes de la guerre" quasi tous mâles, comparent la taille des fusées, leur rayon de destruction de quelques kilomètres à 10 000, comme l'essai fructueux le 20 avril (qui "a dû lui coûter un bras et une jambe" selon un expert) du missile intercontinental Sarmat II envoyé par les Russes dans la presqu'île du Kamtchatka, choisie pour son isolement. Concours de bite réussi, ça a fait parler ; ça sème la destruction dans les endroits "isolés" et dans des villes surpeuplées -sachant que les "endroits isolés" sont tout de même peuplés de biodiversité. Dès le retrait des troupes Russes des zones occupées, les femmes ukrainiennes se relèvent blessées, violées en réunion, les dents cassées, dépouillées... par la soldatesque poutinienne, habituelles "dommages collatéraux" de leurs guerres stupides. Femmes ayant côtoyé la mort de trop près pour ne plus tout à fait appartenir aux vivants. Les Ukrainiens enterrent dans des fosses communes, en les recouvrant de chaux, leurs civils tombés sous les bombes de la guerre aérienne russe, la seule qu'ils maîtrisent apparemment, leurs chars tombant en panne ou à court de carburant, ou simplement arrêtés par les populations civiles !
Pendant que le "dernier tsar rouge" (je ne parierai pas un kopeck dessus, il a dû se reproduire plus que de raison c'est leur travers habituel, et leur hubris, leur malfaisance sont inarrêtables, un meurt, un autre prend le relais) fait peur à tout le monde, ici les journaux télévisés, magnétophones choraux, ouvrent sempiternellement sur des rayons d'huile vides, des automobilistes s'arrachant les cheveux à la pompe, et des rayons boucherie étalant complaisamment leur morceaux de cadavres. Nous servant la mélopée du "pouvoir d'achat" qui baisse inexorablement, des inciviques qui thésaurisent et, malheur de malheur, "on ne trouve plus de poulets dans les boucheries !" Mais que va-t-on devenir ?
Plus de 20 millions de volailles en 6 mois (entre grosso merdo novembre 2021 et aujourd'hui, et ce n'est pas fini) ont été gazées, ou simplement laissées asphyxier en coupant la ventilation de leur bâtiment tunnel, pour cause de dissémination de la grippe aviaire aussi appelée peste aviaire, une zoonose mortelle particulièrement virulente pour les oiseaux. Il a donc fallu "euthanasier" SIC les oiseaux des élevages touchés ou ceux à proximité, même lorsqu'il n'y avait que quelques oiseaux malades, pour éviter la dissémination entre élevages surpeuplés, quasiment tous dans les mêmes secteurs, sud-ouest, Vendée, Pays de Loire et Ille et Vilaine. Tous envoyés à la benne, poussins comme adultes, cannetons, dindonneaux, poulets de chair, canards à foie gras. En pleine crise des matières premières (pétrole, gaz pour les chauffer, intrants et céréales* pour les nourrir) tout a été envoyé à la benne.
Enfin, la benne, c'est un euphémisme : les éleveurs industriels ont été comme d'habitude laissés livrés à eux-mêmes, obligés de faire face, les usines d'équarrissage étant depuis longtemps débordées par la catastrophe. On a donc creusé, en désespoir de cause, sur réquisition préfectorale, des fosses géantes auprès d'un chantier d'autoroute pour entasser ces millions de victimes de la peste aviaire. En en perdant d'ailleurs pendant le trajet vers le centre d'équarrissage ou la fosse commune, ce qui avouez, pour une zoonose particulièrement virulente, est le comble de l'inepte. Ainsi vont les gribouilles cruels et irresponsables de l'élevage. Sans que le plus pour longtemps ministre de l'Agriculture (mais la nouvelle équipe va sûrement trouver à employer ses talents de médiocre, n'en doutons pas) Julien Denormandie, thuriféraire de la FNSEA et de l'élevage industriel mortifère, n'en pipe mot sur son pourtant actif compte Twitter. Un peu comme certaines femmes sempiternellement en conflit de loyauté avec l'ennemi de classe, il a du mal à parler des choses qui fâchent.
J'en entends d'ici au fond, qui trouvent un peu too much ma comparaison entre les fosses communes d'Ukraine et celles du chantier de l'autoroute A83 en Maine-et-Loire. Mais croyez-vous réellement que tout cela ne relève pas des mêmes imprudences, incurie, intempérance, incontinence, désastre, goût pour la destruction ? Apparemment, nous sommes une espèce destructrice incapable de s'amender, incapable d'apprendre de ses échecs répétés à travers les âges. Quand le mur climatique, la surpopulation, la destruction des terres par l'usure des sols et la pollution, des températures à plus de 40 °c, la raréfaction de l'eau douce, l'effondrement de la vie animale vont frapper, comment notre désastreuse et égoïste espèce toujours accusant les autres d'être des "nuisibles", incapable de se priver en affrontant un petit inconvénient pour en éviter un plus grand, va-t-elle réagir ? Le plus probablement par la guerre, parce que lorsqu'il n'y plus à manger ni à boire, plus d'espace vital, avec toujours les mêmes excités au pouvoir, je ne vois pas comment on peut s'en tirer autrement. Ils ont suffisamment d'arsenaux qui n'attendent que de servir. La guerre en Ukraine, j'en ai peur, donne en avant-goût de ce qui nous attend. Il n'est même pas exclu que cette fois-ci, cet excité de Poutine appuie sur le bouton. Mais bon, la catastrophe d'aujourd'hui, c'est quand même qu'il n'y a plus de poulets dans les boucheries !
" Tant qu'il y aura des abattoirs, il y aura des champs de bataille. "
La phrase est de Tolstoï, auteur russe, mais surtout universel. Et visionnaire.
* Céréales que nous pouvons manger nous-mêmes, dans ce cas il en faut cinq fois moins ! Une bonne façon de faire baisser la pression haussière. Et d'en garder pour les pays qui sont étranglés par les cours mondiaux.