dimanche 25 décembre 2016

Noël au balcon

Le débat toxique sur les crèches en mairies et espaces républicains font rage, les tweets vengeurs de la cathosphère/fachosphère à destination de Najat Vallaud-Berkacem qui souhaite de "bonnes fêtes" à ses fonctionnaires sans mentionner Noël, comme tout le monde : décidément la fête consumériste se barrant en couilles, let's get mad about it ! Voici une sélection d'images iconoclastes émanant des meilleures épingles sélectionnées sur Pinterest !

Chrismas horror :

" C'est une fille ! " Zut, ça marche du coup beaucoup moins bien ! La question m'a été posée par un de mes lecteurs sur Twitter : si ç'avait été une fille, est-ce que cela aurait été différent ? Mais si c'était une fille, il n'y aurait tout simplement pas de célébration, pas d'histoire, la naissance d'une fille n'est pas une occasion de réjouissance et les femmes sont les anonymes de l'HIStoire. "For most of history, anonymous was a woman". Virginia Woolf. J'ai écrit un billet sur ce sujet il y a deux ans.


" Il l'a tué avec une hache, a traîné le corps jusqu'à sa maison et l'a décoré de façon festive dans son salon "



Révolte dans les étables
" Je me fiche que ce soit un "bébé spécial". Il dort sur mon lunch " !


" Tu mets un arbre dans la maison, et je suis supposé ne pas pisser
dessus ? "


Christmas horror dans la cuisine !

" Mais quelle horreur. Dégage cette chose morte de ma cuisine ! "


Sol Invictus ! 
Noël a été plaqué à dessein par l'Eglise Catholique sur la fête païenne du Solstice d'hiver (la nuit du 21 décembre, la plus longue de l'année), nuit où
le soleil triomphe des ténèbres : Sol Invictus, que célèbrent les druides à Stonehenge par exemple, ce temple de plein air dédié au Soleil. Car le
seul dieu bienfaisant de l'humanité, c'est le Soleil, sans lequel nous ne pourrions tout simplement pas vivre ! Neue Helle, Néo Hélios, No ël, ou Nouvelle Soleille, dans les cultures du Nord pour qui le Soleil (le Seul) est féminin, héritage des déesses -solaires- avant qu'elles ne soient supplantées par des dieux mâles.
Explication sur le lien vers un billet d'Euterpe.

Joyeuses fêtes de solstice !

dimanche 18 décembre 2016

De l'amour, du mariage et du servage - Ti Grace Atkinson

Servage - Définition Wikipedia :
" Succédant à l'esclavage, le servage, dans l'analyse marxiste, représente l'une des trois formes d'exploitation du travail avec l'esclavage précisément et le salariat. Au niveau général, l'exploitation désigne le fait qu'une personne travaille gratuitement pour une autre. Ce travail gratuit peut prendre des formes simples, comme dans l'esclavage, ou complexes. Au niveau du servage, le serf se voit contraint de travailler gratuitement sur les terres du seigneur et de lui donner en nature une partie de sa récolte. Pour indiquer ce travail gratuit on dit qu'il est soumis à la taille et à la corvée seigneuriale : entretien du château, des douves ou des bois."

" L'Histoire n'a connu aucune vraie révolution. Les nombreux incidents qu'on a appelés "révolutions" n'étaient à proprement parler que des révoltes. Ces prétendues révolutions n'ont jamais rien touché à l'oppression des femmes ".  Ti Grace Atkinson - Odyssée d'une amazone -Manifeste féministe radical.

Cette semaine, je vous propose un texte tiré de Odyssée d'une amazone, proposant carrément de détruire le mariage, ce contrat de travail issu du servage, le serf étant une personne (contrairement à l'esclave qui est un bien meuble, comme les animaux actuellement) attachée à un fief, à une terre, liée par un contrat et devant des "corvées" à son suzerain, sans rétribution, sans pouvoir changer sa condition, sans pouvoir quitter sa terre. La seule contrepartie est la protection du suzerain et un lopin pour se nourrir ainsi que sa famille. Ce statut social rappelle furieusement la condition des femmes dans le mariage, condition souvent évoquée sur ce blog, voir mes articles Christine Delphy


" Certaines femmes du Mouvement prétendent que le phénomène de l'amour, en particulier celui de "l'amour romantique" , est relativement récent. Mais avant d'entrer dans la polémique, je dois signaler l'importance même du problème de l'amour. Le trait peut-être le plus pernicieux de la classe des femmes est probablement que, devant la terrible évidence de leur situation, elles affirment obstinément que malgré tout, elles "aiment" leur Oppresseur. Or, quelques féministes soutiennent que les femmes, jusqu'à une date plus ou moins récente, résistaient à leur oppression et que le passage de la haine à l'amour est un phénomène relativement moderne.
Cette condition mentale, si désespérément recherchée par les femmes, ne me semble pas particulièrement mystérieuse. Apparemment "l'amour" est une réponse traditionnelle à l'oppression accablante. De plus, il fait partie du processus d'identification avec "l'Homme". Aimer c'est s'abandonner. C'est probablement pour l'opprimée la seule façon d'échapper à son oppression. Elle "flippe".
La prostitution est le type même de fausse alternative au mariage. Cette sinistre leçon de choses permet à l'Oppresseur de maintenir la femme moyenne enfermée dans la prison du mariage, subordonnée à son Oppresseur.
Le viol est une activité terroriste.
Les rôles, distincts de la fonction, sont l'expression des caractères de classe des institutions.
Ce que le Mouvement appelle les activités pour les "droits civils", par exemple la lutte contre la discrimination dans l'emploi, sont à n'en pas douter des aspects secondaires de l'oppression des femmes dans la mesure où ils reflètent les rôles attribués aux femmes au sein des principales institutions sexuelles. Combattre la discrimination dans l'emploi et en faire le pivot de la lutte contre l'oppression des femmes est plus ou moins analogue au cas des noirs qui combattaient pour la même cause dans les années 1850, croyant attaquer le cœur de leur oppression. Tactique suicide !
La religion est, semble-t-il, le type d'instrument officiel destiné à faciliter l'adaptation de la conscience des femmes à l'oppression. Il ne faut pas oublier qu'une théorie de l'oppression des femmes doit envisager tous les cas, toutes les structures et toutes les institutions de cette oppression.

Je voudrais proposer brièvement un programme* destiné à enrayer l'oppression des femmes. Manifestement, les femmes -le plus grand nombre de femmes- doivent avant tout se couper des institutions sexuelles et s'organiser pour créer un contre-pouvoir opposé à celui des hommes. Aussi, je vous en prie, pour votre bien et celui du Mouvement, ne vous mariez pas. Une fois les institutions majeures minées ainsi, il faut lutter pour trouver les moyens de passer de l'oppression à la liberté.
Les féministes (The Feminists) ont avancé un programme de dédommagements élaboré sur le modèle des programmes de l'Administration des Anciens Combattants. Ceci pourrait être fait par un Ordre de l'Exécutif. Ce programme, comme celui de l'Administration des Anciens Combattants, comprendrait trois catégories de bénéficiaires : femmes célibataires, femmes mariées et femmes ayant des personnes à charge. Ce serait un engagement national à une telle échelle que les dépenses se rapprocheraient vraisemblablement de celles que nous consacrons à la "défense" militaire. Il serait naïf de croire que n'importe quel gouvernement, et à plus forte raison le nôtre, est prêt à admettre la nécessité d'un tel engagement sans une énorme pression.
Quant à la tactique, je crois que la méthode la plus efficace consiste à isoler l'objectif et à l'attaquer sous tous les angles, jusqu'à la chute définitive. Prenons le cas du mariage. Il faudra développer une campagne d'éducation massive. Et ensuite faire un procès au mariage en s'inspirant du Treizième Amendement de la Constitution des États-Unis qui déclare l'illégalité de l'esclavage et du servage involontaires.
Notre gouvernement, comme tous ceux que je connais, peut prétendre que le mariage est une forme de servitude volontaire. Mais les femmes n'étant pas informées des termes du contrat et cette ignorance étant à l'origine de l'annulation de toute autre forme de contrat de travail, force est de déclarer nul le contrat de mariage.
Même les Nations Unies, peu favorables aux points de vue "radicaux" affirment que le servage ne va pas de soi dans la condition humaine. Ainsi, à moins de proclamer que les femmes ne sont pas humaines - idée qui n'est pas neuve- la servitude volontaire est une contradiction dans les termes. "
Ti Grace Atkinson
Odyssée d'une amazone
4 mars 1970 : Kingston, Rhode Island.

*De toutes mes lectures féministes, la théoricienne mais pragmatique Ti Grace Atkinson est la seule à ma connaissance à proposer un programme de lutte contre le patriarcat, toutes les autres sont dans l'analyse et la dissection du patriarcat et de ses conséquences. Ti Grace Atkinson est une féministe radicale qui dès le début affirme que l'oppression des femmes est liée à un affrontement de classe.

dimanche 11 décembre 2016

La ville, territoire masculin

La ville est souvent représentée par une divinité féminine et le vocabulaire qui la décrit s'applique aussi aux femmes. Prendre une ville, pénétrer la ville, routes pénétrantes, "l'espace de la ville apparaît comme le corps d'une femme qu'il faut conquérir et occuper". Les poètes célèbrent ses vieux quartiers et ses maisons closes : Villon, poète pornographe, Breton dans Nadja, Aragon dans Le paysan de Paris et Baudelaire, misogyne et grand amateur de prostituées, dans Le spleen de Paris. La Ville est le territoire de chasse des hommes : les femmes qui s'y déplacent, surtout la nuit, prennent leurs risques. Elles sont des putes, des "trainées", puisque les seules femmes autorisées à arpenter les trottoirs sont les prostituées, les "femmes publiques" que les hommes peuvent acheter pour assouvir leurs "besoins" sexuels et s'y consoler de toutes sortes de cocufiages. Les femmes qui se respectent restent chez elles, à l'intérieur de leurs maisons entre la cuisine et le gynécée. Les chansons populaires témoignent que la ville est le terrain de chasse des hommes : La java de Broadway (Sardou), Les p'tites femmes de Pigalle et Femme, femme, femme (Lama), La jeune fille du métro de Renaud qui nous apprend le b.a.-ba du frotteur/frôleur du métro parisien.


94 % des noms de rues, places, ponts..., portent des noms d'hommes, généraux et fauteurs de guerre la plupart du temps. Les 6 % restants, des noms de femmes, sont généralement affectés à des allées ou des impasses (SIC). Marie Curie est habituellement sur des plaques de rues affectées à Pierre ET Marie Curie, les femmes peinant à exister par elles-mêmes, aussi illustres soient-elles. Sur 302 stations de métro parisien, 3 seulement portent le nom d'une femme.

75 % des budgets d'aménagement et d'urbanisme sont affectés aux hommes : skate parks, terrains de foot, grands stades, souvent vides ou à moitié pleins, mais tous fréquentés par des mâles. Imaginez vous une structure urbaine ayant coûté leur peau aux contribuables, où 60 000 femmes iraient brailler les samedis soirs ? Justifications des urbanistes : il faut calmer ces enragés frustrés ! Euh, pardon, il disent plutôt "dispositifs d'insertion des jeunes", ou "canaliser la violence des jeunes", ça sonne mieux et comme "jeune" n'est ni mâle ni femelle, ni vu ni connu, je t'embrouille. En réalité, il faut entendre "la violence des garçons". Les démagogiques élus et services jeunesse des villes célèbrent les cultures urbaines : skate, graff, hip-hop, toutes occupant des garçons. En pure perte : c'est toujours plus sale, plus occupé par des gars brutaux proférant des insultes.

Les filles ne fréquentent pas les lieux dominés par les garçons, les skate parks notamment, ça vient de la sale réputation des mecs, mais on préfère se réfugier derrière d'autres prétextes : les filles ont autre chose à faire, elles préfèrent rester à la maison. D'ailleurs, si jamais l'envie leur prenait de jouer dans les lieux à dominante masculine, les insultes sexistes fusent : "eh, connasse", "sale pute", "t'es bonne", le harcèlement et le terrorisme sexuel s'y manifestent frontalement.

Les femmes qui se déplacent plus en ville, et différemment des hommes, utilisent majoritairement les transports en commun. Dans les moyens de transport "doux", la bicyclette rime avec Paulette (Yves Montand). Le vélo, lui, rime avec Paulo, virilité, performance, risque, chute. Ils le paient d'ailleurs au prix fort : 80 % des accidents et 85 % des morts sont des mecs. Ici, je vous autorise un ricanement sardonique.

La ville se construit au masculin : les politiques d'urbanisme se discutent entre hommes, si quelques femmes présentes veulent prendre la parole on la leur coupe, on les recadre en prétendant que les sujets qu'elles abordent (enfants, famille) ne sont pas pas des sujets d'intérêt GENERAL, ils provoquent des rires et du brouhaha, suivis de rappels à l'ordre. La ville reste sournoisement le terrain de chasse des mâles hétérosexuels, où les femmes sont des proies.

Ce petit livre de la Collection EgalE à Egal des Editions Belin écrit par le géographe Yves Raibaud est très dense, il fourmille d'informations en 67 pages ! A lire pour balayer les idées reçues sur la ville, surtout si vous êtes élue ou si vous vous occupez de politique locale. Ou juste si vous voulez mesurer l'étendue du désastre.

Lien vers le journal du CNRS : Une ville faite pour les garçons - Yves Raibaud

Ce billet est dédicacé aux mecs qui ont tapé dans un ballon dans l'espace public pendant son écriture : manifestement, les maires n'ont pas encore assez bétonné les espaces naturels et les terres cultivables avec des terrains de foot, car ils sont toujours trop loin nom de nom ! Faire quelques kilomètres en vélo pour ces pseudo sportifs, ce n'est toujours pas possible !

samedi 3 décembre 2016

Justice animale et justice sociale, même combat ?

Billet inspiré et résumé de la conférence de Frédéric Côté-Boudreau, philosophe québécois, donnée le 25 novembre à l'Université de Rennes 2, à l'invitation de l'association Sentience : une association d'étudiants qui défend les animaux.

Puisque le concept de justice est universel, les luttes sociales revendiquent l'égalité concrète, non formelle, l'abolition des privilèges de classe, la libération de la loi du plus fort, la solidarité. Les mouvements sociaux prennent conscience des autres et de l'oppression qu'ils subissent. Colonisés, femmes, noirs américains ont obtenu de haute lutte leur indépendance et leurs droits civiques contre les oppresseurs, la classe sociale dominante des hommes blancs généralement, pour ce qui concerne ces trois catégories.

Définition du spécisme : Le spécisme est un préjugé, une attitude ou un biais envers les intérêts des membres de notre propre espèce, contre les membres des autres espèces.

L'antispécisme dénonce l'oppression des animaux, sans nuire aux autres mouvements sociaux. Au contraire, les formes d'oppressions se soutiennent entre elles : elles sont généralement justifiées par l'appel à la tradition (on a toujours fait comme ça !), par la naturalisation de l'oppression (c'est ainsi que le monde est fait !), par la séparation ontologique par l'essence (essentialisation) des femmes, des pauvres, des animaux (par essence, ils sont ainsi faits, éternellement incapables et mineurs), par l'appel à ordre des choses, alors que tout est construction sociale dans l'espèce humaine, même l'animal, et par la prétention condescendante à la bienfaisance, (c'est mieux ainsi pour elles/eux) !

" Il est préférable pour tous les animaux domestiques d'être dirigés par des êtres humains. Parce que c'est de cette manière qu'ils sont gardés en vie. De la même manière, la relation entre le mâle et la femelle est par nature telle que le mâle est supérieur, la femelle inférieure, que le mâle dirige et que la femelle est dirigée " - Aristote, qui compare les esclaves, les femmes et les animaux domestiques dans Politique - Voir chez Tribunal animal, pour d'autres citations.

La construction sociale de l'animal : les humains ont des animaux une vision déterministe, -nous nions en permanence les choix complexes qu'ils sont capables de faire-, une vision utilitaire dont la perception change en fonction de la façon dont nous voulons les utiliser ! Le cas de la souris est éclairant : 
- "vermine" quand elle vit sa vie d'animal au seuil ou dans nos maisons ;
- "outil de travail" dans un laboratoire de faculté de médecine ou de recherche médicale ;
- ou animal de compagnie faisant partie de la famille pour de nombreux enfants.
La torture aux animaux est lourdement punie par la loi sauf si vous portez une blouse blanche et travaillez dans un laboratoire universitaire ou pharmaceutique ! Ou si vous habitez dans le sud de la France où l'on montre des spectacles de corrida. Il s'agit bien de relativisme culturel souvent appliqué de façon méprisante à des classes sociales considérées comme non éclairées.
Nous opposons aux animaux ainsi qu'à leur défenseurs notre anthropomorphisme, alors qu'ils sont des individus sentients comme nous, qu'ils ont une vie sociale complexe, qu'ils cherchent à s'épanouir, que leur vie est importante pour eux. Ils subissent la violence, la domination et l'oppression de notre espèce, bien qu'ils fassent partie de nos communautés, de nos familles et de nos voisinages. Et par dessus tout, nous partageons la même planète. Les animaux résistent de multiples façons à l'oppression, ils s'expriment : ils ruent dans les brancards, ils font grève en s'arrêtant au milieu du sillon, ils refusent d'avancer, ils sautent du troisième niveau d'un camion les emmenant à l'abattoir, et quand ils tentent d'échapper au destin que nous leur réservons, nous sommes implacables et ne leur laissons aucune chance

L'humanisme qui ne s'applique qu'aux humains (sophisme, tautologie) cache quelques zones d'ombre : il est communautaire et conservateur, il a de plus tendance à défendre les privilèges de certaines classes d'êtres humains ; il défend le capacitisme (ableism) qui est une discrimination en fonction des capacités, la personne sans handicap étant la norme 
sociale ; il utilise l'argument de la contribution, alors que certaines personnes humaines ne contribuent pas ou contribuent moins parce qu'elles ne le peuvent pas. L'argument de la contribution dévalorise le travail des opprimés (les contributions des femmes, pour ne citer que ces dernières, sont notablement dévalorisées voire invisibilisées) et survalorise celui des oppresseurs. La théorie marxiste fait des animaux des objets, non des sujets d'histoire. Il est usuel que les groupes opprimés soient comparés à des animaux : femmes, noirs, colonisés, tous rejetés dans une altérité radicale, animale en somme. 


La photo et son explication sont sur le site de Christiane Bailey, article Sexisme, racisme et spécisme, intersection des oppressions

On nous oppose à nous défenseurs des animaux le concept de "dignité humaine" et l'alibi de la priorité : "on vit dans un monde de merde, "la société n'est pas prête", ou comme j'entends sans arrêt, "des enfants meurent de faim en Afrique, vous n'avez pas mieux à faire ?", comme si ces causes se nuisaient les unes aux autres, comme si elles étaient opposables ! Il y a évidemment corrélation entre les oppressions, la même logique sous-tend l'oppression des humains et celle des animaux. 


Convergence des oppressions - Convergence des luttes

La cause animale -qui est parfaitement justifiable seule- sert aussi les humains puisqu'elle allume les projecteurs sur l'oppression que subissent les ouvrier.es d'abattoirs, ces autres référents absents de la viande après les animaux : pas plus que nous ne voulons voir nos steaks comme des animaux morts, nous ne voulons voir la violence des abattoirs auprès des gens qui y travaillent et n'ont souvent pas d'autre choix (migrants mexicains sans papiers aux USA, immigrés en situation précaire en Bretagne, tâcherons détachés Bolkenstein roumains dans les abattoirs allemands...), mal payés, dévalorisés, stigmatisés, peu formés, donc peu mobiles socialement. La cause animale inclut aussi les humains puisqu'elle met l'accent sur les dommages causés au climat par l'industrie de la viande grosse pourvoyeuse de méthane, redoutable gaz à effet de serre ; les végétariens et véganes se tuent à dénoncer l'accaparement des terres -pour nourrir des animaux- qui chasse les peuples premiers et les paysans sans titre de propriété de leurs territoires et les clochardise dans des bidonvilles. De la même façon, les défenseurs des animaux ne doivent pas prioriser leur lutte en proclamant "les animaux d'abord", ils doivent au contraire se diversifier, coopérer avec les autres mouvements sociaux, apprendre des autres communautés opprimées. Nous avons, nous défenseurs des animaux, la responsabilité de développer une éthique animale, féministe, multiculturaliste et post-coloniale

Pour aller plus loin : traduit en français,  Zoopolis de Pimlicka - Donaldson


et en anglais : Animal rights, Human rights, Entanglements of Oppression and Liberation par David Nibert


Le blog de Frédéric Côté-Boudreau : philosophie et éthique animale
Le Facebook de Sentience Rennes
Le Parti animaliste, nouvellement créé afin de porter la voix des animaux dans la campagne présidentielle.