Vladimir Vladimirovitch Poutine : la dictature de la virilité.
" Que ça te plaise ou non, ma jolie, faudra supporter " (Sud Ouest)
C'est avec cette phrase de violeur, tirée d'une comptine et adressée à l'Ukraine, que Vladimir Poutine a annoncé sa guerre, fin février.
Quel est le coût de la virilité de Poutine à Marioupol, à Kharkiv, Kiev, villes assiégées ? Pendant les guerres, les villes sont femellisées, traitées comme ils traitent les femmes : elles sont d'abord assiégées, puis "prises" par la force, elles "succombent" "sous les assauts des hommes violents et guerriers, tombent aux mains des agresseurs, sont "anéanties" comme le font certains tueurs et auteurs de féminicides qui s'acharnent sur leurs victimes. D'ailleurs, elles ne sont pas les seules : on a abondamment entendu les commentateurs et spécialistes expliquer la haine de l'Europe que porte le nouveau tsar russe : femelle, ravagée par les lobbies LGBT, toutes ces "tapettes" qui dévirilisent les hommes. D'autant que pas mal sont dirigées par des femmes. Nostalgique d'empire, revanchard sans doute maltraité à cause de sa petite taille par ses camarades de classe dans une époque brutale, c'est en tout cas ce que prétend Marc Dugain dans Une exécution ordinaire, et nationaliste. Sans égard pour la vie humaine, son premier exploit en arrivant au pouvoir a été de condamner les marins du Koursk à mourir à bout d'oxygène dans leur cercueil sous-marin ravagé par une explosion alors que la zone (Mer de Barents) était truffée de sous-marins, et que les Norvégiens avaient proposé leur aide. Il y eut d'autres "exploits" de ce type. L'attaque par des séparatistes Tchétchènes et la "libération" par les forces spéciales russes de l'école de Beslan en 2004 qui se solda par plusieurs centaines de morts dont 186 enfants brûlés vifs. Ce fut sa réponse d'une brutalité féroce à la violence des preneurs d'otages. C'est une tradition des tyrans russes, de leurs empereurs cautionnant le servage, à Staline qui déportait arbitrairement ses compatriotes opposants ou supposés tels dans des camps en Sibérie où ils mouraient de faim, de froid, et d'épuisement.
Poutine est un nationaliste, un fasciste rouge, nostalgique de l'Empire russe et de l'époque soviétique qui l'a formé. Il a commencé sa carrière d'espion au KGB. Le nationalisme est une croyance obscurantiste, une fiction présentée par les chefferies généralement masculines pour mieux dissimuler les échecs de leur politique, ici la Russie, "puissance pauvre" ai-je entendu, richesses minières et pétrolières sous la coupe d'une oligarchie kleptocrate qui vole littéralement les Russes, les spolie des richesses de leur pays. Poutine a un contrat "social" avec les oligarques qu'il a mis au pas, plumez le pays à votre guise mais laissez-moi gouverner comme je l'entends. Les peuples ne veulent pas la guerre, donc pour les contraindre à y aller, leurs dirigeants inventent une fiction nationale, une histoire épique sanglante à base de héros et de martyrs, ils y rajoutent un bouc émissaire (les Juifs pour Hitler, les"nazis" ukrainiens pour Poutine), et les peuples vont ensuite mourir pour des marchands de canons. Parce que toutes ces armes accumulées durant des décennies, il faut bien les utiliser ne serait-ce que pour renouveler le stock et tester grandeur nature ce qu'on a petitement mis au point en laboratoire.
Où sont les femmes ? Elles se prennent les bombes sur la tronche et pleurent. Un classique, les hommes font la guerre et les femmes pleurent. Elles subissent, elles endurent, elles et leurs enfants. Regardez bien les plateaux de télé ici, et surtout les ministres et stratèges qui entourent Poutine là-bas : c'est carrément la fête de la saucisse, boys' club crapuleux, et syndrome des couilles de cristal. Ils sont installés, cuisses écartées sur leurs fauteuils, tant chez eux, qu'en visite à l'étranger. Mais me direz-vous, où étaient-elles avant la guerre, tandis qu'on ne les voyait jamais ? Je suppose qu'elles se contentaient de "traîner dans le coin"*, assurant l'intendance, le secrétariat, les communiqués de presse, les repas, le service des cafés et la vaisselle quand ils quittent la table. Laissons les choses sérieuses aux gars. Et la guerre est une chose sérieuse, pas un truc de gonzesse. Elles produisent les oppresseurs, elles les élèvent, et dès l'adolescence ils se retournent contre elles, sortent du camp des femmes pour aller dans celui des hommes, achetant leur passeport pour la virilité. Ils deviennent des tueurs et retournent leurs armes, auxquelles les femmes n'ont jamais accès, contre elles. Des siècles que ça dure.
Je tente une prospective et je pense ne pas prendre de risques : au moment des négociations de paix, car forcément le temps arrivera de se mettre autour d'une table et de discuter (entre hommes, la paix est chose trop sérieuse pour la laisser aux bonnes femmes), quand Poutine aura assez répandu de sang et de tapis de bombes, elles en seront absentes. Après des milliers de morts militaires et civils, ils négocieront une sortie du conflit entre hommes, un mauvais traité de paix pour une Ukraine en charpie. Ensuite, ils extrairont encore plus de sable pour faire du béton et reconstruire leurs villes tentaculaires, cela nourrira la Mégamachine et fera du PIB (Produit Intérieur Brut) puisqu'aussi bien, ils font de l'or avec la destruction. Ce sera le coût de la virilité du Président Poutine, chiffrable en milliards, externalités négatives non incluses puisqu'ils se sont déclarés saigneurs, maîtres et possesseurs de tout ce qui vit et bouge, mettant le feu encore un peu plus à la Maison Terre. Les femmes s'en retourneront produire des miliciens pour le camp mâle, avec un peu de pas de chance, d'autres méchants, menteurs et retors Poutine.
Une bonne nouvelle tout de même, les Russes ont le plus grand pays du monde mais ils ne sont "que" 150 millions, natalité en berne (les femmes ont enfin compris que leurs efforts étaient remerciés au mieux par la condescendance sociale, la pauvreté économique, l'abnégation forcée, au pire par le tapis de bombes, c'est ça la bonne nouvelle) et un PIB du niveau de celui de l'Espagne. Mais le permafrost de Sibérie fond, une aubaine après les restrictions de guerre. Il leur reste à détruire ce qui reste de climat à peu près supportable pour extraire avec leurs gros engins phalliques ce que la Terre peut encore cracher de pétrole et de métaux pour alimenter leur/notre goinfrerie incontinente, leur hybris de saigneurs. Mais il faut faire vite. Avant les 50 °c invivables et là, un Vladimir, celui-ci ou un autre, appuiera cette fois sur le bouton (il n'est pas exclu du tout qu'il le fasse cette fois-ci). Pour accaparer les dernières ressources et garder un espace vital.
Cela va sans dire que je suis solidaire des femmes russes, autres victimes de cette sale guerre, qui réceptionnent déjà les corps de leurs pères, compagnons et frères dans des cercueils plombés.