Let's take back the night !
Cette affiche a été sélectionnée 3ème parmi les lauréates du concours EgalitéE 2014 du Ministère des droits des femmes pour le 8 mars. C'est ma préférée parmi toutes les propositions.
Les marches de nuit existent depuis les années 70 : la première a eu lieu en 1975 à Philadelphie à la suite du meurtre d'une jeune femme marchant seule le soir dans la rue. Elles seront reprises par les féministes partout dans le monde pour affirmer le droit des femmes à être présentes dans l'espace public la nuit, au même titre que les hommes. Des marches de nuit sont organisées régulièrement dans des villes européennes, françaises, et notamment en régions. J'ai personnellement participé à deux à Rennes, la dernière fois le 8 octobre 2012. Mon reportage texte et photos est ICI. Il est important d'en organiser et d'y participer : cela renforce la solidarité entre femmes, rappelle aux hommes qu'ils n'ont pas toute la place, et c'est facteur d'empowerment pour les femmes qui marchent.
Liens pour vous tenir informées (vous pouvez aussi organiser la vôtre) : Le collectif Marche de Nuit (arrêt de publication en 2010) - Rage de nuit.
Une autre façon de s'approprier la rue, ce sont les inscriptions au stencil sur les murs ! Le stencil ou pochoir, c'est pratique, rapide (il vaut mieux éviter de se faire prendre : il a été inventé pour pouvoir déguerpir plus vite en cas de surgissement de la maréchaussée) et votre message est tout prêt à l'emploi. Utilisez des formules en français : vous serez plus sûre d'être comprises par les gros lourdauds qui harcèlent les femmes dans la rue. Il ne faut jamais sous-estimer l'adversaire, mais il est quand même douteux qu'ils soient tous bilingues anglais. Et puis, il peut y en avoir de crispés sur la francophonie. Donc, vos formules seront en français : "Joli cul" barré comme ci-dessus, ou "non, c'est non", ou "Je souris si je veux !".
Lien pour fabriquer vos stencils, doc PDF : NON - JOLI CUL - Hé SEXY (à superposer avec NON) - J'ai trouvé tous ces PDF sur ce site STOPStreetHarassment.
Vous pouvez aussi préparer vos affiches et vos bandeaux à coller comme dans la vidéo ci-dessous :
Plus les formules sont courtes, plus elles sont percutantes ! Utilisez les murs, les escaliers, le bitume ! Il n'y aucune raison que là encore, les hommes occupent l'espace, la plupart du temps pour des gribouillis sans signification : eux, ils ne font que salir. Vos messages à vous seront signifiants, donc il n'en seront que plus visibles.
La ville est faite pour les garçons, comme le rappelle dans le journal du CNRS, yves Raibaud, géographe du genre. L'invasion de street parks, dernière lubie à la mode pour calmer leurs frustrations et leur rage, leur violence en un mot, en témoigne. J'en ai deux dans mon quartier : un a coûté la bagatelle de 500 000 euros, et il enlaidit avec son béton omniprésent l'arrière d'un jardin public. Passant auprès plusieurs fois par semaine, je peux témoigner que bien qu'ouvert aux deux sexes, il n'y a que des garçons dessus ! Lors d'une réunion de quartier avec l'élue municipale (la femme du Ministre actuel des armées, au passage) je m'étais ouverte de ce scandale, soulignant que malgré cela les garçons du quartier jouent au foot dans les squares et les rues où les femmes passent, faisant un hold up permanent sur des espaces qui sont à tout le monde. Succès garanti : personne évidemment n'avait vu les choses de ce point de vue féministe. Je suis passée pour la pétroleuse du quartier, mais peu importe, on m'a écoutée. Mais le street park est là : et il ne les empêche pas d'aller faire rouler leurs planches ailleurs quand il pleut. Un d'eux, un jour que je râlais qu'il était dans le passage et que le street park était à 40 mètres, m'a expliqué que sa planche ne supportait pas l'eau ! Non mais, ce culot phénoménal ! Donc, quand j'ai des trucs à dire, moi aussi, je prends la rue d'assaut, le jour, la nuit. Sans masque de fantômette, mais le cœur y est. On n'a pas besoin de leur permission !
Liens :
Pour trouver de l'inspiration, du matériel militant et des pochoirs, on peut visiter mon board Féminisme sur Pinterest. Si vous êtes parisienne, Les Effrontées font une "criée dans le métro" le 28 mars.
Miss Tic, graffeuse et artiste de rue, femme de l'être.