J'ai traduit ce billet
A message to girls about religious men who fear you de
Soraya Chemaly paru le 21 mai dernier dans le Huffington Post. J'ai inclus les liens hypertextes qui sont évidemment en anglais, sans traduction, mais cela ne gène en aucun cas la lecture des non anglophones, mais permet un complément d'information aux anglophones qui le souhaitent.
"Chères filles,
Vous êtes puissantes au-delà des mots, parce que vous
menacez de démystifier le contrôle d'hommes qui abusent
de leur autorité.
Aux Etats-Unis la semaine dernière il y a eu des gens qui
n'ont pas voulu laisser des garçons jouer la finale d'un
championnat de baseball parce qu'il y avait une fille dans l'équipe
opposée. Elle avait déjà dû se retirer de
deux parties à cause de leurs exigences. Pourquoi ? Athlete
compétitive et membre de son équipe, c'est elle qui a dû accéder à
leurs exigences. Pourquoi ne leur a-t-on pas demandé
à eux d'abandonner le jeu ? Quel message lui a été envoyé
à elle et à ses équipières ? Ce n'est pas
compliqué. Les messages envoyés était faux. Des
messages confus et incohérents. Elle aurait dû avoir la
permission de jouer et pas de se retirer de deux parties. Ces gens,
et
d'autres comme eux, partout dans le monde, conduits exclusivement par
des religieux, ont peur de vous.
Vous les ennuyez sans arrêt.
Si vous n'étiez pas puissantes, ils ne vous prendraient pas
autant au sérieux et c'est ce qu'ils font, ils vous prennent
très, très au sérieux. Vous devriez aussi. Vous
pouvez mettre le monde en feu.
Cela n'y ressemble pas, je sais. Si c'était vrai,
pensez-vous, vous n'auriez pas à vous retirer d'une partie par
respect pour des croyances religieuses qui requièrent votre
soumission en appelant cela
un
cadeau. On ne vous refuserait pas de
servir
Dieu avec vos frères. On ne vous apprendrait pas que vous
êtes une tentatrice maléfique ou
la
gardienne de la vertu des garçons. Votre virginité
ne serait pas
utilisée
comme une arme contre vous et votre valeur déterminée
par votre
utérus.
On ne vous
cracherait
pas dessus et des hommes ne vous appellerait pas putain à huit
ans parce que vos bras sont nus. On ne vous
empoisonnerait
pas parce que vous allez à l'école. On ne vous
forcerait
pas dès l'âge de neuf ans à porter des jumeaux
conçus par la torture. Vous n'auriez pas à vous
suicider
pour éviter d'épouser votre violeur. Si c'était
vrai, ils poursuivraient vos violeurs plutôt que de
vous
lapider à mort pour leurs crimes, vous et des milliers
d'autres, ils ne vous
tueraient
pas pour l'honneur.
Chères filles, ces choses arrivent car ils sont hommes de
pouvoir qui vous craignent et veulent vous contrôler. Je sais
que j'ai mis sur le même pied d'égalité de bénins
jeux de baseball et de mortels meurtres d'honneur,
qu'un cas est un type de micro-agression bénigne, et que l'autre est
une macro-agression léthale, mais elles partagent les mêmes
racines. La base des deux, et l'escalade entre les deux est la
même.
Il s'agit de vous apprendre ainsi qu'à toutes
les filles sujettes de ces hommes et de leur autorité une
leçon : « Saches où est ta place ».
Je sais aussi qu'il y a des endroits qui ne sont pas religieux où les filles sont
blessées et marginalisées.
Mais partout dans le monde ces hommes hypocrites et pieux, dans leur
honteuse et évidente tromperie, représentent le bord
acéré de l'iceberg, la surface visible d'un mal profond
et vaste. Ils emploient la totalité de l'influence terrestre
et divine pour s'assurer le plus tôt possible que vous et les
garçons autour de vous comprennent ce qu'ils souhaitent de vos
rôles respectifs. Où il a des religions patriarcales,
les filles, à des degrés variés et extrêmes,
souffrent de façon disproportionnée. Comprenez ce que
sont ces hommes : des molesteurs. N'intériorisez pas ce
qu'ils veulent vous faire croire.
Votre existence même
les
rend anxieux. Et leur anxiété est particulièrement
haute car vous avez quelque chose qu'aucune génération
de filles n'a eu avant vous -des communautés globales
connectées d'hommes et de femmes qui soutiennent vos droits à
l'égalité et à la liberté. Comme dans
« Effondrement, comment les sociétés
décident de leur disparition et de leur survie »
(
Guns,
germs and steel), cette technologie de la transformation qui me
permet de vous écrire ici, altère la géographie,
change les sociétés et démantèle les
systèmes de contrôle- elle fait
du
monde un endroit plus petit, et crée même si c'est
lentement
en quelques endroits des changements positifs pour les filles comme
vous. Voyez-vous, jusqu'à maintenant, ces hommes pouvaient
vraiment compter sur le fait que vous et les femmes autour de vous
étaient enfermées à la cuisine et isolées.
Pas mal d'entre elles le sont encore. Mais maintenant, il y a des
millions et des millions et des millions de gens qui pensent à
vous et
qui
défient ces hommes chaque jour. La vitesse de la lumière
est de votre côté et, à moins que quelqu'un
éteigne la lumière de façon permanente, ces jours
sont derrière vous. Aussi, même si vous pensez être
seules,
vous ne l'êtes plus.
Comment les menacez-vous ? Une fille, seule ? En étant
capable,
forte,
confiante
et oui,
sans
honte. Vous pouvez ne pas être « naturellement »
intéressée par la
domesticité,
la piété, la pureté ou la soumission, alors
qu'ils comptent sur votre engagement à ces choses pour
ordonner leurs mondes. Leurs actions, d'un bout du spectre à
l'autre, sont concues pour vous remplir de doute et enfin, de peur
-physique ou spirituelle- car autrement vous et les jeunes garçons
autour de vous seront pleinement conscients de votre force et de
votre potentiel.
A cause de cela, ils concentrent leur attention sur vous,
votre corps, vos vêtements, vos cheveux, vos capacités,
votre liberté physique. Quand leurs « manières »
et leur « morale » ne sont pas universellement
applicables, mais différentes pour les garçons et les
filles, soyez sûres que c'en est la raison. Ils cherchent à
vous apprendre subtilement, à travers de petites attentes de
genre que vous êtes différentes, faibles, sans valeur,
incapables. Ce qui est triste dans leur perception des choses, c'est
que si vous n'êtes rien de tout cela, alors ils ne sont pas
forts, valeureux ni capables. Ce n'est pas une excuse mais une
explication. C'est pourquoi, ils trouvent d'infinies et
bénignes
façons de
vous
affaiblir et de vous
déprécier,
le tout au nom de la « parole de Dieu ». Quand
cela ne marche plus, ils ont recours à la
violence.
Partout dans le monde, leur anxiété se manifeste dans
un spectre d'actions qui vont du paternalisme bienveillant,
respectueux de «
frontières
décentes » jusqu'à une
mortelle application de leurs règles.
La peur est la raison pour laquelle les hommes font des
enquêtes
officielles sur des Girls scouts alors qu'ils
abritent
en toute perversité des violeurs d'enfants. C'est la
raison pour laquelle ils sont
obsédés
par votre pureté. C'est pourquoi ils vous
séparent
dans les lieux publics et privés. C'est pourquoi ils
instruisent
les filles et les garçons que les corps des filles sont
soit
honteux
et sales, ou
sacrés
et
appartenant
aux hommes. La peur les motive à enseigner que vous
polluez
les autres par votre nature même. Elle les fait s'assurer que
vous
restiez
à la maison et que vous ne soyez pas pleinement engagées
dans le monde. Elle les conduits à
marier
des filles de 8 ans à des vieillards. Elle les convainc
que le viol et ses conséquences sont des «
dons
de Dieu ». Elle explique qu'ils
donnent
pouvoir à d'autres de vous lapider à mort et de
vous
défigurer
à l'acide. Chaque attaque
contre
le gay chez les enfants, notamment les garçons qui sont
« comme vous » vous est destinée. Car si
les garçons sont « comme les filles »
que ces hommes
considèrent
comme fondamentalement inférieures, alors vous pouvez
aussi être « comme des garçons ».
Cela induit une ambiguité et détruit leurs hiérarchies
posément construites et cela leur est intolérable.
La peur justifie qu'ils insistent sur quelque chose de
fondamentalement mauvais chez vous.
Ne les croyez pas. Leur
peur justifie que vous couvriez votre corps. Il n'y a rien de mauvais
dans votre corps et il n'est pas à blâmer. Que vous
choisissiez de l'exposer ou de le couvrir,
examinez
votre choix à l'aune de la réduction de votre
caractère à une sexualité étroite par une
culture qui refuse de tenir les hommes comptables de leurs actions et
requiert de vous offrir au plaisir des hommes ou de vous retirer du
monde et de vous tenir en réserve. Quoi qu'il en soit,
demandez vous qui définit votre valeur et par quelle mesure.
La peur leur fait dire que vous êtes tellement différentes
des garçons. Vous, et les garçons que vous
connaissez, comprenez que vos corps sont différents, mais que
vous êtes plus similaires que dissemblables. Menacés,
insécurisés, les hommes adultes disent autre chose.
Ne
vous rendez pas. Même si vous êtes tranquilles, sans vous sentir menacées. Les
différences que les autorités religieuses exagèrent
sont simplement les pilliers de l'oppression qu'ils utilisent pour
apprendre aux garçons et aux filles que la soumission des
femmes est « naturelle » et « divine ».
Rejetez les ainsi que leurs idées. [...]
Les adultes autour de vous peuvent ne pas paraître vous soutenir quand vous voulez imposer votre humanité. Ne leur permettez pas de s'en tirer. Ne les laissez pas utiliser la "tradition" comme excuse, ou dire que "vraiment ça n'a pas d'importance". Ne les laissez pas s'en tirer quand ils vous demandent de vous "retirer du jeu", d'être "une bonne fille", de ne "pas faire d'histoires", ou de "vous mettre quelque chose sur le dos". Ce sont de micro-agressions qui résultent en macro-agressions.
Vous pouvez dire "Je ne fais rien de mal. C'est vous et votre monde qui êtes mauvais". [...]
You are not alone and you are brighter than the sun.
Vous n'êtes pas seules et vous
êtes plus brillantes que le soleil."
Soraya Chemaly