Les mecs cuisses écartées, pendant que les femmes casent leurs jambes comme elles peuvent, dans l'espace qui leur est laissé par la sur-occupation masculine dans les transports publics. Personnellement quand je réserve un billet de train, je négocie (je paie, donc j'achète, c'est une sorte de déformation professionnelle) avec l'employé SNCF pour ne pas me trouver dans le milieu de rame où les passagers qui voyagent à l'envers se retrouvent face aux passagers qui voyagent à l'endroit avec les genoux qui s'entrechoquent ! Je négocie également de ne pas me retrouver à côté de leurs portes coulissantes, mais c'est pour garder la main et pousser mon avantage. Si le train est bondé quand je réserve (tout n'est pas toujours possible), je négocie directement dans le train avec le passager si c'est un homme (c'est toujours un homme, je voyage pendant les horaires affaires), en lui expliquant que MOI AUSSI j'ai des longues jambes et qu'il va falloir trouver UN BON COMPROMIS entre les siennes et les miennes. Ça a le mérite de mettre tout de suite les pendules à l'heure. Je paie plein pot, on n'a pas à réduire l'espace qui m'est alloué. Je comprends bien qu'il faut qu'ils aient le service trois-pièces bien aligné, avec de préférence l'air qui circule autour, ça rafraîchit, mais, bon, c'est comme ça !
Un Tumblr "Men taking up too much place on the train" a vu le jour : il fait appel à contributions, vous pouvez donc prendre vos propres photos et les poster sur le site. C'est plus intelligent et de salubrité publique que le site de photos volées sur les femmes qui mangent dans le métro évoqué dans mon précédent billet. Même si dans son article "Les cuisses de la discorde" le site Konbini parle de guerre des sexes et trouve que cette sur-occupation c'est juste de l'incivilité masculine, qu'ils opposent à l'incivilité des femmes ! Cet article d'un blogueur du Monde donne deux autres versions : les "connectés" prendraient plus de place, et les hommes sont plus connectés que les femmes, ou encore, quand un mec s’assoit jambes l'une contre l'autre, il passerait pour gay ! Décidément, toutes les excuses sont bonnes. Les hommes nous ont appris que l'espace public leur appartient de diverses façons, celle-ci n'en est qu'une de plus, même si elle est plus bénigne que le terrorisme machiste du harcèlement de rues.
Aujourd'hui, un mec m'a craché à la gueule et jeté de la bière dessus parce que je l'ai envoyé paître quand il m'a fait des avances.
— Myroie (@Myroie) 18 Avril 2014
Mais sinon, on vit dans un beau pays pas misogyne où les femmes peuvent aller et venir sans risque. Il paraît.
— Myroie (@Myroie) 18 Avril 2014
Ce que décrit Myroie ci-dessus, c'est une agression caractérisée. Cela m'arrive aussi : ce sont plutôt des insultes quand je passe, et divers cris prétendument d'animaux pour attirer mon attention. Dans huit jours, ce sera le premier anniversaire des deux interminables ponts des 1er et 8 mai de l'année dernière. Les garçons de mon quartier ont traîné leur désœuvrement parasitaire pendant 10 longs jours : foot dans les parties communes, pétarades diverses, et en ce qui me concerne, insultes un soir à 22 H 30 alors que je descendais au bac à compost. Et comme j'ai répondu : menaces et ré-insultes à chaque fois que je me trouvais dehors en même temps qu'eux. Histoire de me rappeler que je suis "chez eux", en tous cas pas chez moi, je suppose. Dès le 9 mai, excédée, je suis allée déposer une main courante au commissariat de police, où une jeune femme policière m'a reçue avec compréhension. Aussitôt rentrée chez moi, j'ai faxé la copie à mon propriétaire avec un courrier d'accompagnement. Depuis, j'ai à peu près la paix.
La bière et le mollard ça m'a rappelé que des mecs avaient pas peur de s'en prendre à mon intégrité.
— Myroie (@Myroie) 19 Avril 2014
Les mains courantes ne serviraient à rien, selon les tenants de la plainte en bonne et due forme. Je ne suis pas d'accord : pendant une prise de main courante, on vous écoute, on prend votre doléance en considération et ça sert à faire des statistiques. Donc, faites des mains courantes ou déposez plainte selon la façon dont vous le sentez. On vous proposera les deux et on vous conseillera. La police est là pour ça.
Bon, je suis allée au commissariat. La policière a été professionnelle et très à l'écoute.
— Myroie (@Myroie) 19 Avril 2014
Il n'y a aucune raison pour qu'ils s'en tirent comme si rien ne s'était passé. L'accumulation d'humiliations est très mauvaise pour notre estime de soi. Aller au commissariat ou à la gendarmerie, c'est restaurer sa confiance en soi et refuser l'aliénation. Les espaces publics ne leur appartiennent pas, qu'ils s'en persuadent. La terreur machiste, le terrorisme viril ne passeront pas ! Et qu'ils se le mettent aussi ça dans la tête : non à la réification et à la politique sexuelle de la femme consommable en morceaux : les femmes ne sont pas non plus des morceaux de viande.Liens : Le Facebook de STOP au harcèlement de rues qui relaie la campagne ; STOP street harassment (en anglais) ; le blog de Myroie.
Mon billet : Harcèlement de rue, comment réagir.
Lien supplémentaire : Sur le site Encore féministes !, après le kidnapping de lycéennes nigérianes, dont 115 sont toujours retenues otages par la secte obscurantiste Boko Aram, appel au Président du Nigeria pour que tout soit fait pour que ces jeunes filles soient libérées. N'hésitez pas à relayer et partager sur vos réseaux sociaux. Free female pupils in Nigeria !