mardi 28 juin 2016

Contrôle des femmes, impensé de la violence masculine

Malgré les tueries de masse à répétition dont sont affligés les USA, le contrôle des armes et des gens qui les possèdent est apparemment impossible. Il me paraît intéressant de partager cet écran récupéré sur les réseaux sociaux lors de la tuerie d'Orlando par un terroriste islamiste. Evidemment, il décrit en pastichant ce par quoi passent les femmes qui veulent une IVG dans certains états US, mais il rappelle aussi la fragilité des lois concernant les femmes partout et nous appelle à la vigilance sur nos droits. Des obscurantistes ragaillardis par le retour du religieux se verraient bien nous le retirer. Ils font du lobbying en ce sens : reprendre le contrôle du ventre des femmes les démange.



"Et si nous traitions chaque homme qui veut acheter une arme comme chaque femme qui veut une IVG : période obligatoire d'attente de 48 H, permission parentale, un certificat d'un médecin prouvant qu'il comprend ce qu'il va faire, visionnage d'une vidéo montrant les effets de la violence des armes, et un bâton à ultrasons enfoncé dans l'anus (juste comme ça). Fermons tous les magasins vendant des armes dans tous les états sauf un, faisons-le voyager des milliers de miles en prenant sur ses congés payés, et séjourner une nuit dans une ville inconnue pour acheter son fusil. Faisons le traverser une ribambelle de gens montrant des photos de leur proches tués par armes à feu, des gens qui le proclament meurtrier et le supplient de ne pas acheter cette arme. 
Ce serait plus sensé de faire tout cela avec les jeunes gens qui veulent une arme plutôt qu'avec des jeunes femmes qui veulent un avortement..."

" Les utérus des femmes, plus contrôlés que les armes ! "


Contrôler les femmes, c'est leur grande affaire depuis la nuit des temps. En revanche, contrôler la violence masculine, c'est mission impossible : risque d'émasculation. Cette violence, mélange de rage, de frustration et de sentiment de perte, n'est même pas désignée comme telle, ni comme nuisible à la société. Et comme on ne peut pas lutter contre un impensé, contre un innommé, nous allons subir la violence machiste encore et encore.

Lien pour éviter les faussaires qui mésinforment sur le sujet : Mon corps, mon droit, le site gouvernemental pour tout savoir sur l'IVG.

jeudi 23 juin 2016

Avant comme après le 26 juin : NDDL, c'est toujours NON !

Actualisation 26 juin : les habitants de Loire-Atlantique ont dit oui au transfert ! Back to the sixties.


Le 26 juin, les habitants de Loire-Atlantique sont appelés à voter pour ou contre le transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique existant Sud Loire à Nantes, vers le site de Notre-Dame des Landes (NDDL). De projet inter-régional, d'intérêt national, le vieux projet d'aéroport à NDDL datant du siècle dernier (des années 60, pour accueillir le Concorde) se voit donc rétrogradé en projet départemental, ce nouveau contour convenant mieux au pouvoir qui le soutient. Les sondages leur indiquent en effet que les habitants de Loire-Atlantique seraient favorables au transfert. Piteux.



Comme ce blog a suivi et soutenu le combat des zadistes lors des différentes tentatives d'évacuation dès octobre 2012, combat, je le rappelle, soutenu au début par les seul.es blogosphère et réseaux sociaux, les médias nationaux n'en soufflant mot, je soutiens le NON, alors que je pense que ce référendum est une parodie de démocratie. Au nom des pourtant timides décisions signées lors de la COP 21 à Paris en 2015, au nom de la biodiversité et des espèces endémiques (végétales et animales) qui habitent là, au nom du climat, contre la terraformation que l'espèce humaine inflige à la planète, au nom de la nature que l'hybris patriarcale épuise irresponsablement et sans frein, et plus immédiatement, en tirant les leçons de l'expérience des inondations provoquées par la vitrification des terres, puisque nous transformons depuis des siècles des zones humides et des marais éponges en toiles cirées propices au ruissellement :

Le 26 juin, il faut voter contre ce projet mortifère. 
NON au transfert de l'aéroport de Nantes à Notre-Dame des Landes.



Photo aimablement transmise par @cloudin_bluesky

Si vous ne résidez pas en Loire-Atlantique mais estimez votre avis légitime pour cette consultation, vous pouvez participer jusqu'au 25 juin à la votation citoyenne organisée par Agir pour l'Environnement.

vendredi 17 juin 2016

Harambe : spécisme, racisme et sexisme

Fin mai, au zoo de Cincinnati, un enfant de 4 ans échappe à la surveillance de sa mère et se glisse dans l'enclos du gorille Harambe : les témoins et le public autour se mettent à hurler et gesticuler de frayeur, alors que, dans un premier temps, le singe entoure de son bras les épaules de l'enfant ; de frayeur on imagine, voyant tous ces humains s'agiter, il prend peur et entraîne le petit garçon avec lui à l'écart après lui avoir rajusté son t-shirt et son pantalon. Puis, une balle lui a éclaté la tête. Harambe était un gorille des plaines d'Afrique Centrale et son peuple ne compte plus que 765 individus/personnes animales, dont quelques-unes dans des zoos comme celui de Cincinnati où Harambe, sexe mâle, est né en 1999. Son espérance de vie dans la nature était de 35 ans.


Le réflexe des dirigeant du zoos a été de tirer sur le gorille pour le tuer et délivrer l'enfant. Pas d'essayer de le distraire, de l'éloigner avec une lance à eau, ou des fruits qui pour lui sont des friandises, Harambe, gorille captif depuis 17 ans (âge de sa mort) a été traité comme King Kong, au délit de faciès, alors même qu'il est habitué aux humains depuis tout bébé, et qu'il a sûrement compris à quoi sert sa présence dans cette cage où du public vient le voir et lui lancer des cacahuètes en lui faisant des grimaces. Et notre espèce serait supérieure à la sienne ? D'ailleurs Jane Goodall, primatologue-éthologue planétairement reconnue, rappelant un incident de 1996 où une gorille avait mis en sécurité un enfant humain tombé dans son enclos, a écrit au directeur du zoo pour donner son sentiment : pour elle, Harambe protégeait l'enfant, sans doute possible. Ces primates sont des observateurs subtils, ils ne crient pas, et ne sont pas agressifs, même envers leurs congénères, selon ce passionnant article en anglais. Je précise aussi, que le gorille malgré ses canines et sa carrure  impressionnantes est un pacifique végétarien : tout cela lui sert à impressionner (favorablement) les femelles, les concurrents, pas à mordre ni à déchirer, ni à cogner. Et le personnel du zoo qui développe forcément avec le temps des relations affectives et sociales avec ces singes devrait être préparé à faire face, dans la non violence, à ce genre de situations !

Mais le rôle (problématique) des zoos est de "conserver" une espèce, au besoin sous forme de paillettes de sperme : en effet, Harambe est mort, mais son précieux sperme a été prélevé. La vie selon les zoos !
Le sort des individus au sein d'une espèce ne les intéresse pas. Ils font de la reproduction, en biologistes, en prélevant du sperme, en inséminant à la main des femelles non consentantes, (c'est que des bêtes, n'est-ce pas ?) pas ou peu réceptives, voire réticentes, comme on l'a vu avec les zoos à pandas chinois où ces animaux se reproduisent peu ou pas du tout. Car les animaux veulent choisir : l'insémination est une violence faite à chaque individu. L'élevage, même d'animaux sauvages, les patriarcaux au fond, ne rêvent que de ça : produire de la vie en éprouvettes, éliminer les aléas de la rencontre, du choix. Faire confiance à un animal libre, et à la nature, ils n'en veulent pas, ils préfèrent des banques de sperme et d'ovocytes. D'ailleurs la colonisatrice et invasive espèce humaine n'a pas l'intention de leur laisser de place : les espèces animales disparaissent d'abord de la destruction de leur habitat par l'espèce humaine, et ensuite du braconnage, puis pour le plaisir (chasse), pour la viande et enfin, pour... les zoos.

Après le spécisme, le racisme et le sexisme

Cette tragique histoire ne s'arrête pas là : les réseaux sociaux s'enflamment à propos de la mort d'Harambe, et, comme pour le meurtre de Cecil le lion dont j'ai parlé dans ce billet, mettent en accusation la mère du garçon qui a indirectement provoqué la mort du gorille. Les nom, photo et facebook de cette femme sont dévoilés et le bashing commence. Je crois qu'on peut même parler de lynchage social ! Sauf qu'il y a des différences entre le dentiste chasseur de lions (dont je n'approuve pas non plus le lynchage social) et la mère du petit garçon : l'un est un chasseur blanc capable de débourser 50 000 dollars pour une chasse au trophée dans le monde Tiers, et la mère de famille, femme noire, est elle, juste capable de débourser le prix d'entrée du zoo de sa ville pour elle et son enfant. Et elle ne tenait pas le fusil qui a tué Harambe ! Quand elle a déposé plainte contre le zoo, elle a été traînée dans la boue : en gros, elle fait des enfants, mais est incapable de les surveiller. Nulle évocation du père (?) et de son éventuelle responsabilité, il faut être deux pour faire un enfant, mais comme toujours en patriarcat, il y a aux femmes injonctions paradoxales : prière de donner la vie, mais ensuite on s'empresse de leur tomber dessus quand les choses ne vont pas comme ils veulent ! On ne reproche jamais rien aux pères. Racisme et sexisme. Après le spécisme dont a été victime Harambe.

J'ai eu honte pour les défenseurs des animaux, quand j'ai vu déferler la haine contre cette femme. Soyons claires, la cause des animaux, sujet éminemment juste, noble et politique, ne sera pas crédible tant que ses défenseurs (pro-animaux et véganes) se laisseront aller à de telles exactions, teintées de racisme et de sexisme. On ne peut pas défendre l'antispécisme (et Harambe a été victime des préjugés de notre espèce envers la sienne, donc de racisme spéciste, à ce titre le zoo ne lui a laissé aucune chance, c'est évident, son droit à la vie a été bafoué, comme avant son droit de vivre libre) en s'autorisant le sexisme et le racisme. Ou alors, c'est montrer qu'on n'a pas compris que l'un précède et  procède des deux autres. Et dans ce cas, notre combat devient illisible. Et la cause des animaux que nous défendons en pâtit.

Je préfère me battre pour un monde débarrassé du racisme, du sexisme et du spécisme, où les animaux seraient considérés comme d'autres nations autonomes, à qui nous laisserions la place qui leur revient (ils étaient là avant nous, pour la plupart) en arrêtant d'empiéter sur leurs territoires, un monde où les femmes seraient libres de leur destin, notamment reproductif, libres d'avoir ou pas des enfants, libres de se réaliser autrement, et d'un monde où l'espèce humaine serait en paix avec elle-même et avec ses voisins de planète. Où, du coup, les zoos animaux seraient une horrible relique du passé, tout comme les zoos humains le sont devenus, il y a moins d'un siècle.

jeudi 9 juin 2016

Euro 2016 : rien a foot !

Autant vous prévenir, ce billet va pourrir l'ambiance de grande camaraderie euphorique du moment ! Après Roland Garros (Finale hommes, le must), pendant le Tour de France 100 % hommes et ses inénarrables scandales de dopage, on va se manger du foot pendant un mois. Hurlements masculins dans les pubs Carrefour et tous autres épiciers (cible : les ménagères de moins de 50 ans, mais elles sont supposées sans concertation être des soccer moms), et dans les jingles des radios et télés, jeux de ballons dans les espaces publics déjà suroccupés par les garçons, discussions masculines autour de la machine à café dans votre boîte, inévitablement phagocytées par le foot, et même pire, coups et violence masculine dans certains foyers, si l'équipe de Monsieur a perdu Madame servant d'exutoire aux frustrations de certains. A ce propos, il y a en ce moment une campagne de prévention largement passée inaperçue et qui a été peu relayée par les médias.


Dans le même temps, commentaires ad nauseam sur les déclarations débiles de footeux milliardaires aigris (ou carrément dingue à enfermer sous largactyl dans le pavillon des agités d'un HP, mais interviewé par Le Monde) qui se prennent pour des intellectuels moralisants alors qu'ils jettent de l'huile sur le feu, et puisque nous sommes en état d'urgence et que le risque d'attentats est élevé, forces de police accaparées par le tournoi, c'est autant qui ne seront pas libres pour les agressions de rues et les femmes battues. Mais place à "la fête et à l'émotion" à base de drapeaux et d'hymnes nationaux. Valeur véhiculée : la compétition, valeur virile de "modèles exclusifs de joueurs masculins surpayés" ! Alors qu'il est plus urgent de promouvoir la coopération.

Les femmes feront semblant de s'intéresser pour ne pas casser l'ambiance, et parce qu'au fond, elles sont otages des hommes de la famille. Celles qui n'y comprennent rien ou ne veulent pas en entendre parler se contenteront du vieux poste de télé pour d'autres programmes, pendant que les mecs, eux, regarderont les matches sur le home cinéma neuf acheté pour l'occasion ! Je ne plaisante pas, j'en connais. Les sports féminins (et les sportives auxquelles les femmes pourraient s'identifier) ne sont pas ou peu relayés : pas intéressants selon les hommes, discours patriarcal méprisant pour garder le pouvoir et l'argent, les ressources n'étant pas illimitées, les femmes se contentent de pauvres restes. Vous l'avez compris, le foot masculin, proue avancée du patriarcat et de ses agents, parasite de précieuses ressources.

Si choisissez de délaisser la télé et le foot, il y a plein d'autres choses à faire : tiens, au hasard, du sport par exemple ! Les femmes font du sport, pour la forme et le plaisir avant tout. Elles sont même majoritaires dans pas mal de disciplines : gymnastique, danse, équitation et marche, pour n'en citer que quelques unes. Et lire pour se muscler le cerveau (indispensable aussi) : Michalon Editeur publie le 7 juillet prochain, ce livre de Fabienne Broucaret, journaliste et blogueuse : elle y propose un tour de France du sport au féminin, la 4ème de couverture qui met l'eau à la bouche est à lire sur le site de l'éditeur.


Et puis, si le sport vous gonfle et que vous n'y voyez aucun intérêt, il y a plein de suggestions de lecture dans la sidebar de mon blog.
Bonnes lectures à toustes. Parce qu'il y a évidemment des mecs qui n'aiment pas non plus le foot et qui ne sont intéressés ni par la compétition, ni par les grandes célébrations viriles.

dimanche 5 juin 2016

Comment lancer votre groupe féministe

Pour mes plus jeunes lectrices... et même les moins jeunes !



Comment lancer vos propres groupes et réunions féministes ?
- Réservez un lieu où vous serez en sécurité et tranquilles :  le living-room de vos parents, le sous-sol de vos meilleures amies, la bibliothèque de votre école, votre bar / pâtisserie locale...
- Réunissez un groupe de filles cools (et de garçons pro-féministes*)
- Apportez des petites choses à manger (très important)
- Discutez de ce que le féminisme signifie pour vous, et pourquoi c'est important
- Discutez de choses personnelles, partagez des conseils (sur le travail / le relationnel / la politique)
- Ne bavardez pas et ne discutez pas de questions personnelles en dehors des réunion de votre groupe
- Ne vous interrompez pas les unes les autres
- Tenez-vous informées les unes les autres ; choisissez-vous un sujet : sciences, événements en cours, environnement, tenez-vous informées par toutes les sources possibles et apprenez sur les sujets que vous ne connaissez pas des autres filles (et des garçons pro-féministes*)
- Rencontrez-vous une fois par semaine pour garder votre élan et prendre des nouvelles initiatives
- Partagez et explorez des idées créatives sur les façons dont vous pouvez faire prendre conscience du féminisme, du sexisme, et tous les sujets que vous trouvez importants pour vous et votre groupe.
- Adoptez ces idées, promouvez-les et mettez-les en actes.

Je rajouterai : il vaut mieux être un petit groupe de personnes impliquées et déterminées que de vouloir accueillir tout le monde, au risque de perdre la motivation et l'identité du groupe. Si vous vous organisez en association, réfléchissez bien à vos buts et objectifs : s'ils sont trop larges, vous vous perdrez en route. N'hésitez pas non plus à demander les conseils de féministes seniors : elles ont de l'expérience, leur conseils seront précieux. Si vous êtes en non-mixité, tenez-vous à une stricte parité. Dans tous les cas, les garçons, (forcément minoritaires) n'ont pas à prendre le pouvoir ni à monopoliser la parole. Si vous décidez d'organiser une marche de nuit, elle sera obligatoirement non mixte, sinon, vous en perdrez le sens qui est de se réapproprier la rue et l'espace public, ces territoires masculins. Les garçons, si vous en accueillez, vous fabriqueront vos banderoles et contribueront à vos slogans, leur participation devra s'arrêter là, ils comprendront. Ils n'ont même pas à assurer votre service d'ordre, vous l'assurerez de façon autonome, entre femmes, c'est une question de cohérence.
* Vous pouvez aussi choisir la non-mixité pour votre groupe : ça se discute mais elle se justifie aussi très bien.


Girl-gangs
Nous sommes tout le monde, nous sommes partout.
Nous répondons collectivement au harcèlement et aux attaques, nous somme solidaires les unes des autres.