mercredi 27 octobre 2010

Moi, la finance et le développement durable : vers l'Investissement Socialement Responsable

Le film de Jocelyne Lemaire-Darnaud sorti fin septembre dans quelques salles de cinéma, Moi, la finance et le développement durable, aborde le sujet de ce que font les banques avec notre argent. Environ 50 % de l'argent des banques provient des dépôts des particuliers, qu'elles prêtent aux investisseurs via des produits financiers élaborés prenant généralement le nom de fonds de placements (FCP, SICAV...).

Les investisseurs institutionnels (Zinzins en jargon trader) qui font fructifier votre argent, dans le film et outre ceux cités précédemment, sont des fonds de pension anglo-américains (par exemple, les Scottish Widows, les veuves écossaises, pour en citer un très célèbre !) mais aussi l'ARRCO le régime français privé des retraites complémentaires, et le Fonds de réserve des Retraites (créé par Lionel Jospin en 1999) dont on parle en ce moment à propos de la réforme : le FRR détient à lui seul 30 milliards d'euros qui sont placés sur les marchés financiers ! Ce sont des masses énormes de capitaux ; vos portefeuilles d'épargne capitalisation viennent s'ajouter à ces masses de capitaux.  D'où l'intérêt de faire de l'Investissement Socialement Responsable (ISR), sujet du film.

L'ISR a été "inventé" par une femme, une religieuse, comptable de métier, en charge de placer et investir l'argent de sa congrégation au mieux des intérêts des religieuses ; or les religieuses de cette congrégation implantée dans des pays en guerre soignaient précisément les enfants blessés par les mines anti-personnel que les conflits "régionaux" laissent derrière eux ! Un jour, en voyage dans une de ses communautés, elle est interpellée par une de ses sœurs qui lui demande : "Tu n'investis tout de même pas chez les militaro-industriels dont nous soignons les amputations d'enfants causées par leurs explosifs ?"  Alertée, Nicole Reille (c'est son nom) a passé en revue tout son portefeuille d'actions en convoquant ses banquiers pour savoir où était placé l'argent de sa congrégation. Voyant que le critère number one, était le rendement maximum à l'exclusion de tout autre, elle a créé elle-même son propre fond d'investissement en sélectionnant ses entreprises selon des critères sociaux, éthiques, environnementaux et de gouvernance. Comme toujours, ce sont des femmes qui inventent dans ces domaines, et ce sont des hommes qui sentant venir la tendance, adoptent à reculons, puis finalement industrialisent ; à ce moment-là, l'inventrice à disparu des écrans radars de l'Histoire, et ils n'ont plus qu'à s'attribuer l'invention !   Nicole Reille est à peine connue, elle est mentionnée dans le film par une femme lobbyiste bancaire qui lui attribue l'invention ! A preuve, les deux traders ISR (Société Générale et Crédit Agricole de mémoire) interviewés sont des hommes ! Mais c'est vrai que la phynance est une affaire d'hommes, pour notre malheur, et comme on le sait depuis août 2008 !

Aujourd'hui, malgré "une aversion de la France pour l'éthique" -phrase entendue dans le film- les banquiers ont des (petits) départements et quelques traders ISR ; les associations Amnesty International, Les Amis de la Terre et Greenpeace ont pour leur part des lobbyistes -voir le deuxième film de Greenpeace ci-dessous- interpellant Michel Pébereau de BNP PARIBAS, "banque nucléaire", première banque mondiale à financer ce secteur, mais aussi les industriels et le grand public, sur l'éthique de leurs financements, comme ce projet de centrale nucléaire en Bulgarie sur une faille sismique (après nous, le déluge !), projet contre lequel les Amis de la Terre ont fait du lobbying.
Ci-dessous la bande-annonce du film Moi, la finance... : je vous rassure, la table à repasser ne sert qu'une fois et de façon ironique ! Le film est un ensemble d'interviews très claires et documentées qui font avancer la compréhension des spectateurs.



Pour être complète sur le sujet, Greenpeace (film en anglais) fait actuellement campagne pour tenter de faire BNP-PARIBAS reculer sur le financement d'une centrale nucléaire à quelques kilomètres de Rio au Brésil, centrale qui recyclerait du matériel destiné il y a plus de 26 ans à la centrale de Tchernobyl et resté stocké en attendant des jours meilleurs, qui  sont arrivés apparemment, après que l'explosion de 1986 ait failli rendre inhabitable la moitié de l'Europe ! Ces pièces, vieilles de plus de 30 ans ne sont plus aux normes de sécurité actuelles. Via le site Stop Nuclear banks (arrêtez les banques nucléaires !) on peut écrire à Michel Pébereau pour lui demander d'arrêter de financer ce projet via nos économies.

samedi 23 octobre 2010

Petite expérience d'éthologie en balade

Un matin où il fait beau, je décide d'aller marcher au bord de la rivière, les mains dans les poches, histoire de faire un peu d'exercice. Ca détend, rafraîchit le teint et permet des rencontres agréables ou désagréables, les femmes dans l'espace public n'étant que tolérées, comme il vaut mieux le savoir.

Ce matin, c'est jour faste : au détour de la berge, j'aperçois un magnifique chat tigré venant dans ma direction. Je ralentis le pas, et comme il s'arrête, je m'arrête aussi. Il a l'air peu farouche et prospère. Il s'asseoit sur son derrière pour m'examiner et décider si on peut être copain copine ou... pas. Il plisse les paupières en me regardant, comme font les chats, sans doute pour se préserver des regards dans les yeux, habitude humaine qui doit les déranger mais qu'ils adoptent en plissant ainsi les leurs ! Les animaux ne (se) regardent pas dans les yeux, c'est un signe d'agressivité.

Finalement, il décide que je suis fréquentable, approche et se laisse caresser. Au bout de quelques instants, il se roule même par terre et sur mes chaussures, se laisse caresser le ventre dans un total abandon. Il est du quartier, c'est indubitable, il a un foyer, il est bien nourri, il porte collier et médaille où à coup sûr, on trouve au besoin son adresse, son téléphone portable et bien sûr son adresse mail, tous accessoires de chats citadins bien dans leur époque !

Cinq minutes d'amitié humano-féline passent quand tout d'un coup, son attitude change du tout au tout ; il faut dire que nous nous faisons face et que chacun voit derrière l'autre. Il se remet brutalement sur ses pattes, se fige, son regard devient vitreux, toute son attitude proclame la défiance. Comme il regarde derrière moi, je me retourne et voit arriver à quelques mètres un chien molosse genre american staffordshire blanc et noir (12 fois la taille du chat minimum) tenu mollement en laisse par une dame. Je me mets sur le côté du chat toujours immobile pour bien observer la scène et laisser le passage ; le chat transformé en pierre n'a pas bougé d'un pouce ; l'atmosphère devient épaisse, d'ailleurs on pourrait la découper en morceaux ; à l'évidence toute son urbanité l'a quitté et les protagonistes témoins de la scène -deux humains et un chien- comprennent instantanément et en langage absolument universel que si jamais il devait y avoir de la castagne, c'est OK, il est de la partie, mais que ça pourrait vraiment saigner au-delà de l'imaginable, si quelqu'un faisait ne serait-ce qu'un faux mouvement !

D'ailleurs, la dame et son chien commencent à mollir du genou : ils regardent le chat avec stupéfaction puis crainte (molosse compris) et amorcent lentement mais sûrement un détour aussi grand que l'étroitesse de la berge le permet ; plus à l'écart, ils barboteraient dans l'eau ! En contournant, le chien bien à l'abri de sa maîtresse, la dame me demande d'un ton réprobateur et indigné "Mais c'est quoi ça ? Il est à vous ce
chat "? ; (c'est inouï, c'est moi qui vais prendre en plus !) ; à quoi, je réponds que non, moi je suis juste une casque bleue, observatrice des Nations Unies et que ma fonction en l'occurrence, c'est peacekeeper ! Je suis pour le dialogue entre les nations espèces.

Ce n'est qu'après qu'ils aient tous deux disparu derrière une courbe du chemin de halage que le chat va se détendre et redevenir "normal", c'est à dire un bon chat amical, un gros chamallow moëlleux ! Voilà, c'est tout. Finalement, il a bien raison ce chat : les emmerdeurs éventuellement gros prédateurs courent les villes, il n'y a aucune raison de se laisser marcher sur les pattes qu'on a délicates par ailleurs, et il est prudent de montrer qu'on est HOSTILE de PRIME ABORD (en tous cas pas amicale, pas aimable comme les parents nous ont dit d'être, souriante, gentille avec le monsieur qui ne nous voudrait que du bien, bonne fille et tout ça) et que si par malheur ça devait tourner au vinaigre, la victoire n'est pas promise au prédateur, qu'on a du répondant. C'est dissuasif ; les éventuels prédateurs se découragent vite si la victoire n'est pas assurée à 99 % et que la victime ne joue pas son rôle de victime. La dissuasion peut vous tirer de très mauvais pas.

Felis silvestris silvestris (Chat sauvage des forêts européennes)
Crédit photo : MarcheLibre

lundi 18 octobre 2010

Puissance et pouvoir : Numéricable fait sa pub en agitant les fantasmes masculins !

Voici le nouveau film publicitaire de Numéricable, tout entier centré autour du pouvoir et de la puissance, grelots masculins :



Ça s'adresse aux hommes ce genre de message : les enfants téléphonent et jouent en réseau, madame (qui n'a pas la télécommande) regarde un film en HD et laisse ainsi les matches, le foot et la phallique télécommande au seul qui ait vraiment le pouvoir, et qui fait plein de choses différentes grâce à la puissance (mot prononcé avec une inflexion renforcée) de la fibre !

Le problème avec ces offres multiples, c'est qu'il n'a toujours qu'un seul petit cerveau, il ne peut donc se concentrer que sur une chose à la fois ; aussi c'est chacun dans son coin, vive la vie de famille !

Pas de doute chez Numéricable dont on peut consulter ICI le Directoire (qui sent la chaussette !) on en a une grosse !

NB : Bon, je l'avoue, je supporte mal cette boîte qui a fait main basse sur les logements sociaux (donc les plus pauvres) et les collectivités locales avec une offre low tech, boîte qui appartient au fond de pension Carlyle Group où seule compte la rentabilité pour l'actionnaire !
Liens pour en savoir plus : L'Expansion, Univers FreeBox, Le Blog Finance.

mercredi 13 octobre 2010

Verbatim 6 : Droits humains

Emelire, Héloïse et Olympe ont écrit à raison un billet pour exprimer leur indignation sur le fait que la Ligue des droits de l'homme s'est exprimée en condamnant plus franchement l'homophobie du texte d'un groupe de rap dont le nom est emprunté aux SA, la milice privée d'Hitler, signalé dans les commentaires par Euterpe (SA : Sturmabteilung, section d'assault), que celui d'Orelsan le rappeur caennais qui exprimait son ressentiment en termes odieux et extrêmement violents à l'endroit de sa petite amie, rappeur contre la prestation "artistique" duquel j'avais manifesté toute une après-midi et toute une soirée à l'époque.

Le fait déjà qu'un groupe de rap puisse emprunter son nom à un groupe paramilitaire nazi sans que cela soulève d'émotion en dit long sur l'apathie et la régression de l'époque.

Je pense également que la Ligue des droits de l'homme porte un nom qu'on doit lire de façon totalement littérale. Elle défend les hommes (mâles) et certainement pas les femmes ; d'ailleurs, en cette occurrence, les homosexuels visés par ces propos ignobles et violents sont des hommes -qu'il faut défendre, on est bien d'accord. Les rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen de 1789 ne tenaient certainement pas les femmes comme faisant partie du groupe humain dont ils défendaient les droits. La preuve, c'est qu'Olympe de Gouges a pensé devoir écrire une Déclaration des droits des femmes et de la citoyenne qui est une proclamation authentique de l'universalisation des droits humains ! C'est que vu de l'époque, les femmes faisant partie de l'humanité n'était pas une idée allant de soi. Et les pesanteurs culturelles et historiques sont fortes, et elles persistent dans la langue ! Les psychanalystes dont je me méfie des discours à l'endroit des femmes et des mères, disent en revanche cette phrase : "Il faut écouter le langage". Le langage dit homme, il ne dit pas humain, et encore moins femme. Et les majuscules n'y changent rien. Christine Delphy écrit dans L'ennemi principal que, pas de doute, en faisant référence aux hommes et leur façon se se percevoir, "l'espèce humaine, c'est eux" ! Et on apprend soi-même, en expérimentant un peu, que tout ce qui ne leur tombe pas directement sur les pieds, ça n'arrive tout simplement à personne !

Il faut donc changer le langage : droits humains me paraît tout à fait indiqué ; coup de chance, on n'a même pas à inventer un mot : le conservatisme de la langue française la rend rétive aux changements et toute féminisation, y compris en ajoutant un E au bout d'un mot est toujours considérée dans une majorité de cas comme inutile, voire nuisible à la cause des femmes (!!!), l'exemple de sororité que j'emploie pour féminiser fraternité est une bonne illustration ! Mais puisque humain existe sans discussion, utilisons-le. Cela aura aussi le mérite de rendre la langue plus précise et moins sexiste. C'est agaçant de devoir préciser en permanence pour être bien comprise que par "homme", on entend une sous-catégorie de l'espèce humaine !

Je rappelle d'ailleurs le slogan d'Amnesty International qui pose une double insistance : Les droit humains s'accordent AUSSI au féminin ! Ce qui est terrifiant, c'est qu'il faille sans arrêt le rappeler.

Pas si loin du sujet précédent, trouvé dans Les Nouvelles News le verdict d'un procès fait à Madame LAUVERGEON Présidente d'AREVA, pour avoir osé dire au Women's Forum l'année dernière qu'en matière de recrutement, la primeur n'irait plus "au mâle blanc" ; plainte immédiatement déposée pour discrimination contre le mâle blanc donc, par l'AGRIF, une association chrétienne pour le respect de l'identité française (SIC) : ils ont été déboutés. A rapprocher des plaintes déposées à la HALDE par des hommes qui jugent inéquitable que seules les mères de trois enfants aient droit à compensation lors du départ à la retraite. Ils osent tout, eux, et ils sont tellement sûrs de leur bon droit (ce que nous devrions être aussi) ! 

Madame LAGARDE, Women's Forum approchant, et les résultats du Global gender gap report n'étant pas du tout favorables à la France (46ème, ça la fiche mal pour donner des leçons de maintien au reste de l'humanité !) se lance aussi dans la controverse.

jeudi 7 octobre 2010

Verbatim 5

Petites stratégies d'évitement de la langue ou comment noyer le poisson : cela permet de dire les choses tout en ne les disant pas. Ou de ne pas les dire tout en les disant. Au choix.

Analyse d'une langue de plomb : quelques euphémismes* et litotes* parmi les plus employés.

Famille mono-parentale ou parent isolé : tous ces hommes qui élèvent leurs enfants seuls après que Madame les ait laissé tomber et refuse même de payer sa participation à l'éducation et aux frais de nourriture, les obligeant à vivre des minima sociaux, quel scandale ! J'espère que j'ai bon là ? Plaisanterie à part, 30 % des familles mono-parentales sont sous le seuil de pauvreté selon l'INSEE ; dit comme cela, c'est quand même plus présentable que "30 % des femmes qui élèvent SEULES des enfants contribuant ainsi au remplacement des générations et aux financement des pensions des futurs retraités sont sous le seuil de pauvreté" ; dans le deuxième énoncé on voit plus clairement COMMENT la société hétéro-patriarcale traite les femmes qui contribuent à empêcher "l'effondrement démographique" qui menacerait l'avenir des retraites selon la rhétorique des réformateurs.

Violences conjugales, ou mieux, violences intra-familiales. Qui cogne QUI ? A la façon dont c'est énoncé, le doute est permis. On trouve certainement des hommes battus par leur femme : mais ce sont les femmes qui font massivement les frais de la violence des hommes au sein du couple. Pour rappel, 166 femmes sont tuées par an en France par leur compagnon.

Drame familial : pieuse locution permettant de passer sous silence que c'est en général le père de famille, l'amant ou le compagnon le tortionnaire, la femme et les enfants les victimes. Nous avons eu l'occasion de l'expérimenter jusqu'à la nausée lors de la tuerie de Pouzauges en mai dernier. Plein de gens et pas des moindres, psys notamment : des monsieur tout le monde ayant des fragilités dans un article de LIBERATION à lire ici (psys : les molosses du patriarcat, dit justement Christine Delphy) sont prêts à trouver à ce pauvre homme fragile plein de circonstances atténuantes : surmenage, dépression, overdose de médicaments destinés à le calmer, mais qui vont en réalité provoquer une pulsion criminelle ! Pour peu qu'on n'ait pas l'esprit critique affûté, on compatirait : pauvre diable.

Crime passionnel, crime d'honneur, tous crimes MAIS les circonstances atténuantes sont accordées à l'honneur et à la passion : il l'aime, elle ne l'aime plus, elle LE quitte, il LA tue. Tout le monde a éprouvé un jour ou l'autre les affres de la jalousie : la société mise donc sur la compréhension des citoyens, et des circonstances atténuantes sont accordées aux jaloux ! Quand aux hommes qui mettent leur honneur entre les cuisses de leur femme (comme si les femmes n'appartenaient pas qu'à elles-mêmes et à personne d'autre), la trahison est punissable de la peine de mort. On ne badine pas avec l'honneur masculin.

Jeune : adjectif substantivé utilisé à toutes les sauces : léjeunes ne trouvent pas de travail, léjeunes désœuvrés tiennent les murs dans les quartiers, léjeunes violent les filles dans des caves, léjeunes caillassent la police, léjeunes dealent de la drogue, léjeunes font des rodéos en ville pour tromper leur ennui.

En plus d'être très maltraités par une société qui les éduque et les diplôme sans leur permettre de trouver un travail décent après, où ils constituent les gros bataillons des précaires, du chômage, des pauvres et des mal logés, les jeunes seraient porteurs de tous les maux. Si j'avais moins de 25 ans aujourd'hui, je m'insurgerais contre un tel matraquage, une utilisation aussi massive et abusive du mot "jeune" pour nommer et désigner faussement les responsables de presque toutes les mauvaises actions et de tous les maux de la société. D'autant que soit les filles ne sont jamais jeunes, ou alors elles aussi sont de tous les mauvais coups.
Ce n'est vraiment pas clair : léjeunes seraient une catégorie sociale à part entière, mono sexe ou asexuée, comme en atteste ce texte trouvé sur un site d'emploi : "Depuis 30 ans, [notre association] accompagne les initiatives économiques individuelles et collectives, [ .... ] et s'adresse à tous les publics, demandeurs d'emploi, retraités, salariés, hommes, femmes OU jeunes".

Quand le délinquant a plus de 40 ans (en effet, d'après mes observations, le groupe "léjeunes" en langage journalistique va jusqu'à peu près 40-42 ans, ce qui fait quand même des jeunes faisandés là où on pourrait avoir des seniors ultra-frais) et ne peut plus décemment être qualifié de djeun',  les vocables (par ordre de fréquence) individu*, escroc, hooligan, forcené, voire hurluberlu, viennent opportunément à la rescousse. Là on est en peine de leur trouver un féminin. Ils n'en ont
pas !

Finalement, la vertu est silencieuse et les mauvaises actions sont criantes et tonitruantes. Et soumises à l'honneur de la publicité.

Les femmes généralement sont passées sous silence, leurs vertus et leur calme vont de soi et ne sont donc JAMAIS mentionnées, ni ... appréciées. Mais qu'une femme soit prise la main dans le sac ou ait participé à un casse ou une mauvaise action, cela NÉCESSITE d'être souligné, jugez-en : "deux escrocs DONT une femme...". Et quand on veut faire vraiment peur au peuple, on lance la rumeur d'une femme kamikaze prête à faire sauter sa ceinture d'explosifs près d'une gare parisienne ! Évènement aussitôt démenti comme faux par les services du ministre de l'Intérieur. Les femmes kamikaze existent, elles sont un phénomène ultra minoritaire et pour l'instant cantonné à la Tchétchénie pour des raisons particulières et explicables par le type de répression mené par les russes dans ce pays martyr.

Toutes les citations sont tirées des journaux télévisés et entendues de multiples fois sur toutes les radios, ou lues dans la presse écrite ou sur Internet.

Justement Europe 1 ce matin (5/10) apporte de l'eau à mon moulin (ce billet est depuis quelques temps en préparation et l'actualité me rattrape) : "A suivre, la délinquance des filles qui augmente et qui devient inquiétante" dit MO Fogiel, me confirmant que décidément léfilles ne font pas partie déjeunes. Et après la pub : "Avant la délinquance des adolescentes, la grève à la RATP"  MOF dixit. Je suis sur des charbons ardents : à Europe 1 on tient l'auditrice en haleine. La RATP expédiée, voici enfin le sujet :  La délinquance au féminin, c'est deux fois plus en 15 ans et plus 27 % en 5 ans ; c'est 6 fois moins que les garçons (OUF !) MAIS elle augmente trois fois plus vite. J'y perds mon latin ! 27 % de zéro, ça fait toujours zéro, non ?  7 000 filles ont été arrêtées cette année continue la journaliste (contre combien de gars ? Ce n'est pas précisé !) et elles commettent surtout des vols à l'étalage et règlent par la violence leurs rivalités entre filles et, continue-t-elle, il y a un mimétisme des filles par rapport aux garçons. Bon, d'accord, mais elles n'en sont tout de même pas à chasser le joggeur dans les bois pour le violer et lui faire la peau tout de même ? En revanche elles se font toujours raccompagner les vendredis soir par des mecs bourrés par peur d'être agressées, et elles en meurent dans des accidents de la route, alors qu'elles ne sont JAMAIS au volant, c'est la police qui le dit.
Ce rapport de l'Observatoire National de la Délinquance qui a été repris par tous les médias serait en fait biaisé par de multiples facteurs : outre qu'il joue sur les peurs, sport de saison, il basé uniquement sur des statistiques de police alors qu'une majorité de méfaits ne leur serait pas signalés, que notre seuil de tolérance à la violence s'effondre, que la violence des garçons est mieux tolérée par la société que celle des filles, et que le droit pénal est sans arrêt modifié ce qui fait évoluer la notion de délit, etc... L'article de  RUE89 ici écrit par Laurent Muchielli sociologue, bat en brèche toutes ces approximations basées sur une approche non scientifique -mais utiles politiquement ?

Quelques définitions du dictionnaire Robert :
* Individu : le dictionnaire Robert en propose trois - 1) Tout être formant une unité distincte dans une série hiérarchique, formée de genres et d'espèces ; - 2)  L'unité dont se composent les sociétés : les individus d'une fourmilière ou d'une ruche par exemple : - 3) Personne quelconque que l'on peut ou que l'on ne peut pas nommer ( Ne se dit pas d'une femme au singulier) ! ! ! Il semble qu' "individu" soit plutôt un vocabulaire spécifique de gendarme et de police ; comme "véhicule" à la place de voiture ou auto.

* Euphémisme : Expression atténuée d'une notion dont l'expression directe aurait quelque chose de déplaisant.
 
* Litote : Figure de réthorique qui consiste à atténuer l'expression de sa pensée pour faire entendre le plus en disant le moins. 


lundi 4 octobre 2010

Marina SILVA














Marina SILVA, candidate d'une petite formation, le Parti Vert du Brésil -Partido Verde- et ancienne ministre de l'Environnement de Lula, fait une percée inattendue dans le premier tour de la Présidentielle au Brésil avec près de 20 % des voix.

Comme d'habitude, elle était le point aveugle des sondages qui n'ont rien vu venir ! Environnementaliste et femme, donc invisible ? Marina Silva, analphabète jusqu'à l'âge de 16 ans, issue d'une famille pauvre de récolteurs de latex, premier emploi de femme de ménage, proche de Chico Mendès défenseur de la forêt amazonienne et leader écologiste assassiné en 1988 par des tueurs à la solde des grands propriétaires, elle devient ministre de l'Environnement de Lula avant de démissionner en 2008, hostile aux projets d'infrastructures de barrages sur le fleuve Amazone et ses affluents.

Elle veut faire du Brésil un pays leader de l'économie verte, et combiner défense de l'environnement et développement économique. En arrachant un second tour dans l'élection présidentielle brésilienne où Dilma Roussef, candidate désignée par Lula à sa succession était donnée gagnante au premier tour, elle a désormais les moyens d'imposer l'écologie dans le débat du second tour.

Actualisation 8/10/10 : Comme on en sait un peut plus maintenant sur les raisons du relatif échec de Dilma Roussef (Parti de Travailleurs, donc de gauche et progressiste) qu'on pensait élue au premier tour, il faut préciser que Marina Silva est une chrétienne évangéliste et que, personne n'étant décidément parfait, elle est contre l'avortement. Donc, et ce n'est pas une bonne nouvelle, Roussef clame désormais qu'elle est baptisée et qu'elle est aussi une bonne catholique ! Aussi, bémol à ce résultat !

Actualisation 27/10/10 : Marina Silva, d'après le site InfoSud Tribune n'aurait jamais fait campagne sur le thème de l'avortement : elle reconnaît même que le Brésil est un état laïque et qu'elle ne souhaite pas imposer ses convictions sur le sujet. Les voix qui ont manqué à Dilma Roussef seraient la sanction d'une affaire de corruption concernant son entourage. En attendant Roussef et son concurrent Serra ne manquent pas une occasion de faire savoir qu'ils sont opposés à la décriminalisation de l'avortement ! Précision : une femme meurt tous les deux jours des conséquences d'un avortement clandestin au Brésil.