mardi 22 janvier 2019

Toujours non conforme - Bitch Planet tome 2

Bitch planet : la planète où on envoie les femmes NC -non conformes- en rééducation. Les grosses, les moches, celles qui refusent les injonctions patriarcales, et celles qui, victimes d'une tentative de viol, se défendent. Ce tome 2 est paru mai 2017. Il est toujours dans les bonnes librairies. J'avais chroniqué le Tome 1 en mai 2016. Le Tome 3 est en cours d'écriture. Scénariste Kelly Sue Deconnick ; aux superbes dessin et couvertures Valentine De Landro.
C'est un pur hasard, mais après l'article de la semaine dernière, ma lecture de ce tome 2 tombe finalement très bien.





Chaque chapitre de l'album est séparé par des planches style magazine féminin, rappelant ce à quoi les femmes doivent se conformer :







oOo 

Pour autant, la conformité n'est pas la garantie d'un sort plus enviable que la non conformité qui, selon ces albums envoie aux travaux forcés sur une planète hostile. La planète Terre peut aussi être très hostile aux femmes dites "conformes". J'ai trouvé cet article paru sur le site Orient XXI : Golfe, ces violences quotidiennes contre les femmes. On y décrit les injonctions, brimades, limitations et finalement, les violences que subissent les femmes "conformes", pourvues de mari et de pères, frères... à la maison. Un chemin de croix. La loi évidemment prévient toute révolte, comme partout, elle réaffirme les droits des mâles.
Schizophrénie de la situation en milieu patriarcal, l'article ayant répertorié façon tunnel exhaustif les brimades auxquelles sont soumises les femmes "conformes", hélas, il ruine le propos dans sa conclusion, et réaffirme en une phrase que malgré tout, au bout de l'horreur, il n'y a pas d'issue pour les femmes :
" En saisissant le juge, la femme réduit les chances de se marier, les prétendants éventuels craignant sa témérité et sa force et pourraient voir en elle "une fille de commissariats ". Bon, double peine, la soupe est mauvaise, exécrable même, mais on doit tout de même se servir, en plusieurs portions en plus. Hors du mariage, point de salut. Pas le choix, cognée ou objet de réprobation sociale. No future. No country for women. A mon avis, il vaut mieux choisir le non conformité, au moins on les emmerde pour de vrai, on leur donne une vraie raison de nous ostraciser.


I am non-compliant ! 


Les images sont double-cliquable pour mieux lire les textes.
J'ai évidement mon très galérien non compliant badass bitch tattoo sur le poignet droit :) !

mercredi 9 janvier 2019

De la maternité

Si vous êtes une femme sans enfant ayant choisi ce destin hors de l'injonction sociétale patriarcale, que n'avez-vous entendu sur vos choix ?
Péremptoire :"Tu vas le regretter" ;
Terrorisant : "Tu finiras ta vie seule"
Enjôleur : "Les enfants, c'est que du bonheur"
Incrédule : "Tu es sûre que c'est ce que tu veux ?"
Intrusif et atterré (en entretien de recrutement plusieurs fois, une femme non encombrée étant décidément la menace ultime, une sorte de bombe H, pour ces sociétés miniatures que sont les entreprises : "Pourquoi vous n'avez pas eu d'enfants ?" Evidemment, en entretien de recrutement, vous pouvez vous lever, partir sans répondre, je vous le conseille, même, mais ici je vais répondre, on n'est pas en séance de recrutement.
Et puis comme on me l'a posée maintes fois, je retourne la question : Mais pourquoi vous, vous avez eu des enfants ?
L'injonction sociale à la maternité pour les femmes, ces êtres biologiques, est un tel impensé, qu'à part quelques borborygmes hésitants, des bouts de phrases commençant par "Bin, parce que.. aboutissant à une absence d'arguments rationnels, conviant les croyances et phrases passe-partout qu'on a entendues mille fois "j'ai toujours voulu des enfants" (oui ? mais encore ?), "c'est merveilleux de donner la vie" (???), pour finir par un excédé
" tu ne peux pas comprendre, tu n'en as pas !" Comme ils / elles sont dans la croyance en une fonction "naturelle", impossible de formuler qu'ils sont mus par une pure construction sociale. C'est une injonction biblique patriarcale révélée il y a 6 000 ans, non critiquable, inamendable, puisque c'est Dieu le Père Lui-Même qui l'énonce. Les croyances sont irréfutables par définition.

La reproduction humaine est un impensé. C'est comme ça : j'ai un utérus, donc c'est qu'il DOIT servir à faire des bébés, "anatomie est destin" (Freud), je continue le mouvement général -le moins questionné de l'espèce-, on est sur terre pour avoir des enfants, si on n'en a pas, l'espèce humaine va s'éteindre ! A 7,7 milliards, 8 milliards en 2030 ou même avant, je doute carrément, mais ça ne se questionne pas, ça ne se justifie pas, c'est l'ordre "naturel" des choses ! Pour une espèce qui s'est délibérément placée au-dessus des autres, ce n'est vraiment pas fort.

" Les civilisations ont toujours eu un schéma pyramidal. La civilisation, c'est le petit nombre qui fait la loi sur le grand nombre. Être civilisé, c'est vivre au dessus de ses moyens. L'astuce, c'est d'obtenir de gré ou de force, des prêts de la nature ou du voisin "

Les voisins les plus évidents des mecs étant les femmes, évidemment !

En réalité, pendant des millénaires, les femmes ont été domestiquées ; elles ont subi la violence sociale et patriarcale de se faire mettre enceintes de force : par des enlèvements de fiancées, par des viols collectifs, comme dans certaines tribus premières en Afrique et ailleurs, par le viol conjugal, ou celui d'un ancêtre de la famille "expérimenté", par le mariage forcé, les femmes étant conduites chez l'époux imposé les yeux bandés après les avoir fait tourner plusieurs fois sur elles-mêmes afin qu'elles ne puissent pas retrouver le chemin de la maison de leur mère, -tous exemples qu'on trouve dans La construction sociale de l'inégalité des sexes de Paola Tabet- et évidemment, cela pèse sur la psyché des femmes. Une série de traumatismes aussi violents à travers des siècles ne peuvent que laisser des traces ravageuses dans la mémoire des gènes, des corps, de la psyché. Rajoutez que les femmes ont eu de tous temps interdiction de se servir d'armes, réservées aux hommes pour mieux contrôler les femmes et les contraindre. Double bénéfice : pas moyen de se défendre et pas accès aux gains de productivité. Les outils découlant des armes, ils seront réservés aux hommes, les femmes resteront attelées aux corvées manuelles domestiques. Les gains de productivité permettent de dégager du temps de loisirs pour faire de la politique, par exemple. Ce qu'ils font pour le grand bénéfice de leurs intérêts de caste, les femmes empiétant sur leur pré carré se voyant demander "qui va garder les enfants ?". Voir sur ce lien un résumé de l'ouvrage de Paola Tabet, anthropologue. Rappelons tout de même que bien que nettement en récession, ces pratiques primitives continuent leurs ravages partout sur la planète, y compris dans l'hémisphère nord.

Puis vinrent les luttes féministes -elles remontent à loin. Des quantités de femmes inconnues ou connues (artistes, femmes politiques, littératrices,...) ont contesté cet asservissement, dans des termes autrement virulents qu'aujourd'hui. Un relatif progrès aidant, on est passées de l'enfant-malheur (nos mères et grands-mères), à l'enfant "si je veux, quand je veux" (hélas, j'y reviendrais) des féministes des années 70, à l'enfant roi (voire caractériel sous ritaline) parce que choisi, puis à la fin, à l'enfant à tout prix (congélation d'embryons encouragée par leurs boîtes pour les femmes qui font carrière, PMA médicale et autres techniques d'élevage, "maternité de substitution", ou "pour autrui" introduisant un faux altruisme qui ne va toujours que dans le même sens. Les hommes, même les gays avec cette technique, revendiquent désormais, eux aussi, un accès au corps des femmes. Progrès, vous avez dit ?

Remettre en question le dogme de la reproduction humaine ? Vous n'y pensez pas voyons ! On a besoin de soldats chair à canon pour faire la guerre, et plus sûrement, dans nos sociétés moins guerrières, d'ouvriers chair à usines -de moins en moins dans l'hémisphère nord où la production industrielle est transférée dans des pays à bas coûts de main d’œuvre avant l'avènement des robots déjà en cours d'apparition partout. Le Japon vieillissant (1,5 naissance par femme) et refusant l'immigration est en pointe sur la robotique d'assistance. Nos richesses collectives sont mesurées par des PIB (Produits Intérieurs Bruts), basés sur une croissance infinie, et sur... le modèle du vélo qui tombe s'il s'arrête ! S'ensuit une accumulation de "ferraille humaine" (Françoise d'Eaubonne) : c'est tout bon, ça fait baisser les salaires, maintient des salariés bien dociles à qui on peut dire dès qu'un bronche dans les rangs "vous n'êtes pas contents ? Il y a 25 chômeurs qui attendent à la porte !". 140 000 primo-demandeurs viennent s'ajouter chaque année en France au stock de 5 millions de chômeurs et précaires. Et puis, si vraiment ça déborde, une bonne guerre y pourvoira.
La quantité, jamais la qualité. S'occuper de ceux qui sont ici et maintenant (réfugiés par exemple) avant d'en mettre d'autres en route, pas question. On préfère le veau local, élevé au maïs en grains.

Alors voilà mes arguments, mes raisons à moi, quand on me pose la question : "Pourquoi vous n'avez pas eu d'enfant ?"
Parce que je préfère avoir des semelles de vent plutôt que des semelles de plomb ;
Je m'amuse bien en faisant carrière, et je suis créative ailleurs ;
Le monde n'est pas accueillant, je n'ai pas envie de perpétuer le malheur ;
Vous allez leur léguer quoi à vos enfants ? Des tas d'ordures, nucléaires en plus, plus aucun animaux sauvages ni oiseaux, des océans morts, une terre désolée bétonnée à mort, une vie dans des clapiers empilés ? Le chômage la plupart du temps, de l'emploi de temps en temps ?
La population humaine en cours de multiplication est en train de détruire la beauté du monde ;
La biodiversité recule devant la destruction de ses habitats par l'humanité ;
La croissance pour la croissance est la stratégie de la cellule cancéreuse. 

A peine né-es et capables de se redresser, on leur fait déjà faire la queue (la pénurie réelle ou décrétée des ressources se gère par la file d'attente, c'est vieux comme le monde) : à la crèche, à l'école primaire (réservez votre petite école dès que vous avez un "projet d'enfant" SIC), dans les bons lycées, faites les prendre des cours supplémentaires, les Legendre et Acadomia leur donneront plus de chance d'accéder aux chères, très chères grandes écoles et finalement au graal de l'emploi ; à la faculté, puis à Pole Emploi et à l'ASSEDIC -voir plus haut- car le premier emploi stable est de plus en plus tardif ; aux urgences si vous êtes malade, puis dans les maisons de retraite et, à la fin, au cimetière. Car il n'y a plus de place dans les cimetières non plus ! Mais super, avec le "progrès teknik", bientôt c'est un robot qui vous accueillera à un guichet, qui répond déjà au téléphone chez Orange, et la consultation d'un médecin en ligne par Skype va désenclaver les territoires sans médecins ni services publics ! Génial.
Les patriarcaux détestent l'humanité : c'est pour cela qu'ils la multiplient, ça justifie à posteriori la façon dont ils la traitent.

J'en entends déjà qui me traitent de "petite personne égoïste", l'argument massue ou qui se veut tel ; je nierais mes instincts : je conteste absolument. Et j'affronte la réprobation générale. Désolée mais au-dessus de mes ovaires, il y a ma tête, c'est elle qui décide. Je n'aime pas les sentiers battus et rebattus, je préfère les minorités aux majorités, je n'ai pas d'instincts là où tout indique la construction sociale injonctive et péremptoire, depuis la Bible et sa malédiction d'Eve "tu enfanteras dans la douleur", jusqu'à tous les leurres "la maternité, c'est que du bonheur". La maternité n'a longtemps été que du malheur, elle l'est encore dans pas mal d'endroits et pas mal de fois dans nos sociétés. La maternité est un choix, pas un destin. La non-maternité sera donc mon choix.

Je vieillirai seule (tu finiras seule, ma pauvre fille ! est la formule exacte en réalité) : mais vous allez tous vieillir seul-es, mes ami-es ! Inutile d'emmerder et culpabiliser vos enfants : le village est devenu planétaire, vos enfants iront bosser ailleurs que dans votre ville et même votre pays, minimum dans une capitale, parce qu'il n'y a pas de boulot ailleurs. Les ancêtres avec toutes les générations entourant leur lit de mort, c'est fini. Les enfants et petits-enfants vivant dans le même village comme dans les années 50, c'est fini. Ils viendront vous voir deux, trois fois l'an, aux fêtes, comme vous avez fait avec vos vieux parents. Alors autant s'habituer jeune à être vieille, seule et autonome.

Où sont les féministes ?
Elles défendent les mères, et il y a du travail quand on voit le tribut que paient les femmes à la "maternité bonheur". Dans les années 70, elles inventèrent le slogan "un enfant si je veux, quand je veux", que Christine Delphy analyse de la façon suivante dans l'ouvrage collectif La maternité occidentale contemporaine :
 " La radicalité du "si je veux" était mitigée par le "quand je veux". La campagne a toujours mis l'accent sur le contrôle du moment et du nombre de naissances, jamais sur leur principe. En clair, jamais le mouvement féministe n'a osé exprimer l'idée qu'une femme pouvait ne pas vouloir d'enfant du tout ".

Refuser d'enfanter, c'est se dérober à une norme sociale : peu font ce choix. 4,3 % des femmes déclarent ne pas vouloir d'enfant du tout, -6,3 % pour les hommes ; environ 14 % n'en ont pas du tout, inclus celles qui n'ont pas pu en avoir pour des raisons d'infertilité. Même si la France ne fait plus que 1,9 enfant par femme, nous restons un pays nataliste comparé à nos voisins italiens (1,34 enfant par femme) et allemands (1,5) ; la moyenne européenne est de 1,7 enfant par femme.
Le mot même de "maternité" attribuant la fonction de reproduction aux seules femmes (voir lien ci-dessous) fait que celles-ci supportent toute la charge de la mise au monde et de l'élevage des enfants ; elles y sacrifient leur carrière, leurs potentialités, leur sécurité économique ; elles s'y appauvrissent, surtout quand survient le divorce (un mariage sur deux finit par un divorce) lequel est la continuation du mariage par d'autres moyens selon Christine Delphy. La charge des enfants, commodément renommée, euphémisée en "garde" (toujours Delphy) leur est généralement attribuée parce qu'elles la demandent dans plus de 80 % des cas, pénalisant leurs revenus, la poursuite de leur carrière, le pire étant selon moi la résidence alternée, sorte de mariage à laisse plus longue, elles prennent des emplois à temps partiel pour faire face à la charge de travail domestique ; précisons enfin qu'un nombre important de pensions alimentaires restent impayées et / ou non recouvrées. Tout cela continue à peser quand elles vieillissent : non seulement elles touchent des pensions inférieures (le piège est infernal : mi-temps = demi-salaire = demi-chômage = demi-retraite, le seul travail marchand posté modèle masculin comptant pour l'accumulation de points), mais elles restent arrimées à leur carrière maternelle et maternante, n'ayant pas réellement pris conscience ni cultivé d'autres potentialités, ni champs d'expérience ; celles qui sont encore mariées devront traîner vaille que vaille un mariage branlant sans pouvoir s'émanciper pendant leur vieillesse qui, rappelons-le, pourrait être le moment de vivre enfin pleinement, et de faire tout ce qu'on n'a pas pu faire plus jeune. Quel gâchis au final.

Celles qui n'ont pas eu d'enfants seront nettement mieux loties, même si leurs pensions seront inférieures pour cause de discriminations à l'emploi, mais elles sauvent les meubles ; à condition toutefois qu'on ne vienne pas leur seriner qu'elles ont fait carrière pour "combler un manque" ; les femmes ne sont pas condamnées au maternage, ni réel, ni symbolique ; toutes les productions créatives des femmes ne sont pas par extension leurs "bébés" de substitution, ni une carrière, ni un livre, aucune production artistique..., ne sont des substitutions à la maternité ; il ne viendrait à l'idée de personne ne prétendre cela d'un homme. Madame Bovary n'est pas le "bébé" de Gustave Flaubert, ni Les Tournesols celui de Van Gogh. Les femmes qui font carrière ne le font pas pour combler un manque : elles s'engagent dans une autre forme de créativité, elles y trouvent le même accomplissement, voire un accomplissement supérieur sans être enchaînées aux nécessités biologiques et sociales de la maternité. Elles sont des refusantes, réfractaires au rouleau compresseur social qui enjoint aux femmes le service aux hommes de leur donner une descendance. C'est la norme la moins contestée de nos sociétés dites avancées.

Je voudrais pour finir dire un mot pour les femmes à un enfant qui entendent le rester : j'ai eu une copine d'activisme qui, quand je râlais sur mon sort, me répondait que pour elle, mère accidentelle d'un enfant et entendant arrêter les frais, s'entendait sans arrêt demander "alors, le deuxième, c'est pour quand, vous allez bien lui faire un petit frère ou une petite sœur ?" avec force démonstrations qu'enfant unique, c'est l'enfer ! Elles aussi refusent la sacro-sainte production, faillissent au renouvellement de générations superfétatoires. Voilà. J'espère que ce billet est subversif en diable. Allumez les bûchers. Vivent les femmes autonomes, émancipées, libres. Quel que soit leur choix : elles font ce qu'elles veulent. Moi aussi.

" Combien de politiciens étaient prêts à dire au monde que 4 milliards d'individus, ou 6 milliards, ou 10, ne pourraient jamais bénéficier du rêve californien ? S'ils l'avaient été, combien de ces individus auraient voté pour eux ? Je sais une chose en tous cas : lorsque le monde a accepté de voir l'iceberg, il était bien trop tard pour que Léviathan change de cap. Mais le beau navire a-t-il jamais eu de gouvernail ? "

Ces deux citations en grand caractères sont tirées du beau roman Chroniques des jours à venir de Ronald Wright, un auteur canadien, paru chez Actes Sud en 2007.

Lien :
Réfléchir sur la "production d'enfants" et non sur la maternité : un défi pour l'analyse féministe

* Je n'ai rien contre la tribu des Baruyas bien entendu. C'est une des tribus observées par Paola Tabet, c'est tout. L'humanité est une et indivisible, nous sommes tous des Baruyas, les soi-disant "modernes" de nos sociétés occidentales devraient s'en souvenir.

mercredi 2 janvier 2019

Bonne année 2019, malgré tout !

Ça commence fort encore ce matin :) Je sens que 2019 va ressembler furieusement à 2018 ! Chicayas à propos de quelques tweets incompris, procès d'intention, mise au point unilatérale, et mansplaining pour finir. Pas touche aux vaches sacrées patriarcales : Sainte Famille, Mariage et Maternité ! Pas touche au Père Tout-Puissant. Sinon, on vous coupe la tête. Et accessoirement, on se désabonne. O_o Pourtant une journaliste vous demande une interview de "childfree" ! Pour voir la bête curieuse ? Pour servir de repoussoir ? Je me méfie du réformisme à un point incroyable : on fait mine de mettre en valeur des comportements différents pour mieux faire revenir les gens dans le confort du troupeau. Mais trêve de plaintes.

Quoiqu'il en soit ailleurs, ici on continuera à contester les PIB (comptabilités nationales) masculins et les "lois économiques" qui ravagent la nature et les animaux, ne tiennent pas compte des contribution des femmes et n'incluent jamais les externalités négatives ; on continuera à parler de choses qui fâchent, à montrer l'oppression en grand, du haut, en (très) large, et en technicolor : femmes, enfants, nature et animaux, par toujours le même "ennemi principal", le patriarcat et ses agents. On continuera à proposer (maladroitement certainement, mais c'est l'intention qui compte) des solutions et des idées pour lutter contre, éviter les pièges tendus. A mettre en valeur, pourquoi pas, les femmes qui ont pris des chemins différents, des femmes qui créent, des femmes valeureuses qui s'engagent pour des causes auxquelles elles croient, causes pas forcément populaires ni consensuelles.

Des femmes autonomes, émancipées, libres. 
Voilà.  
Bonne année 2019. 

J'utilise comme carte de vœux celle que m'a envoyée Robin des Bois, une respectable association qui répertorie et nettoie les saloperies que l'innombrable espèce humaine dissémine et laisse derrière elle, en pleine insouciance consommatrice obligatoire, sans égard pour les autres habitants de la planète, de leurs habitats et des océans, puisque nous sommes une espèce suprémaciste et sans états d'âme : cette année, les baleines feront les frais du nationalisme japonais. Aux animaux : la guerre.