En ces temps de retour de l'obscurantisme, de backlash sur les droits des femmes, de "théologie du viol" à propos de Daech, ce qui en dit long sur l'ADN de ces systèmes de "pensée" que sont les religions, je publie cette semaine, avec leur accord, un billet de Osez le Féminisme 63 sur les positions canoniques des religions sur les femmes, à base de citations, écrit par un militant pro-féministe.
" En
écho aux multiples fatwas aussi ridicules que barbares, comme celle de l'imam de Brest qui nous rappelle en hurlant de colère, face à la
"négligence" des conjoints envers leurs femmes, que ce sont les hommes
qui ont autorité sur les femmes par la volonté divine ou encore celle
d'un imam saoudien qui a carrément décrété qu'un mari pouvait manger sa
femme en cas de nécessité extrême, on peut constater que le fait
religieux est encore et toujours majeur et récurrent dans l'oppression
des femmes... Dernièrement, nous avons eu aussi droit à une conférence
au Polydôme de l'antisémite misogyne et homophobe, du mouvement des
frères musulmans, Hani Ramadan, le 28 mars dernier. Sans oublier les
atrocités des mouvements intégristes du DAESH en Syrie et de Boko Haram
au Nigéria, il y a de quoi faire pour parler de ce sujet !
Il
est donc essentiel de montrer en quoi les religions, sans exception,
fondent et servent le patriarcat en lui donnant une légitimité
millénaire qui empreint nos consciences jusqu'à maintenant. C'est donc
l'objet de ce "pamphlet".
Chers
lecteur-trice-s, le "feu sacré" n'habite pas vraiment le cœur des
militant-e-s féministes. Tant il est vrai que tous les monothéistes
polygames ou les polythéistes monogames affichent une profonde aversion
pour les femmes, réduites à leur seule "fonction" respectable par tous
les prédicateurs de toute obédiences : la procréation !
De
tout temps, aucune religion n'a accepté que les femmes occupent un rang
égal à celui du mâle... ou du "bien" d'ailleurs... On est en droit de
se demander qui interprète et sélectionne les textes consacrés à ces
sujets !
Comme
le sujet est vaste, une petite synthèse s'imposait. J'ai souhaité,
ainsi, mettre en perspective les principaux points communs et les
différences qui existent sur la place qui est donnée aux femmes dans les
dogmes religieux les plus influents. Nous aborderons donc ces points
pour les 3 religions monothéistes (Judaïsme, Christianisme et Islam)
ainsi que l'Hindouisme et le Bouddhisme.
Puisqu'ils sont les plus nombreux et les plus importants, passons aux points communs :
1 ) Le premier point
qui m'a sauté aux yeux : c'est le total et profond mépris des femmes que
toutes les religions partagent sauf pour leur rôle procréatif.
Deux exemples pour illustrer mon propos :
- le mépris qui s'exprime pleinement et de manière limpide dans l'ordre hiérarchique :
Dans le Nouveau Testament : "Dieu est le chef du Christ, le Christ est le chef des hommes et l'homme est le chef de la femme".
Dans le Coran : "les
maris sont supérieurs à leurs femmes parce que les hommes emploient
leurs biens à les doter. Les femmes vertueuses sont obéissantes et
soumises".
Dans la Torah : "Sois béni notre seigneur, qui ne m'a pas fait femme", une des prières que tout bon juif doit prononcer chaque matin. Autre citation emblématique : "Tu te sentiras attirée par ton mari mais il dominera sur toi".
Dans
l'Hindouisme, une femme ne vaut pas grand chose, les infanticides
féminins sont encore pléthoriques, et une veuve encore moins. En effet,
la tradition barbare et cruelle du "Sati" est encore présente pour
"régler" leur sort... C'est le bûcher qui attend ces femmes suite au
décès de leur mari. Ce qui signifie clairement l'inutilité de l'épouse
aux yeux de cette religion...Cette pratique a fait l'objet de "faits
divers" en 1987 et encore en 2002 à Bhopal en Inde...
Dans le Bouddhisme, le corps des hommes est sain et vigoureux là où celui des femmes n'est que : "la cité abjecte du corps, avec ses trous excrémant les éléments, qui est appelée par les stupides, un objet de désir".
Ces propos ont été repris par le Dalaï Lama dans ses écrits. Désolé
pour ceux et celles qui voyaient dans cette religion "exotique", une
certaine ouverture d'esprit sur l'émancipation des femmes, il n'en est
rien. A noter que l'on peut y comprendre que les hommes émettent des
flatulences ou des étrons avec des confettis bleus ou roses au choix...
- Ce mépris porte également sur les facultés intellectuelles notamment dans le Nouveau testament et le Coran :
Dans le Nouveau Testament : "que
les femmes se taisent pendant les assemblées comme le veut la loi. Si
elles veulent une explication sur les décisions prises, qu'elles
demandent à leurs maris chez elle car il n'est pas concevable à une
femme de parler en assemblée".
Dans le Coran : "Dieu a donné des qualités à ceux là (comprenez les hommes), au dessus de celles-ci"
(comprenez les femmes). Autre fait marquant, la règle qui veut, lorsqu’a lieu un litige, que l'avis d'un homme compte pour celui de deux
femmes lors de la recherche de témoins.
2) Le deuxième point
qui m'a interpellé, c'est qu'il est clairement dit, dans les textes,
que les femmes sont les "possessions" des hommes dont ils disposent à
leur guise, elles sont au mieux des servantes, rien d'autre ! Là encore,
le Christianisme et le Coran se rejoignent.
Dans le Nouveau Testament : "Femmes, soyez entièrement dévouées pour vos maris comme il convient à des personnes unies au
seigneur ".
Dans le Coran: "les femmes sont votre champs, cultivez le de la manière que vous l'entendez, ayant fait auparavant quelque acte de piété".
La métaphore "agricole" n'est qu'une allégorie de l'objectification des
femmes et du contrôle de leur fécondité (parallèle avec la fertilité
des sols agricoles) pour asseoir la domination masculine.
3 ) Le troisième point que
je souhaite aborder, c'est la sempiternelle démarche de culpabilisation
des femmes dans le but d'asseoir, là encore, la domination masculine en
déresponsabilisant les hommes. Ce fait permet de légitimer de
nombreuses violences et des crimes à l'encontre des femmes.
Les trois religions monothéistes se distinguent nettement sur ce point.
Dans
le Nouveau Testament, c'est le fameux péché originel qui va mettre la
vie des femmes sous le joug d'une culpabilité permanente : "Ce n'est pas Adam qui se laissa séduire mais la femme qui, séduite (en croquant la pomme tendue par le serpent), a désobéi".
Dans le Coran : "Si vos femmes commettent l'action infâme (comprenez l'adultère),
appelez quatre témoins. Si les témoignages se rejoignent, enfermez les dans
les maisons en attendant que la mort les visite ou que Dieu leur trouve
un moyen de salut ". On voit là clairement une justification des
"crimes d'honneur" perpétré contre les femmes soupçonnées (à tort ou à
raison) d'avoir pratiqué l'adultère avec une barbarie infâme
(lapidations, pendaisons en public...) et toujours d'actualité au 21ème
siècle !
Dans la Torah : ayant fauté par le péché originel (bien pratique
celui là !), le seigneur dit ensuite à la femme: "je rendrai tes grossesses pénibles, tu souffriras pour mettre au monde tes enfants".
La
seule planche de salut pour vous, Mesdames, consiste à tomber enceinte.
Miraculeusement, vous serez absoutes de tous vos péchés comme il est
énoncé dans la Bible: "Néanmoins, elle sera sauvée par la maternité".
A
noter, les femmes sont mentionnées d'autant plus longtemps, notamment
dans la Torah, qu'elles se montrent fertiles surtout en enfantant des
mâles...
4) Le quatrième point que
j'ai pu noter au cours de mes lectures : c'est la peur (et les
représailles !) qu'inspire le comportement, forcément pervers, des
femmes en dehors de leur capacité procréative (quoique !). Là encore, on
notera que les textes permettent des interprétations légitimant de
nombreuses violences faites aux femmes.
Dans le Nouveau Testament, la pudeur vestimentaire est de
mise :"Votre
parure ne sera pas extérieure : ondulations des cheveux, bijoux d'or,
élégance des toilettes ; elle sera toute intérieure : une âme douce et
paisible en son secret. Voila ce qui est précieux au regard de Dieu." Ainsi que des injonctions corporelles : "toute femme qui prie, sous l'inspiration de Dieu, sans voile, commet une faute identique, comme si elle avait la tête rasée". Comme quoi, la religion chrétienne n'a rien à envier à l'Islam pour se "voiler" la face.
Dans le Coran justement, la machisme musulman s'exprime davantage par la violence physique :"vous
réprimanderez celles dont vous avez à craindre l'inobéissance ; vous
les reléguerez dans les lits à part, vous les battrez; mais aussitôt
qu'elles vous obéissent, ne leur cherchez plus querelle. Dieu est élevé
et grand est son pardon". On voit là une légitimisation des violences conjugales très clairement.
Dans le Bouddhisme, cette misogynie à l'égard du comportement des femmes, en dehors de tout maternage, est plus qu'explicite : " Il faut se méfier des femmes, leur recommande-t-il (comprenez Bouddha).
Pour une qui est sage, il en est plus de mille qui sont folles et
méchantes. La femme est plus secrète que le chemin où, dans l'eau, passe
le poisson. Elle est féroce comme le brigand et rusée comme lui. Il est
rare qu'elle dise la vérité : pour elle, la vérité est pareille au
mensonge, le mensonge pareil à la vérité. Souvent j'ai conseillé aux
disciples d'éviter les femmes."
Dans
la Torah, les femmes qui se permettent de sortir de leur rôle maternant
s'exposent à des condamnations fermes et sans détours : la séduction
étant vue comme "perfide et compagne du mensonge". D'ailleurs,
la perversité féminine éclate aussi dans la seule fonction
reproductrice que lui reconnaît la Genèse, preuve que la nocivité
intrinsèque de la femme s'insinue même dans ce qui devrait la
grandir :"Loth,
neveu d'Abraham, a deux filles célibataires. Soucieuses de procréer,
elles enivrent leur père et, par l'inceste, parviennent à leurs fins".
5) Le cinquième et dernier point que
j'ai relevé, c'est tout simplement l'absence totale de réciprocité en
ce qui concerne le comportement des hommes à l'égard des femmes dans
tous les dogmes, comme c'est bizarre !!?? L'exemple le plus fort est
sans doute la possibilité pour les hommes de pratiquer librement et sans
représailles divine la polygamie dans certains dogmes (Judaïsme, Islam,
Hindouisme,...) et l'adultère dans toutes les religions où il sera, au
pire, "omis".
En
effet, nulle part, il est mentionné un interdit net et sans détour, une
contrainte sociale inévitable, une injonction corporelle obligatoire ou
vestimentaire pour les hommes concernant leur rapport aux femmes.
Certain-e-s me diront qu'il y en a pourtant ? Par exemple, les papillotes pour les juifs (mèches de cheveux qui tombent au niveau des
tempes) ou la barbe pour les musulmans. Effectivement, de nombreux
hommes s'en parent mais ce n'est en rien une obligation selon les
interprétations en vigueur des textes (faites par... des hommes
bizarrement) à l'heure actuelle et ne concernent nullement leur
relations avec les femmes. Après tout, l'homme a été crée à l'image de
Dieu... ou ne serait ce pas l'inverse...
Après avoir examiné les points communs, voyons les différences qui s'expriment, à l'endroit des femmes, dans les textes religieux.
En
fait, ces différences n'existent que dans les degrés d'aliénation, de
violence voire de barbarie, que les hommes peuvent perpétrer sur les
femmes en totale et "divine" impunité. Aucun dogme n'est favorable aux
femmes !
Dans
le Nouveau Testament, la femme "idéale" n'est qu'une servante de
l'homme, dévouée corps et âme à son mari, pudique, discrète, si possible
au couvent, chaste et ne servant qu'à procréer en étant voilée et
préalablement mariée bien entendu ! Bref, le paradis sur terre !
Dans
le Coran, la femme "idéale" n'est qu'une spectatrice et domestique de
l'homme. Elle peut être échangée ou rejetée à tout moment comme un
simple objet de consommation courante... L'homme dispose de son corps
comme il l'entend, y compris par la contrainte, au moyen des violences
les plus infâmes, sans aucune condamnation divine à craindre, ni autre
forme de procès. Le "voile islamique" (et ses déclinaisons telle que la
Burka) est une injonction qui constitue, finalement, plus une protection
des hommes contre leur propre barbarie ainsi qu'une assignation au
silence pour la moitié féminine de la population le portant qu'autre
chose... Ne pouvant se contrôler, les hommes passent pour des bêtes
affamées de sexe et de pouvoir sur elles...
Belle virilité patriarcale, n'est il pas ?
Dans
la Torah, la femme "idéale" n'existe pas. Elle est responsable de tous
les péchés de part sa nature intrinsèquement perverse. Seule une
maternité vécue dans la douleur, et encore, peut lui amener une planche
de salut en enfantant surtout des mâles. Bonté divine, quand tu nous
tiens !
Dans
l'Hindouisme, la femme n'existe que pour la survie de l'espèce, bien
menacée en Inde, faut il le rappeler avec une population dépassant 1,3
milliard d'habitant-e-s. Sa survie dépend entièrement de l'existence de
son mari auquel elle doit apporter une assistance de tous les instants
toute sa vie durant. Le décès de son conjoint signe ensuite son arrêt
de mort, et par là même, son inutilité.
Quelle spiritualité !
Dans
le Bouddhisme, la femme n'a rien d'idéale puisqu'elle est foncièrement
impure (d'on ne sait où ni pourquoi ?), méchante, folle, malhonnête et
féroce ! Rien que ça ! Elle est donc à éviter comme la peste. L'état de
femme est à ce prix là pour Bouddha ! Quel exotisme pour nous autres
occidentaux !
En conclusion,
on peut observer que l'ensemble des dogmes religieux sont, tous,
intrinsèquement misogynes, de manière coercitive, et légitimisent à des
degrés divers des violences voire de la barbarie inqualifiables à
l'encontre des femmes en déresponsabilisant complètement les hommes.
L'état de maternité est le seul qui est valorisé, dans certaines
conditions, pour elles. Ce fait n'est pas anodin et nous rappelle qu'un
des principaux moteurs du patriarcat réside dans le fait de ne pas
perdre le contrôle de la fécondité des femmes par les hommes. C'est donc
la peur de perdre le contrôle de ce "pouvoir féminin" de porter un
enfant, et par la même la descendance des hommes, qui motive avant tout
l'interprétation des textes "sacrés" par les autorités religieuses
presqu'exclusivement masculines en place encore à l'heure actuelle.
A
noter que l'impact de ces dogmes, dans nos vies quotidiennes, est
encore prégnant malgré la laïcité et la séparation de l'Eglise et de
l'Etat, depuis plus d'un siècle, en France. Il se manifeste, comme un
héritage, dans nos consciences collectives et individuelles. "