La porte du fond - Editions Grasset - Par Christiane Rochefort - Prix Médicis 1988.
C'est l'histoire d'une fille de 8 ans qui compte les jours qui restent avant sa majorité, de sa guerre contre un père incestueux. "Le combat a duré sept années. J'en ai perdu chaque bataille. Mais pas la guerre." - Impossibilité à exprimer, à appeler au secours, "mon bœuf sur la langue" : à une voisine bourrue mais amicale et de bon sens, à un oncle aimant mais lâche face à son frère aîné, à sa mère qui ne voit rien, ne comprend rien : "qu'est-ce que tu as donc de si laid à cacher que tu doives t'enfermer ?". Il n'y a rien de misérabiliste dans ce roman : l'écriture est célinienne avec quelques "merde" et "bondieu", et à deux reprises, j'ai même été prise de fou rire tant il est parsemé de remarques alertes, corrosives et, malgré tout, drôles. Tenants de la bienséance et de la famille, "cet affreux nœud de serpents des liens du sang" selon André Breton cité par Rochefort, passez votre chemin : ce roman n'est pas consensuel. Et vous allez prendre une leçon de survie. C'est dur, la survie en milieu hostile.
"La scène se passe au Palais de Justice. J'ai sept ans. On ne m'a pas indiqué ce qu'on est venus faire là. Il y a cet inconnu planté comme une pelle avec un sourire niais. On me plante devant. Elle, ma mère, dit : Embrasse ton père. Et moi : "Non". Elle me file une baffe. Ma première. On est rentrés les trois à la maison et on a été une famille."
Le père touche sa fille, mais sans laisser de traces, dit-il.
Tente-t-elle la messe pour être tranquille ? Le père abusif est cautionné par Dieu-Le-Père-Tout-Puissant : " Notre Père. Tout haut. Notre Père ! Qui êtes aux cieux ! Que votre volonté soit faite ! Merde. Sur la Terre comme au ciel, merde !". La confession de la "triste religion grand'maternelle" ? "Le truc était pas pour moi. C'est pas me confesser que je voulais c'est porter plainte. Mais ils ne sont pas outillés. Dieu aurait quand même dû prévoir ça.". La police ? "Ils sont probablement Pères de famille. D'ailleurs, il m'avait prévenue, "en cas" : ils ne te croiront pas ils voudront des preuves."..."Il détenait la force et le droit et sans doute aussi ce foutu dieu que nous avons". Le psychiatre ?* "De toutes façons chez le psychiatre on est amené par parents et on cause en présence, donc on ne peut rien lui sortir du tout au mec. On n'a pas de vie privée." Tombe-t-elle sur l'envie du pénis ? "Moi j'ai envie d'un cheval, d'une décapotable bleue, d'un trois-mâts, de patins, d'un piano, de génie, et d'un tas d'autres choses, toutes rigoureusement non symboliques, [...] non mais qu'est-ce que c'est que ces gens qui savent mieux que moi ce que je veux et pour qui ils se prennent ?".
Elle se fait des serments : "Je ne serais pas épouse-et-mère, je m'en fis le serment : j'aurais eu trop peur de donner un père à une fille". "Je serai une crapule sans foi, ni loi sauf la mienne, une brigande toutes griffes dehors, semant la pagaille sur mes pas commençant tout finissant rien et complètement folle ma pauvre fille, et poète bancale et boiteuse et emmerdant le monde. Et je ne reproduirai pas de Nature Humaine."
L'infamie est une affaire qui marche : "L'infamie fonctionne. L'infamie d'état, donnée cadeau à tout homme qui épouse et engendre, pour qu'il en use à son gré".
Ravages d'antan ? Refus de la victimisation quand l'oppresseur/prédateur n'est plus là : "Je ne sais pas pourquoi mais je n'y arrive pas. Sale mentalité, hein. Il paraît que je ne marche pas dans la combine. La combine profitable qui est : on est prié de continuer à s'opprimer soi-même quand il n'y a plus personne pour le faire. Sinon c'est l'anarchie quoi. Un de ces foutus consensus à se fabriquer des cancers. Voyez Jésus, on n'a gardé que les plaies. Quand le type était un formidable optimiste". "Comme disait ma mère : tu es capable de tout. Ouais. Faut bien.".
La porte du fond est sans doute un témoignage, mais c'est un roman, une oeuvre littéraire, d'une écriture et d'un tonus incroyables. C'est aussi un roman libérateur et féministe.
Toutes les phrases en caractères gras rouge et noir sont des citations du roman La Porte du fond.
Liens : Les oeuvres de Christiane Rochefort - Sa biographie sur Wikipedia.
Christiane Rochefort était une militante féministe convaincue.
* Certains psychanalystes, et pas des moindres -Françoise Dolto- disent que dans l'inceste la fille est consentante parce qu'elle adore pouvoir narguer sa mère !
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Oui , c'est vrai que certains (et même certaines) psychanalystes tiennent ce discours immonde ......
RépondreSupprimerJ'avais une amie (aujourd'hui morte du sida . Elle était toxico et prostituée) violée par son père ....... Son père , un alcoolique total avait violé toutes ses filles pendant des années ..... Ce type était hyper violent et terrifiait les voisins ....... La mère savait ..... Femme battue terrifiée , elle se taisait .......
Bon , à l'âge adulte mon amie avait voulu faire une psychanalyse ...... Le psy lui avait sorti un truc de ce genre : Que ça lui était arrivé parce qu'inconsciemment elle le souhaitait ....... Je l'avais vue après ça ...... Elle était ravagée de chagrin et de haine envers ce type , violeur psychique ........ De cette histoire j'avais voulu en parler à une psy (ouaih , j'avais voulu faire une psychanalyse) La psy m'a répondu que c'était vrai ce qu'avait dit le psy de mon amie , mais qu'elle n'était pas prête à entendre cette "vérité" ........ Merde ! J'ai hallucinée que ma psy me dise ça ! ....... Bon , ça a été terminé ma psychanalyse ! ...... Donc en fait les tarés genre Dolto c'est pas ça qui manque .......
La psychanalyse c'est une saloperie de secte médico - religieuse délirante .......
Je viens d'apprendre un truc trop rigolot ......
RépondreSupprimerA propos du mot anglais "Maid" comme dans "Barmaid" , en fait "Maid" signifie à la fois servante et jeune fille ...... Ouaih ! .... C'est le paternalisme inscrit au cœur même de la langue .....
ça structure complétement l'inconscient colléctif ..... On est formaté psychiquement par la structure de la langue ........ Parce que Là c'est encore plus paternaliste que le mot "mademoiselle" en Français ....... Voilà ! j'ai eu envie de t'en parler .....
Comme une révélation dans ma tête ce truc ! .....
Confirmation : http://dictionary.reference.com/browse/maid?s=t
SupprimerLe sexisme est d'abord dans le langage, et "c'est l'oppresseur qui écrit les définitions" Ty Grace Atkinson.
http://www.mythesfreudiens.com/
RépondreSupprimerJe t'indique ce site .....
Tu vois si cela t'interesse ......
Bon , voilà .....
Je suis envahissante ? .....
J'espére que je ne le suis pas trop ......
Pas de problème : c'est dans le sujet !
SupprimerCe n'est malheureusement pas rare que des victimes d'inceste ou de viol défendent leur bourreau. Notamment parce que les agresseurs vont souvent choisir comme proie des enfants isolés et mal-aimés et leur offrir un substitut d'amour et d'attention en échange de leur corps. Il peut ainsi se créer une véritable dépendance à l'agresseur aggravée par les troubles psychotraumatiques dus aux viols. Françoise Dolto a été marquée par une histoire familiale de ce type, sa mère fut victime d'un père incestueux qui fut peut-être même le géniteur de sa fille aînée. Elle était aliénée à cet homme au point de préférer cette fille née de l'inceste à ses autres enfants. Les soignants doivent prendre en compte que les nœuds familiaux ne sont pas évidents du tout à briser quand c'est tout ce que l'on a connu en terme d'attachement. Les victimes d'inceste qui s'en sortent bien sont celles qui réussissent à prendre du large et se créer de véritables liens affectifs avec des amis, un-e conjoint-e mais il faut avoir eu la chance de trouver des appuis extérieurs suffisamment solides pour sortir du système familial.
RépondreSupprimerMerci de votre commentaire : je ne connaissais pas cette histoire de Dolto. Je suis d'accord avec vous pour celles/ceux qui s'en sortent : elles peuvent aussi écrire (brillamment comme Rochefort) ou devenir artistes comme Niki de Saint-Phalle !
SupprimerSuper article ! Donne très envie de lire le livre.
SupprimerJ'ai envie d'intervenir sur le père prétendumment incestueux de Dolto. J'ai lu qu'elle pensait cela mais qu'elle n'en savait rien. Troublée par son admiration forcenée pour les théories de Freud? Elle pense cela parce que sa soeur était blonde aux yeux bleus et que sa mère la préférait.
Cela ne veut rien dire du tout.
Moi même je suis aussi typée claire que ma soeur est typée sombre et ma soeur est la grande préférée de ma mère. Elle adore aussi son propre père.
Juste qu'elle peut pas avoir eu ma soeur avec lui car il est mort quand elle avait 3 ans. De plus les gènes yeux bleus/cheveux blonds ils peuvent apparaître intempestivement dans toute famille de bruns étant récessifs. N'importe quelle personne même très foncée peut les porter. Preuve en est, la fille de Boris Becker qui est blonde crépue aux yeux bleus parce la mère, afro-descendante, porte en elle sans l'avoir su auparavant les gènes de blond.e/yeux bleus.
Donc cette thérorie sur l'amour de sa mère pour son père incestueux me paraît juste une tentative de donner une explication à une préférence arbitraire et inexplicable.
Il faut bien s'en donner une. Moi j'attribue aussi la préférence de ma mère pour ma soeur à ce qui la différencie de moi: sa brunicité, ma mère détestant le genre "aryen" pour des raisons liées à la 2e GM. Mais est-ce la vraie raison ?
Cette spéculation sur l'inceste comme si cela pouvait être une histoire d'amour m'apparaît très délirante, personnellement, de la part de Dolto.
Je n'en crois pas un mot.
C'est quand même une justification de préférence franchement malsaine ! Je ne dit pas que cette histoire de viols paternels était forcément vraie - de toute façon impossible de savoir - mais il devait quand même y avoir un certain climat dans cette famille pour que Dolto ait répandu une telle rumeur, l'adhésion aux théories de Freud n'explique pas tout. Bon je suis peut-être influencée par le fait que j'ai des proches travaillant dans l'univers de la psychiatrie, en consultation on y voit à longueur de journée des personnes issues de familles en apparence des plus normales et saines, et dans les faits régies par des lois et habitudes absolument délirantes.
Supprimer@ Ismène : absolument ! Plus malsaine, tu meurs. Mais parmi les victimes d''atteinte à l'intégrité de son enfant par son père, je te mets au défi d'en trouver une qui est tombé amoureuse de son agresseur. Dolto est persuadée qu'il s'agit d'amour alors qu'il s'agit de meurtre.
SupprimerTout à fait, cela n'a rien à voir avec du véritable amour, ce n'est qu'un attachement morbide, mais, et c'est effectivement quelque chose de très difficile à concevoir, certaines victimes sont bel et bien persuadées d'aimer leurs tortionnaires et d'être aimé-es d'eux. Ce déni est un mécanisme de survie que développent souvent les enfants martyrs isolés qui n'ont aucun adulte stable pour les rassurer et les protéger un minimum, comme c'est le cas pour la petite fille du roman qui, malgré l'inceste, se rebelle contre son père car, par l'affection que lui prodiguent d'autres personnes, elle sait qu'elle a de la valeur. Alors que, pour ne pas mourir de désespoir, ces victimes isolées sont obligées de se raccrocher au rares manifestations de gentillesse que leur accorde leur entourage et de penser que ce qui arrive n'est pas si grave, que leurs parents les aiment malgré tout. Bien évidemment, les personnes dans ces situations sont les plus fragiles psychiquement et courent des risques importants d'être victimisées encore et encore à l'âge adulte, par des conjoints ou en tombant entre les mains de proxénètes par exemple, parce qu'elles restent persuadées de ne rien valoir. Certaines lorsqu'elles se trouveront en situation de pouvoir, en majorité des hommes, choisiront à l'inverse des conduites agressives voire criminelles sur leur femme, leurs enfants, leurs employés ou d'autres types de proies pour se donner l'illusion de maîtriser leur situation antérieure de victimisation.
SupprimerEntendu récemment un témoignage de prostituée sortant de la prostitution qui disait que c'est son père incestueux qui lui répétait sans arrêt qu'elle était une pute, qui a fini par la prostituer. Illustration parfaite de ton commentaire. Je ne veux pas dévoiler la fin du roman de Rochefort, mais la disparition du père contribue grandement à sa libération et à son rétablissement. Elle explique en une page entière qu'elle est contente qu'il ait débarrassé le terrain devant elle -il meurt- car il lui aurait collé au train à vie ! Lisez le livre :))
SupprimerJe suis d'accord et en désaccord avec Ismène ....
RépondreSupprimerPourquoi : Si j'en reviens au langage à travers l'exemple du mot "Maid" on voit là que l'inconscient colléctif est structuré par le discours du dominant paternaliste ..... Mais on voit que dans la religion chrétienne le concept de "servante" va être positivé par le discours dominant : La jeune fille - servante lave les pieds de son Dieu vivant .... Elle est soumise mais consentente à cette soumission ..... Elle est à SA PLACE voulue par son DIEU ...... Donc Là encore l'inconscient colléctif est structuré par la langue dominante à travers son vocabulaire et par le discours dominant de la religion .......
Dans le discours psychanalytique on assiste au même phénoméne : Le discours du dominant patriarcal : L'envie de pénis présenté comme une VERITE révélée impose sa domination ..... Il s'agit Là aussi d'un discours religieux mystificateur qui place la femme comme jeune fille et servante dominée et devant accépter cette domination et la souhaitant inconsciemment ..... Et , donc , si elle est victime d'inceste c'est parce qu'elle obéit inconsciemment à sa nature psychique véritable : Elle souhaite inconsciemment de par sa nature de servante , être utilisée ........ Voilà ! c'est ça le système psychanalytique : un système religieux manipulateur ....
Bon , j'ai essayée d'être compréhensible et pas trop brouillonne dans mon commentaire ...... Pas facile !
@euterpe et @stephanie : le père fondateur de la psychanalyse bien que médecin neurologue, donc de formation scientifique, transmet les croyances (obscurantisme donc) de son temps et de son sexe dans ses enseignements. Le problème de la psychanalyse, me semble-t-il, c'est qu'elle ne supporte pas l'épistémologie (la critique) et qu'elle ne la pratique pas. Tant pis pour elle : tout ce qu'a dit et écrit Freud est intouchable et hors du champ de la critique. Or les textes féministes proposent précisément cela : une épistémologie des "sciences" sociales et humaines. De toutes les sciences mêmes.
SupprimerLa psychanalyse a le tort comme dit Stéphanie d'avoir été fondée sur des concepts que l'on présentait comme évidents et monolithique alors qu'ils n'étaient que des resucées de croyances sociales inégalitaires. Nous sommes des animaux sociaux alors il est évident que l'on ne peut étudier et soigner les blessures psychiques qu'en les étudiant avec soin et en les replaçant dans le contexte où elles se sont produites. Les masculinistes et, hélas la plupart des gens peu au fait de ces questions, passent ainsi leur temps à naturaliser le viol qui serait une "pulsion" incontrôlable des hommes alors qu'il s'agit avant tout d'une prise de pouvoir des hommes sur les femmes et des adultes sur les enfants.
Supprimer@Euterpe : mes parents qui ont eu 3 filles puis un garçon en dernier, sont devenus à la naissance de mon frère, dingues au sens clinique du terme ! Un gars après trois filles ! Donc, le mec a été pourri gâté, et nous élevées comme toutes les filles, dans le renoncement et la répression. En matière de préférence, moi c'est tout ce que j'ai toujours constaté : la très classique préférence de la société pour les garçons.
Supprimer@Ismène Tout à fait d'accord sur les concepts fondamentaux de la psychanalyse. Plus l'adoration inconditionnelle pour le père fondateur, Freud.
Ah mais mes parents avaient déjà deux garcons avant de chouchouter ma soeur parce qu'elle apportait un peu d'exotisme ! Moi je devais de nouveau être un garcon (une exception dans la fratrie couillue, cela leur suffisait) et manque de bol... ENCORE une fille ! ils m'ont bien fait sentir que j'étais de trop.
SupprimerJe suis à sang pour sang d'accord avec vous Euterpe et Hypathia ...... Une info pour Euterpe ..... Les humains préhistoriques étaient très probablement noirs aux yeux bleus ...... Info à verifier .......
RépondreSupprimerBon , l'épistémologie ... En effet la psychanalyse ne supporte pas cette idée ...... Elle utilise tous les trucs possible pour échapper à toute critique scientifique de ses pratiques ....... Oui , je suis completement d'accord avec cela .... Le discours psychanalytique c'est de la langue de bois massif ..... Et oui je pense aussi que le féminisme se doit de proposer une épistémologie pour vaincre la toute puissance des discours paternalistes ........ Parce que le discours du DOMINANT est celui des religions de l'HOMME triomphant , le guerrier , le héro viril ...... Comment penser librement lorsque toute la langue est imprégnée par l'inconscient patriarcal ? ....... En chaque mot qu'on emploie on y retombe sans cesse ..... Notre pensée la plus intime en est parasitée ........ Voila le sens de ma remarque au sujet du mot "Maid" et on peut la faire aussi avec le mot "Mademoiselle" ou plein d'autres mots bien sûr ....... Le discours du Dominant sur le monde , écrase le monde et le réduit à rien .......
Par exemple si tu prends le concept de "mauvaises herbes" qui réduit certaine plante à n'être que mauvaise parce qu'inutiles aux humains qui dominent le monde , Là c'est encore pareil ........ Le monde est réduit par le discours des dominants à ce qui sert aux dominants ..... Le reste est soumis , écrasé , rejeté ......
Et cela même dans les sciences qui veulent réduire le monde à l'utile aux dominants ....... Alors oui ! il faut une épistémologie féministe ........
@ La Renarde : en allemand "Mädchen" (traduc littérale : "petite servante") veut dire "fille" et c'est un mot de genre......neutre (comme les objets).
SupprimerIsmène ! J'ai réfléchis à ce que tu as écrit ......
RépondreSupprimerEt j'ai remarqué ceci : Très souvent on met en avant la violence des individus pour occulter la violence du pouvoir ...... Par exemple on met en avant la violence d'un tueur en série comme étant le fait d'un individu isolé et atypique alors qu'en fait il s'agit de la violence de tout un système social qui vient s'incarner dans tel ou tel individu .... Et en fait les individus et leurs actes de violences ne sont Là que les symptômes de la violence systémique du pouvoir dominant ..... Et c'est aussi le cas dans la psychanalyse : on met en avant la violence du discours de tel ou tel individu psychanalyste pour mieux occulter la violence de tout le système psychanalytique et tout son discours ultra violent de dominant sur les êtres et sur les femmes .....
Ce que je veux dire c'est que de manière générale on met en avant la violence des individus pour occulter la violence du pouvoir dominant .....
Tout à fait juste, d'où la nécessité de nommer ces criminels des "monstres" pour masquer le fait qu'ils sont au contraire des être humains produits de leur éducation violente et d'une société qui encourage ou minimise les féminicides en les maquillant en "crime passionnel" ou "besoin archaïque". C'est particulièrement répugnant lorsque certains se permettent de justifier par exemple la prostitution pour juguler ces prétendus besoins alors que les personnes prostituées sont les premières cibles de la haine machiste. Les assassinats de trois femmes prostituées à Marseille par un tueur en série nous l'ont encore prouvé récemment. La prévention et le traitement de la violence sont quasi inexistants, on fait comme si ces comportement étaient naturels alors qu'ils sont le résultat d'un conditionnement psychique et social.
Supprimerhttp://www.imposteurs.org/tag/Psychologie%20scientifique%20versus%20psychanalyse/
RépondreSupprimerEncore au sujet de la psychanalyse et ses mystifications ......
Magnifique résumé qui m'a donné envie de me procurer ce livre. Et les commentaires sont très intéressants. J'aimerais que beaucoup d'hommes réfléchissent ainsi.
RépondreSupprimerMalgré un père macho et autoritaire ( le pouvoir dont parle la Renarde) nous étions 5 enfants, 3 garçons et 2 filles et nous avons eu l'immense chance d'avoir une mère qui n'a jamais préféré les garçons aux filles , qui a essayé de nous éduquer tous de la même manière . Je jouais indifféremment ,comme mes soeurs à ce que la société appelait - et appelle toujours- des jeux de filles ou de garçons et elle ne nous a jamais fait sentir que les hommes étaient supérieurs aux femmes . J'ai même compris un peu plus tard que sous ses airs effacés et son attitude en apparence résignée sa volonté et sa force était de loin supérieures à celles de mon père.
Ma situation particulière après le décès de ma fille m'a donné l'occasion de rencontrer des femmes ayant subi l'inceste et je retrouve dans votre résumé une bonne partie de ce qu'elles ont raconté.
La psychanalyse en règle générale essaie de nous faire entrer dans le rang, dans la norme , elle tend à nous faire accepter les règles ambiantes , les moeurs du moment , elle sous-entend que si on a des problèmes c'est qu'ils viennent de nous et uniquement de nous, que nous ne sommes pas dans la norme
Mais il n'y a rien de scientifique là-dedans, c'est juste de la morale inventée par des hommes, pour des hommes, pour faire en sorte que le pouvoir leur reste entre les mains ( et je suis poli).
Bravo , beau sujet . Je cours acheter ce bouquin.
Au passage , je suis heureux Euterpe de vous revoir ici, je vous croyais en "hibernation" comme l'a dit Colo dans votre dernier billet. Vous manquez à beaucoup.
Vous ne regretterez pas votre acquisition ! Ce livre laisse une trace durable dans la mémoire. Et selon moi qui ne suis pas une relectrice, il se relit de temps en temps et se consulte souvent :))
SupprimerSinon, à propos de l'inceste en littérature il y a aussi le livre de Delphine de Vigan, Rien ne s'oppose à la nuit, très touchant mais bien plus pessimiste. L'auteure y raconte l'histoire de sa mère, Lucile, victime d'un père prédateur - il a probablement agressé plusieurs de ses enfants et des jeunes filles proches d'eux. La famille incestueuse, ses secrets, son obsession du paraître, plusieurs morts accidentelles et l'allégeance totale de l'épouse à son mari en dépit des révélations de sa fille sont parfaitement rendus. Malheureusement Lucile s'est suicidée âgée d'une soixantaine d'années après avoir lutté toute sa vie contre des crises de folie et de dépression, c'est un hommage à sa ténacité que lui sa fille.
RépondreSupprimerVoilà j'ai reçu et lu "La porte du fond".Je connaissais C.Rochefort et lu d'autres choses d'elle mais pas celui la.
RépondreSupprimerQui m'a touché.Bon sang.
J'en ai lu plusieurs aussi (pas trop ses œuvres poétiques, mais ses romans). La porte du fond est son chef d'oeuvre selon moi. A relire de temps en temps et c'est une non-relectrice qui te parle. Il fait un vrai choc la première fois, et après, on apprécie plus l'écriture, la narration et ce qu'elle dit sur les femmes, dieu, la bible. Elle avait le sens de la formule qui fait mouche. Tu as bien fait de finir par celui-là. Moi, j'ai fait l'inverse : La porte du fond m'a donné envie d'en lire d'autres.
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