Oui aux poulets bien élevés. Oui aux dindes bien élevées. Non aux volailles sans papiers. Les trois slogans sexistes, racistes et réactionnaires, écrits au marqueurs sur la poitrine nue d'un homme campé devant un tunnel à poulets : c'est la dernière campagne de l'Association de Promotion de la Volaille française.
Voici la video montrant les trois clips que vous pouvez voir sur vos télévisions, hors écrans publicitaires, puisque je l'ai vue sur France 2 après 20H30, horaire où la pub est normalement bannie de leurs écrans. Ce ne serait pas de la pub, ce seraient des messages à caractère informatif d'intérêt général !
La poitrine nue du monsieur vous rappelle-t-elle quelque chose ? Les activistes FEMEN et leurs slogans anti-patriarcat écrits sur la poitrine ? Ils n'ont quand même pas osé mettre une femme bien que "dinde"", volaille", "poule", "poulette", "oie" font traditionnellement partie du vocabulaire sexiste/spéciste péjoratif dont on affuble les femmes pour les animaliser et les diminuer. Mais c'était bien l'idée de départ ! Ici, ils ont mis un homme, "un Hommen", dit le site sopeople qui dénonce le spot. STOP Homophobie a également réagi sur son compte Twitter :
#Vidéo : Une campagne réactionnaire avec un "homen" pour défendre la Volaille Française http://t.co/okpR1BUx9x pic.twitter.com/ZGBVFwBeTx
— STOP HOMOPHOBIE (@stop_homophobie) 15 Mars 2014
A ceci près que FEMEN est un mouvement féministe, donc de libération (quoi qu'on pense par ailleurs de leurs méthodes d'activisme) et que Hommen est un mouvement réactionnaire d'hommes voulant contrecarrer le combat féministe. Mettre ces deux mouvements en parallèle est donc une mauvaise action. De plus, les Hommen avancent masqués au contraire des Femen qui manifestent à visage découvert. Ça fait deux grosses différences. Aussi, merci à l'APVF de comparer les femmes à de la volaille pour nous vendre ses productions industrielles maltraitantes des animaux, en prétendant en plus défendre la condition animale !
Car le monsieur est campé devant un concentrationnaire tunnel à poulets, sans air et sans lumière. Je vous garantis qu'il suffit de pénétrer dans un de ces tunnels à poulets ou à dindes, avec des milliers d'oiseaux à l'intérieur, pour savoir que c'est absolument irrespirable. On nous prend pour des gogos.
Pour faire bonne mesure, Les Nouvelles de Sablé, un journal local sarthois, rapporte que Loué "pays de la volaille, de la poulette" (entend-on sur la vidéo de promo en bas de l'article) aurait servi de décor au tournage d'un film porno, impactant négativement l'image de la ville, de la marque Poulets fermiers de Loué, et de ses valeureux producteurs de poulets de plein air ! Pas un mot sur l'outrage fait aux femmes, traitées de volailles dans la bande annonce, bien entendu. Je ne parle même pas de l'exploitation et de la dégradation de leur corps par l'industrie de la pornographie. J'espère que les éleveurs de volailles de Loué ne regardent jamais un seul film porno, mais j'ai des doutes. L'affaire a traversé la Manche : le Télégraph rapporte que le tournage d'un film porno (interdit dans un lieu public en France, précise l'article) a "hérissé les plumes du maire" (ah, ha, ah), que la gendarmerie s'en est mêlée et a mené l'enquête pour savoir si la dame filmée dans la bande-annonce serait par hasard du coin. On aimerait que les gendarmes mettent autant de zèle à lutter contre la violence maritale, les femmes exploitées par l'industrie de la pornographie, et à traquer les mâles-traitants de toutes obédiences, y compris les contrevenants aux lois de protection animale dans les élevages !
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Une mention sur un excellent article de Charlie-Hebdo de cette semaine "Du compost dans la tête" de Gérard Biard (A la manivelle) qui revient sur l'abstention de José Bové et Daniel Cohn-Bendit lors du vote du parlement européen sur l'égalité femmes-hommes à cause de la phrase "La prostitution est une violence faite aux femmes", dans le texte qui compte 90 recommandations relatives aux droits des femmes. Un court extrait de l'article de Gérard Biard : "Les verts sont contre la marchandisation, sauf celle des corps. Ils sont contre les lois du marché sauf lorsqu'elles s'appliquent à la sexualité et à l'intime. Ils sont pour la décroissance sauf celle des violences que subissent quotidiennement des millions de femmes contraintes de subir un moyenne une vingtaine de rapports sexuels par jour. [...]. Ils prétendent vouloir changer le monde, mais défendent un privilège archaïque qui met des êtres humains -des femmes- à la disposition sexuelle d'autres êtres humains -des hommes." Super article, qui vaut d'être lu en entier -page 5 ! Certains Verts sont vraiment désespérants.
http://www.viadecouvertes.fr/pages/fr/reference.php?id=86
RépondreSupprimerDans Charlie hebdo de cette semaine (n° 1135), Bernard Maris parle de Gravity, le film où deux humains dans une station spatiale sont mis en danger, percutés par des ordures accumulées dans l'espace, et il dit que les humains "poubellisent les univers vierges". Il rappelle aussi la phrase de Cavanna qu'il lisait quand il était petit : " Les animaux ont eu beau vivre, manger, déféquer pendant des millénaires sur la terre, ils ne l'ont jamais abîmée.". La poubelle (toxique) est inhérente aux humains.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ton blog, tes articles sont toujours très pertinents...ils me permettent de remarquer des choses que je n'avais pas vu ou de mettre des mots sur ce que je ressens (parfois sans m'en rendre compte).
RépondreSupprimerC'est pour cette raison que je t'ai nominée aux Liebster Awards. C'est un tag qui permet de faire connaitre des blogs. Ca me ferait très plaisir que tu participes, mais tu n'es pas obligée bien entendu. En tout cas, si tu le souhaites, mes questions pour toi t'attendent sur mon blog!
Merci, ça me fait plaisir. Je suis toujours ravie quand des véganes/végés trouvent une pertinence à lier végétarisme, antispécisme et féminisme ! ;)) Ça marche tellement bien ensemble. Je vais répondre à tes questions pendant le week-end et je vais passer le relais à quelques blogs véganes que je suis sur Twitter. Evidemment, illes feront ce qu'illes voudront par la suite. Merci encore.
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