jeudi 8 mars 2018

8 mars

Je n'aime pas les journées de commémorations qui permettent d'oublier et de se dédouaner, BA faite, pour le reste de l'année. Dès ce matin, à mes radios, la série habituelle des pataquès est de rigueur : la Journée Internationale des droits de lafâme, le plus répandu, commis par une éditorialiste économique d'Europe 1 ! Elle s'est fendue d'un édito sur le (reprenez votre souffle) "gender-budgeting" : en franglais, c'est plus sexy. Bon, elle a eu un peu de mal à expliquer en français édulcoré et non frictionnel que le pognon des collectivités locales (le vôtre et le mien) pleut sur les infrastructures pour garçons, notamment sur les clubs de foot et les skate parks, dans le vain espoir de canaliser leur violence et mauvais penchants, que les femmes, qui font autant de sport que les hommes, sont les grandes oubliées de ces investissements à fonds perdus.
Sur RFM, je suis réveillée par le journal en 80 secondes : Edouard Philippe promet des sanctions sur les différentiels de salaires entre femmes et hommes à l'horizon 2020 ! Tremblez, entreprises ! On se demande pourquoi pas tout de suite puisque le texte est dans le code du travail depuis 35 ans ? Mais les Inspectrices/teurs du travail ont tant d'autres chats à fouetter aussi : les gars du bâtiments et leur travail non déclaré, les maçons yougoslaves qui dorment sur leurs sacs de plâtres ! Il n'y a que les hommes qui travaillent bien entendu, les femmes ne font que forces supplétives et salaires d'appoint lorsque manque la "force de travail" (manpower disent les anglais) des bras masculins. C'est donc vu comme normal qu'on s'occupe d'eux en première instance. Quoiqu'il en soit, j'attends personnellement des réponses à mes différents courriers envoyés à différentes inspections du travail pour dénonciation de pratiques discriminantes par des entreprises et des cabinets de recrutement. Et je vais les attendre longtemps. Je n'ai même jamais reçu d'accusés de réception.


Cette même semaine, pour l'occasion, la région Ile de France et sa Présidente Valérie Pécresse ont lancé leur campagne contre le harcèlement de rue et dans les transports publics : une bouse pondue par Havas Paris, qui a reçu cinq sur cinq le message que justifiait Valérie Pécresse dans la presse en ligne : comme ce ne sont pas tous les hommes qui se livrent à ce terrorisme machiste (elle n'a pas dit terrorisme machiste, je vous rassure, c'est moi et mon mauvais esprit), on a choisi de montrer sur trois affiches, respectivement un ours, un requin et un loup, menaçant une femme cramponnée à un poteau de métro dans une forêt et au fond de l'océan ! Si. Ne nous fâchons pas avec les mecs, on en a à la maison. Comme les requins, les ours et les loups ne risquent pas de la ramener, vu qu'ils n'ont pas de voix, ni de bulletin de vote, on joue sur du velours. Et d'une pierre deux coups : ces trois animaux emblématiques, haïs des éleveurs et des touristes irresponsables dans le cas des requins (rappelez vous les surfeurs qui vont avec leurs planches dans des zones interdites, car réserves de requins à la Réunion tous les étés), sont, malgré leur statut d'animaux protégés par des conventions internationales ratifiées par la France, régulièrement abattus dans leurs sanctuaires par des préfets voyous à titre de "quotas de prélèvement" en novlangue, pour complaire aux suprémacistes humains que sont les éleveurs subventionnés, et les surfeurs touristes. Amalgamer ces grands prédateurs aux délinquants et incivils machistes des transports publics permet 1) de diffamer des animaux que les gens ont appris à craindre, et 2) d'épargner le seul vrai terroriste qui va du coup impuni : le mâle de l'espèce humaine. L'Aspas, One Voice et Sea Shepherd se sont toutefois fendus d'un tweet pour rappeler que les animaux sont aussi les victimes de la violence humaine -en fait, masculine-, via la violence préfectorale et le braconnage d'éleveurs délinquants. Et que la biodiversité régresse partout ! Cette campagne est infecte, elle manque son but, comme toujours.

Aussi, soyons plus créatives qu'eux : allez bien sûr aux manifestations et happenings prévus dans votre ville, mais vous pouvez aussi laisser libre cours à votre imagination ! Craies (chalk activisme), sprays (pas du tout réservés aux garçons), stencils, collages et marouflages, il y a plein d'idées et de méthodes à utiliser. Un aperçu ci-dessous -dont les 800 collages France entière d'un collectif de street art, Merci Simone qui a édité cette belle affiche.







Soyez créatives ! Bon 8 mars :)

1 commentaire:

  1. Je suis entièrement d'accord avec vous. D'ailleurs j'avais écrit ça : "Un prédateur est un animal carnivore qui chasse et qui tue pour s’alimenter. Il n’a pas le choix. Il doit tuer pour se nourrir, sinon il meurt. Un violeur, est un homo sapiens (dans l’écrasante majorité des cas un mâle) qui a fait le choix de démolir la vie d’une, voir plusieurs, humainE-s), plus souvent qu’on ne le croit des petites filles, en utilisant l’arme favorite du système patriarcal pour exercer sa domination masculine et les terroriser toutes en en agressant quelques unes (beaucoup quand même : au moins 205 par jours rien qu’en France). Si un violeur, ne parvient pas à violer, il ne meurt pas. Il n’est pas un prédateur. Il n’est pas "sous l’emprise de pulsions sexuelles". Il est juste un vrai salopard qui trouve divertissant le fait de torturer des humainEs en les traitant comme des produit de consommation, voir comme des déchets. La perversité, le sadisme, la méchanceté, la volonté de dominer, la violence arbitraire n’ont rien de "bestiales". Elles n’ont rien à voir avec l’animalité. Elles sont, au contraire, typiquement humaines et s’expriment pleinement dans la culture patriarcale qui a colonisé toute la planète depuis quelques milliers d’années." dans ce texte là : http://clas.pe.hu/spip.php?article401 Salutations féministes, Mélusine Vertelune.

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