samedi 18 janvier 2014

Body parts

Bon, pendant que la France balance entre deux premières dames, (quelle opulence, par ces temps de disette, on en a deux pour le même prix, merci Président), et que les hebdocrates comme dit Arrêt sur images en sont tout émoustillés, Time Magazine nous sort sa couverture de cette semaine avec le titre Can anyone stop Hillary ?*


En montrant une jambe de pantalon, pied chaussé d'escarpin (je mets tout au singulier, bien embêtée que je suis par cet unijambisme !), qui piétine ou embroche (?) un homoncule accroché à son talon-aiguille ! Le sexisme, c'est des deux côtés de l'Atlantique. Evidemment, pour le cas bien excusable où vous ne l'auriez pas reconnue à son stiletto, il s'agit de Hillary Clinton, future candidate (non déclarée, grumble grumble !) à l'investiture Démocrate pour la course à la Maison Blanche en 2016. Mais qui a de bonnes chances d'être la prochaine Présidente des Etats-Unis. D'où l'intérêt de la réduire à une piétineuse d'hommes, encore une façon de démoniser les femmes de pouvoir : arracheuses de couilles, arrivistes sans foi ni loi. Avec les patriarcaux, aucune femme n'est jamais présentée positivement, vous aurez tort quoi qu'il arrive : femme bafouée dans le mariage ou le compagnonnage de ce côté-ci de l'Atlantique, ou arriviste à bretelles, mangeuse de couilles, sorcière assoiffée de pouvoir de l'autre côté.

C'est l'aile ou la cuisse, notez bien, pas les deux. Et puis, comme chez les bouchers, on ne présente jamais la tête : ça fait peur aux clients, pardon, aux électeurs. C'est une sale habitude : des femmes-jambes, la pub en est pleine ! Ci-dessous, la pub de promotion du blanc, cette année au BHV Marais.


Redoutable politique sexuelle de la viande, on peut même en manger après salage -toujours d'après les pubeux : vous remarquerez le plat de cuisses de poulet en-dessous.


Si vous voulez vous documenter sur le sujet du regard masculin fractionneur/découpeur, je vous recommande ces liens :
La femme démembrée sur le blog Nous et les autres,
L'objectivation sexuelle des femmes, un puissant outil du patriarcat : le regard masculin ou male gaze chez Antisexisme.
En anglais, sur le blog de Caroline Heldman :
Sexual objectification : What is it ? 
D'autres exemples de réification/animalisation des femmes sur mon tableau Pinterest Politique sexuelle de la viande.

Vous, je ne sais pas, mais perso, laisser le pouvoir à des gens incapables de voir la big picture, d'avoir une vision globalisante, ça me fiche les jetons. On a besoin de politiques capables de comprendre le monde dans la globalité, pas de gens juste capables de le voir par ses détails. Pas tout le temps, en tous cas. Le pouvoir masculin est affligé de myopie, il fractionne le monde en petits morceaux, il le voit par le petit bout de la lorgnette ! Celui de ses intérêts étroits de caste au pouvoir, objectivement. Vivement que ça change.

* Peut-on arrêter Hillary ?

7 commentaires:

  1. Tout juste, souvent aussi, c'est très frappant, les yeux des femmes-mannequins ne sont jamais montrés. Il n'y a qu'une partie du visage dévoilée, en général une sorte de bouche-sexe rouge sang. Et quand le visage est entièrement découvert les yeux sont mi-clos, lourdement fardés, de manière à ce que le regard apparaisse absent, fuyant. Normal, le regard dévoile la vie, la personnalité, pour objectifier quelqu'un il faut lui dénier son regard. Cela explique que des agresseurs ou tortionnaires bandent parfois les yeux de leurs victimes ou les obligent à garder la tête baissée pour ne pas risquer d'être déstabilisés par leur regard.

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    1. Clairement une femme avec une tête, ça leur fiche la trouille ! Il se sont tellement acharnés à nous réduire à la fonction reproductive, ces cinq derniers millénaires, et à nous traiter d'idiotes, que se dédire, c'est quasi impossible.

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  2. J'espère que les USA vont enfin faire quelque chose de révolutionnaire et élire une femme comme présidente. Il n'y a eu que des hommes, lutter contre le racisme est plus simple que lutter contre le sexisme. le sexisme concerne TOUTES les femmes, l'objet du racisme change en fonction de l'endroit où l'on se trouve. Le racisme C'EST PAS BIEN, tout le monde est concensuellement d'accord. Le féminisme c'est sale c'est moche, et en plus les femmes exagèrent tellement..., elles ne méritent que d'être au mieux être ridiculisées au pire violentées ( Xème degré bien sûr).

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    1. Disons que le sexisme, c'est plus difficile à voir quand on a des intérêts en commun avec l'oppresseur : fiancée, mariée, liens familiaux... Et puis c'est douloureux de prendre conscience de l'oppression quand on a des liens affectifs. Le racisme est peut-être plus franc, moins producteur de syndrome de Stockholm ?

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  3. www.rtl.fr/emission/laissez-vous-tenter/braconte-l-incroyable-destin-de-la-gymnaste-nadia-comaneci-7768651959
    Je te mets ici cette adresse qui correspond je pense au sujet de ton billet ..... Si je ne me suis pas plantée dans la manœuvre .....

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  4. Je ne crois pas que le racisme est plus franc. Les crimes sexistes sont plus nombreux que les crimes racistes. il manque en Asie (essentiellement Inde et Chine) 100 millions de femmes par rapport au ratio qui devrait résulter des naissances. Le déficit vient des avortements tardifs liés au sexe du foetus, des assassinats de bébés filles, de la mortalités infantiles des petites filles élevée à la suite du manque de soin (malnutrition pas de médecins), des assassinats de femmes adultes, du niveau économiques très bas des femmes par rapport à celui des hommes. 100 millions c'est pas rien, aucun génocide n'arrive à ce chiffrre. Est ce que cela fait scandale? non.
    Je pense plutot que le problème est que les femmes font toujours partie de plusieurs groupes : religieux, ethniques, classes sociales,....et genre. Tout est fait par les hommes pour que le genre passe en dernier de ce fait les solidarités entre femmes passent après les solidarités religieuses, ethniques,....

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    1. Désolée pour le retard à publication : le commentaire est allé dans mes spams ! Totalement indépendant de ma volonté.

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