Une jeune femme a été violée il y a 7 mois à Rennes à la sortie d'une boîte de nuit. Elle a les bons réflexes et le courage d'aller déposer une plainte au commissariat de police. Les policiers font leur travail de prélèvements gynécologiques sur la victime, gardent ses vêtements et sous-vêtements en vue d'une recherche de l'ADN de l'agresseur. Mais le Procureur de la République ne l'entend pas de cette oreille : il refuse de faire les analyses, alors que l'enquête continue.
Six mois plus tard, les policiers rennais apprennent qu'un agresseur de femmes a été arrêté à Toulouse, après un viol où la victime a "été laissée pour morte dans une benne à ordures" ai-je entendu Maître Franck Berton dire ce matin sur Europe 1. Finalement, les policiers obtiennent du Parquet de Rennes qu'une analyse ADN (à 340 euros l'analyse) soit faite. Le violeur est confondu, il est dans les fichiers de la police : il est bien l'agresseur de Rennes. Il a eu le temps de commettre TROIS AUTRES VIOLS à Niort, La Rochelle et Toulouse, dont un avec tentative de meurtre ! Voici ce que dit de l'affaire le journal Ouest-France : le Procureur se défend que ce soit une affaire d'argent, il n'a pas jugé, tenez-vous bien, qu'il y ait des chances sérieuses de trouver un ADN masculin sur la petite culotte de la victime ! On se pince.
Le syndicat de la magistrature se défend maladroitement et à contre-temps du Parquet de Rennes, en agitant l'habituel manque de moyens de la Justice, réflexe corporatiste qu'on nous sert à chaque fois, pour tenter de trouver des justifications à l'incurie qui règne en matière de viols et d'agressions sexuelles. Le viol n'est pas dans les priorités des mecs : si vous franchissez le cap de la maltraitance des commissariats, vous allez tâter de l'inhumanité de la Justice et du Parquet.
Sur le site de France Bleu, le témoignage de la victime rennaise suivi de la défense du syndicat de la Magistrature, invoquant son "manque de moyens" :
Débourser 340 €uros pour trouver un violeur, ce serait trop cher ? Ou plus sûrement, les affaires de viols, ce n'est pas dans les priorités de la société, Franck Berton le dit tout net. La violence machiste permet de tenir les femmes en laisse, de faire régner la terreur. C'est même comme ça que fonctionne le terrorisme, le terrorisme machiste en l'occurrence.
Du pognon, il y en a en Ille et Vilaine : figurez-vous que quand on est des Côtes d'Armor, on s'appelle un costarmoricain, quand on habite le Finistère on est un finistérien, et le Morbihan un morbihannais. Mais enfer et damnation, les habitants d'Ille et Vilaine ne s'appellent pas, pas plus que ceux de Loire-Atlantique, d'ailleurs. Ça ne pouvait plus durer. Je sais que les budgets ne sont pas les mêmes, mais tout de même 15 000 €uros pour "phosphorer" sur un nom, par un comité de "personnalités locales" présidées par l'Administrateur du Stade Rennais himself, ex patron d'une agence de pub de surcroît, là ça mérite qu'on y consacre du temps et du pognon ! Le lien vers cette information est ICI. Les footeux, décidément, démontrent tous les jours les priorités du pouvoir masculin : parasiter et détourner les ressources de la société à leur profit. Ils sont emblématiques du pouvoir de nuisance du sempiternel pouvoir mâle et de ses priorités. Ah oui, j'oubliais, le Conseil Général d'Ille et Vilaine est un organe à majorité masculine : 13 femmes sur 53 sièges.
vendredi 28 juin 2013
Un exemple de la façon dont sont traitées les victimes de viol
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On espère que Mme Taubira va remonter les bretelles à ce procureur coupable de complicité de 3 viols par négligence .. ou intime conviction, qu'on ne trouverait rien sur la petite culotte !
RépondreSupprimerMagistrat gardien du système machiste !
Normalement, la justice est indépendante. Elle est aussi représentative d'une société qui minimise les violences faites aux femmes. Il y a encore peu de temps, le viol était jugé en correctionnelle et n'était pas qualifié de crime passible des assises. Ce magistrat est à mon sens l'héritier d'un système niant les comportements criminels masculins.
SupprimerEn fait c'est encore plus déprimant, parce que même s'ils avaient décidé de faire le test adn au moment du premier viol, les délais sont DEJA d'AU MOINS 6 MOIS VOIR UN AN même dans le cas où le suspect est déjà identifié!
RépondreSupprimerCela a été fait "vite" après la demande 6 mois après sur ce cas car il y a eu tentative de meurtre et soupçons de violeur en série (dans le cadre du violeur type inconnus dans la rue).
Mais le reste du temps, les délais pour les tests adn pour les viols sont terrifiants même quand le violeur est identifié par la victime.
Peut-être, mais en cette occurrence, le parquet a refusé les tests sur le viol de Rennes. C'est ce fait qui est scandaleux.
SupprimerIl a quelquechose d'autre de révélateur dans cette affaire aussi. La personne qui est mis le plus en avant, c'est l'avocat blanc hétérosexuel csp +. J'ai carrément lu : "l'avocat accuse." en ouverture d'article le comparant à Zola. C'est limite lui qui est trop courageux, alors que merde la victime ou les victimes plutôt se sont les femmes violées! Est-ce qu'on aurait eu le même traitement médiatique si cela avait été les féministes, les victimes seules, une femme avocate? Non car cela fait des années qu'elles dénoncent les délais scandaleux des tests adn pour les viols. Et tout le monde s'en fout sauf quand un grand avocat mâle le dénonce, parlant à la place des victimes (c'est lui qui dénonce dans les médias, ce n'est pas un intermédiaire de sa cliente, c'est vraiment le monde à l'envers)
RépondreSupprimerBien sûr, Franck Berton, avocat médiatique, dénonce le comportement du Procureur et il est plus entendu que les féministes qui dénoncent la même chose depuis des années. Ce n'est pas une raison pour ne pas faire chambre d'écho quand on en a l'occasion, comme c'est le cas sur ce blog. L'affaire est scandaleuse et révélatrice du peu de cas fait par l'état et sa justice, en matière de viols et d'agressions sexuelles. Terrorisme machiste d'état.
SupprimerBien sûr cette affaire permet de médiatiser ces faits scandaleux, qu'il faut le relayer! mais faut toujours attendre que l'un des "leurs" monte au créneau pour qu'on "découvre" un problème!
SupprimerC'est bien la preuve qu'il faut réformer la Justice et l'Intérieur!
RépondreSupprimerJe crois qu'il ne faut pas incriminer ces gens, la volonté doit venir d'en haut.
C'est bien beau de faire des beaux discours à l'ONU mais elle fait quoi vraiment, de concret , Belkacem?
Pas tout à fait d'accord : les personnes doivent avoir une conscience politique et professionnelle. Manifestement, dans ce cas, on a absence des deux : bah, c'est qu'une femme violée de plus, il n'y a pas mort d'homme, comme disent les patriarcaux. La volonté doit venir du législateur, des gens de justice et de la société. N. V-Belkacem n'est que ministre : les ministres passent, les fonctionnaires restent.
SupprimerLe viol est la clé de voûte du patriarcat. Si les hommes ne peuvent plus déshumaniser les femmes, s'il ne peuvent plus maintenir les femmes dans l'oppression et l'enfermement grâce à la menace de viol, si les femmes n'ont plus le sentiment d'être des proies et que la Terreur ne règne plus en maître, alors les femmes ne se soumettront plus et ce serait la fin du patriarcat. C'est pourquoi les misogynes ont absolument besoin que le terrorisme qu'est le viol continue, afin de briser les insoumises et de maintenir toutes les femmes dans la terreur, de leur faire baisser la tête et les cloîtrer chez elles. Et que les hommes puissent se sentir forts et supérieurs aux femmes.
RépondreSupprimerCette affaire illustre également l'étroite complicité des magistrats et du système judiciaire des violeurs et des criminels en général.
Effectivement, il est l'ultime avertissement, pour toutes celles qui ne comprennent pas les premières injonctions que sont les insultes et le harcèlement de rues et qui n'obtempèrent pas. En cette occurrence, il s'agit même d'un terrorisme machiste d'état, puisqu'un procureur de la République ne fait pas le travail minimum de recherche d'indices pour coincer le violeur, lui permettant ainsi de faire trois autres victimes !
SupprimerLes commissariats sont également complices du maintien de la terreur, comme l'indique le témoignage suivant :
http://www.rue89.com/2012/04/16/violee-13-ans-cassee-quand-je-porte-plainte-sept-ans-apres-231170
Bonjour,
RépondreSupprimerJe suis vraiment satisfaite à la lecture de cet article qui met en lumière les faits et les problématiques politiques et sociétales autour de ces drames. merci pour cette analyse et ces liens.
Bien que vous l'esquissez un peu, en ce qui concerne le coût de la recherche du nom des habitants, je confirme que ce sont deux budgets différents : ce sont deux institutions différences (Conseil général / ministère de la Justice)qui s'occupent de choses différentes. Il est impossible d'aller de l'un à l'autre. La mise en regard des deux cas est ici difficile et peut induire en erreur.
Ce qui n'empêche pas en effet de se poser des questions sur tout ce qui amène à ces (dys)fonctionnemnts en amont de tout ceci.
Je sais que les deux budgets sont étanches, c'est normal. Je fais le parallèle pour illustrer les préoccupations des mecs au pouvoir. La lutte efficace contre le viol n'en fait à l'évidence pas partie. Un autre exemple cette semaine sur l'île de Capri qui compte 400 chiens et des milliers de touristes : l'ADN des 400 chiens est répertorié dans une base de données afin de pouvoir trouver le chien qui a posé une crotte dans les rues de la belle Capri ! Le propriétaire se voit, une fois le chien identifié à coup sûr, envoyer une belle amende. Priorités, priorités...
SupprimerOui, en effet : si retrouver son maître ou sa maîtresse à partir de la crotte d'un chien ou d'une chienne est plus important que la vie d'une femme dans les préoccupations mâlétudinaires, c'est juste cauchemardesque.
SupprimerPas mieux ! C'est cauchemardesque.
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