samedi 4 mai 2019

De la criminalité masculine : l'éléphant dans la pièce

La vertu ne paie pas, le crime lui, oui. La délinquance attire l'investissement, la subvention, la dépense. Il attire le travail bénévole des visiteuses de prison. Je mets la fonction au féminin, je suis persuadée qu'elles y sont majoritaires.

La semaine dernière, je tombe sur une réflexion sur Twitter formulée par un de mes abonnés/abonnements, militant, qui ne tweete que sur la prison : fermons toutes les prisons ! Quelle idée généreuse, progressiste, altruiste. Que fait-on de Guy Georges et de Tony Meillon, tueurs de femmes au passage ? Mystère, ce n'est pas évoqué. Le problème c'est que cette belle phrase humaniste occulte l'éléphant dans la pièce, l'angle mort de la violence masculine, le fait que 97 % des places de prisons sont occupées par les hommes ; sur 83 000 détenus en France*, il y a 3239 femmes (page 37/56 bien perdue au milieu du PDF !) C'est à un point qu'elles y sont maltraitées : la prison et ses règlements sont entièrement conçus pour la population mâle détenue, les femmes doivent donc s'adapter au milieu, qui n'a pas été conçu pour elles, une fois de plus. Mais, je l'accorde bien volontiers au militant précédemment cité : la prison ne conduit nulle part et certainement pas vers la rédemption, vu le taux de récidive des hommes ; au passage, les femmes, elles, ne récidivent pas !


Imaginez juste que les garçons se comportent comme des filles (ce qui implique qu'ils auraient été au préalable élevés comme des filles, c'est loin d'être le cas puisque la société flatte en permanence leurs mauvaises actions, leur geste furieuse occupe toute la littérature romanesque et épique, toute la pop culture, romans, BD, cinéma...), on n'aurait quasiment pas besoin de centres de détention, 97 % de places en moins, les économies faites rien que sur le budget de la justice seraient considérables ! Pour la justice pénale, on pourrait considérablement diminuer le personnel de justice qui va du magistrat au gardien de prison en passant par tous les services sociaux qui "accompagnent" LE délinquant, de son incarcération à sa sortie et même après, à sa réinsertion.

Des femmes juges, des mecs délinquants, face à face dans les prétoires.

Dominique Perben, Garde des sceaux ministre de la justice de 2002 à 2005 rappelez-vous, s'était ridiculisé lors d'une visite officielle à l'Ecole Nationale de la Magistrature de Bordeaux : constatant que 80 % de la promotion de magistrats présente devant lui étaient des femmes, il pique un coup de sang et, sous le choc littéralement, propose illico qu'on instaure des quotas d'hommes dans cette profession ! On fit remarquer que quand le ministre de la santé visitait des écoles d'aide-soignantes et d'infirmières, personne ne proposait de quotas d'hommes, et on opposa que lorsque les féministes proposent des quotas de femmes dans les conseils d'administration des entreprises du CAC40 ou les partis politiques, les hommes crient au scandale, qu'elles candidatent et se fassent élire, entend-on, pas de passe-droit, universalisme grand teint de rigueur. En fait d'universalisme, c'est le crime au masculin qui est universel. C'est vrai que ça la fout mal aussi : tous ces délinquants, criminels, violeurs, assassins, à 90 % hommes, qui se retrouvent tôt ou tard devant le tribunal d'une magistrate, de ses assesseures, de leur greffière, défendus par une avocate, c'est tellement vexant pour le top model de la création. Je compatis.

Quand les ressources que la société leur dédie ratent leur but

Pourtant la société ne mégote pas quand il s'agit de combler les gars de bienfaits en tous genres pour tenter de calmer leur fureur virile : stades de foot, verrues bétonnées où aller hurler à 80 000 les vendredis et samedis soirs ; les terres cultivables et espaces de nature vitrifiés, ravagés, pour calmer les mecs sont à tel point nombreux que la déforestation de l'Amazonie et de la forêt de Bornéo, pour ne citer qu'elles, se mesure en terrains de foot ! Les skate-parks en béton, sans filles, bâtis sur d'ex espaces verts, (j'en ai trois dans 200 mètres de rayon autour de chez moi), les "pistes cyclables" bitumées, tôt transformées, ainsi que leurs abords, en pistes d'enduro pour quads et pour scoots, voire motos, au point que les familles et les femmes sont vite obligées de laisser la place, ne serait-ce que pour éviter l'accident ; dernière lubie des municipalités de Nantes, Paris et Rennes, trois villes administrées par des femmes, la pissotière mobile customisée par un grapheur, ou l'uritrottoir à géranium. Quoi pour les filles ? RIEN, qu'elles se retiennent, se fabriquent une cystite, mais circulez les filles, il n'y a à voir que les mecs qui défouraillent contre un mur et pissent dans la rue ! L'incivilité masculine n'est pas amendable, accompagnons-la, se disent sans doute Anne Hidalgo, Johanna Rolland et Nathalie Appéré, confirmant ainsi qu'elles discriminent les femmes dans l'espace public ! Le comble. Quel aveu d'impuissance, quelle apathie ménagère et sociétale !

Mais c'est vrai que tout ce béton déversé, construction de prisons incluse, ça fait du PIB, ça fait marcher le bâtiment, donc c'est de la croissance. La miraculeuse croissance biblique et illimitée dans un monde limité.

Les dépenses ne s'arrêtent pas là, le parasitisme sur la société continue quand ils sortent de prison ; tout d'abord, ils sont visités en prison par des femmes (bénévoles bien sûr) en majorité : Guy Georges, tueur de femmes, est marié avec sa visiteuse de prison à qui on souhaite vraiment bonne chance ;(, et rappelons le sinistre couple criminel formé par Fourniret et son ex-visiteuse épistolaire Monique Olivier ! Mais je m'éloigne du sujet qui n'est pas les femmes toute puissantes qui finissent malgré tout sous influence. Donnée statistique, voir la référence ci-dessous mentionnée : les mecs délinquent, les femmes soutiennent et réinsèrent. Sans les femmes, le peu qui ne sombre pas définitivement ne serait même pas réinséré. Saluons ici les familles (mères, soeurs, grand-mères...), assistantes sociales, toutes dédiées à leur réinsertion et à leur bien-être.

Pour terminer, une anecdote personnelle : il y a un an, excédée par le voisinage de plus en plus imbuvable de mon appartement, j'ai fait une demande de mutation de logement. Il faut tenter des trucs avant de mourir. Donc, je suis reçue un beau jour par une dame qui a rempli devant moi un dossier informatique avec mes desiderata pour un nouveau logement. A la toute fin de l'entretien, et pour épuiser le sujet, qui ne tente rien n'a rien, j'ai demandé si je pourrais éventuellement avoir accès à un pavillon avec jardinet, car je sais qu'ils en proposent à la location. Alors là, la dame qui me recevait a eu cette phrase : non, ce n'est pas possible, ces logements sont réservés aux "gens" désocialisés qu'on sort de la rue et / ou qui vivent avec des chiens !". Sur le moment, un peu estomaquée tout de même (même une féministe peut se prendre un truc énorme en pleine face sans réagir immédiatement, ça s'appelle être groggy), je n'ai pas fait de commentaire. A la fin de l'entretien, en descendant l'escalier, je savais obscurément que j'avais manqué une répartie. Après tout, j'ai une réputation à tenir. Et puis, au rez de chaussée, elle m'est venue d'un coup, mais à contre-temps : bordel, tout leur profite ! Je me tiens correctement, je ne me bourre pas la gueule, je ne me frite avec personne, DONC je mérite juste d'être empilée dans une cage d'escalier parmi mes semblables. Eux cognent leurs chiens, se pochetronnent à longueur de journée, ne tiennent pas le coup, dérivent à la rue quand bobonne leur domestique qui tient tout à bout de bras les quitte ET, les pauvres bouchons, quand ils essaient une réinsertion, on leur réserve encore les meilleures places parce qu'ils ne sont et ne seront jamais fréquentables. J'en suis encore verte en l'écrivant. Décidément, Mesdames, la vertu ne paie pas. A bonne entendeuse...

Le patriarcat est disruptif : il plaque une idée a priori "généreuse" sur une réalité difficilement supportable, on obtient ainsi une fragmentation qui masque la réalité -ce qu'on voit en réalité-, en y substituant une autre. Et ça marche !
Dans le même ordre d'idées, [Actualisation 5/5/19] ces deux remarques de Martin Dufresne qui me fait l'honneur de me lire : une sur la déqualification des crimes pour édulcorer une réalité abrasive, et l'autre sur la virilité.

Voilà, allumez le bûcher. Si la vertu ne paie pas, l'omerta non plus. Alors pourquoi se taire en plus ? La loi du silence ne conduit nulle part, pas plus que les marches blanches ni les lâchers de ballons (arrêtez les lâchers de ballons, ce crime environnemental, vous rajoutez rajoutez du crime au crime !), il est temps de nommer le problème, de sortir avec des pancartes et des T-shirts à slogans. Minimum.

Ressources :
Les chiffres-clés de l'administration pénitentiaire (il faut bien fouiller, les femmes sont perdues dans la masse masculine)
Un de mes précédents articles sur le sujet : De la violence masculine avec des statistiques notamment sur la récidive.

* Ces 83 000 incarcérés ne sont que les écrous sur les 250 000 "personnes" prises en charge par l'administration pénitentiaire : une majorité de délinquants qui ont été jugés et condamnés ne sont pas en prison, ils bénéficient d'aménagements de peines, soit ils portent un bracelet électronique et pointent au commissariat à heures fixes, soit ils accomplissent leur peine dans des emplois d'intérêt général ou en milieu ouvert. Un cas célèbre : Jérome Cahuzac, cantonné dans sa villa en Corse, obligé de pointer tous les soirs au commissariat.

5 commentaires:

  1. Alors là, vraiment, je sois sans voix... d'un autre côté on voit bien que les pires ordures sont partout au pouvoir. C'est bien la preuve que dans ce système de mâle-faisants, la mâle-faisance fait office de vertu.

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    1. S'ils ne sont pas tous malfaisants, ils espèrent bien garder le pouvoir : voir les intimidations diverses dans le monde du travail à l'encontre des femmes, type ligue du LOL.

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  2. Les gens ont de la compassion pour les agresseurs mais pas pour les victimes. Celles-ci sont toujours mises en cause dans les discours, sommées de pardonner, vilipendées si elles demandent à ce que l'agresseur soit sanctionné pour ses actes... La société accepte la violence du moment qu'elle est commise de manière gratuite et sadique sur des innocentes, mais retourner cette violence contre les agresseurs est toujours jugé inacceptable, ceux-ci doivent pouvoir vivre tranquilles et heureux sans avoir à répondre de leurs actes ni à en assumer les conséquences, ai-je souvent entendu... Il n'y a aucune justice :(

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    1. En fait, pour la justice en France la victime n'est que partie civile ; c'est l'état (représenté par le procureur de la république) qui demande des comptes aux délinquants et criminels. On juge donc une affaire de torts faits à la société avant d'être un tort fait à une victime. Les victimes peuvent être représentées par un avocat dit alors "de la partie civile" mais c'est surtout le criminel qui est défendu par un avocat obligatoirement. Ce qui est très bien, je ne conteste pas. De fait, on connaît mieux Tony Meilhon que sa victime Laetitia Perrais. Mais le sujet du billet c'est l'impensé de la violence masculine. Voir les remarques de Martin Dufresne dans le paragraphe Actualisation. Soit leurs mauvaises actions sont mal nommées, soit elles ne sont pas nommées du tout, soit elles font l'objet d'une diversion sur les animaux comme dans les expressions "loup solitaire" ou l'éternel "porc" agresseur sexuel. Nommer l'agresseur est un pré-requis pour reconnaître la violence masculine. Ce qu'on ne nomme pas n'existe pas.

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    2. Ne pas nommer la violence est aussi un moyen de ne pas la combattre... Selon moi il existe un lien entre la mise en cause des victimes dans les discours et la solidarité envers les agresseurs d'une part, et le fait que les violences ne soient pas nommées d'autre part, car si les agressions ne sont pas reconnues, alors elles ne sont pas condamnées, et c'est précisément ce que veulent ces gens qui acceptent la violence tant qu'elle est gratuite mais trouvent insupportable qu'un agresseur puisse être poursuivi pour les actes qu'il a commis.

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