mardi 26 avril 2011

26 avril 1986 : il y a 25 ans, Tchernobyl






Le 26 avril 1986 à 1 heure 24 du matin se produisait la catastrophe de Tchernobyl dans un silence assourdissant. Gorbatchev lui-même n'aura des informations fiables de son administration que 48 heures plus tard. Forêts brulées, terres contaminées en taches de léopard au hasard des précipitations, 300 000 hectares en Ukraine et en Biélorussie seront vidés de 130 000 habitants avec plusieurs jours de retard, personnes déplacées qui ne reviendront jamais chez elles. Cette tragédie coûtera à l'URSS
18 milliards de roubles (en 86, le rouble était à parité avec le dollar) : elle ne s'en relèvera pas. Et c'est l'Ukraine qui héritera du dragon.

Pour les russes Tchernobyl, c'est : 56 morts, pour l'OMS : 4 000 (chiffres négociés entre l'Est et l'Ouest au mépris de la vérité promise par les enquêteurs), tandis que le Réseau Sortir du Nucléaire annonce 1 000 000 de morts selon un rapport de l'Académie des sciences de New York.

La bataille de Tchernobyl dure 8 mois et implique 600 000 liquidateurs, plus que les armées napoléoniennes. Il n'y a pas de statistiques fiables sur les décès parmi ces liquidateurs ni sur leur état de santé. Ils étaient Russes, Biélorusses, Ukrainiens et Estoniens..., et ils ont subi la désagrégation de l'URSS et la perte de données et d'information qui s'ensuivra.On sait qu'après la bataille, les hôpitaux de toute l'URSS ont vu affluer les liquidateurs : 20 000 seraient déjà morts, et 200 000 seraient invalides : pour eux la bataille continue.

Sources et liens : Wikipedia, Médiapart, Réseau Sortir du Nucléaire, Tchernobyl Day, Tchernobyl Reactor 4, Politis (chiffres comparés Fukushima / Tchernobyl), et La bataille de Tchernobyl, film de 2006 qui donne le récit terrifiant de ces huit mois de guerre livrée par 100 000 soldats réservistes, plus une armée d'ouvriers mineurs réquisitionnés, de civils, d'infirmières, de médecins et de... chasseurs qui iront abattre tous les animaux domestiques et sauvages de la "zone" pour éviter la dissémination de la radioactivité. Les animaux paient aussi pour les folies humaines.

Et c'est précisément en cette année du 25ème anniversaire de Tchernobyl que se produit le deuxième accident nucléaire majeur de l'histoire dans un contexte différent : Fukushima. Et comme l'espèce humaine a la mémoire courte, après cette tragédie qui a failli rendre l'Europe inhabitable, sachant qu'il y a toujours à l'intérieur de la centrale de Tchernobyl 100 kg de plutonium, d'aucuns prétendent qu'il s'agit d'une énergie propre et sûre !

Le nucléaire, énergie dépassée, cauchemar prométhéen devenu réel, folie humaine, ou hubris* masculine ?

*Hubris : fierté démesurée, arrogance, terme de la tragédie grecque : le transgresseur est en général puni par les dieux de son arrogance.

8 commentaires:

  1. Je vote hybris.
    Doublée de désir de pouvoir (via le fric) et de ce concept très masculin d'honneur (hahaha) qui consiste à ne pas reconnaître ses erreurs.
    Mais chuis messante c'est pour ça.

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  2. @ Mehabel :Oui, Hybris ou hubris : on trouve plutôt ce mot dans les articles de la presse anglaise ; les français ne n'utilisent pas, dommage. Il ne figure pas dans mon dictionnaire de français mais il est en bonne place dans mon Longman ; Y ou upsilon donc les deux orthographes doivent aller.
    Je vote hybris aussi : ils sont au pouvoir partout dans toutes les entreprises, celles que je fréquente en tous cas, celles qu'on voit dans les jités, partout. Et Prométhée est un héros masculin (pléonasme) !

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  3. Oui, oui, je disais que je votais hybris pour ton alternative dans ton article:"
    "Le nucléaire, énergie dépassée, cauchemar prométhéen devenu réel, folie humaine, ou hubris masculine ?"
    pas pour le choix orthographique, c'est juste une habitude pour ma part :-)
    En même temps, tu as raison, l'orgueil Prométhéen est bien masculin itou :-)

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  4. J'ai entendu autre chose à propos des animaux abattus dans la zone interdite, à savoir cette phrase qui en dit long : "on ne sait pas ce que devient la viande".
    Il y a une dizaine d'années, il était question du bois des arbres qui poussent maintenant à tire-larigo dans la zone (avec de grosses modifications génétiques) qui était (et est certainement toujours) l'objet d'un trafic.
    La prolifération de la radioactivité n'est pas un souci de trafiquant de viande, de bois et de matière vivante en général.

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  5. @ Euterpe : normalement dans la zone ne peuvent pénétrer que des scientifiques, des ouvriers du BTP, et quelques gardes. Et aussi maintenant des touristes de l'extrême ! Mais c'est vrai qu'il y a 3 ou 4 ans, on a repéré dans les entrepôts de Carrefour des sacs de terre en promo pour remplir ses jardinières au printemps, terre radioactive ; enquête faite, la terre provenait de la région de Kiev.

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  6. Ce que j'ai entendu c'est que des types survolent la zone en hélico et tirent sur tout ce qui bouge (armés de détecteurs de présence à infra-rouge qui captent les battements de coeur à grande distance (horrifiant)).

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  7. ben je rebondis sur votre dernière phrase : hubris masculine
    je pense que c'est effectivement un projet typiquement prométhéen et une hubris masculine en effet
    d'abord l'idée de l'énergie atomique en elle-même c'est l'idée de la domestication totale de la racine du fonctionnement de la matière, autrement dit l'idée de l'homme controlant l'origine du monde matériel.
    c'est complètement l'idée de la réalisation de la volonté de puissance humaine sur l'univers.
    c'est prométhéen et ça ne peut effectivement que conduire au cauchemar comme les grecques le sentaient.
    ensuite, comme la quasi totalité des finalité de ce monde humain c'est de l'ordre de l'hubris masculine au même titre que le sur développement des produits emblématiques de la société de consommation : la fierté ne vient pas de l'usage, du savoir faire lié à l'objet, mais du pouvoir véniteux que l'ordre social confère au propriétaire de l'objet. on consomme de l'énergie comme n'importe quel objet par recherche d'une fierté. ça se retrouve dans tous les produits : la voiture, le portable le grand écran de téléviseur etc... tous produits essentiellement conçu en réponses aux désirs formatés du modèle masculin phallocrate. qui lui-même est foncièrement guerrier, dominateur, exploiteur et rival... du monde qu'il hait.

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  8. @ Paul : merci d'avoir expliqué la figure de style. Il serait intéressant de pouvoir comparer sur un échantillon conséquent de femmes au pouvoir ! Quand on en aura autant à présenter...

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