lundi 1 mars 2010

Salon de l'agriculture


Le salon de l'agriculture vient d'ouvrir ses portes pendant 10 (pénibles) jours ; gigantesque vitrine tapageuse, chromo attendrissant d'une agriculture et surtout de l'élevage tels qu'il n'existent plus.
Mais, tant mieux, les petits et grands parisiens vont pouvoir aller se rendre compte d'eux mêmes qu'une vache et un papillon, ce n'est pas la même échelle de taille, ce qui n'est pas évident sur un livre d'images ! Pour le même prix d'entrée, ils vont se faire intoxiquer avec des slogans bucoliques du style "la gentille vache qui nous donne son bon lait", son gentil veau (pour en faire des escalopes et des tranches de foie) et finalement ses steaks personnels. Les petits cochons tellement mignons et roses dans la paille, facétieux et joueurs, turbulents qui tètent leur mère ! Les agneaux, les poussins et les vaches laitières avec un pis tellement énorme qu'elles n'arrivent plus réellement à marcher en tricotant des pattes de derrière comme le font les vaches depuis la nuit des temps.

Pas un mot ni une image de l'élevage hors-sol avec entassement terrifiant d'animaux dans des tunnels sans lumière, sur des caillebotis glissants où les animaux suffoquent dans une atmosphère surchargée d'ammoniac, dans un univers minimal d'où toute distraction est bannie et où on attend le prochain repas en s'emmerdant ferme, couché sur le flanc, et tant mieux puisque tout effort, tout jeu est perçu par l'éleveur comme une perte de muscle donc de poids vif lors de la pesée en fin de cycle-destination abattoir, donc comme une perte de chiffre d'affaires. Pas un mot sur la maltraitance : veaux arrachés dès la naissance à leur mère qui pleure et meugle de désespoir, nourris avec des laits de substitution pour qu'on puisse, nous, boire son lait trafiqué et transformé.

Pas un mot sur les petits mâles (poussins notamment) détruits impitoyablement et sans précaution puisque la loi ne prévoit que l'étourdissement des adultes de réforme dans les abattoirs, et parce que les mâles ne servent à RIEN dans l'élevage. Pas un mot sur la surexploitation du corps des femelles animales : 40 à 60 litres de lait PAR JOUR, courants chez la Holstein, les réinséminations tous les 120 jours après stimulation ovarienne artificielle pour les truies gestantes encagées à vie sans pouvoir bouger. Si l'insémination ne "prend" pas immédiatement (les truies sont des individues chacune différentes et elles réagissent comme telles selon leurs désirs et le milieu, et ne sont pas "pleines" à la demande sur un claquement de doigts), elles sont impitoyablement envoyées à l'abattoir en cas de mauvaise volonté de leur part ! Choix : ou tu collabores ou tu pars à la réforme (abattoir).

Pas un mot sur les tractations, les négociations, les rachats, les rapprochements de groupements de producteurs, dans le but d'atteindre une taille critique industrielle, toujours plus gros, toujours plus puissants, où les animaux sont piégés -purs produits industriels sans âme, machines à produire de la viande- où les humains sont des "porteurs de seaux" prolétarisés et enchaînés à des groupes industriels géants et mondialisés percevant des aides à l'exportation (concurrence déloyale) affamant le Tiers monde et ses élevages de subsistance, élevages EXTENSIFS permettant aux FEMMES du Tiers-monde de nourrir leur famille.
Nos groupes industriels sont dominés par les hommes : aucune parité exigée contre des subventions importantes ; ici la preuve avec photo à droite des dirigeant d'un nouveau groupement de producteurs de porcs, et ICI, l'organigramme des Chambres d'agriculture de Bretagne, LA région d'élevage ; le salon de l'agriculture, c'est comme le Space, (nettement moins bucolique), c'est des stands avec des femmes qui servent le café et les petits fours (même -surtout ?- quand elles sont ingénieures agronomes ou vétérinaires) et des mecs au pouvoir et à la technique. Avec la perte d'humanité qui s'ensuit : je maintiens que les femmes sont plus empathiques que les hommes. On remarque toutefois que si on veut écrire aux chefs de service (bas de page), les femmes prêtent généreusement leurs adresses mails aux hommes dont on sait qu'ils sont courageux mais pas téméraires ! Le front office, chacune sait cela, sert surtout à se prendre les engueulades.
Le mot de la fin dans un article des Echos, par le Révérend Moïsi, très oecuménique, comme le sont tous les révérends. Ne nous fâchons pas. Amen.
(Photo Gala.fr 2009 légendée : La Mortaud vedette du Salon de l'Agriculture) Sic.

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