jeudi 6 juillet 2023

L'ours est à nos portes !

Branle-bas de combat la semaine dernière : un maire ariégeois appelle à la prudence. Un homme a vu l'homme qui a vu un ours. Ou du moins, ses poils restés accrochés à un arbre. Et il aurait blessé un cheval, enquête en cours. Alerte à la population et aux potentiels randonneurs. DANGER. Le maire d'Oust, petit village de l'Ariège, informe ses administrés via son compte Facebook. Une petite bande d'environ soixante-dix ours pyrénéens seraient en résidence permanente dans le massif, pas nombreux face à l'omniprésence humaine, mais les humains ne sont pas partageux. Ils veulent aller randonner dans les collines, les bois et les massifs, eux aussi, eux surtout, forcément, les ours gênent. De plus, les humains sont comme toujours accompagnés de leurs indispensables animaux d'élevage, laissés dans les champs comme il se doit. Comme pour le loup, les éleveurs veulent des animaux sauvages derrière des barrières et des animaux d'élevage dans la nature sauvage, le contraire du contrat que nous avons établi avec les bêtes d'élevage : nourriture, soins, sécurité et abri contre les animaux sauvages qui ont faim. 

Mais au fait, l'ours, et le loup, combien de victimes humaines ? Il y aurait bien eu un randonneur tué en avril de cette année dans le Trentin, région alpine d'Italie, mais le fait n'est pas établi, les associations de protection animale contestent que l'ours soit responsable. Quant au loup, il aurait tué quatre personnes en Europe ces soixante dernières années selon les statistiques. Franchement, à côté du Top Model, étalon de toute humanité, l'homme, l'ours et le loup la jouent petits bras. 

Les hommes, mâles de l'espèce humaine (on est encore obligées de préciser vu le flou qui accompagne le concept), eux, tuent en France une femme tous les 3 jours, à coups de batte de baseball, à l'arme blanche, à mains nues par étranglement, ou au fusil de chasse. Suivez le compte Féminicide par compagnons ou ex qui tient les comptes sur les plateformes sociales. On ne le rappellera jamais assez, le fusil de chasse a deux fonctions : tuer des bêtes à la chasse, et accessoirement, se retourner contre la Princesse Charmante, si jamais elle a des velléités de déserter son Prince en son palais. Au besoin en tuant tout le monde, enfants inclus, et en ratant son suicide.

Pourtant, curieusement, dans le même état d'esprit CAUTION / DANGER, on ne voit jamais aucun panneau en ville : "Danger hommes en ville", "individus potentiellement dangereux en vadrouille", ou à la campagne : "Danger, potentiels rôdeurs" ; "Danger, possibilité de mauvaises rencontres", selon la formule consacrée par le vocabulaire ventriloque des chaînes d'infos à chaque fois qu'une femme disparaît. Ces panneaux seraient placés sur la route des joggeuses, sur les chemins où passent une majorité de femmes randonneuses, ou en ville à la sortie des boîtes de nuit, où ils s'achèvent incidemment à coups de couteaux. 

Ne pas oublier non plus d'inscrire au fronton des salles de mariage des mairies : Attention, mesdames, le mariage peut occasionner des blessures graves, et entraîner potentiellement la MORT ! 

Mais c'est juste un rêve. Comme dans les contes de fée, le loup et les bêtes sauvages tiennent invariablement le rôle des méchants. Très surfaits, les méchants. On nous le rappelle régulièrement à la faveur d'un article de journal, ou d'un "trace", poils, fèces, griffures ou photo. Evidemment, tout cela a une double fonction politique : ceci permet d'occulter, d'aveugler la dangerosité du Prince Charmant, la violence virile, impossible à nommer, il faut coûte que coûte maintenir la fiction du parfait bonheur en couple, sans cela, c'est la mort du petit cheval, ma bonne dame. Sinon, ce serait ceinture aux hommes pour les services domestiques, sexuels et reproductifs, désertion des femmes, donc surtout pas. Et une deuxième fonction justifiant le meurtre, la tuerie des animaux diffamés, parce que déclarés dangereux.

Il est temps de nommer le problème : la violence du viril. La chasse en fait partie, 98 % des chasseurs sont des hommes. Ses millions d'animaux tirés, blessés, tués par année en sont aussi les victimes ; le meurtre des animaux désinhibe, ainsi que l'écrit  Stéphanie Hochet dans son ouvrage L'animal et son biographe : " Le plaisir hypocrite des chasseurs, leur permis de tuer alloué par la société est-il autre chose qu'un blanc-seing accordé au désir de meurtre ? 

Il ne vient jamais non plus à l'idée de l'espèce humaine qu'elle n'a pas tous les droits, notamment celui d'accaparer tout l'espace des autres animaux. L'effondrement des populations animales est causé en premier lieu par la destruction, puis la colonisation de leurs habitats par notre espèce invasive. Aussi, recule l'humanité, reste dans tes foyers, tes villes, bourgs et villages. Le monde est limité, la place des autres n'est pas usurpée. Ils ont les mêmes droits que nous d'habiter cette planète. Tous earthlings, tous terriens. 


PS - Le widget associé au flux RSS Twitter dans la side bar de mon blog est muet : je sais que certaines venaient lire mon compte Twitter par là. Ceci est dû à la décision prise par le très compétent, carrément génial Elon Musk de masquer les comptes de son nouveau jouet aux non abonnés et aux non connectés. Pour le moment, je laisse ce widget en espérant récupérer l'affichage de mon compte, mais cela dépend du mogul qui dirige si excellemment la plateforme. 

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