Comme si l'irréductible mentalité d'esclave des femmes ne suffisait pas, dès qu'elles ont une sensation (vertigineuse) de liberté, il serait désirable de l'aliéner "librement" au maître et possesseur de toute création, le mâle humain et ses déclinaisons endémiques : pères, grands-pères, oncles, frères, même plus jeunes qu'elles, clan des mâles tenancier de la poigne de fer du Bogeyman, du Père fouettard, placé hiérarchiquement au-dessus d'eux, qui leur donne leur légitimité terrestre. Dieu est grand et omnipotent, les hommes sont ses représentants d'autorité sur terre.
Il n'aura pas suffi que les afghanes voient descendre de la montagne à motocyclette des barbus pas lavés mais pourvus de kalachnikovs phalliques qui leur interdisent toute sortie dans l'espace public et les privent d'école pour mieux les asservir à la bergerie, ni que les iraniennes paient de leur liberté et de leur vie la revendication d'aller vêtues comme elles l'entendent, refusant que les mollahs les enferment dans des kilomètres de tissus, chez nous certaines filles, de plus en plus en plus nombreuses, se présentent à l'école publique, comme on disait quand j'étais petite, vêtues d'une abaya ou en tous cas d'une robe longue flottante, autre façon, puisque le voile leur est interdit par la loi, de tester la fermeté des institutions. Fermeté bien flageolante à voir la mollesse des réactions. Elles peuvent même se déclarer persécutées, à preuve l'exemple caricatural des Hidjabeuses (footeuses qui veulent jouer en foulard couvrant la nuque, les cheveux) qui revendiquent de "vouloir juste jouer au foot" ! Belle inversion : personne ne les empêche de jouer au foot, à condition d'observer, comme tout le monde, le règlement des clubs qui interdisent sans exception le sexisme, le racisme, l'homophobie et les signes d'appartenance politique et cultuelle. J'ai également entendu sur une radio de service public que les afghanes étaient "trop occupées à défendre leur droit à l'école pour rejoindre le combat des iraniennes contre l'imposition du voile " : une cause à la fois, on ne peut pas être partout. Ainsi se justifient les pires statu quo. Par des femmes en plus. Personne ne peut parler pour les afghanes, vu qu'on ne les entend pas, on ne sait même pas si elles ont accès à l'information venant de l'étranger.
Le patriarcat et ses agents localisés dans les quartiers chics parisiens donnent également de la voix pour encourager subliminalement les femmes d'ici à rejoindre la bergerie familiale hors laquelle point de salut. Ainsi l'Obs, journal de gauche dont on se demande quel mouche le pique, publie-t-il une tribune du sociologue Eric Fassin (XVIè ou VIIème arrondissement de Paris sans doute, loin des maisons troglodytes d'Afghanistan où s'entassent brebis et femmes sous la garde des mêmes bergers) appuyé par l'historienne étasunienne communautariste Joan Scott trouvent que décidément, il n'y a aucune contradiction à défendre celles qui veulent porter le voile ici et celles qui le rejettent au péril de leur vie là-bas. Symétrie parfaite, tout se vaut à les lire et les entendre. On peut quand même chipoter sur les risques pris, inexistants ici dans nos douces démocraties molles, même si elles jouent les opprimées, mais mortels là-bas ? Consensus mou, arguments oxymores à base de "d'universalisme sacré et ethnocentré" SIC, ou de "religion de la laïcité" reSIC, "sacralisation de la laïcité" et d' "immanence de configurations sociales particulières". J'adore immanence. Je vous incite à lire sur ce lien. Les patriarcaux et leurs agents, c'est un feu d'artifice orwellien permanent. Heureusement, sans doute après avoir reçu une avalanche de courriers et de réactions sur les réseaux sociaux, dont la mienne, l'Obs publie une contre-tribune sensées faire balancier. Non, tous les choix individuels dont nous bassinent à longueur de colonnes les bons apôtres de la "tolérance" et du néo-libéralisme ne se valent pas, choix dont on peut se demander d'ailleurs s'ils sont faits librement, sans conflits de loyauté (ah le conflit de loyauté, des mecs on en a tellement à la maison, on est tellement cernées par leur présence, que ce serait méchant de leur faire de la peine à ces petits bouchons !), sans pressions ni manipulation. Le soft power fonctionne à plein : une fille, même voilée ici, sera toujours plus présentable que n'importe quel barbu pour faire avancer leurs idées liberticides. C'est ici qu'intervient la mentalité d'esclave mentionnée en début de billet : résultat de millénaires d'asservissement, les femmes ont été castrées psychiquement et métaphysiquement (Ti Grace Atkinson) depuis au moins 6 000 ans, dans ce but précisément, ils s'en servent, normal. La mithridatisation, le conflit de loyauté font le reste ! Mais attention danger. A force de manquer de fermeté sur nos principes, voici ce qu'il risque d'arriver :
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