samedi 21 septembre 2013

Vouivre

Vouivre, Guivre, Gesvre, Sèvre, Vaisvre, Vivre, Vobera (celtique), Vipera (latin), Vuipre, Wiwer (alsacien) Nwyvre (breton), Wyvern (anglais),  : femme-serpent, femme-dragon. Mélusine. Lorelei.


Créature, divinité des eaux, des fontaines, des lacs, des grottes souterraines, femme associée au monde souterrain et à la terre nourricière, serpent terrestre que l'église chrétienne a associé au mal, à l'instar des  femmes qu'elle a associées au péché :




Femme aux cheveux flottants, vieille, chatelaine, Mère Lusine, ondine, Dame Verte, fée des eaux, escarboucle du dragon et des connaissances secrètes.


Force tellurique, puissance de germination de la Terre.

Difficile de ne pas penser qu'elle a inspiré l'artiste qui a créé la sculpture, en  voyant cette déesse endormie (sleeping goddess) du Lost Garden of Heligan en Cornouailles (Cornwall) :



Le repère mythologique de la Vouivre, ce sont les grandes déesses primordiales, celles d'avant le dieu unique, mâle et barbu des hommes, la déesse solaire qui a été contrainte de laisser sa place en se réfugiant dans la nuit et dans les grottes souterraines. Elle est de tous les époques et de toutes les géographies : Tiamat, la babylonienne, Isis l'égyptienne, Echidna la Scythe, Médée la Caucasienne, Eurynommé et Delphyné les Pélasges, Lamia la Lybienne, les Gorgones grecques, Epona la Gauloise, Niou-Koua la Chinoise, Jörmungandr la Scandinave et Coatlicue l'Aztèque : toutes terrestres et serpentines, défendant leurs trésors au fond des océans, des grottes et des sources. Et attendant des jours meilleurs ? Qui sait...
Avertissement sans frais : sa colère et sa revanche ne sont peut-être plus si éloignées.

"De source en fontaine, de lac en rivière; de brume en puits d'enfer, la Vouivre vole, nage, tourbillonne. Certains pensent qu'elle est une personnification des eaux souterraines ou apparentes ; d'autres disent que la Loue ou l'Areuse, rivières capricieuses, sont la Vouivre en personne qui inonde villes et villages, et change à son gré le cours de son lit. Dans certaines légendes, elle menace de provoquer un déluge qui inondera un jour la terre, si les hommes attisent sa colère.
On la rencontre dans les étangs dont les eaux glauques lui assurent un refuge. Elle hante les prairies inondables, ces lieux appelés la vaivre, la vesvre, la vavre. Elle habite les sources intermittentes, ces endroits appelés combe, fontaine ou parfois trou de la Vouivre.  Elle affectionne les résurgences comme dans le récit du Pot Bleu. Sa mort entraîne l'assèchement des lacs et la disparition de l'eau."
In "L'oeil de la Vouivre" récits mythologiques par Edith Montelle - Editions de l'Est.

Je suis tentée de mettre en conclusion de ce billet, ce court texte, extrait du récit épique de Monique Wittig, Les Guérillères, texte qui propose une contre-mythologie, féministe celle-ci.

"Elles disent qu'elles ont la force du lion la haine du tigre la ruse du renard la patience du chat la persévérance du cheval la ténacité du chacal. Elles disent, je serai la vengeance universelle. Elles disent, je serai l'Attila de ces féroces despotes, causes de nos pleurs et de nos souffrances. Elles disent, et quand par bonheur toutes voudront se rallier à moi, chacune sera Néron également et mettra le feu dans Rome. Elles disent, guerre, à moi. Elles disent, guerre, en avant. Elles disent qu'une fois qu'elles auront les armes à la main elles ne les abandonneront pas. Elles disent qu'elles secoueront le monde comme la foudre et le tonnerre." Les Guérillères. Monique Wittig. 

12 commentaires:

  1. Tu n'as plus qu'à lire la Mélusine de Markale, si pas déjà fait :-)

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    1. Il est toujours dans ma liste "A lire", tout en haut, il faut juste que je mette la main dessus dans une de mes bibliothèques, et ça va être fait ! ;))

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  2. Oui mais c'est secret ! Je n'en parle pas ......
    C'est trop important .....

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  3. Mais , si tu veux je peux te parler un peu de la fée Salamandre dont je rêve parfois depuis que j'en ai trouvé sur la route et que je les ai ramassées pour éviter qu'elles ne soient écrasées ...... Non , elles ne m'empoisonnèrent pas ..... J'adore ces animaux magnifiques ...... Depuis je rêve parfois de la belle fée Salamandre dans son habit jaune et noir ...... Et je crois qu'en fait Salamandre est le nom qu'elle m'a donnée à moi en secret pour me remercier de l'aimer ....... Mais ne le répète pas ...... Bon , voila ! La suite du rêve est vraiment secrète et trop difficile à raconter ......

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  4. Merci pour ce super article qui me relie à un mot de mon enfance et m'en donne un nouvel éclairage : Wiwer, qui était évidemment employé de façon très péjorative ! Dorénavant, iI me fera penser à la force de la lionne :)

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    1. Bien sûr que c'était péjoratif ! La Vouivre vient de cette lignée de femmes qui commence avec Lillith, la première femme qui a eu le culot de dire non à Dieu quand il lui a proposé un compagnon ! Elle a vite été remplacée par Eve qui, elle s'est soumise. Vivre les Vouivres et leurs descendantes :)))

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  5. Mais c'est super positif de dire non ! Vive nous ! :)

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    1. C'est aussi plus difficile de dire non que de dire oui ! C'est vrai de tout le monde et tout spécialement des femmes. Professionnellement, j'ai été entraînée à dire non, c'est dire si c'est important :))

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  6. Fascinantes vouivres, déesses des temps anciens, détentrices de la force et du savoir de la terre, du secret de la régénération à l'instar du serpent.... Diabolisées par les hommes telles que le furent les sirènes, rabaissées au rang de vulgaires tentatrices... Merci pour ce billet qui leur rend hommage

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  7. J'ai pensé à ton billet en voyant cette affiche d'Alaia à Paris :
    http://palaisgalliera.paris.fr/expositions/alaia

    J'aime beaucoup le texte de Monique Wittig, il donne la pêche !

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