vendredi 11 novembre 2011

11 novembre









Photo : Poppy / Coquelicot que les anglais portent à la boutonnière lors des commémorations des morts de guerre le 11 novembre.
 
Chair à canon : ce sont ces jeunes hommes âgés de 18 à 36 ans qui tombent fauchés par la guerre. La Première guerre mondiale a envoyé à la mort une génération entière de jeunes paysans européens -en 1914, la France et l'Europe sont à 80 % rurales. C'est à ce moment-là, selon Fabrice Nicolino (Bidoche), sur cette tabula rasa, que la "rationalisation" de l'agriculture a commencé : mécanisation du travail de la terre, concentration des animaux dans les élevages. Le terrible et meurtrier XXème siècle nait après le Traité de Versailles en 1920, dans le sang et la douleur. Aujourd'hui encore, même si les conflits sont régionaux, cet article du Monde rappelle que la guerre, loin de ressembler à un jeu vidéo irréel, est une boucherie.

Chair à viol : Les viols en temps de guerre ont toujours été traités comme des "dommages collatéraux" inévitables et inhérents à la guerre, mais il n'en est rien. Un ouvrage collectif  "Viols en temps de guerre" présente une série d'études sur les stratégies militaires du viol à travers le monde : ces stratégies du viol sont au service d'un ordre politique et social, ils visent les vaincu-e-s et sont de l'ordre d'une domination ethnique ou nationale. Vous pouvez retrouver ici un article de Georges Vigarello paru dans Marianne 2, article qui commente le livre. Information trouvée grâce à Fédération GAMS.

Chair à viande : Animaux dans l'industrie déshumanisée, productiviste et mécanisée de l'élevage : traités comme des machines à produire rapidement de la viande, ils finissent leur courte vie de maltraitance dans des abattoirs industriels toujours plus énormes, plus nombreux et plus productivistes : via l'élevage industriel, nous consommons toujours plus de chair d'animaux tués toujours plus jeunes, entre 39 jours pour les volailles et 3 ans pour les bovins alors que leur espérance de vie va jusqu'à 15 ans pour les premiers, et 35 ans pour les seconds.

Guerre de tous contre tous : guerres des hommes entre eux, guerre des hommes contre les femmes, et guerre des espèces : les humains contre tous les autres et la nature.

"Nos sociétés sont nihilistes et empestent la mort".
Elizabeth de Fontenay.
"Tant qu'il y aura des abattoirs, il y aura des champs de bataille".
Léon Tolstoï

5 commentaires:

  1. Un article d'une collègue qui a une critique féministe de la guerre, du militarisme et du coquelicot rouge. D'ailleurs affirmons-nous et portons fièrement le coquelicot blanc pour se rappeller toutes les victimes de la guerre en ce 11 novembre.

    http://www.ledevoir.com/politique/canada/335775/jour-du-souvenir-l-envers-de-la-medaille

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  2. Le pire, je crois, concernant la guerre c'est la fascination toujours présente pour tout ce qui a trait. Je reviens de chez ma belle-soeur qui m'a parlé de nouveaux jouets, des imitations d'armes si perfectionnées que tu t'y casses le nez (armes "Airsoft"). Je ne comprends pas que l'on continue à encourager la violence chez les petits garçons avec ce type de jouets d'imitation (où sont passées les campagnes d'après-guerre contre les armes factices, où sont donc les désirs de paix qui ont animé cette période ?).

    Les armes factices (mais qui peuvent blesser quand même) sont destinées aux enfants:
    http://www.airsoftbox.com/32/airsoft-ressort-fusils-pistolets-mitralleurs-airsoft/

    Sans parler des Call of Duty et autres jeux vidéo dans lesquels tuer, massacrer, saigner rapportent des points ...

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  3. @ Pwel : merci pour l'article québécois, très bien, je l'ai mis en lien dans mon texte.
    Merci de ton commentaire.

    @ Hélo : j'ai écrit il y a un an et demi pour mon blog un article sur la guerre où j'ai mis entre autres une Kalachnikov, une rocket et un char : c'est le deuxième article le plus fréquenté sur mon blog, juste parce que les mecs (enfin, je suppose sans trop de risques de me tromper) cherchent ces articles sur Google. Ils arrivent chez moi, j'espère qu'ils sont déçus. Mais les images sont là et je ne vois pas pourquoi je les enlèverais. Je me suis posé la question mais elles sont dans la cohésion du billet, qui est pacifiste. Mais qu'est-ce que ça m'embête ! Tant qu'on sera accrochés à cette biterie dangereuse qu'est la vilité, on sera très mal barrés en tant qu'espèce.

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  4. Moi j'en reviens au traitement du passé sur le sujet du rapport de l'humain aux animaux. Que ce soit dans la littérature ou au cinéma, on a évacué la présence animale mêlée à la vie humaine. On traite séparément humains et animaux ou alors ce ne sont pas des blockbusters ou des bestsellers.
    La barbarie n'est pas en diminution mais en développement.
    Ton billet rend très bien compte du fait.

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  5. @ Euterpe : Je suis d'accord et le cinéma américain d'animation abuse d'animaux humanisés sympa pour faire passer toutes sortes de messages : mon préféré de loin est Nemo -le poisson clown-, mais c'est vrai que par ailleurs la vie des animaux d'élevage est passée sous silence car le sujet est délicat et passé sous silence. Et la barbarie avec lesquels on les traite fait partie d'un tout : pas de doute, nos sociétés sont déshumanisées et nihilistes.

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