jeudi 27 avril 2023

Quand les filles deviennent des garçons - Marie-Jo Bonnet et Nicole Athea


Voici un livre éclairant sur les transgenres et leur activisme, écrit à deux autrices, chacune sa partie. Je l'ai acheté avec un peu la crainte que l'ouvrage soit "pointu" sur un domaine que nous connaissons mal, nous ne côtoyons pas ou ne croyons pas côtoyer tous les jours des transgenres, qu'elles ou ils soient male to female ou female to male, qu'elles ou ils aient transitionné socialement, médicalement ou chirurgicalement. Mais bien au contraire, il est ample par l'analyse féministe que propose Marie-Jo Bonnet (MJB).

Dans les six premiers chapitres, l'autrice met en perspective le transgenrisme dans ses dimensions sociologique, anthropologique, mythologique, symbolique, et féministe donc politique. Seul le transgenrisme social, médical et chirurgical des filles (female to male) est exploré, puisqu'elles sont majoritaires à en faire la demande par rapport aux garçons, alors que sont surtout médiatisés les male to female. Comme c'est étonnant ! MJB donne son explication féministe : les filles ne s'aiment pas parce que la société ne les aime pas. Certaines trouvent donc plus satisfaisant  et confortable d'être garçon. 

Puberté précoce, à 10 11 ans pas rare vu que nous avons dispersé des perturbateurs endocriniens partout, d'autant plus période de malaise où elles rejettent leur corps, leurs seins, leurs règles. La pornographie est accessible partout, elles y voient des femmes maltraitées, dégradées et dominées ; et enfin, les dénonciations d'agressions sexuelles et de féminicides par les collectifs de néo-féministes leur font craindre le pire. Etre fille est devenu dangereux dans une société dominée par la misogynie, société qui  semble leur promettre surtout le statut de victimes. Le pouvoir d'influence des réseaux joue aussi un rôle déterminant en agrégeant des communautés de transactivistes supporteurs actifs, voire intégristes qui anathémisent, cancellisent (annulent, bannissent) leurs opposant-es. Si vous êtes présente sur les réseaux sociaux, et que vous avez publié, en émettant ne serait-ce qu'une interrogation sur ce sujet inflammable, vous avez sûrement eu à en pâtir. 

Toutefois, selon Marie-Jo Bonnet, il s'agit moins d'un lobby trans que d'un lobby LGBTQIA+ dominé par des hommes gays (certaines lesbiennes se demandent d'ailleurs que fait encore le L dans l'acronyme) qui poussent leur agenda de la GPA (Gestation Pour Autrui) où les femmes sont louées ou vendues à la découpe, où les techniques de procréation et chirurgicales de transformation sont accessibles, promettant à l'être humain de devenir modulable, transformable à volonté, au moins corporellement. Vous ne voulez plus de seins, qu'à cela ne tienne, on vous les enlève ! Tout cela annonce le transhumanisme ; les très argentés laboratoires pharmaceutiques qui voient tout le profit à en tirer, en effet un-e trans médicalement et chirurgicalement traité-e devra prendre des hormones à vie, soutiennent puissamment le mouvement. 

La partie de Nicole Athea, médecin gynécologue et endocrinologue, explore le volet santé, les risques pris, les psychoses sous-jacentes non traitées, les dysphories de genre pas rares à l'adolescence, mais transitoires, les malaises de la puberté non entendus, les risques médicaux quasiment irréversibles des traitements hormonaux (qui seraient accessibles sur simple demande par exemple au Planning familial, moment de ma lecture où je me suis pincée) ; elle rappelle que la prise de contraceptifs, pilule et autres, mis abusivement en symétrie, sont eux des traitements réversibles, une femme sous pilule ou DIU retrouve sa fertilité quelques semaines ou mois après l'arrêt du traitement ; elle recense un panel de détrans, c'est à dire de jeunes filles qui veulent ensuite faire marche arrière, les diagnostics mal posés et les inconvénients de santé pesant de tout leur poids. Le procès d'une clinique est en préparation à Londres. 

Cet ouvrage est un avertissement sur les dangers d'une société qui n'accepte plus les filles, et dont le modèle est devenu masculin. Il est peut-être temps de revendiquer un projet féministe assertif, promouvant les filles et femmes, moins victimaire, qui ne serait pas calqué sur la revendication de parité avec les défauts et toutes les mauvaises pratiques toxiques des hommes, mais qui valoriserait le féminin, ses qualités inculquées, par socialisation certes, mais qualités néanmoins. Ouvrage à mettre entre les mains des parents d'adolescents. 

2 commentaires:

  1. Oui il est temps qu'on remplace le virilisme par le feminisme, sans esprit de revanche, ni de chapelle. J'avais une amie au lycée qui regrettait de ne pas être un garçon. Ce sentiment ne m'a jamais habitée. Le mouvement trans me met mal à l'aise tant je perçois les souffrances et les dangers liés à la transformation sous forme de chirurgie et multiples cochonneries ingérées. Cela s'oppose à ma perception du bien vivre même s'il n'est pas toujours facile de s'accepter en évitant les sirènes consuméristes. J'essaierai de me procurer l'ouvrage à la médiathèque. Merci Hypathia

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    1. Pareil, tout en déplorant le sort fait aux femmes, dont j'ai pâti aussi, je préfère être une femme. Et puis, on peut au moins tenter de défendre ses intérêts, le militantisme est une attitude assertive et valorisante.

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