vendredi 7 septembre 2012

Elle concilie, il se met les pieds sous la table

Je jette de temps en temps un oeil sur le portail Synagri pour des raisons de protection des animaux et de l'environnement, car il est plein de ressources sur l'agriculture et l'élevage, et d'annonces diverses qui m'intéressent à ces titres. J'ai déjà écrit un billet sur les stéréotypes de genre en trouvant sur Synagri la page Facebook toute rose spéciale fiiiiiiiilles des agricultrices bretonnes ; il y figurait même des bobottes roses Barbie. Trouvées chez Aigle ? Moi je ne trouve chez Aigle que des bottes marine ou kaki, mais bon. Il se trouve donc que le 15 octobre prochain, La Chambre organise la Journée des Agricultrices : "femme, maman, cheF d'entreprise, Responsable, un beau défi à relever !". Bigre. Effectivement :



Mais où sont les mecs dans tout ça ? Ils ne concilient pas eux ? Ils ne sont pas "hommes", "pères de famille/papas", "responsables" et "professionnels" en même temps ? L'exemple choisi dans la vidéo est celui de la femme producTEUR de lait : en effet, inutile d'espérer que malgré les 4 journées en une, elles parlent d'elles au féminin en plus ! Producteur, même de lait (les femmes dedans à la laiterie et les mecs dehors aux champs ?) est une fonction éminemment masculine, bien sûr, pas question de se l'approprier en la féminisant en producTRICE de lait !

Toutes catégories professionnelles confondues, les pensions des femmes à la retraite sont de moitié inférieures à celles des hommes selon l'INSEE en suivant ce lien récent. Mobile invoqué, comme disent les policiers pour expliquer un crime, "En moyenne nos études montrent que les femmes travaillent [professionnellement] 2/3 du temps total des hommes" ! Fermez les guillemets. Vous noterez que le [entre crochets] est d'importance capitale. Le travail de "femme", de "maman" et de "responsable" compte, j'en ai peur, pour du beurre comme on dit dans les laiteries. Le producteur, c'est un mâle, la production mâle est la seule qui compte dans le PIB (Produit Intérieur Brut), tout le reste est tricot, occupation de femmes, passe-temps, élevage des enfants de Raoul, vous avez encore bien de la chance qu'on vous organise UNE journée pour en parler entre copines et partager vos expériences. C'est vrai quoi à la fin, que demande le peuple ?
Concilier est vraiment le pire mot de la langue française. Juste après patriarcat et parasite.

5 commentaires:

  1. Ah ouais, le [professionnellement] est, très distinctement, un aveu qui fait semblant d'être autre chose pour ne pas donner l'éveil !
    C'est dingue de voir que les femmes se laissent marcher sur les pieds pareillement ! Mais a t-on le choix ?
    Par contre question langage beaucoup trop de femmes croient dur comme fer que cela ne joue aucun rôle de dire "producteur" ou "productrice".

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    1. Effectivement cet adverbe vicieusement placé entre crochets permet de dire que par défaut, tout le travail bénévole des femmes n'est pas professionnel et qu'il n'a donc aucun intérêt économique, ce qui est faux évidemment. Il ne compterait pas, puisque c'est du non travail de femme : reproduction, entretien ? Mais comment serait la planète sans ce travail indispensable ?
      Moi, je fais partie de celles qui pensent qu'on a le choix, même s'il faut en faire de drastiques : ne pas accepter de se faire manger la laine sur le dos, avec au bout une retraite de misère, non merci. Enfin, dernière remarque, le langage configure le monde, donc le masculin n'est jamais innocent. Ne pas parler au féminin signifie n'être pas consciente de sa propre aliénation. Et là, le choix est facile à faire : la langue (idioma) appartient à sa locutrice (féminin neutre), le seul écueil est de n'être pas comprise ; moi quand je parle au féminin tout le monde me comprend parfaitement. Il arrive même que je fasse des émules qui trouvent, au fond, que le féminin est bien séduisant.

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    2. Quand je parlais de choix, je pensais au fait par exemple de travailler dans une boîte qui privilégie les hommes, exalte le masculin et dont le contenu de ce qui est produit concerne à 999/1000 à des personnes de sexe mâle. Si tu n'es pas la cheffe, à part faire une réflexion de temps à autre, tu es juste obligée de supporter cela pour ne pas perdre ton gagne-pain. Et presque tous les jobs sont du même accabit surtout dans le domaine de la culture. Dans la musique, c'est pareil. Essaie d'imposer des compositrices à des producteurs de spectacles. Ils vont te dire que comme elles ne sont pas connues, elles n'attireront pas de public. Mais bien entendu si elles ne sont pas jouées, elles ne peuvent pas être connues, etc...

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    3. Je comprends mieux : tu parles de contexte et pas de choix personnels ! Je ne trouvais pas très féministe aussi de dire que pour nos choix personnels on n'a pas le choix. Effectivement, le contexte est plus difficile à modifier, il dépend beaucoup moins de nous. Autant c'est facile de refuser de leur faire la cuisine et le ménage, ça l'est moins de prendre le pouvoir dans une boîte, et encore, ce sera sans doute parce que tu leur auras donné assez de gages pour qu'ils te laissent passer ! je rajoute même que tu risques éventuellement d'avoir un 2ème front : les femmes qui trouvent que décidément tu castres les mecs avec tes prétentions "excessives ! Ça m'arrive sans arrêt. Au moins quand tu défends les animaux, tu n'as pas à te battre sur 2 fronts ! Jamais encore rencontré un animal qui soit venu se plaindre que je fais du mal à son éleveur et que je suis "excessive" dans mes combats pour leur cause ! :D

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  2. Oui, dans mes choix personnels c'est autre chose : je ne me soumets à aucun diktat masculin et je me fais particulièrement repérer dans le domaine de la non-épilation. Néanmoins encore personne n'est venu me dire que je devais m'épiler ni à la plage, ni dans les centres de "fitness", ni au sauna, ni dans les piscines. Je constate cependant que je suis partout la SEULE !

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