vendredi 29 janvier 2010

Revoici léjeunes !

L'accident de Woippy en Moselle rappelle une fois de plus que la génération la plus maltraitée par la société, en l'espèce les moins de 25 ans, sont rangés dans une catégorie informe et unisexe porteuse de toutes sortes de calamités. L'adjectif sbstantivé «jeunes » sert à tout sans arrêt. Et notamment à stigmatiser : c'est très sympa pour léjeunes ordinaires qui se prennent des portes dans le nez en cherchant du boulot, les stagiaires à vie précarisés et ceux qui ne peuvent prendre leur indépendance pour des raisons financières !

En vrac selon les medias : léjeunes se soulent les week-ends et atteignent l'ivresse en un temps record ; léjeunes (ou troijeunes, deujeunes...) roulent sans casque, ivres ou sous l'empire de drogues et font des rodéos avec la police, encombrent les entrées d'immeubles et tiennent les murs, voire violent les filles dans des caves !

Cet adjectif substantivé imprécis semble bien exclure les filles. A moins qu'elles aussi se soulent la gueule, caillassent la police, revendent de la drogue et roulent à tombeau ouvert pour échapper à la police, l'ennemie héréditaire déjeunes selon une légende urbaine tenace ? Ce n'est pas clair.

Sur Europe1, on entend qu'à Woippy (Moselle) « troisjeunes non casqués », « dévoyous », selon le député Grosdidier et le préfet, ont eu un accident dans une course poursuite avec la police et « unjeune » en est mort ; fille, garçon ? Rien n'est précisé. Ce serait pourtant intéressant de savoir.

Sous couvert d'universalisme, la langue française, qui au passage n'a pas de genre neutre, et c'est le masculin qui lui sert de neutre indispensable (voir La pensée Straight de Monique Wittig), la langue française donc, pratique un sexisme et une misogynie rampants et sournois. On va prétendre que compter ou préciser c'est contraire à l'égalité ! Cela sert surtout à noyer le poisson : ni vu ni connu, je t'embrouille. Bien commode tout cela : les gars et les filles c'est du pareil au même !

Cependant, j'ai un doute sur le genre des accusés et des victimes : lorsqu'il se trouve qu'une fille soit partie prenante dans un groupe dejeunes, les présentateurs et les journalistes de jités prennent des poses effarouchées et la précision lexicale devient indispensable : on entend généralement « deux personnes dont UNE FEMME » ou « cinqjeunes DONT DEUX FILLES » en insistant comme il se doit dans l'indignation. Les femmes sont vertueuses, cela va tellement de soi qu'on le passe sous silence, MAIS qu'une dévie de la route vertueuse prescrite aux filles et la société patriarcale pousse des cris d'orfraie ! Le cocasse, c'est quand la police vient préciser que la délinquance des filles progresse. Ah bon, parce que là non plus, nous ne sommes pas à
égalité ? Mais on tombe des nues !

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