jeudi 3 juin 2010
L'Informatique : toujours pas pour les femmes ?
Qui sait encore que ce sont des femmes qui ont "inventé" l'informatique ? Certainement quelques ingénieurs informaticiens qui savent que le langage ADA a été nommé d'après l'inventrice du premier algorithme en 1842 : Adélaïde Lovelace, mathématicienne ? On leur a aussi appris dans leurs écoles d'informatique que Grace Hopper , militaire au Pentagone qui amusait bien ses collègues en prétendant qu'un jour les ordinateurs parleraient le même langage que nous, a inventé le premier langage de compilation et le langage Cobol ? Mais aujourd'hui dans le grand public qui le sait ? Cela n'inciterait-il pas les femmes à faire ces formations et entrer dans ces métiers "masculins" contre tout bon sens, de savoir que ce sont des femmes qui en sont les inventrices ? Pourquoi pas plus de publicité sur ce fait historique ? Serait-ce destiné comme toujours à se garder un espace entre-soi masculin, pour des métiers qu'ils ont décidé unilatéralement de s'approprier ?
Depuis ces temps héroïques, où sont les femmes ?
Dans les sociétés de services informatique (SSI ou SSII) en France, les femmes sont employées en majorité écrasante aux postes (junior) de Chargées de recrutement ou d'assistantes. Tout se passe comme si une fois encore, elles étaient plus aptes à travailler dans l'humain, l'organisation ou l'entretien que dans la technique pure.
Selon l'étude du Journal du Net de Lætitia Bardoul, Les femmes dans les métiers de l'ingénierie en France qui date de 2005 (backlash et récession économique oblige, cela ne s'est pas amélioré : je suis en contact régulier avec ces sociétés, je peux en témoigner !) il est clairement établi qu'elles sont sous-représentées chez les techniciens et les cadres techniques. C'est même lamentable. D'autant que ces postes ne sont ni pénibles ni salissants, qu'on n'y subit aucun aléas climatique puisque ce sont des postes de "bureau", et qu'on y travaille assis devant un écran d'ordinateur ! L'argument du travail dur, donc masculin ne tient pas.
Dans les pays asiatiques, notamment la Malaisie, les femmes ont bien compris les avantages de travailler assise, sans se salir, en utilisant sa tête plutôt que sa force physique devant un écran d'ordinateur : elles sont 65 % dans les universités d'informatique et de technologie. Évidemment, le discours en France est toujours dramatiquement différent des actes : on s'arrache les cheveux devant un tel gap, on se fait des promesses, et.... rien ne change. Il suffit d'ailleurs d'envoyer soi-même sa candidature (de femme donc) dans une SSII pour se rendre compte du traitement qu'on lui réserve : au mieux, elle n'est pas traitée, au pire, elle est écrasée ou rangée... dans les assistantes ! Ce sont en général des femmes, puisqu'elles sont cantonnées aux ressources humaines, qui discriminent mais c'est vrai qu'elles n'y ont en général pas de pouvoir décisionnaire !
Rien n'est plus triste que ces SSI et ces bureaux d'études où il n'y a que des hommes, blancs, 28 - 35 ans, sortant tous des mêmes écoles de prêt-à-penser : c'est sinistre, poussiéreux et ça sent le renfermé ! On peut aussi se demander si les ordinateurs, les machines à commandes numériques et toutes leurs applications logicielles ne seraient pas plus humaines ou user friendly si des femmes les concevaient, et si les chiffres d'affaires de ces sociétés ne s'en porterait pas mieux, tellement ils ont l'habitude de confier leur commercial à des ingénieurs qui ont furieusement tendance à prendre le péon qui sarcle la haie pour le décideur -conséquence désastreuse d'une navrante monoculture.
L'argument de la totale disponibilité (non souhaitable par ailleurs) ne tient absolument plus : avec les moyens actuels de la mobilité (téléphone cellulaire, visio-conférence, ordinateurs portables connectés au haut débit rendant possible l'ubiquité, transmission d'information à la vitesse de la lumière...) comme les magistrates, les enseignantes ou les pharmaciennes, les femmes informaticiennes peuvent travailler de chez elles. Je rencontre de plus en plus de développeurs hommes en poste en home office, utilisant toutes ces technologies. Pour des raisons culturelles, les femmes sont mieux organisées et plus efficaces que les hommes. Il faut donc qu'elles choisissent ces formations porteuses d'emploi, aux postes aménageables et flexibles : la sous-traitance permet d'essayer différents types d'entreprises et de se faire une expérience. Et si les garçons y arrivent, il n'y a aucune raison pour que les filles qui sont meilleures à l'école ne soient pas à la hauteur.
Historiquement, les magistrates qui peuvent emporter des dossiers chez elles et rédiger leurs attendus de la maison sont nettement majoritaires à la Justice, de même que les enseignantes à l'Education nationale pour les mêmes raisons ou les pharmaciennes officinales à cause de l'appartement attenant ou au-dessus de la pharmacie ; on se demande donc ce que font les entreprises d'informatique ? Elles attendent de se fabriquer une image désastreuse de dinosaures ? Déjà qu'on n'y trouve pas de seniors, que les techniciens bac + 2 n'y sont pas les bienvenus, et qu'on y voit surtout des blancs... et que certains ne se gênent pas pour annoncer la couleur !
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Les inventions des femmes ont systématiquement fait l'objet d'une récupération masculine. Je pense à l'agriculture et à la médecine dont les femmes ont été rapidement écartées et qui ont donné lieu à une agriculture intensive /irrespectueuse et une médecine déshumanisée.
RépondreSupprimerMerci d'avoir sorti de l'ombre ces inventrices que je ne connaissais pas.
Les femmes mathématiciennes ne sont pas rares et elles sont en général brillantes : Sophie Germain, Émilie Du Châtelet,... Elles ont d'autant plus de mérites qu'on éduquait peu les femmes et qu'elles ont dû s'imposer par leur excellence dans un milieu d'hommes.
RépondreSupprimerJe reviendrai... très uintéressant.
RépondreSupprimerA bientôt
Bettina
Là où je travaille, on célèbre des centenaires, des bicentenaires, des tricentenaires, etc... mais pas du tout ceux de femmes, quasiment jamais d'ailleurs.
RépondreSupprimerLes célébrations féminines ne vont pas au-delà de 50 ans, à part pour Marie-Antoinette et Elisabeth Ire.
Du coup j'ai cherché qui était née il y a cent ans par exemple et qui on pourrait célébrer (mais on ne le fera pas parce que ce n'est pas moi qui commande). J'ai trouvé Dorothy Mara Crowfoot Hodgkin, une immense chimiste. Prix Nobel de chimie 1964, c'est elle qui a isolé la structure du cholesterol, de la pénicilline, de la vitamine B12 et de l'insuline, entre autres performance.
Encore une tête scientifique de premier plan comme Adelaide Lovelace! Pourquoi grossit-on Marie Curie à l'infini ? Pour laisser les autres dans l'ombre. C'est une tactique. Elle se pratiquait déjà au XVIe siècle.
@ Emelire : j'ai publié le commentaire et... rien ! Merci Blogger !
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