Favori : Objet de prédilection de quelqu'un, dit le dictionnaire Robert. Autre sens : celui qui a de bonnes chances de gagner une compétition.
Favorite : "objet" de prédilection d'un Prince ou d'un Puissant, celle qui a la chance (?) de partager sa couche généralement. Essayez avec Balzac par exemple, dont vous pouvez reconnaître en tout bien tout honneur, qu'il fait partie de vos auteurs favoris : cela ne signifie pas qu'il a votre préférence sexuelle parmi les auteurs classiques français ! Aussi, pour ne pas mélanger les genres, va-t-on entendre en français l'Afrique du Sud, favori des quarts de finales ! Faire l'impasse sur le féminin permet de sauver la réputation de l'équipe ? Il faut mentionner que les reines avaient elles aussi des favoris.
Cuisinier : Chef qui dirige une brigade (terme militaire !) et fait une haute cuisine très chère (et prétentiarde, carnée, nageant dans le beurre et les graisses animales avec trois dés à coudre de purée de céleri, carottes et navets en décoration autour, à telle enseigne qu'il vous faut deux alka-seltzer pour faire passer, et qu'à 4 heures vous vous faites un sandwich aux nouilles tellement vous avez faim !), en invoquant les produits du terroir et sa grand-mère.
Tout cuisinier qui se respecte à appris ses recettes de sa grand-mère ou à défaut de sa mère, cependant sauter une génération est recommandé. Quand il est reconnu et célèbre, le cuisinier n'a plus aucune femme dans sa brigade.
Cuisinière : femme qui fait une cuisine sans prétention, mais nourrissante, voire roborative. Le (grand) cuisinier descend généralement d'une (petite) cuisinière qui faisait une cuisine tellement savoureuse et parfumée que rien qu'à l'évoquer, il en a les larmes aux yeux et les papilles qui frétillent. En illustration, je vous recommande toutes les émissions radio et télé de Jean-Luc Petitrenaud.
Couturier : designer, créateur (absolument) génial et inventif. Couturière : petite main indispensable, mais mal payée. La couturière a disparu pour laisser la place au prêt-à-porter des couturiers.
Héros : personnage emblématique et récurrent de la saga masculine et virile ; voyageur en cours d'initiation , triomphant de tous les obstacles mis sur sa route par un Démiurge ou le Destin. Le héros trouve l'aaamourrr en récompense de ses exploits et sacrifices. Trois archétypes de héros (mais la liste est interminable, les scenarii à succès délivrant toujours la même histoire ad infinitum et absolument sûre de faire un tabac) : Ulysse et son Odyssée, Tamino et sa Flûte Enchantée, et plus moderne mais taillé dans la même étoffe, Luke Skywalker et sa Guerre des Etoiles. Le héros et ses aventures sont fatigants voire épuisants.
Héroïne : Femelle du héros : n'a pas de destin propre. Elle n'a d'autre utilité que de réconforter le héros, panser ses plaies, et le nourrir quand il rentre à la ferme. En attendant ce jour béni, elle ronge son frein.
A contrario, dans Millenium, l'héroïne de Stieg Larsson Lisbeth Salander que j'adore parce qu'elle détrône le héros mâle (lequel s'incline de bon gré d'ailleurs, lui laissant la place en se mettant à son service) au milieu du premier opus de la série tellement elle est charismatique, énergique et vengeresse -sorte de Fifi Brindacier de l'informatique et du contre-terrorisme- sera appelée héros par quelques-uns pour ne pas la confondre avec la précédente.
Le mot de la fin à Virginia Woolf :
"I detest the masculine point of view. I am bored by his heroism, virtue and honour. I think the best these men can do is not to talk about themselves anymore".
En français :
"Je déteste le point de vue masculin. Son héroïsme, sa vertu et son honneur m'ennuient. Je pense que le mieux que tous ces hommes puissent faire est d'arrêter de parler d'eux désormais".
Virginia Woolf -1931 dans les marges d'un brouillon de discours pour la London and National Society for Women' Service.
(Se reférant sans doute au piégeage du langage induit par l'universalisme porté par la parole masculine).
Merci pour ce rappel. Même la langue témoigne de cette domination sordide qui gâche tout dans la vie des hommes et des femmes.
RépondreSupprimerHeureusement que quelques-unes ont pu s'expliquer, parler, écrire.
La lecture d'"Une Chambre à soi" de Virginia Woolf est absolument essentielle pour tout femme écrivain. C'est un texte qui a été fondateur pour moi.
Très bien vu. Sans compter que "cuisinière" désigne également ou même en premier lieu selon les dicos un appareil, donc un objet, quant à héroine, elle peut désigner moins que ca encore : de la poudre blanche.
RépondreSupprimer@ bric à brac baroque : le plus facile à lire chez Virginia Woolf, ce sont ses ouvrages féministes !
RépondreSupprimer@ Euterpe : effectivement, cuisinière est AUSSI un objet. J'aurai dû le signaler.
J'ai envie de revenir sur cette note pour te suggérer d'en faire une (que j'aimerais bien faire mais ce n'est pas mon sujet) sur des mots (dévalorisant bien sûr) à créer au masculin qui n'existe qu'au féminin style : ménagère (ménager), chochotte (chochot), pour n'en citer que deux. Juste une idée...vengeresse un peu oui, mais aussi paritaire, finalement.
RépondreSupprimer@ Euterpe : je n'ai pas terminé ma série des verbatim, aussi il y en aura d'autres. Il faut juste les écrire et les finaliser. Mais je retiens ton idée...
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