dimanche 14 avril 2024

Le conflit de loyauté, ce boulet arrimé aux pieds des femmes

Conflit de loyauté : se dit des enfants qui sont pris dans le conflit entre deux parents, par exemple au cours d'une séparation. La société leur a prescrit d'aimer également leur père et leur mère, leurs frères et sœurs, leurs grands-parents, leur famille élargie. Quand surviennent une séparation, une agression, ils se retrouvent dans une situation psychique qui leur interdit de prendre parti pour l'un ou l'autre si on leur demande de choisir, ou de prendre le parti d'eux-mêmes si un parent devient agresseur. Ce qui caractérise un enfant c'est la relation de dépendance qu'il entretient avec son entourage : il en dépend pour sa nourriture, son abri, sa sécurité et son éducation. Il ne peut pas les assurer seul. Evidemment, la situation de dépendance est caractéristique de la très petite enfance, ou de l'enfance, elle ne devrait pas caractériser l'adulte normalement majeur et émancipé. 

Au contraire de l'enfant, un-e adulte majeur-e devrait relativiser les conflits entre ses parents, sa famille élargie, sa communauté, son groupe social, en adoptant une position critique conférée par une éducation, un apprentissage, les deux donnés typiquement par l'école qui est destinée à ça, en plus des savoirs de base ou académiques qu'on attend d'une personne adulte, émancipée, autonome. L'autonomie, c'est aussi penser par soi-même hors des croyances, légendes, et formatages familiaux. Or, les filles et femmes, souvent considérées comme mineures, vivent en hétéronomie en certains endroits, prennent leurs directives de tuteurs, incapables qu'elles seraient de se diriger elles-mêmes, de prendre leurs propres décisions en autonomie. Elles auraient besoin d'un tutorat ou d'un mentorat pour se diriger dans l'existence. Les femmes sont auto-mobiles écrivait Nicole-Claude Mathieu : elles se déplacent seules à condition qu'il y ait quelqu'un au volant ! Tout ceci aboutit à un manque de confiance en elles et à la sensation de devoir rendre des comptes, demander conseil ou à accepter les directives des autres, sans discussion. 

Aussi, quand survient une difficulté, les femmes entrent dans un conflit de loyauté avec la classe sociale adverse, les hommes de la famille : pères, frères, oncles, voire fils, dont elles restent affectivement dépendantes et auxquelles elles sont soumises. Toutes les femmes expérimentent ce conflit quand elles revendiquent pour elles-mêmes des droits ou des choix particuliers. La classe sociale femmes (selon l'analyse théorique matérialiste, marxiste, des rapports sociaux de sexes) a cette caractéristique qu'elle a la classe opprimante à la maison, qu'elle entretient des liens affectifs avec. L'oppresseur est dans son lit, dans la chambre ou le bureau d'à côté, pire même, elle l'a mis au monde elle-même ! Bien sûr, la situation est totalement schizophrène. Tétanisante aussi. Imaginez un ouvrier ayant à faire face à ce type de circonstances avec son patron : la lutte pour un meilleur salaire et de meilleures conditions de travail deviendrait impossible. Ceci explique sans doute la stagnation des femmes dans les basses zones de l'économie, les postes mal payés, ou dédiés généralement en bénévolat au service des mâles de la maisonnée, conditions qui façonnent leur psyché. Leur situation de perpétuelles asservies présente toutes les caractéristiques de la normalité, au point qu'elles ne la perçoivent même plus. Les femmes " ont été convaincues qu'elles veulent ce qu'elles sont contraintes à faire et qu'elles participent au contrat social qui les exclut " écrit très justement Monique Wittig. On voit aussi s'accentuer de façon préoccupante, dans les quartiers abandonnés de la République, la pression des frères, des hommes en général, sur les filles, le contrôle de leur vêture et de leur comportement dans l'espace public, et vis à vis des garçons extérieurs au clan. 

En conséquence, on ne peut plus rien dire : le nombre de fois où je me suis fait renvoyer dans les cordes, en disant tout le mal que je pensais des insupportables comportements masculins, et où j'ai été rendue muette par obligation pour ne pas en rajouter devant certaines situations tragiques où les avaient conduites l'aveuglement de l'aaaamourrr, du mariage, renforçant leur aliénation, car si on ne peut plus rien dire, rien analyser, je ne vois pas comment cela pourrait s'arrêter, ou même changer ! C'est à tel point qu'après avoir fait l'expérience d'une association féministe, quand j'en suis partie au bout de quatre ans, je me suis juré de ne plus jamais y remettre un pied. Vive le free-lance. Au moins je peux l'ouvrir, tant pis si on me traite de misandre, d'anti-hommes, je n'en ai plus rien à faire. Je n'ai et n'ai jamais eu aucun conflit de loyauté avec quiconque : j'ai eu un père (décent, ce qui n'est pas le cas de tous, malgré ses défauts), des oncles ; j'ai des cousins, un frère, et alors ? Ils sont ma famille, et je suis une personne différente avec un vécu différent. J'ai eu des collègues de travail aussi, de très sympathiques même, ce qui ne m'a jamais empêchée de dire ce que je pense. 

Et dans le camp d'en face, comment ça se passe ? Très bien, merci pour eux. Ils vous laissent toujours leurs tours de vaisselle, ils trouvent normal d'avoir une larbine à la maison pour pas un rond. Ils arrivent même à dire du mal des "bonnes femmes", de leur belle-mère, à vous faire croire que le mariage c'est vous qui en auriez besoin, mais pas eux, alors que c'est l'inverse, nous on n'a pas besoin de ces boulets, mais eux ont besoin d'une bonne à la maison, mère, sœur, épouse, que leur linge soit propre, le ménage fait, les repas prêts, leurs enfants pris en charge; Ils ont aussi besoin de soutien émotionnel. Les féministes argentines disent sans plaisanter que sans leurs femmes, les argentins mâles crèveraient de faim. Adultes, ils ne souffrent d'aucun conflit de loyauté vis à vis de leurs mères ou sœurs. Ils ne voient même pas l'injustice et expriment leur misogynie sans pudeur ni honte. Dans ces conditions, si vous voulez reprendre votre liberté hors d'un système étouffant, il peut vous en cuire. Ces ayant-droit ne vous feront alors pas de cadeau, leur frustration s'exprimera dans le sang, Infanticide, féminicide, animalicide (ils se vengent sur les animaux de leurs compagnes, promettant l'escalade), voire meurtre des beaux-parents, de l'amant, ou même tuerie de masse (à partir de 2 mort-es), forcenés mobilisant le GIGN ou le RAID. Ils sont dan-ge-reux. Dans le silence, le mutisme, l'atonie de la société. Ah si, j'oubliais, marches blanches et cellules psychologiques, la société y est à son maximum : consensus mou, T-shirts blanc immaculé, pas un slogan. Ne pas nommer le problème. Jusqu'à la prochaine.

Il faut en finir avec tout cela. Cultiver l'autonomie des filles, l'autodétermination des femmes, arrêter de leur pourrir la tête avec l'obligation de s'en trouver un et de le garder contre vents et marées. Nous valons mieux que tous ces statuts inférieurs, que ces contraintes se transmettant, inamendables, de génération en génération.  Nous n'y pouvons rien, c'est ainsi, la vie nous éloigne, nous détache, chacun-e fait des expériences différentes de celles de la famille et de ses membres, expériences qui modifient notre façon de voir. Au contraire, c'est un enrichissement, un vent frais qui souffle, qui efface les miasmes familiaux, les traditions recuites, obsolètes, les croyances des vieux-pères. Sans renier notre histoire, le lieu d'où nous venons, nos liens et nos attachements, la liberté est possible. Avec une prise de conscience et de la volonté. Nous en sommes capables. Les filles sont bonnes à l'école, elles réussissent, elles font des carrières enviables, il n'y a aucune raison de faire des complexes. Cultivons, chérissons notre quant-à soi, notre domaine intime. Libérons-nous. Soyons fermes et défendons nos convictions sans avoir besoin de l'approbation des autres. 


samedi 23 mars 2024

Ce très commode universalisme lexical qui nous fait endosser les crimes masculins

 Cela a commencé par un xweet (soyons aussi créative que le mirifique repreneur de la plate forme X) de France Info rapportant que "les peines planchers à l'encontre des délinquants récidivistes n'ont eu qu'un 'faible effet dissuasif ', selon une étude " (ah, les études de France Info !) relayée par La Croix. Auquel j'ai répondu : "Et vous savez que les quelques 3200 femmes incarcérées sur 73 000 sous écrous pour 60 000 places disponibles, elles, ne récidivent jamais ? La récidive est masculine, mais on lit et entend sans arrêt 'la prison est l'école de la récidive'. Car les hommes, fournissant largement la population carcérale, fait passé sous silence universel, récidivent. 

Depuis environ 125 ans de déconstruction et d'épistémologie féministe (anthropologique, sociologique, psychologique, mythologique, juridique...), soit six ou sept générations bien tassées, la parité en prison n'est toujours pas atteinte dans les prisons françaises et mondiales, les femmes y étant scandaleusement sous-représentées. Pire, même, on n'en parle JAMAIS. Une abonnée m'a aussitôt répondu que depuis 1992, année de la mise en place de stages de récupération de points de permis de conduire, un professionnel de la sécurité routière lui avait précisé qu'il n'y voyait qu'une à six femmes sur vingt participants, sans évolution non plus depuis 30 ans. Il y a encore des stages où il n'y a aucune femme ! Le refus d'obtempérer du délinquant routier n'est décidément pas notre genre. 

Alors Mesdames, on joue petit bras ? On renâcle à délinquer ? On refuse le braquage de banque ? On se contente de filmer les émeutes des "jeunes" par la fenêtre de son immeuble à Aubervilliers, Dijon ou La Courneuve ? On obtempère docilement quand la police ou la gendarmerie vous demandent de vous arrêter et de vous garer ? On ne sort toujours pas une lame quand un mec vous parle mal ? On ne trucide pas Jules quand il vous quitte ? Même la baffe lestement envoyée à un lourdaud insistant qu'on voyait dans les films des années 40 et 50 n'a plus cours : désormais c'est la paralysie de tous les membres lorsqu'on se prend une main au cul ou que les insultes fusent ? Je suis moi, dans ce cas, pour le cumul des mandales. 

Et pourtant, il y aurait matière à redire et à riposter. Cantonnées dans les basses zones de l'économie sur douze ou treize métiers du soin, sans machines ni outils comme ceux des hommes pour gagner en productivité, mal payées, un bon braquage de banque bien organisé devrait aider à "finir les fins de mois" SIC comme écrit la presse ventriloque. La misère sociale, la répression et l'absence de perspectives qui sont toujours invoquées pour justifier les passages à l'acte des émeutiers (émeutière n'a pas de féminin !) ne seraient la plaie que des seuls hommes ? Mais qui est la plus maltraitée par la société patriarcale des familles, des tribus et des entre-soi étouffants banlieusards et des quartiers ? Injonctions vestimentaires, demande de papiers pour rentrer dans son logement, comme Yvette au Blosne à Rennes, discrimination à l'embauche, au salaire, à la promotion professionnelle, abandon de la femme et des enfants par les géniteurs, moi je n'appelle pourtant pas ça la félicité domestique ! Et les mecs, ils vous parlent bien ? La misogynie tisse littéralement le langage et les comportements publics comme privés. Et Jules qui se tire quand il en a assez de mômes braillards et ingouvernables, vous abandonnant dans le pétrin, il ne mérite toujours pas de représailles peut-être ? Non, je demande. Parce qu'il y a tout de même matière. Et des baffes se perdent. 

On en a tout de même une, relevant le niveau, qui s'est énervée ces derniers jours : c'est alors traitement double standard dans la presse nationale et régionale. La Dépêche du Midi le 17 mars titre : "une femme" (ah tiens ? On n'écrit plus le pudique 'un individu', une 'personne' appliqué aux hommes ? Pour les femmes, on y va franc du collier, on nomme ?), "Une femme donc, déchaînée (vous lisez ou entendez 'déchaîné' à propos de la violence masculine vous ? c'est vrai qu'eux ne sont pas 'enchaînés' comme nous, aussi on devrait lire 'désenchaînée' s'ils écrivaient en français correct et factuel) s'en prend à une dizaine de chasseurs avec une matraque et un lacrymo (quel héroïsme, cette femme contre 10 chasseurs, tous mâles, forcément) et en envoie deux à l'hôpital ! En roulant dessus avec sa voiture. Une héroïne. Notez que dans la suite de l'article, la femme en question s'est spontanément présentée ensuite à la gendarmerie, ce que les hommes, eux, ne font jamais. Mais ça m'a fait la journée et même la semaine, j'ai bien aimé, malgré le traitement inéquitable de la Dépêche du Midi. Là où les mâles délinquent, c'est présenté comme fatalité, la totalité de l'espèce renvoyée à la violence de la société, mais qu'une femme manifeste de façon un peu visible sa contrariété d'être emmerdée par des chasseurs lors d'une balade en forêt, c'est stigmatisation par les patriarcaux mutiques sur la violence masculine, mais gardiens de l'ordre sur le troupeau des femelles. Et il n'y aurait pas de quoi s'énerver ? 

Ainsi disparaît sous un universalisme de bon aloi le grand calme des femmes, contrastant avec les constantes incartades, incivilités, et les crimes masculins, les femmes toujours passées sous silence, invisibles, indétectables par leurs radars, toujours vues en creux, comme contrepoint inaudible. Mais imaginez qu'un jour nous commencions à monter en puissance dans la délinquance, puisque le féminisme est aussi un plaidoyer pour la parité, que ne va-t-on pas entendre ? Des cris, que dis-je, des hurlements d'indignation, une logorrhée d'anathèmes : j'imagine les plateaux télé avec toutologues, psychologues, médecins, psychanalystes (molosses du patriarcat, invariablement muets sur la violence masculine), experts en sécurité en train de se battre les flancs pour tenter d'expliquer la mutation. J'ai hâte de voir ça. 

Ce billet est un pamphlet ironique. Evidemment que je suis universaliste tout en gardant un œil critique sur les impasses du système. Toutefois, je ne suis pas de ces féministes réformistes pensant que si les femmes sont capables de nettoyer un évier, elles sont capables aussi bien de riveter une aile d'avion (ce à quoi j'adhère), donc qu'elles peuvent et doivent gagner la parité partout, y compris dans les activités délétères et inamendables pratiquées historiquement par les hommes : corridas, chasse, pêche, combats de coqs, guerres et autres joutes stupides où ils s'illustrent régulièrement pour l'ébahissement puis la résignation des foules. 

Passer sous silence à ce point notre calme tout en déplorant les méfaits et les crimes commis par les hommes me semble contre productif, car je ne vois pas comment lutter contre un fléau -coûteux socialement- sans jamais le nommer. Mais jetez-moi des pierres pour manquement à l'universalisme aveuglant auquel les femmes ont tellement peur de s'attaquer, ça me va aussi. Même si celles qui le font actuellement, dont je ne fais pas partie, les décoloniales, différentialistes culturelles et autres woke, errant dans des impasses théoriques, incapables de voir la totalité de l'oppression, fragmentent nos luttes, voire les cannibalisent,  et sont la meilleure caution au statu quo ante. 

Image : une contemporaine Diane vengeresse. 

dimanche 25 février 2024

Hors d'atteinte

Cette semaine, j'ai lu ce roman que j'avais mis il y a quelques semaines sur mes étagères virtuelles de Goodreads et Babelio. Il m'avait paru prometteur et pile dans ma ligne éditoriale ! 


Erin, jeune femme parisienne abîmée par une liaison avec un homme pervers manipulateur qui la dévalorise, la tient les doigts en crochet sur la nuque quand ils sont ensemble dans la rue, trouve la force de rompre. Elle adopte un chien prénommé Tonnerre, loue une petite maison avec jardin dans les Pyrénées, une voiture, rassemble ses affaires et ses économies, et prend la tangente. C'est la belle histoire d'une réparation en escaladant les pics, en randonnant dans la neige avec son chien devant elle. C'est l'histoire d'une reprise de confiance en soi, d'assurance retrouvée. Erin se reconstruit, se consolide en compagnie d'animaux : son chien, un chat à moitié sauvage et affamé qui finira par lui faire confiance et l'adopter, un renard qui passe familièrement au fond du jardin, un cerf sur le bord de la route, des marmottes siffleuses en montagne, et une hulotte qui tambourine sur son toit la nuit. De belles rencontres, surtout animales, mais aussi humaines. Un bel hommage à la nature revigorante et aux animaux, compagnons sincères et amicaux, sans jamais juger. Un petit roman court de 150 pages qui fait du bien, publié chez les Editions Cambourakis, engagées et féministes. 

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Dans mes pérégrinations sur les plateformes sociales, j'ai remarqué deux publications sur X/Twitter (on ne sait plus comment l'appeler !) : un post d'une abonnée demandant aux hommes "non violents" de rejoindre les féministes afin de faire avancer notre cause. Nouveau concept : 'nos alliés'. Je tombe sur un deuxième de Sandrine Rousseau, qu'on ne présente plus, post dédié à l'affaire Gérard Miller, où, tombant des nues, elle publie que si les "alliés" s'y mettent eux aussi à agresser et violer des femmes, sur qui pouvons-nous alors compter ? Sur nous-mêmes par exemple ? En effet, Gérard Miller soutenait sur tous les plateaux, du temps de sa puissance médiatique, la parole des femmes contre celle des agresseurs. Il me semble que poser la question c'est y répondre. Il n'y a pas plus d'alliés que de beurre en broche, il nous faut compter uniquement sur nous-mêmes, c'est cela qui est révolutionnaire et sain. En qualité de féministes matérialistes tout au moins, nous sommes engagées dans une lutte des classes, classe sociale femme revendiquant la considération et des droits égaux face à la classe sociale homme qui a tous les pouvoirs ; où verrait-on ailleurs qu'en féminisme, par exemple des syndicalistes, demander à des patrons plus conciliants que les autres (il y en a) de se joindre à leur combat et revendiquer avec eux de meilleurs salaires et conditions de travail ? J'ai bien peur que le transfuge de classe (Edouard Louis, ou Annie Ernaux pour en citer deux très connus) ne va que dans un sens, le vertical ascendant : du supposé bas, vers le supposé haut. En féminisme, je peux en citer deux qui sont restés confidentiels et sans émules, car réputés traîtres à leur classe : Léo Thiers-Vidal pour la France, John Stoltenberg pour les Etats-Unis. Lisons-les, chérissons-les, à mon avis ils n'auront pas de postérité, hormis bien entendu, leurs ouvrages. Le patriarcat les méprise comme il méprise tous ceux qu'il considère comme "déclassés". Refuser la virilité pour aller vers le camp des femmes correspond à un déclassement pour le système patriarcal. 

Dans mon précédent billet, écrit un peu à l'humour, je parlais des femmes qui se trouvent des beaux ténébreux en prison : il semble que ce n'est pas si rare finalement. Dans un article de Charlie Hebdo du mercredi 21février, Laure Daussy évoque un cas assez étonnant : la dame est une rescapée de meurtre conjugal. Elle rencontre son mec au parloir, où il lui sort déjà une lame, elle se met avec lui quand il sort, il la maltraite et la cogne, elle dépose plainte, mais continue malgré tout la relation, pour enfin le quitter et le poursuivre devant les tribunaux. Elle fera l'expérience de la justice défaillante auprès des femmes, qui ne la convoque même pas au procès de son prince, qui depuis a été expulsé vers le Maroc, où il pourra faire de nouvelles victimes. A lire l'article, la jeune femme est pourtant combative, mais étonnamment après avoir subi les pires avanies. C'est une disposition des femmes de tout supporter, sauf la solitude (condamnée par la société c'est vrai) ce qui ne manque pas de m'ébahir. Et les femmes sont la seule classe sociale impliquée émotionnellement, affectivement, avec l'oppresseur. 

Je pense que les hommes n'ont rien à gagner, de leur point de vue, à faire cause commune avec les femmes. S'ils en espéraient un gain, il y a longtemps qu'ils nous auraient rejointes. Mais ils ont tout à perdre d'une autonomisation des femmes de leur emprise : le pouvoir économique, social et politique, sans parler d'une domestique gratuite à la maison. Ils nous ont domestiquées, castrées psychiquement et métaphysiquement durant des millénaires, une entreprise de démolition littéralement, affectant durablement notre psyché -ce qui explique le masochisme de pas mal d'entre nous et notre capacité à tout gober- en nous persuadant que sans eux nous ne sommes rien, qu'il n'incomberait qu'à nous de montrer notre solidarité, alors qu'eux s'affranchissent de cette obligation. Et l'entreprise marche du feu de dieu. Aux récalcitrantes, ils répliquent par la terreur, en en tuant une de temps en temps, ça fait tenir à carreau les autres ; ils peuvent aussi, en guise d'avertissement, plus bénin pensent-ils, s'attaquer à nos animaux en faisant un carnage, dans l'atonie de la société vu que c'est que des bêtes après tout. Donc personne ne dit rien avant une prévisible escalade. Il est temps de déceler dans leurs pratiques viriles, chasseuses et désinvoltes, pour dire le moins, vis à vis de la nature et de tous les êtres vivants, dans leur comportement de maîtres et possesseurs de tout ce qui vit et bouge, dans leur prétention à réguler (mais pour qui se prennent-ils ?) les autres espèces, à piétiner les autres terriens, les symptômes annonciateurs de graves passages à l'acte. C'est une question de sécurité publique et de survie de l'espèce. 

" They are only great because we are kneeling. " *

Etienne de la Boétie. Discours de la servitude volontaire. 

* 'Ils sont grands parce que nous sommes à genoux'.

vendredi 2 février 2024

Trous noirs

Comme escompté, mon billet ci-dessous n'a pas marché. Flop. Notez tout de même que le module statistique de Blogger n'est pas du tout au point, qu'il ne me comptabilise pas des tas de trucs, exemple l'audience qui vient lire sur l'adresse générale n'est pas comptée dans les statistiques d'un billet donné, et pire, la navigation sur mon blog, non plus. Avec des statistiques comme cela, c'est difficile de compter. Mais quand même, j'ai d'autres indices. Statistiques et culturels. Le sujet femmes se défendant elles-mêmes, n'est pas du tout porteur. Il n'y a qu'à constater le mutisme sur mes plateformes sociales quand j'évoque le sujet. Quand j'ai un partage, c'est quasiment à coup sûr le fait d'un homme, les femmes sont plus timorées, quand j'ai un favori, j'atteins le niveau maximum de leur soutien. Les femmes trouvent encore normal de faire dévolution de leur sécurité à l'adversaire de classe. La légende du preux chevalier est tenace. Le nombre de femmes violées, torturées, tuées après avoir fait confiance à un homme sur une route, pour un 'lift', un dépannage, un service, ou simplement chez elles, est numériquement hallucinant, mais la croyance est tenace. Et l'oppresseur, on vit avec. Imaginez la scène chez la femme de Dino Scala, ou chez le pompier Robert Greiner, à 6 heures du matin, la Gendarmerie débarquant et expliquant à Madame que Monsieur ne rentrera pas ce soir, son ADN a été retrouvé sur les scellés d'une victime de viol et une scène de meurtre remontant à plusieurs années, vu que nous ne lâchons jamais l'affaire. Sur le moment, elles doivent voir flou. 

Les 'femmes de droite' d'Andrea Dworkin sont toujours d'actualité, hélas : on espère avoir trouvé le 'bon numéro' comme prescrit par les hautes instances patriarcales et ses innombrables agent-es, on fait tout comme il faut dans la banalité sociale, on promène le chien, on repasse bien les torchons, on fait double journée pour un demi-salaire, et normalement, ça doit voguer jusqu'au port, vent faible, mer calme, quiétude familiale. Quitter la proie de la domesticité au service de tous, (souvent avant d'être larguée en rase campagne vers 50 ans pour une plus jeune, mais je sors du sujet !) pour l'ombre de la liberté, de l'autonomie et de l'autodétermination, de la légèreté, la liberté de s'affirmer dans un chemin hors du troupeau n'est pas pensable. C'était exactement ainsi que raisonnaient les 'femmes de droite' décrites par Andrea Dworkin dans son ouvrage. 

Malgré le Dieu Moloch qui a toujours faim et qu'il faut nourrir. Malgré les féminicides, qu'on décompte en se récriant que l'état patriarcal ne donne pas assez de moyens, alors que sa police et sa justice arment les agresseurs, en tous cas, ne les désarment pas. Souvenez-vous des centaines de bracelets électroniques anti-rapprochement tout neufs qui traînaient, et traînent encore à mon avis, inemployés, dans leurs tiroirs, les "revenez demain", les plaintes classées sans suite, pendant que les femmes meurent. Faire un exemple sur une de temps en temps, et toutes les 'pisseuses' se tiennent à carreau, terrorisées. Le système fonctionne du feu de Dieu, la soupe est prête, les enfants lavés et couchés, plus qu'à se mettre devant la télé ou Netflix. Pour effacer les petites humiliations multi-quotidiennes qu'ils se coltinent au boulot, rien de tel qu'une femme et une famille sur qui se venger à la maison. 

Plus perturbant encore, les méchants trouvent preneuse. Guy Georges, tueur d'une série de sept femmes, et sa peine touchant à sa fin, donc accessible à une demande de libération, a trouvé épouse en prison, une de ses visiteuses a succombé à son irrésistible attraction (apparemment) et l'a épousé. Nordhal Lelandais, autre tueur sériel d'une fillette et d'hommes, vient d'être père d'un 'enfant parloir' conçu lors d'une visite dans sa geôle. Pauvre môme : encore un qui commence sa vie avec un pédigrée social chargé. Il y a aussi le terroriste Carlos : il a trouvé femme en tôle. Elle était son avocate, elle est devenue sa femme tout en restant son avocate. La femme couteau suisse, en somme. Je pense que si on fait une enquête sérieuse, on va en trouver de pleines charrettes. Non, franchement, vous qui êtes dehors et qui vous plaignez que la drague ne marche pas, tentez l'incarcération ; ça se joue, votre âme sœur, selon la terminologie en vigueur, vous attend peut-être au parloir. 

Moi, je pense que les femmes devraient sortir armées, mais bon, opinion personnelle non consensuelle, pas populaire, tue l'aaamourrrrr. J'ai regardé un samedi Au bout de l'enquête sur France 2, normalement dédiée aux cold cases, mais les émissions sur le crime faisant de l'audience, ils ont embrayé sur les faits divers qui ont défrayé la chronique. Sans un mot plus haut que l'autre : les psychopathes tueurs sont à 99,99 % des hommes, les victimes, lacérées, étranglées, violées, découpées au couteau, tuées au fusil de chasse (dans ce cas, la chasse est ouverte toute l'année !) sont à 99,99 % des femmes, mais silence, motus, pavé sur la langue, énorme éléphant invisible dans la pièce, etc, etc. Ce dernier numéro donc, était sur les deux Frères Jourdain, deux gros mâles frustres du quart-monde, élevés aux allocations familiales et aides diverses (l'élevage est subventionné partout, c'est dingue) vu qu'il faut fournir des troupes fraîches à l'oppresseur ; les frères Jourdain donc, aux mains en battoirs ont enlevé (sans violence, elles sont montées dans leur camion sans contrainte, à quatre), violé et torturé pendant des heures, avec tous instruments imaginables, par tous les orifices possibles, puis étranglé et enterré quatre jeunes filles trouvées au Carnaval du Portel, en Pas-de-Calais, en 1997. La dernière a même été enterrée vivante, l'autopsie lui a trouvé du sable dans la trachée. 

Les hommes font ça et la société et ses psychologues disent que  le mal est sans pourquoi* ! Sans même mettre en garde, sans donner les moyens de se défendre, sans avertissement, rien. On vous livre au bourreau sans états d'âme. Pire même, en encourageant, voire forçant par tous moyens, par dressage social, injonctions, menaces de rater sa vie, les femmes à s'en trouver un, et à s'attacher des sacs de sable et des boulets aux pieds, des menottes aux poignets, de façon que toute cette violence contre nous, violence contagieuse, traversant les générations, se gravant dans les mémoires et les gènes, fabriquant des générations de femmes craintives, des cortèges de mortes, blessées, marquées à vie, où les hommes peuvent venir puiser et se servir, en boucle, perpétuant à jamais un continuum tragique, un terrible hachoir, un meat grinder.


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" Un soleil noir. Au capital d'empathie très restreint "

C'est ainsi que l'autrice de Vers la violence, Blandine Rinkel, décrit le père qui a enchanté, fasciné, et saccagé son enfance. Ogre séduisant à grosse moustache, montrant ses trente-deux dents quand il riait, conteur de légendes antiques et de la sienne propre largement inventée, serrant la gorge de sa fille avec une main en jouant au jeu de la barbichette, lui tordant les bras avec ses grosses mains, balançant des coups de pieds dans la gueule du chien de la famille quand il rentrait du travail, et dissimulant une grenade dans un des tiroirs de son bureau : on est glacée de terreur pendant la première partie du roman, l'enfance de la narratrice ; pour l'épouse qui croit le désarmer par la douceur, et pour sa fille qu'il nourrit de viande de cheval pour l'aguerrir et empêcher chez elle le goût pour les activités de "fillette". Un dressage paternel implacable qui la fera, à l'âge adulte, adopter des conduites à risque, à se mettre en danger. Puis, elle s'éloigne du père toxique pour devenir danseuse et végétarienne, écrivaine, poly-artiste, tous métiers et marotte de "fillette". Un magnifique roman sensible bien écrit, décrivant les séquelles laissées par la violence latente dans laquelle baigne l'héroïne. Roman couronné par le Prix des lectrices de Elle, prix qu'il mérite largement. 

*Citation de Laure Heinich dans Corps défendus.

Un trou noir est un corps céleste dont la force gravitationnelle est telle qu'il attire et absorbe tout objet et toute la lumière qui passe à sa proximité, sans rien restituer. D'où sa couleur noire opaque. 

dimanche 14 janvier 2024

Se défendre

 Une philosophie de la violence, par la philosophe Elsa Dorlin.


Des juifs du Ghetto de Varsovie qui décident de mourir les armes à la main plutôt qu'en attendant passivement leurs bourreaux, en passant par les suffragistes anglaises qui importent le Jujitsu pour riposter aux violentes attaques de la police, et au Black Panther Party qui se démarquait du Mouvement pacifiste des droits civils conduit par le Pasteur Luther King, Elsa Dorlin écrit une philosophie de la violence.

Dans ses premiers chapitres, l'ouvrage est une histoire du droit de se défendre à travers les âges, de qui peut porter une arme, un peu à la manière de Camus dans L'homme révolté, histoire de la révolte, ou de Surveiller et punir, histoire du châtiment par Michel Foucault. Sont typiquement exclu-es du droit de se défendre, les esclaves, les femmes, deux catégories qui ont un propriétaire, qui ne s'appartiennent pas, et les colonisés renvoyés à des mœurs sauvages, violentes, et qu'il convient donc de civiliser et dont il faut se protéger. Le droit de porter une arme et de se défendre individuellement, privilège des hommes et des propriétaires pour défendre leurs biens, sera progressivement codifié dans le droit, allant des personnes privées à la puissance publique des états et des démocraties. Juridiquement, la justice deviendra un droit régalien des états qui, seuls, détiendront le monopole de la violence. A l'exception toutefois des "vigilants", résiduellement tolérés aux Etats-Unis, séquelle historique d'un état ségrégationniste où les afro-américains paient un lourd tribut en terme de morts violentes, aggravée par le deuxième amendement de leur constitution qui permet à tout citoyen de s'armer. La figure du justicier reste très prégnante dans toutes les formes de la culture étatsunienne (vigilantisme).

J'ai trouvé les chapitres 6 et 7 particulièrement ardus sur les sujets de l'intersectionnalité, de l'anticapitalisme et du racialisme, assignant à résidence. Ils opposent féministes noires et féministes blanches, querelle malheureusement actuelle et non résolue, les féministes "blanches" ayant été instrumentalisées par les lyncheurs du Sud au motif qu'elles auraient été victimes de violeurs noirs. Mais, précise l'autrice, une partie d'entre elles se rebiffèrent contre cette odieuse instrumentalisation en faisant valoir que des violeurs blancs violent des femmes blanches aussi bien que leurs sœurs noires. Elle fait aussi une vive critique des "endroits safe" * qui ne seraient pas si "safe".

C'est au chapitre 8 que le cas des femmes est abordé de façon substantielle avec l'étude du cas Bella, l'héroïne de Dirty Week-end, roman d'Helen Zahavi paru en 1991 en Grande-Bretagne, et aussitôt ridiculement mis à l'index par la censure anglaise. Les censeurs n'ont, en effet, pas apprécié le constat des multiples agressions, de la plus vénielle à la plus grave, que subissent les femmes dans l'espace public et chez elles, constat que fait très bien Bella. Ni qu'elle introduise dans cette insécurité permanente sa "puissance d'agir" en trucidant les importuns, contrant ainsi les représentations victimisantes communément admises, qui vont de pair avec des stratégies politiques de recours à la protection de l'état dont on voit ce qu'elles donnent : plaintes pour coups, agressions et viols rarement prises en compte par la justice, non traitées, voire refusées, femmes laissées sans protection face à l'agresseur intime, victimes accusées d'imprudence, voire victimisation de l'agresseur, dans ces inversions dont les patriarcaux ont le secret, etc.

La norme dominante est la féminité vulnérable : scopophilie, voyeurisme sadique, érotisation des femmes sans défense et de leurs corps blessés ou de leurs cadavres outragés qui plombent aussi le cinéma, les séries, la littérature noire, les descriptions des "faits divers". Les insupportables et incessantes campagnes de dénonciation des violences faites aux femmes en sont les témoins. En montrant des femmes à terre, couvertes de bleus, levant en signe de seule défense une main ensanglantée en premier plan, elles sont un tribut offert aux agresseurs en situation de puissance, capables de battre, blesser et tuer. Elles humilient les victimes toujours montrées dans l'impuissance, alors que les corps des agresseurs eux, restent hors champ. Elles montrent, selon Elsa Dorlin, les failles d'un féminisme qui n'a pas construit pour toutes une communauté dans laquelle puiser une " rage auto-protectrice ", d'être, " non pas en sécurité, mais en capacité d'élever sa puissance ". Autrement dit, " l'autodéfense en réponse aux agressions ne constitue pas ou plus une option politique pour le féminisme ". Leur stratégie politique est le recours aux aides financières et à la protection de l'état, pourtant à l'évidence patriarcal, et dont on sait ce qu'elles donnent. Le nombre de tuées semble incompressible.

Tout en reconnaissant d'un coup d'œil les fragiles, les abîmées, celles qu'ils pourront attaquer, les dominants sont ignorants des autres, précise Elsa Dorlin. Ils sont engagés dans des postures cognitives qui leur épargnent de voir les autres, là où les gens du care, les femmes, les racisé-es, vivant en hétéronomie, catégories sociales cantonnées aux soins, elles/eux, sont engagés dans la considération et l'observation fine du sujet de leurs attentions et soins dans le but de survivre. 'Un jour, il faudra sortir les couteaux' comme énonçait, pour les mêmes raisons, Christiane Rochefort, dans sa préface à la première édition en français de Scum Manifesto.  

Un ouvrage empowering à mettre entre toutes les mains. C'est de la philo, avec citations de philosophes et le vocabulaire qui va avec. 

Deux citations : 

* " Safe est un pharmakon, un remède, une injonction qui soulage face à des vies invivables. Mais c'est aussi une injonction qui empoisonne, qui contraint des vies militantes à la retraite, qui les pousse à quadriller leur propres camps de retranchement, à purger leurs rangs. "


" 'Passer à la violence'  -celle de l'action directe et de la revendication sans compromission- est ainsi lié au constat que la revendication d'une égalité civile et civique ne peut être adressée pacifiquement à l'état puisque ce dernier est le principal instigateur des inégalités, qu'il est vain de lui demander justice car il est précisément l'instance première qui institutionnalise l'injustice sociale, qu'il est donc illusoire de se mettre sous sa protection puisqu'il produit ou soutient les mêmes dispositifs qui vulnérabilisent , qu'il est même insensé de s'en remettre à lui pour nous défendre puisqu'il est précisément celui qui arme ceux qui nous frappent. "

Leur violence est politique. Nous n'avons pas à demander à l'opposant sa permission, son autorisation ou sa validation pour lutter contre notre oppression.  

J'ai trouvé la référence Se défendre dans La terreur féministe par Irene. 

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Les techniques de défense évoquées dans le billet

Le jujitsu est une technique japonaise de combat basée sur les points de déséquilibre et les faiblesses de l'adversaire. Il a été introduit en Angleterre par un maître japonais au début du siècle dernier, et adopté par les féministes suffragistes pour lesquelles il l'avait adapté, puis créé un club. 

Le krav-maga est une technique d'auto-défense au corps à corps, incapacitante pour l'agresseur, inventée par un Juif slovaque qui rejoint la Palestine en 1942. Il est devenu une sorte de mythe fondateur de l'état Hébreu et est praticable par tout le monde, femmes incluses. 

Je rajoute le Tai-chi, également art martial, chinois cette fois. Souvent pratiqué par des femmes, il n'est généralement pas vu ainsi, et pourtant Emmanuel Carrère en fait la démonstration dans Yoga en racontant l'anecdote qu'une de ses camarades femme de club de Taï Chi, attaquée dans le métro par un voleur de sacs à mains, s'en est tirée en faisant le mouvement ' les mains séparant les nuages ', déséquilibrant son attaquant, le renvoyant dans le mur avant de le faire tomber, puis fuir. Les mouvements de Tai-chi chuan sont lents, fluides, mais bien maîtrisés et réalisés très vite, ils sont redoutables, ce qui en fait sans aucun doute un art martial, selon Emmanuel Carrère.

Que vous appreniez une de ces techniques, ou d'autres, techniques dont vous n'aurez sans doute pas à vous servir, en tous cas pas tous les jours, présente un autre avantage selon moi : elles développent notre confiance en nous, notre assertivité, elles nous autonomisent, nous délivrent de la peur, et nous donnent une autre allure dans les lieux publics. Cela fait une considérable différence.