vendredi 26 octobre 2012

Faux procès en sexisme ?

L'Express s'est retrouvé ces derniers jours sous les feux des féministes au sujet de plusieurs couvertures jugées misogynes par différents sites et blogs. Je les ai évoquées ici même deux billets plus bas dans "Rhétorique de la calomnie, du viol et de la violence". Cette semaine, excédée par les attaques, dans sa rubrique "Express yourself", la Rédactrice en Chef de l'Express Service Société (le service politique est réservé aux hommes comme m'a un jour expliqué entrequatzyeux une journaliste de Libération) se fend d'un article pour la défense de Stéphane le Fol, Ministre de l'Agriculture, pris à partie lui aussi par ces viragos de féministes pour avoir prononcé la malheureuse phrase suivante : "J'ai tenté de promouvoir des femmes le plus possible [au ministère de l'agriculture], bien que nos dossiers soient très techniques" ! Et effectivement, son cabinet est paritaire, malgré les dossiers tekniks où les femmes ne seraient pas compétentes.

"Madame, chez nous, c'est très technique et très spécifique" est la phrase que j'ai le plus entendue dans ma carrière d'ingénieure commerciale. Dans les industries, les bureaux d'études, les SSII, les services de R&D, toutes les sociétés de technologies des technopoles de l'Ouest (Rennes Atalante, Nantes Atlanpole, Brest, Caen, Angers, Lannion Technopoles...) que j'ai rencontrées dans ma pratique professionnelle, soit comme chargée d'affaires, soit comme candidate à un emploi de commerciale B2B, je l'ai entendue jusqu'à la nausée, et je n'ai pas fini de l'entendre, vu le backlash sévissant. Il faut dire que, candidate à un poste de technico-commerciale ou manageure commerciale, je suis généralement la seule femme à avoir postulé et que j'ai donc droit à une visite gratuite (pour eux), la curiosité étant la plus forte. Comment ça ? Une bonne femme a le culot de candidater ? Mais on veut la voir ! A ses frais bien entendu, tant que ça ne mange pas de pain... Trois en un comme chez les lessiviers : sexistes, ploucs ET radins ! Pour mes recommandations / propales de 40 pages d'ingénieure commerciale ayant rapporté une affaire (oui, je gaze, j'ai la faiblesse de penser que je suis compétente et les prescripteurs-acheteurs, ces pauvres poussins, ne voient jamais de femmes, donc ça me sert !), le directEUR teknik a tendance à surveiller de près mes pages d'écriture (où je suis cent fois meilleure que lui, au moins les miennes ne sont pas bourrées de fotes dortograf ni de fransais), pour le cas où je profèrerais une énormité technique. Qu'ils se rassurent tous : je ne suis pas comme les mecs, moi, quand je ne sais pas, JE DEMANDE ! Ce qu'eux ne font jamais.

Je rassure Stéphane Le Fol : l'agriculture m'a épargnée. OUF. Mais au fait, pourquoi donc ? Cette profession n'est pas connue pour ses pratiques paritaires, j'ai également eu l'occasion de l'évoquer ici. Et je n'ai aucune formation agricole. Réponse : parce que j'y travaille en bénévolat pour deux ou trois ONG d'activistes de protection animale. ONG qui me demandent de temps en temps d'aller (je cite une action parmi d'autres) au SPACE à une conférence de l'ITP-IFIP (Institut Technique du Porc, dirigé par une femme d'ailleurs, qui sera la conférencière) sur, tenez-vous bien : les différentes techniques et pratiques de castration à vif des porcelets dans l'Union Européenne. Et les méthodes substitutives à mettre en place dans le cas d'un ban demandé par les lobbyistes des ONG précitées. Plus teknik, tu meurs. Comme je suis sérieuse moi, en tous cas plus que certains mecs, je ne vais pas y aller sans munitions, question de professionnalisme, les animaux le valent bien. Plusieurs heures de préparation (bénévole gratuite) plus tard, après avoir trouvé sur Internet et lu de la documentation et des statistiques en anglais (l'UE pond ses documents sur ces sujets en anglais, pas une ligne en français), après m'être coltiné le droit européen (je n'ai pas non plus de formation de juriste) et les différentes directives, notamment la Directive porcs, plus les documents commerciaux de la très américaine firme Pfizer qui est la première à proposer un vaccin anti-couilles de porcelets à base d'hormones -elle est aussi l'inventrice du Viagra, produit nettement plus pro-couilles, quand il s'agit de celles de l'espèce humaine !) je suis fin prête. Je passe la journée au SPACE, vais à la conférence, pose mes questions, m'intéresse, note en buvant du petit lait que nos ONG sont craintes par le lobby, reviens avec des pages de notes, les synthétise et les mets au propre. Les envoie au bon endroit. Qui me remercie. Deux jours plus tard, j'ai des commandes de Belgique et de Hollande pour des envois supplémentaires. Mais à part cela, les bonnes femmes sont des nouilles incompétentes en teknik.

Conclusion : les femmes ne sont compétentes que quand elles travaillent pour la peau. Le larbinat féminin a de l'avenir. Les différentes remarques sexistes et injustes des ministres, de leurs cabinets, et des journalistes qui les soutiennent et défendent ne sont proférées que pour maintenir le statu quo : à la cuisine les femmes, the place where they belong ! Il va de soi que je ne regrette pas ces travaux et bien d'autres, pour des associations qui défendent une cause juste et bonne. Je signale juste l'habituel double standard. Mais fini de parler de moi. Ça m'a tellement énervée, cette histoire...

Je vous mets un cadeau bonus, en guise d'excuses pour ce billet malpoli, une vidéo de l'espiègle Bridget Kyoto, que je dédicace spécialement aux Ministres de l'Agriculture et de l'Elevage, passés, présent et à venir :



* B2B : Business to business - Propale : Proposition commerciale. 

samedi 20 octobre 2012

NDDL - Notre-Dame des Landes : Vinci et le front des bétonneurs

















Mardi 16 octobre au matin à 6 H 45, sur le site de la ZAD (Zone à défendre) où est prévue par Vinci, le groupe de travaux publics, la construction contestée de l'aéroport Notre Dame des Landes entre Rennes et Nantes, 500 CRS ont délogé les militants et squatteurs qui occupent le site depuis trois ans. Dans l'indifférence des grands médias nationaux.
France 2 l'a mentionné furtivement le mardi midi, les télés locales concernées, comme RennesTV dans ce film ont rapporté quelques images, mais à part cela, rien. L'ex-maire de Nantes, actuel Premier Ministre Jean Marc Ayrault, promoteur du projet, était en Indonésie pendant que son préfet évacuait les opposants.

Les opposants sont de deux sortes : les agriculteurs historiquement installés sur le site de 2000 ha qui seront expropriés par l'état, leur terres rachetées pour des clopinettes, et différents squatteurs, refusants, environnementalistes, alternatifs, qui sont venus occuper le terrain. Selon ce film réalisé par deux militants écologistes Notre-Dame des landes, au coeur de la lutte, les paysans interrogés évoquent des tracasseries telles des contrôles sanitaires à répétition qui n'arrivaient pas dans le passé, et la suppression de leurs aides PAC (aides européennes). Ces procédés mesquins sont utilisés pour les décourager et les faire partir le plus vite possible. L'agitation des peurs avec l'argument de la dangerosité de l'actuel aéroport de Nantes Atlantique, ainsi que sa saturation (il n'accueille que 3,8 millions de passagers / an et est de même taille que l'aéroport de Genève qui en accueille 12 millions !) sont de faux arguments utilisés par les bétonneurs qui veulent le déménager à N/Dame des landes, artificialisant ainsi 2000 ha de terres en détruisant encore plus la biodiversité de ce lieu remarquable (on y trouve des tritons et salamandres, ces amphibiens protégés que les CRS ont d'ailleurs écrasés sur les chemins lors de cette intervention). La Loire-Atlantique fait déjà disparaître sous le béton et le bitume l'équivalent de ce même aéroport chaque année. Sources : les spécialistes du film en lien ci-dessus, dont un pilote de ligne et une Conseillère Générale, ex-maire de Bouguenais, Loire-Atlantique.


















En trois ans, les occupants se sont organisés : une cabane confortable à un étage avec vue imprenable sur la forêt a été construite, Le Sabot, un potager collectif produit de quoi nourrir 100 personnes à l'année. Un boulanger s'est même installé sur le site pour fournir du pain aux 150 habitants de la ZAD. Aujourd'hui, la cabane est détruite, le potager est pollué par 2H30 de dispersion de gaz lacrymogènes, les militants se sont réfugiés dans les arbres de la forêt de Rohanne où les conditions de vie en cabane sont difficiles : il pleut depuis le début du mois, ils manquent de vêtements chauds et de chaussettes notamment, et il faut se nourrir sans le potager. Les accès ont été bloqués (sauf pour les téméraires qui connaissent la topographie de la forêt et peuvent y crapahuter de nuit à leurs risques et périls) et les militants n'osent pas sortir car ils ne pourront pas revenir, selon cet article du Télégramme La résistance s'organise, et le film de 14 minutes NDDL : la forêt de Rohanne au troisième jour de la résistance. Vous y remarquerez que des femmes environnementalistes sont là, très engagées dans la défense de la biodiversité.

Source des photos : Blog du Collectif de lutte contre L'Aéroport NDDL

Liens : Un (bon) billet éditorialisé de Superno :
Assourdissant silence médiatique sur la guerre civile contre l'écologie
Le fil d'infos du portail breton 7seizh Infos
Le Scoopit des vidéos de l'ACIPA, remis à jour régulièrement
La revue de presse de l'ACIPA, actualisé en permanence


Le début des travaux par Vinci est prévu pour 2017. En attendant, les choses ne sont pas réglées : selon cet article de Terraeco, bien que soutenu depuis longtemps par l'état, le projet pourrait être retoqué par Bruxelles et sa loi sur l'eau. En effet, construit sur des zones humides avec biodiversité remarquable, il ne respecte pas la législation européenne sur l'eau et les milieux aquatiques. Mais cela fera-t-il reculer un édile local qui en a sans doute fait le grand œuvre de sa carrière politique, une sorte de couronnement coulé dans le béton, cadeau empoisonné pour les générations futures ?


Actualisation 24/10/2012 : Coûts de l'expulsion des habitants de la ZAD (Zone d'aménagement différé selon les autorités, Zone à défendre, selon les opposants) : au bas mot 500 000 euros. Salaires de 1200 policiers, frais d'hôtel et de logistique, hélicoptère à visée nocturne, etc... L'article de Presse-Océan.

La résistance se réorganise : pendant que Jean-Marc Ayrault était chez Patrick Cohen sur France Inter ce mercredi matin, le collectif Ile de France des opposants occupait les ondes de France Culture à la même heure (vers 15 ' 40).

Et sur le site Zone à défendre, Tritons crété-e-s contre béton armé, des propositions d'action allant de modèles de lettres aux élus, au Président de la République, de modèles de banderoles à mettre sur vos fenêtres et balcons pour celleux qui sont ou pas dans la région, et des propositions d'aides aux opposants si vous résidez en Bretagne ou en Pays de Loire. Des associations de protection de la nature cherchent également des photos de salamandres écrasées sur le site par les CRS. Merci de votre soutien.

dimanche 14 octobre 2012

Rhétorique de la calomnie, du viol et de la violence





























Calomniez, violentez, dégradez, il en restera toujours quelque chose et ça pourra resservir pour justifier les pires actes. La couverture de Vogue Homme de septembre montrait un mannequin homme étouffant Stephanie Seymour et lui agrippant le sein en guise d'acte d'amour selon cet article de MailOnLine. Des associations féministes, toujours selon l'article, ont demandé le retrait du numéro des kiosques à Conde Nast, l'éditeur du magazine, en invoquant une image perturbante de violence contre les femmes envoyant le signal désastreux que l'étouffement serait un signe de passion et pas de violence. De plus, le photographe, Terry Richardson qui a réalisé le cliché a été accusé en 2010 de harcèlement sexuel sur un autre modèle pendant des séances de photographie. Cette photo nous rappelle en France une affiche contre le viol (bas d'écran) où une femme est agrippée de la même façon par son agresseur. Plus de doute, le message est clair, il s'agit de la glamourisation d'une agression sexuelle par Vogue Hommes.


Pas en reste, l'actuelle campagne de publicité de France 3 utilise la calomnie en parodiant au « deuxième degré » les émissions de télé-réalité, suivez le lien  La nouvelle pub de France 3 qui pique les yeux. Parmi trois autres, il y a le visuel ci-dessus « communiquant » sur l'émission 30 Millions d'Amis, émission consensuelle et familiale s'il en est, montrant de gentilles bébètes, chats, vaches, ânes, chiens, toutes sortes d'animaux bien sympas, surtout quand ils sont au service de l'espèce humaine, tels les fidèles chiens de chasse, les Saint Bernard ou les chiens d'avalanches, et ces braves malinois qui cherchent de la drogue, des explosifs et des armes planqués sur les délinquants ! Message : regardez comme ils nous rendent des services, ces gentils animaux, en flattant l'utilitarisme borné de l'espèce humaine ! Malheur aux animaux sauvages en fond de décor : on peut les braconner sans vergogne et sans pitié puisqu'ils ne « servent à rien » ou qu'ils "sont nuisibles", eux ! Bref, dans une série de trois noms d'animaux (j'allais dire d'oiseaux !) deux sont au masculin : cochons, porcs, et un au féminin : chiennes. Et d'aucuns se demandent si c'est sexiste ? Bien sûr que c'est sexiste, chienne a une connotation sexuelle torride, en plus, une insulte au féminin est toujours plus stigmatisante. C'est absolument sexiste mais c'est aussi spéciste : cochons, porcs, progression de la saleté corporelle à la saleté des moeurs. Tant pis si le visuel montre deux lapins ! Note à France 3, les cochons ne sont pas sales : ayez-en un chez vous, laissez le organiser son intérieur lui-même, et vous allez voir son ingéniosité à mettre son coin pipi contre le vent pour que cela ne lui reflue pas dans le groin qu'il a délicat ! Stupéfiant et intelligent cochon à mauvaise réputation, calomnie taillée sur mesure pour mieux le tuer pour nos besoins : spécisme et sexisme, cela marche tellement bien ensemble. Animalisation des femmes et ostracisation des animaux : coup double.

L'Express en rajoute une couche. Le photomontage est emprunté à Arrêt sur images. Les Nouvelles News en a fait un article à lire en suivant ce lien Ces unes qui détestent les femmes.Tout ça pour faire de l'audience et augmenter les ventes au numéro. Objectif atteint pour les ventes ? Je ne sais pas, mais ça a bien agité les réseaux sociaux qui y ont exprimé leur indignation !




















Et un dernier lien édifiant de La Libre Belgique vers un article qui parle de 4 policiers inculpés de viol collectif. Leur syndicat précise que les policiers ont d'excellents états de service, mais que leur présumée victime en revanche a "un certain pedigree au sein de leur zone de police". Outre le fait qu'ils l'animalisent (ce sont les animaux qui ont un pedigree) cela signifierait qu'elle est menteuse, affabulatrice, malhonnête, pire ? On se doute que ce n'est pas une remarque flatteuse, en tous cas. Après le verdict désastreux du procès des viols collectifs de Fontenay sous bois, on se doute que ce champ lexical dégradant pour les femmes est bien destiné à nier les crimes commis et à décrédibiliser la parole des victimes.
Sale temps pour les femmes, décidément.

Une pétition des Féministes en mouvement est en ligne : 
Après le verdict de Créteil, nous exigeons une réponse politique #contreleviol

lundi 8 octobre 2012

Marche de nuit non-mixte pour l'appropriation de l'espace public par les femmes

Vendredi soir 5/10/12, marche de nuit non mixte femmes et lesbiennes à Rennes comme je l'avais annoncé dans un précédent billet. Le Mensuel de Rennes en a parlé ici.


Évidemment, ayant écrit un billet sur les milices du patriarcat, je ne pouvais qu'en être, comme environ 120 à 130 autres femmes. Nous avons marché deux bonnes heures dans le centre ville, parmi les fêtards du vendredi soir, sans incident notable, hormis un type qui a essayé de briser le cortège avec sa voiture, parce que son feu passait au vert. Vingt minutes plus tard, il n'avait pas bougé d'un pouce, immobilisé par nous, femmes en colère, et c'est lui qui était vert !

Thème : toutes ensemble n'ayons plus peur de sortir la nuit. Extrait du manuel du Collectif féministe à l'initiative de la Marche :

"Marre d'être matée, interpelée, importunée, sifflée, insultée et ce, dans la rues, les transports, les cafés, les jardins publics, quand nous sommes à pied, en vélo, seule ou avec des copines. Chaque jour, en traversant l'espace public, nous recevons des milliers de signaux qui nous confirment que nous vivons bel et bien dans une société où la rue devrait appartenir aux hommes. Il est parfois difficile de réagir car nous n'avons pas toujours les ressources physiques et mentales pour riposter à celui/ceux qui nous agressent. Ce que l'on sait, en revanche, c'est qu'opposer un geste ou une parole de résistance, même minime, à qui veut vous réduire à l'état de morceau de viande jugé bon à consommer, ça fait du bien au moral ! S'interdire de banaliser le machisme quotidien, ça aide à conserver son amour propre. Bien sûr, si on répond, il faudra s'attendre à recevoir des "salopes" que l'on lance aux femmes insoumises, mais cela créera surtout de la surprise et de la déstabilisation."

Les banderoles



Les pochoirs (nous aussi, nous avons laissé nos marques de passage sur le territoire parcouru) : 


Et très poétique, le clitoris ailé qui vole ! 

La qualité des photos n'est pas extraordinaire, mais je n'ai pas pu faire mieux : j'ai un petit appareil numérique et la nuit, avec des éclairages calamiteux comme place de l'Hôtel de Ville, ce n'est pas facile.
Selon cet article du Monde, La rue, fief des mâles alors que les femmes s'y déplacent plus, les besoins de hommes et des garçons prévalent : terrains de foot, street parks, tous ces lieux bétonnés et artificialisés grignotent partout la biodiversité et accaparent l'espace. Notez qu'ils ne les empêchent pas d'envahir de leur jeux de ballons et de leur planches les espaces non dédiés : ils sont les maîtres partout dans l'espace public, alors que les filles et les femmes ne vont pas plus sur les street parks qu'elles ne fréquentent les terrains de foot. Pour mémoire, le dernier street park à Rennes a coûté 500 000 euros, payés par TOUS les contribuables, mâles comme femelles. Et jamais une rue ne porte le nom d'une femme, ce qui n'incite pas à l'assertivité quand il faut, en plus, faire face au harcèlement de rues. Une autre façon d'envahir l'espace public, mais que personne ne relève jamais, ce sont les gros engins foreurs et bétonneurs qu'ils nous inflignent sur les rues et sur les trottoirs : nounous à poussettes 4 places, vieilles femmes à chiens ou déambulateurs, mères de familles à trolleys et paniers à provisions, vous êtes priées de changer de trottoir à vos risques et périls et comme vous pouvez. Eux ont une caution en béton : ils travaillent la preuve, c'est qu'ils sont payés, vous, c'est plus douteux, vous oeuvrez surtout dans le bénévolat familial et la gratuité ! Et ce qui est gratuit ne vaut rien, c'est archi connu.

PS : Je rajoute que la rue appartient aux mâles à statut social et grosse caisse polluante, pères de familles opulents ; en effet, voulant prendre une photo d'un pochoir sous les arcades de la poste, j'ai dû affronter une de ces grosses ampoules aveuglantes fichées dans le sol et rangées à 50 cm d'intervalle sur le passage. Devant ma protestation contre ce matériel urbain aveuglant, une des manifestantes m'a expliqué qu'elles servaient à éloigner les SDF des lieux, comme les bancs à accoudoirs au milieu, et sièges-coque où il est impossible de s'allonger pour dormir, ou encore les "décorations" en faux pots de fleurs ou fausses jardinières dans les recoins d'immeubles destinés, eux, à empêcher les SDF de s'asseoir. La rue est inhospitalière aussi aux mecs déchus de la société patriarcale, incapables d'atteindre les hauteurs sociales que les mâles s'imposent et imposent à tous. Malheurs aux déchus et aux faibles, pas de pitié ! 

Je mets aussi un lien sur l'intérêt de la non-mixité et des espaces non-mixtes pour les femmes : quand les femmes se mettent ensemble pour se libérer de la domination et de l'occupation des hommes, elles font bouger des montagnes ! C'est sans doute la raison pour laquelle ils tentent par tous les moyens de maintenir la division parmi nous.

mercredi 3 octobre 2012

Tube de rouge

Je ne vous fais pas le coup de la célèbre définition cruciverbiste :
tube de rouge en 14 lettres, I-n-t-e-r-n-a-t-i-o-n-a-l-e !
Non, il s'agit ici d'un autre tube de rouge, sensé être un concentré de féminité. En tous cas selon le ministère de la Défense Colombien qui a pondu un film de publicité pour inciter les guerilleras des FARC à déposer les armes. Hélas, son agence de communication brille surtout par son conservatisme. Film transmis par une de mes abonnées Twitter : c'est en espagnol, mais vous allez comprendre, ça descend  comme une sangria :



Le bonheur est dans la famille, guerillera, rejoins le camp des femmes, dépose les armes ! Les armes c'est un truc de mec, tu gagnerais à porter des décolletés en dentelle, à parer tes lèvres pulpeuses d'un joli rouge à lèvres, et à fonder une famille. Allez, s'il te plaît, guerillera, rentre dans le rang, et accessoirement, à la cuisine et au gynécée, ta vraie place. 
Je ne vais pas faire ma méchante, en disant aux femmes de se jeter elles aussi sur les guns phalliques, ni défendre les FARC, dont je rappelle toutefois qu'à leur origine en 1930, elles sont un mouvement révolutionnaire rural. Que, hormis quelques exceptions, le recrutement y est basé sur le volontariat, qu'elles sont peuplées de 40 % de femmes selon le lien Wikipedia ici, et que même si leur sort n'est pas tous les jours enviable, toujours selon le même lien, ces femmes ont montré qu'elles sont motivées pour la lutte à l'exemple de Tamara Bunke, guerillera Est-Allemande morte les armes à la main en 1967 et membre du Groupe de Guevara en Bolivie. Ou, plus contemporaine, de cette cadre des FARC, surnommée Nury, arrêtée le 27 juin dernier par la Police Colombienne car en lien avec l'enlèvement d'un journaliste de France 24.

Pour voir à quoi ressemblent les guerilleras colombiennes aujourd'hui, suivez ce lien Flickr où on les voit dans leur vie quotidienne : photos prises en 2007. Malgré leurs treillis et leurs tenues de camouflage, il est indiscutable qu'elles sont des femmes. Mais auront-elles envie de rentrer à la cuisine pour faire plaisir au ministre colombien de la Défense après avoir vu son film ? J'ai des doutes. Il aurait été plus intelligent (mais l'intelligence préside-t-elle les instances masculines du pouvoir ?) d'inciter les FARC à renoncer à la violence et à rejoindre le combat politique en se constituant une assise populaire basée sur la défense non violente des intérêts des paysans.

PS La Page "Animots" de mon blog ne répond plus. J'ai voulu y faire un changement, Blogger en a profité pour la détruire. Il y avait des textes philosophiques de Descartes, Derrida, des citations d'Adorno..., plus des vidéos et des liens. Je soupçonne un attentat charcutier et spéciste de Blogger : ils doivent manger du boudin, des côtes de boeuf et du foie de veau. Merci Blogger. Je vais la refaire, mais ça va prendre un peu de temps, et ça m'apprendra à faire des sauvegardes. Merci de votre compréhension.