tag:blogger.com,1999:blog-68583189441565192002024-03-18T10:47:47.157+01:00hypathie - Blog féministe et anti-spécisteEt si, pour qu'ils arrêtent de nous traiter comme des paillassons, il suffisait d'arrêter de se comporter en paillasson ? Stop à la déploration. hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.comBlogger642125tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-17673899578526396132024-02-25T18:30:00.004+01:002024-02-26T19:57:20.985+01:00Hors d'atteinte<p>Cette semaine, j'ai lu ce roman que j'avais mis il y a quelques semaines sur mes étagères virtuelles de Goodreads et Babelio. Il m'avait paru prometteur et pile dans ma ligne éditoriale ! </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwjngQ7LXF6BLL4HIBYISuWL5uok531N8HTJ7vh5I0LijQtts0fYPqbJ6jqvOsz_SoO55sDlosZ0sIch9LuaROuEWsRpmuwYD-dANFi-aepFuWVZSYAztBuKb7VMLQq6IyxL3bHFQjE6yWf2cn09_801dw94q9JQlJPNhZtUgQMehB0CsqU3BfhQRhzJM/s893/Hors%20d'atteinte%20Marcia%20Burnier.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="893" data-original-width="553" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwjngQ7LXF6BLL4HIBYISuWL5uok531N8HTJ7vh5I0LijQtts0fYPqbJ6jqvOsz_SoO55sDlosZ0sIch9LuaROuEWsRpmuwYD-dANFi-aepFuWVZSYAztBuKb7VMLQq6IyxL3bHFQjE6yWf2cn09_801dw94q9JQlJPNhZtUgQMehB0CsqU3BfhQRhzJM/w248-h400/Hors%20d'atteinte%20Marcia%20Burnier.jpg" width="248" /></a></div><br /><p>Erin, jeune femme parisienne abîmée par une liaison avec un homme pervers manipulateur qui la dévalorise, la tient les doigts en crochet sur la nuque quand ils sont ensemble dans la rue, trouve la force de rompre. Elle adopte un chien prénommé Tonnerre, loue une petite maison avec jardin dans les Pyrénées, une voiture, rassemble ses affaires et ses économies, et prend la tangente. C'est la belle histoire d'une réparation en escaladant les pics, en randonnant dans la neige avec son chien devant elle. C'est l'histoire d'une reprise de confiance en soi, d'assurance retrouvée. Erin se reconstruit, se consolide en compagnie d'animaux : son chien, un chat à moitié sauvage et affamé qui finira par lui faire confiance et l'adopter, un renard qui passe familièrement au fond du jardin, un cerf sur le bord de la route, des marmottes siffleuses en montagne, et une hulotte qui tambourine sur son toit la nuit. De belles rencontres, surtout animales, mais aussi humaines. Un bel hommage à la nature revigorante et aux animaux, compagnons sincères et amicaux, sans jamais juger. Un petit roman court de 150 pages qui fait du bien, publié chez les <b><a href="https://www.cambourakis.com/" target="_blank">Editions Cambourakis</a></b>, engagées et féministes. </p><p style="text-align: center;">~~~~oOo~~~~</p><p style="text-align: left;">Dans mes pérégrinations sur les plateformes sociales, j'ai remarqué deux publications sur X/Twitter (on ne sait plus comment l'appeler !) : un post d'une abonnée demandant aux hommes "non violents" de rejoindre les féministes afin de faire avancer notre cause. Nouveau concept : '<b>nos allié</b>s'. Je tombe sur un deuxième de Sandrine Rousseau, qu'on ne présente plus, post dédié à l'affaire Gérard Miller, où, tombant des nues, elle publie que si les "alliés" s'y mettent eux aussi à agresser et violer des femmes, sur qui pouvons-nous alors compter ? Sur nous-mêmes par exemple ? En effet, Gérard Miller soutenait sur tous les plateaux, du temps de sa puissance médiatique, la parole des femmes contre celle des agresseurs. Il me semble que poser la question c'est y répondre. Il n'y a pas plus d'alliés que de beurre en broche, il nous faut compter uniquement sur nous-mêmes, c'est cela qui est révolutionnaire et sain. En qualité de féministes matérialistes tout au moins, nous sommes engagées dans une lutte des classes, classe sociale femme revendiquant la considération et des droits égaux face à la classe sociale homme qui a tous les pouvoirs ; où verrait-on ailleurs qu'en féminisme, par exemple des syndicalistes, demander à des patrons plus conciliants que les autres (il y en a) de se joindre à leur combat et revendiquer avec eux de meilleurs salaires et conditions de travail ? J'ai bien peur que le transfuge de classe (Edouard Louis, ou Annie Ernaux pour en citer deux très connus) ne va que dans un sens, le vertical ascendant : du supposé bas, vers le supposé haut. En féminisme, je peux en citer deux qui sont restés confidentiels et sans émules, car réputés traîtres à leur classe : Léo Thiers-Vidal pour la France, John Stoltenberg pour les Etats-Unis. Lisons-les, chérissons-les, à mon avis ils n'auront pas de postérité, hormis bien entendu, leurs ouvrages. Le patriarcat les méprise comme il méprise tous ceux qu'il considère comme "déclassés". Refuser la virilité pour aller vers le camp des femmes correspond à un déclassement pour le système patriarcal. </p><p style="text-align: left;">Dans mon précédent billet, écrit un peu à l'humour, je parlais des femmes qui se trouvent des beaux ténébreux en prison : il semble que ce n'est pas si rare finalement. Dans un article de Charlie Hebdo du mercredi 21février, Laure Daussy évoque un cas assez étonnant : la dame est une rescapée de meurtre conjugal. Elle rencontre son mec au parloir, où il lui sort déjà une lame, elle se met avec lui quand il sort, il la maltraite et la cogne, elle dépose plainte, mais continue malgré tout la relation, pour enfin le quitter et le poursuivre devant les tribunaux. Elle fera l'expérience de la justice défaillante auprès des femmes, qui ne la convoque même pas au procès de son prince, qui depuis a été expulsé vers le Maroc, où il pourra faire de nouvelles victimes. A lire l'article, la jeune femme est pourtant combative, mais étonnamment après avoir subi les pires avanies. C'est une disposition des femmes de tout supporter, sauf la solitude (condamnée par la société c'est vrai) ce qui ne manque pas de m'ébahir. Et les femmes sont la seule classe sociale impliquée émotionnellement, affectivement, avec l'oppresseur. </p><p style="text-align: left;">Je pense que les hommes n'ont rien à gagner, de leur point de vue, à faire cause commune avec les femmes. S'ils en espéraient un gain, il y a longtemps qu'ils nous auraient rejointes. Mais ils ont tout à perdre d'une autonomisation des femmes de leur emprise : le pouvoir économique, social et politique, sans parler d'une domestique gratuite à la maison. Ils nous ont domestiquées, castrées psychiquement et métaphysiquement durant des millénaires, une entreprise de démolition littéralement, affectant durablement notre psyché -ce qui explique le masochisme de pas mal d'entre nous et notre capacité à tout gober- en nous persuadant que sans eux nous ne sommes rien, qu'il n'incomberait qu'à nous de montrer notre solidarité, alors qu'eux s'affranchissent de cette obligation. Et l'entreprise marche du feu de dieu. Aux récalcitrantes, ils répliquent par la terreur, en en tuant une de temps en temps, ça fait tenir à carreau les autres ; ils peuvent aussi, en guise d'avertissement, plus bénin pensent-ils, s'attaquer <b><a href="https://www.zinfos974.com/le-tampon-elle-le-quitte-donc-il-tue-ses-poules/" target="_blank">à nos animaux en faisant un carnage</a></b>, dans l'atonie de la société vu que <i>c'est que des bêtes après tout</i>. Donc personne ne dit rien avant une <b>prévisible escalade</b>. Il est temps de déceler dans leurs pratiques viriles, chasseuses et désinvoltes, pour dire le moins, vis à vis de la nature et de tous les êtres vivants, dans leur comportement de maîtres et possesseurs de tout ce qui vit et bouge, dans leur prétention à réguler (mais pour qui se prennent-ils ?) les autres espèces, à piétiner les autres terriens, les symptômes annonciateurs de graves passages à l'acte. C'est une question de sécurité publique et de survie de l'espèce. </p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: large;">"</span> <span style="color: #cc0000; font-size: large;">They are only great because we are kneeling.</span> <span style="font-size: large;">" *</span></p><p style="text-align: left;"><b>Etienne de la Boétie</b>. <b>Discours de la servitude volontaire.</b> </p><p style="text-align: left;"><span style="font-size: x-small;">* 'Ils sont grands parce que nous sommes à genoux'.</span></p><p></p>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-22328498499444359982024-02-02T08:30:00.007+01:002024-02-02T19:00:10.472+01:00Trous noirs<p>Comme escompté, mon billet ci-dessous n'a pas marché. Flop. Notez tout de même que le module statistique de Blogger n'est pas du tout au point, qu'il ne me comptabilise pas des tas de trucs, exemple l'audience qui vient lire sur l'adresse générale n'est pas comptée dans les statistiques d'un billet donné, et pire, la navigation sur mon blog, non plus. Avec des statistiques comme cela, c'est difficile de compter. Mais quand même, j'ai d'autres indices. Statistiques et culturels. Le sujet femmes se défendant elles-mêmes, n'est pas du tout porteur. Il n'y a qu'à constater le mutisme sur mes plateformes sociales quand j'évoque le sujet. Quand j'ai un partage, c'est quasiment à coup sûr le fait d'un homme, les femmes sont plus timorées, quand j'ai un favori, j'atteins le niveau maximum de leur soutien. Les femmes trouvent encore normal de faire dévolution de leur sécurité à l'adversaire de classe. La légende du preux chevalier est tenace. Le nombre de femmes violées, torturées, tuées après avoir fait confiance à un homme sur une route, pour un '<i>lift</i>', un dépannage, un service, ou simplement chez elles, est numériquement hallucinant, mais la croyance est tenace. Et l'oppresseur, on vit avec. Imaginez la scène chez la femme de Dino Scala, ou chez le pompier Robert Greiner, à 6 heures du matin, la Gendarmerie débarquant et expliquant à Madame que Monsieur ne rentrera pas ce soir, son ADN a été retrouvé sur les scellés d'une victime de viol et une scène de meurtre remontant à plusieurs années, vu que nous ne lâchons jamais l'affaire. Sur le moment, elles doivent voir flou. </p><p>Les <b><a href="https://hypathie.blogspot.com/2013/03/les-femmes-de-droite-andrea-dworkin.html" target="_blank">'femmes de droite' d'Andrea Dworkin</a></b> sont toujours d'actualité, hélas : on espère avoir trouvé le 'bon numéro' comme prescrit par les hautes instances patriarcales et ses innombrables agent-es, on fait tout comme il faut dans la banalité sociale, on promène le chien, on repasse bien les torchons, on fait double journée pour un demi-salaire, et normalement, ça doit voguer jusqu'au port, vent faible, mer calme, quiétude familiale. Quitter la proie de la domesticité au service de tous, (souvent avant d'être larguée en rase campagne vers 50 ans pour une plus jeune, mais je sors du sujet !) pour l'ombre de la liberté, de l'autonomie et de l'autodétermination, de la légèreté, la liberté de s'affirmer dans un chemin hors du troupeau n'est pas pensable. C'était exactement ainsi que raisonnaient les 'femmes de droite' décrites par Andrea Dworkin dans son ouvrage. </p><p>Malgré le Dieu Moloch qui a toujours faim et qu'il faut nourrir. Malgré les féminicides, qu'on décompte en se récriant que l'état patriarcal ne donne pas assez de moyens, alors que sa police et sa justice arment les agresseurs, en tous cas, ne les désarment pas. Souvenez-vous des centaines de bracelets électroniques anti-rapprochement tout neufs qui traînaient, et traînent encore à mon avis, inemployés, dans leurs tiroirs, les "revenez demain", les plaintes classées sans suite, pendant que les femmes meurent. Faire un exemple sur une de temps en temps, et toutes les 'pisseuses' se tiennent à carreau, terrorisées. Le système fonctionne du feu de Dieu, la soupe est prête, les enfants lavés et couchés, plus qu'à se mettre devant la télé ou Netflix. Pour effacer les petites humiliations multi-quotidiennes qu'ils se coltinent au boulot, rien de tel qu'une femme et une famille sur qui se venger à la maison. </p><p>Plus perturbant encore, les méchants trouvent preneuse. Guy Georges, tueur d'une série de sept femmes, et sa peine touchant à sa fin, donc accessible à une demande de libération, a trouvé épouse en prison, une de ses visiteuses a succombé à son irrésistible attraction (apparemment) et l'a épousé. Nordhal Lelandais, autre tueur sériel d'une fillette et d'hommes, vient d'être père d'un 'enfant parloir' conçu lors d'une visite dans sa geôle. Pauvre môme : encore un qui commence sa vie avec un pédigrée social chargé. Il y a aussi le terroriste Carlos : il a trouvé femme en tôle. Elle était son avocate, elle est devenue sa femme tout en restant son avocate. La femme couteau suisse, en somme. Je pense que si on fait une enquête sérieuse, on va en trouver de pleines charrettes. Non, franchement, vous qui êtes dehors et qui vous plaignez que la drague ne marche pas, tentez l'incarcération ; ça se joue, votre âme sœur, selon la terminologie en vigueur, vous attend peut-être au parloir. </p><p>Moi, je pense que les femmes devraient sortir armées, mais bon, opinion personnelle non consensuelle, pas populaire, tue l'aaamourrrrr. J'ai regardé un samedi Au bout de l'enquête sur France 2, normalement dédiée aux <i>cold cases</i>, mais les émissions sur le crime faisant de l'audience, ils ont embrayé sur les faits divers qui ont défrayé la chronique. Sans un mot plus haut que l'autre : les psychopathes tueurs sont à 99,99 % des hommes, les victimes, lacérées, étranglées, violées, découpées au couteau, tuées au fusil de chasse (dans ce cas, la chasse est ouverte toute l'année !) sont à 99,99 % des femmes, mais silence, motus, pavé sur la langue, énorme éléphant invisible dans la pièce, etc, etc. Ce dernier numéro donc, était sur les deux Frères Jourdain, deux gros mâles frustres du quart-monde, élevés aux allocations familiales et aides diverses (l'élevage est subventionné partout, c'est dingue) vu qu'il faut fournir des troupes fraîches à l'oppresseur ; les frères Jourdain donc, aux mains en battoirs ont enlevé (sans violence, elles sont montées dans leur camion sans contrainte, à quatre), violé et torturé pendant des heures, avec tous instruments imaginables, par tous les orifices possibles, puis étranglé et enterré quatre jeunes filles trouvées au Carnaval du Portel, en Pas-de-Calais, en 1997. La dernière a même été enterrée vivante, l'autopsie lui a trouvé du sable dans la trachée. </p><p>Les hommes font ça et la société et ses psychologues disent que le mal est sans pourquoi* ! Sans même mettre en garde, sans donner les moyens de se défendre, sans avertissement, rien. On vous livre au bourreau sans états d'âme. Pire même, en encourageant, voire forçant par tous moyens, par dressage social, injonctions, menaces de rater sa vie, les femmes à s'en trouver un, et à s'attacher des sacs de sable et des boulets aux pieds, des menottes aux poignets, de façon que toute cette violence contre nous, violence contagieuse, traversant les générations, se gravant dans les mémoires et les gènes, fabriquant des générations de femmes craintives, des cortèges de mortes, blessées, marquées à vie, où les hommes peuvent venir puiser et se servir, en boucle, perpétuant à jamais un continuum tragique, un terrible hachoir, un <i>meat grinder</i>.</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjnsezB68lPziMmqGyjCp-zwYEPD0A8a6I3RPGNS7meMw0rUEPopf6quQkoqPVYyH1i1aQ6ETwIiOZv4X1Q-wksBfNYmHI_PV6TlV3_2ie3zAF0lFL3fSqURAGewSun0k-TLNHFBi5G4CIu4ozlrQpiBG2wolzlqeYuOo_k6KUYl8FU8vNTkaST8KVKb_8/s400/Meat%20grinder%20hustler%201.gif" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="291" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjnsezB68lPziMmqGyjCp-zwYEPD0A8a6I3RPGNS7meMw0rUEPopf6quQkoqPVYyH1i1aQ6ETwIiOZv4X1Q-wksBfNYmHI_PV6TlV3_2ie3zAF0lFL3fSqURAGewSun0k-TLNHFBi5G4CIu4ozlrQpiBG2wolzlqeYuOo_k6KUYl8FU8vNTkaST8KVKb_8/w291-h400/Meat%20grinder%20hustler%201.gif" width="291" /></a></div><br /><p style="text-align: center;"><b>~~~~OoO~~~~</b></p><p><b>" </b><span style="color: #990000; font-size: medium;"><b>Un soleil noir. Au capital d'empathie très restreint</b> </span><b>"</b>. </p><p>C'est ainsi que l'autrice de <b><a href="https://www.babelio.com/livres/Rinkel-Vers-la-violence/1428650" target="_blank">Vers la violence, Blandine Rinkel</a></b>, décrit le père qui a enchanté, fasciné, et saccagé son enfance. Ogre séduisant à grosse moustache, montrant ses trente-deux dents quand il riait, conteur de légendes antiques et de la sienne propre largement inventée, serrant la gorge de sa fille avec une main en jouant au jeu de la barbichette, lui tordant les bras avec ses grosses mains, balançant des coups de pieds dans la gueule du chien de la famille quand il rentrait du travail, et dissimulant une grenade dans un des tiroirs de son bureau : on est glacée de terreur pendant la première partie du roman, l'enfance de la narratrice ; pour l'épouse qui croit le désarmer par la douceur, et pour sa fille qu'il nourrit de viande de cheval pour l'aguerrir et empêcher chez elle le goût pour les activités de "fillette". Un dressage paternel implacable qui la fera, à l'âge adulte, adopter des conduites à risque, à se mettre en danger. Puis, elle s'éloigne du père toxique pour devenir danseuse et végétarienne, écrivaine, poly-artiste, tous métiers et marotte de "fillette". Un magnifique roman sensible bien écrit, décrivant les séquelles laissées par la violence latente dans laquelle baigne l'héroïne. Roman couronné par le Prix des lectrices de Elle, prix qu'il mérite largement. </p><p>*Citation de Laure Heinich dans Corps défendus.</p><p>Un <b>trou noir</b> est un corps céleste dont la force gravitationnelle est telle qu'il attire et absorbe tout objet et toute la lumière qui passe à sa proximité, sans rien restituer. D'où sa couleur noire opaque. </p>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-16547269148124382092024-01-14T11:30:00.001+01:002024-01-14T11:34:47.327+01:00Se défendre<p> Une philosophie de la violence, par la philosophe Elsa Dorlin.</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjw_XVx1Dhw2RnyoCUY-tAXsXcnTju18h01p9INo5GadPdN02r4ZCFvRcl4L274P0WgxbUFFLwGby5Ycr3Z7oQNxpolkHWA7ydiKGMXbQ8I0cgAWX2v6BY5weFYrrvE84tHdh7uc94eoRn42VxvFAofo9UcZhAF7fP_XPKskzDCBYyQCdK0MsM-HhhwQ38/s498/Se%20d%C3%A9fendre%20Dorlin.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="498" data-original-width="498" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjw_XVx1Dhw2RnyoCUY-tAXsXcnTju18h01p9INo5GadPdN02r4ZCFvRcl4L274P0WgxbUFFLwGby5Ycr3Z7oQNxpolkHWA7ydiKGMXbQ8I0cgAWX2v6BY5weFYrrvE84tHdh7uc94eoRn42VxvFAofo9UcZhAF7fP_XPKskzDCBYyQCdK0MsM-HhhwQ38/w320-h320/Se%20d%C3%A9fendre%20Dorlin.jpg" width="320" /></a></div><br />
Des juifs du Ghetto de Varsovie qui décident de mourir les armes à la main plutôt qu'en attendant passivement leurs bourreaux, en passant par les suffragistes anglaises qui importent le Jujitsu pour riposter aux violentes attaques de la police, et au Black Panther Party qui se démarquait du Mouvement pacifiste des droits civils conduit par le Pasteur Luther King, Elsa Dorlin écrit une philosophie de la violence. <br /><br />Dans ses premiers chapitres, l'ouvrage est une histoire du droit de se défendre à travers les âges, de qui peut porter une arme, un peu à la manière de Camus dans L'homme révolté, histoire de la révolte, ou de Surveiller et punir, histoire du châtiment par Michel Foucault. Sont typiquement exclu-es du droit de se défendre, les esclaves, les femmes, deux catégories qui ont un propriétaire, qui ne s'appartiennent pas, et les colonisés renvoyés à des mœurs sauvages, violentes, et qu'il convient donc de civiliser et dont il faut se protéger. Le droit de porter une arme et de se défendre individuellement, privilège des hommes et des propriétaires pour défendre leurs biens, sera progressivement codifié dans le droit, allant des personnes privées à la puissance publique des états et des démocraties. Juridiquement, la justice deviendra un droit régalien des états qui, seuls, détiendront le monopole de la violence. A l'exception toutefois des "vigilants", résiduellement tolérés aux Etats-Unis, séquelle historique d'un état ségrégationniste où les afro-américains paient un lourd tribut en terme de morts violentes, aggravée par le deuxième amendement de leur constitution qui permet à tout citoyen de s'armer. La figure du justicier reste très prégnante dans toutes les formes de la culture étatsunienne (vigilantisme). <br /><br />J'ai trouvé les chapitres 6 et 7 particulièrement ardus sur les sujets de l'intersectionnalité, de l'anticapitalisme et du racialisme, assignant à résidence. Ils opposent féministes noires et féministes blanches, querelle malheureusement actuelle et non résolue, les féministes "blanches" ayant été instrumentalisées par les lyncheurs du Sud au motif qu'elles auraient été victimes de violeurs noirs. Mais, précise l'autrice, une partie d'entre elles se rebiffèrent contre cette odieuse instrumentalisation en faisant valoir que des violeurs blancs violent des femmes blanches aussi bien que leurs sœurs noires. Elle fait aussi une vive critique des "endroits safe" <span style="color: #990000;">*</span> qui ne seraient pas si "safe". <br /><br />C'est au chapitre 8 que le cas des femmes est abordé de façon substantielle avec l'étude du cas Bella, l'héroïne de <b><a href="https://hypathie.blogspot.com/2014/03/dirty-week-end-peut-etre-est-ce-eux-qui.html" target="_blank">Dirty Week-end, roman d'Helen Zahavi</a></b> paru en 1991 en Grande-Bretagne, et aussitôt ridiculement mis à l'index par la censure anglaise. Les censeurs n'ont, en effet, pas apprécié le constat des multiples agressions, de la plus vénielle à la plus grave, que subissent les femmes dans l'espace public et chez elles, constat que fait très bien Bella. Ni qu'elle introduise dans cette insécurité permanente sa "<b><span style="color: #990000;">puissance d'agir</span></b>" en trucidant les importuns, contrant ainsi les représentations victimisantes communément admises, qui vont de pair avec des stratégies politiques de recours à la protection de l'état dont on voit ce qu'elles donnent : plaintes pour coups, agressions et viols rarement prises en compte par la justice, non traitées, voire refusées, femmes laissées sans protection face à l'agresseur intime, victimes accusées d'imprudence, voire victimisation de l'agresseur, dans ces inversions dont les patriarcaux ont le secret, etc.<br /><br /><div><b><span style="color: #990000;">La norme dominante est la féminité vulnérable</span></b> : scopophilie, voyeurisme sadique, érotisation des femmes sans défense et de leurs corps blessés ou de leurs cadavres outragés qui plombent aussi le cinéma, les séries, la littérature noire, les descriptions des "faits divers". Les insupportables et incessantes campagnes de dénonciation des violences faites aux femmes en sont les témoins. En montrant des femmes à terre, couvertes de bleus, levant en signe de seule défense une main ensanglantée en premier plan, elles sont un tribut offert aux agresseurs en situation de puissance, capables de battre, blesser et tuer. Elles humilient les victimes toujours montrées dans l'impuissance, alors que les corps des agresseurs eux, restent hors champ. Elles montrent, selon Elsa Dorlin, les failles d'un féminisme qui n'a pas construit pour toutes une communauté dans laquelle puiser une " <b><span style="color: #990000;">rage auto-protectrice </span></b>", d'être, " <b style="color: #990000;">non pas en sécurité, mais en capacité d'élever sa puissance </b>". Autrement dit, " <b><span style="color: #990000;">l'autodéfense en réponse aux agressions ne constitue pas ou plus une option politique pour le féminisme </span></b>". Leur stratégie politique est le recours aux aides financières et à la protection de l'état, pourtant à l'évidence patriarcal, et dont on sait ce qu'elles donnent. Le nombre de tuées semble incompressible. <br /><br />Tout en reconnaissant d'un coup d'œil les fragiles, les abîmées, celles qu'ils pourront attaquer, les dominants sont ignorants des autres, précise Elsa Dorlin. Ils sont engagés dans des postures cognitives qui leur épargnent de voir les autres, là où les gens du care, les femmes, les racisé-es, vivant en hétéronomie, catégories sociales cantonnées aux soins, elles/eux, sont engagés dans la considération et l'observation fine du sujet de leurs attentions et soins dans le but de survivre. 'Un jour, il faudra sortir les couteaux' comme énonçait, pour les mêmes raisons, Christiane Rochefort, dans sa préface à la première édition en français de Scum Manifesto. </div><div><br /></div><div>Un ouvrage empowering à mettre entre toutes les mains. C'est de la philo, avec citations de philosophes et le vocabulaire qui va avec. </div><div><br /></div><div><b>Deux citations : </b></div><div><br /></div><div><b>*</b> <b>" <span style="color: #990000;">Safe est un <i>pharmakon</i>, un remède, une injonction qui soulage face à des vies invivables. Mais c'est aussi une injonction qui empoisonne, qui contraint des vies militantes à la retraite, qui les pousse à quadriller leur propres camps de retranchement, à purger leurs rangs.</span> "</b></div><div><b><br /></b></div><div><b><br /></b></div><div><b>" <span style="color: #990000; font-size: medium;">'Passer à la violence' -celle de l'action directe et de la revendication sans compromission- est ainsi lié au constat que la revendication d'une égalité civile et civique ne peut être adressée pacifiquement à l'état puisque ce dernier est le principal instigateur des inégalités, qu'il est vain de lui demander justice car il est précisément l'instance première qui institutionnalise l'injustice sociale, qu'il est donc illusoire de se mettre sous sa protection puisqu'il produit ou soutient les mêmes dispositifs qui vulnérabilisent , qu'il est même insensé de s'en remettre à lui pour <i>nous</i> défendre puisqu'il est précisément celui qui arme ceux qui nous frappent.</span> "</b></div><div><br /></div><div>Leur violence est politique. Nous n'avons pas à demander à l'opposant sa permission, son autorisation ou sa validation pour lutter contre notre oppression. </div><div><br /></div><div>J'ai trouvé la référence Se défendre dans <b><a href="https://www.placedeslibraires.fr/livre/9782757890349-la-terreur-feministe-petit-eloge-du-feminisme-extremiste-irene/" target="_blank">La terreur féministe </a></b>par Irene. </div><div><br /></div><div><div style="text-align: center;"><b>oOo</b></div><div style="text-align: left;"><br /></div><div style="text-align: left;"><b>Les techniques de défense évoquées dans le billet</b> : </div><div style="text-align: left;"><br /></div><div style="text-align: left;">Le <b>jujitsu</b> est une technique japonaise de combat basée sur les points de déséquilibre et les faiblesses de l'adversaire. Il a été introduit en Angleterre par un maître japonais au début du siècle dernier, et adopté par les féministes suffragistes pour lesquelles il l'avait adapté, puis créé un club. </div><div style="text-align: left;"><br /></div><div style="text-align: left;">Le <b>krav-maga</b> est une technique d'auto-défense au corps à corps, incapacitante pour l'agresseur, inventée par un Juif slovaque qui rejoint la Palestine en 1942. Il est devenu une sorte de mythe fondateur de l'état Hébreu et est praticable par tout le monde, femmes incluses. </div><div style="text-align: left;"><br /></div><div style="text-align: left;">Je rajoute le <b>Tai-chi, </b>également art martial, chinois cette fois. Souvent pratiqué par des femmes, il n'est généralement pas vu ainsi, et pourtant Emmanuel Carrère en fait la démonstration dans <b>Yoga</b> en racontant l'anecdote qu'une de ses camarades femme de club de Taï Chi, attaquée dans le métro par un voleur de sacs à mains, s'en est tirée en faisant le mouvement ' <b><a href="https://www.youtube.com/watch?v=-hI5NneUwKA" target="_blank">les mains séparant les nuages</a></b> ', déséquilibrant son attaquant, le renvoyant dans le mur avant de le faire tomber, puis fuir. Les mouvements de Tai-chi chuan sont lents, fluides, mais bien maîtrisés et réalisés très vite, ils sont redoutables, ce qui en fait sans aucun doute un art martial, selon Emmanuel Carrère.</div><div style="text-align: left;"><br /></div><div style="text-align: left;">Que vous appreniez une de ces techniques, ou d'autres, techniques dont vous n'aurez sans doute pas à vous servir, en tous cas pas tous les jours, présente un autre avantage selon moi : elles développent notre confiance en nous, notre assertivité, elles nous autonomisent, nous délivrent de la peur, et nous donnent une autre allure dans les lieux publics. Cela fait une considérable différence.</div></div>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-2659357278625944112023-12-09T19:00:00.025+01:002023-12-10T11:21:47.042+01:00La revanche des autrices - Enquête sur l'invisibilisation des femmes en littérature <p>Par Julien Marsay, agrégé de lettres modernes, administrateur du compte Twitter Autrices Invisibilisées. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgAJ1AjcWhgAxLeuCKJSTRbqL2ooRbaUOxxsyuZx8MWV5LhcbCzzCzsO_zsiQXRuYSs0o4zZkUUWtaBKnAVY_uM1WVSaET59I-hlrJdjC1vXqDfESSclFiwzd28D3AP1HvH-KnIiGjx_P0QWw3g2TBIr7C53a6BUCiJxl1FpigJSV28NqbYgejjMROmFEc/s354/La%20revanche%20des%20autrices%20Marsay.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="354" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgAJ1AjcWhgAxLeuCKJSTRbqL2ooRbaUOxxsyuZx8MWV5LhcbCzzCzsO_zsiQXRuYSs0o4zZkUUWtaBKnAVY_uM1WVSaET59I-hlrJdjC1vXqDfESSclFiwzd28D3AP1HvH-KnIiGjx_P0QWw3g2TBIr7C53a6BUCiJxl1FpigJSV28NqbYgejjMROmFEc/w249-h400/La%20revanche%20des%20autrices%20Marsay.jpg" width="249" /></a></div><div><br /></div><span style="font-size: large;">" <span style="color: #cc0000;">Il vaut mieux être ma femme qu'un écrivain de second ordre.</span> "</span> <div><b>André Malraux, à propos de sa femme Clara, écrivaine à l'oeuvre importante, et traductrice en français de Une chambre à soi de Virginia Woolf, une pas-grand-chose selon son glorieux mari. </b> </div><div><br /></div><div>Elles s'appellent Héloïse, Louise, Christine, Marie-Madeleine, Aurore, Sidonie, Germaine, Louise encore, Marie, Marguerite, Madeleine, Olympe, Antoinette. Elles ont écrit des poèmes, des manifestes, inventé le roman moderne, publié de leur vivant des <i>best-sellers</i> comme on ne disait pas de leur temps, été rééditées tellement leurs oeuvres avaient de succès, cartonnaient dirait-on aujourd'hui, certaines étaient même traduites en plusieurs langues. Elles sont veuves, célibataires ou divorcées, elles cherchent à s'émanciper des tutelles masculines qui subordonnent les femmes, et elles vivent de leur plume comme les hommes. Qu'à cela ne tienne, à part quelques incontournables qui surnagent, la postérité a oublié leur nom. Bien aidée, la postérité, par le torpillage masculin de leur talent et de leur héritage. Selon plusieurs techniques et coups bas, comme ils savent en commettre.</div><div><br /></div><div>La moquerie d'abord : "Précieuses (ridicules)", "femmes savantes" (Molière), ou "bluestockings" (les anglais), traduit par bas-bleus en français, les qualificatifs ridicules et péjoratifs ne manquent pas pour moquer les autrices.</div><div>L'omission dans les anthologies et les académies qui attribuent des prix littéraires, composées par de savants littérateurs se piquant de différencier le bon du mauvais goût, le génie du médiocre, le bon grain de l'ivraie, est le premier stade de l'effacement, le génie étant apanage masculin, avec en second l'attribution de l'oeuvre d'une femme à un homme. Comme si une anthologie n'était pas subjective, et le bon goût, juste le (mauvais ?) goût que quelqu'un (et d'une époque) qui se pousse du col et distribue des médailles. Les autrices femmes ont été systématiquement écartées des anthologies et des manuels scolaires, tous écrits par des hommes, bien sûr. Le Lagarde et Michard qu'on ne présente plus, en prend pour son grade. Que dire de l'Académie Française, ce bastion resté longtemps hostile à la pénétration des autrices ? Même pensum du côté des Prix littéraires dont les récompenses vont toujours majoritairement aux auteurs hommes quand bien même la production de littérature serait devenue paritaire, ainsi que l'élection du public lecteur. A tel point que le <b><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Prix_Femina" target="_blank">Prix Femina</a></b> (jury féminin, attribuant ses prix indifféremment à l'un ou l'autre sexe) est créé en 1904 pour contrebalancer le prestigieux mais misogyne Goncourt, sélectionnant et récompensant toujours des hommes. </div><div><br /></div><div>Echappent au sort commun Louise Labé, Marie-Madeleine Pioche Lavergne dite Madame de Lafayette du nom de son époux, Sidonie-Gabrielle Colette (dont l'oeuvre était usurpée par son mari Willy, seul signataire, à ses débuts), Olympe de Gouges et George Sand née Aurore Dupin, qui choisit, elle, de publier sous un pseudonyme à prénom d'homme, autre façon de s'effacer en tant qu'autrice, de s'auto-invisibiliser, l'environnement étant supposé à raison défavorable. Elles sont toutes désormais consacrées dans et par les programmes scolaires. Ne pas signer ses oeuvres est un autre moyen de s'auto-annuler. Les autrices signaient peu leurs oeuvres, hélas. Il est ainsi plus facile de les attribuer à un mâle de leur entourage, au motif qu'il est impensable qu'une femme puisse produire de tels chefs-d'oeuvre. Ainsi se moque la postérité. </div><div><br /></div><div>Le musellement, l'étouffement, sous le qualificatif de "muse de" est aussi une autre bonne façon de faire taire l'artiste ou l'autrice. Une muse se contente d'inspirer, elle ne dit rien, ne produit rien. Or, la plupart de celles qu'on nous présente aujourd'hui comme "muses" ont leur production d'oeuvres en propre. Marie de Gournay, éditrice de Montaigne et écrivaine elle-même, illustre bien ce statut. Epouse de, sœur de, amante de, combien d'autrices ont-elles subi le sort de l'effacement, du pillage de leurs oeuvres par un homme, cancelisées, annulées, leur auctorialité déniée. L'ouvrage regorge d'exemples de femmes plagiées, dépouillées de leur statut d'autrice au profit d'hommes de leur entourage. </div><div><br /></div><div>L'autodafé est aussi un efficace moyen d'effacer une autrice : la correspondance de Flaubert avec Louise Colet, autrice prolifique du XIXè siècle de récits de voyage, de romans autofictionnels, de manifestes protestataires et féministes, reconnue, éditée, mieux, traduite, n'est constituée que des lettres de Flaubert à Louise, les lettres de Louise ayant été brûlées un soir par Gustave Flaubert lui-même, avec l'aide de Maupassant, Gustave ne voulant pas laisser à la postérité une 'correspondance trop intime', vu que Louise était accessoirement son amante. Notez qu'il ne vient pas à l'idée de Gustave de brûler ses propres lettres au nom de la préservation de son intimité ! L'enfer des femmes est pavé des bonnes intentions, ou des intentions hypocrites des hommes. La misogynie de l'époque fait le reste. Pour des ressources sur Louise Colet : lien vers <b><a href="https://gallica.bnf.fr/blog/23022021/louise-colet-fiere-de-lettres?mode=desktop" target="_blank">Louise, fière de lettres, sur le site numérique de la BNF</a></b>. </div><div><br /></div><div><b>La postérité des autrices.</b></div><div>Grâce au travail d'exhumation des féministes, qui n'hésitent d'ailleurs pas à retourner le stigmate (bas-bleu par exemple, ou pétroleuses, qu'elles s'attribuent à elles-mêmes), grâce au cinéma, à ses metteuses en scène et scénaristes, grâce aux femmes autrices qui leur consacrent des biographies, grâce aux réseaux numériques sociaux et leur hashtags #herstory, #womensart, autrices invisibilisées, compte Twitter administré par Julien Marsay, Les Sans Pages pour Wikipedia, cette encyclopédie numérique à la testostérone, bien d'autres ; grâce également à des sites internet spécialisés, elles sortent de l'ombre et prennent leur revanche. Et grâce à ce louable livre-enquête, écrit par Julien Marsay, professeur de lettres modernes, voulu pour donner des outils et des ressources aux professeur-es de littérature et de philosophie. N'hésitez pas à vous en emparer, à vous en inspirer si vous êtes professeure, il est bourré de ressources, enrichi de longues citations des autrices évoquées, et sa lecture fait du bien. </div><div><br /></div><div>Au vu de tout ce qui précède, je me permets <b>quelques conseils</b> si vous avez un projet d'écriture ou d'oeuvre artistique :</div><div><br /></div><div>Si vous tenez à vous marier, ne faites pas comme <b><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Clara_Malraux" target="_blank">Clara Malraux</a></b> (qui était riche et André, non, lequel a d'ailleurs profité du mariage pour dilapider la fortune de sa femme). Optez pour le contrat de mariage qui préserve vos avoirs personnels, même modestes, présents et à venir. Vous n'êtes pas à l'abri du succès. Et au contraire de Clara Goldschmidt / Malraux, gardez impérativement votre nom, même (surtout) si votre mari est lui aussi artiste ou auteur. </div><div>Signez vos oeuvres. On apprend à la lecture du livre que les femmes signaient peu leurs oeuvres, même Madame de la Fayette ne signait pas. </div><div>Revendiquez votre signature et poursuivez tous les plagiats et toutes les contrefaçons. On ne vient pas se servir dans votre production, c'est odieux. Vous pouvez aussi publier sous pseudonyme, ainsi pas de confusion possible avec André ou Jean-Michel, auteur lui aussi, si vous portez son nom. Se faire un prénom est déjà difficile pour un homme, alors pour une femme, c'est quasi mission impossible.</div><div>Défendez votre personnalité indépendante et votre oeuvre, vous avez la valeur que les éditeurs et votre public vous reconnaissent, pas celle de femme de, fille de, mère de, maîtresse de, muse de. </div><div>Si vous avez des enfants, défendez pied à pied votre espace : le bureau où maman travaille, à la porte duquel on frappe avant d'entrer, et où d'ailleurs, comme dans le "bureau de papa" on ne rentre de préférence pas. Sauf s'il y a le feu, et encore ! </div><div>D'ailleurs, voici un modèle d'indépendance qui peut inspirer : <b>Siri Ustvedt</b>. Presque personne ne sait que Paul Auster et elle forment un couple à la ville, et vivent ensemble à Brooklyn, mais dans des espaces séparés, jalouse qu'elle est de son indépendance et de son oeuvre traduite en seize langues. J'ai chroniqué sur ce blog <b><a href="https://hypathie.blogspot.com/2015/04/un-monde-flamboyant.html" target="_blank">Un monde flamboyant</a></b>, son chef d'oeuvre, sur le sujet artiste et femme de, mère de, artiste invisibilisée et annulée. </div><div><br /></div><div>A vos plumes. Exprimez-vous, défendez vos idées et vos oeuvres, en mémoire de toutes ces femmes autrices inspirantes. </div>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-22361237637249566312023-11-24T17:00:00.010+01:002023-11-24T20:11:53.909+01:00Le nouvel ordre capillaire mondial, mâle bien sûr<p>Peroxydé chez deux d'entre eux, cheveux rabattus vers l'avant ou vers l'arrière, ou brun noir en moumoute choucroutée, le nouvel ordre capillaire mondial, mâle comme il se doit, est en cours d'apparition. </p><p>Le pionnier Donald Trump, 45è Président des Etats-Unis, couleur orange, est ex-putchiste en cours d'investigation. Déjà candidat à sa succession en 2024 malgré les juges qu'il a aux basques, mais la justice va moins vite que lui. La crapulerie paie, pourquoi se priver ? Exploit juridique sous son mandat : l'annulation de l'amendement de Roe vs Wade, autorisant l'avortement au niveau fédéral aux USA, en 1973. Une grave atteinte aux droits des femmes. Sans compter son statut établi d'agresseur sexuel. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_T_w17IvOfR_49QA4DzjkHpZIm5g5RfxL_3Z1glJm6oxD_XHMQyfgtsFcve13mwSCqO6f2sKjpzyb4Yv1NeXNo8IMjxgc4nnkTe5YqYoBLG7yLeeJDxt0L7nk9tdqmICcGxSFLN2l5WwDHtL1wQxjRHVrYZEOdeM-SRAUT0Cd8iJ-uCuH98CcSyC804c/s2000/Nouvel%20ordre%20capillaire%20mondial%20Trump.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1566" data-original-width="2000" height="251" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_T_w17IvOfR_49QA4DzjkHpZIm5g5RfxL_3Z1glJm6oxD_XHMQyfgtsFcve13mwSCqO6f2sKjpzyb4Yv1NeXNo8IMjxgc4nnkTe5YqYoBLG7yLeeJDxt0L7nk9tdqmICcGxSFLN2l5WwDHtL1wQxjRHVrYZEOdeM-SRAUT0Cd8iJ-uCuH98CcSyC804c/s320/Nouvel%20ordre%20capillaire%20mondial%20Trump.jpg" width="320" /></a></div><div><br /></div>Ses deux imitations : Javier Milei, nouvellement élu Président populiste d'extrême-droite de l'Argentine, pays en cours de naufrage. Signes distinctifs : moumoute choucroute brune et tronçonneuse, comme dans massacre à la tronçonneuse. Programme : faire couler le navire une bonne fois, pour en reconstruire un autre, tant pis pour les passagers, il n'y aura pas de canots de sauvetage pour tout le monde. Et supprimer le droit à l'avortement pour les femmes, droit récemment acquis, déjà contesté. Il faudra m'expliquer longtemps comment on redresse un pays en renvoyant les femmes à la reproduction, alors que déjà il n'arrive pas à nourrir et faire vivre décemment ceux déjà là, mais les voies des saigneurs patriarcaux sont impénétrables. Et clairement, l'imagination est au pouvoir. Voter pour des gangsters <i>is the new trend</i>, la mentalité d'esclave, le goût pour le Père Fouettard font le reste.<div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhA0LmtkiktmEWaSn_28dxsmrpmlzRpm5Z8qtOGTVx37UGpCwisI59XcTziONAAlYfT__ASj6phr5O4T0lZSFFm4COSqvSsKwOycQ9nXcPtAlj6jIJ9Kwat0JsrxaGnKBnxYv45eVGyUw5A9Jf7yX7kU_ktgZop48rQ96xUBL9V1gt2ha8oSYpEkbuEEvQ/s2000/Nouvel%20ordre%20capillaire%20mondial%20Milei.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1125" data-original-width="2000" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhA0LmtkiktmEWaSn_28dxsmrpmlzRpm5Z8qtOGTVx37UGpCwisI59XcTziONAAlYfT__ASj6phr5O4T0lZSFFm4COSqvSsKwOycQ9nXcPtAlj6jIJ9Kwat0JsrxaGnKBnxYv45eVGyUw5A9Jf7yX7kU_ktgZop48rQ96xUBL9V1gt2ha8oSYpEkbuEEvQ/w400-h225/Nouvel%20ordre%20capillaire%20mondial%20Milei.jpg" width="400" /></a></div><br /><div>Anti-Européen, partisan d'un référendum pour tenter un "Nexit" (Netherlands Exit), anti-immigration, le parti de Geert Wilders arrive en tête aux législatives aux Pays-Bas. Droite dure, mais à tendance sociale à la Le Pen en France, ce qui lui vaut le sobriquet de "Geert Milders" (mild, doux en anglais alors que Wild toujours en anglais, veut dire sauvage). Je ne parierai pas dessus. Pas d'immigration en Europe veut dire retour des femmes au foyer, et fortes incitations à produire du Hollandais chair à usines. Minimisant le danger climatique et confiant en notre capacité à tout résoudre par la technique, il appelle à davantage d'extraction de pétrole et de gaz (la croissance, inamendable mantra biblique patriarcal oblige). Les Pays-Bas, déjà sous le niveau de la mer, terre de polders et de digues, ont les meilleurs ingénieurs hydrauliciens du monde, donc la mer peut monter, ils sauront faire face, Wilders dixit ! (<a href="https://information.tv5monde.com/international/pays-bas-quel-est-le-programme-de-geert-wilders-et-de-son-parti-dextreme-droite" target="_blank">Source TV5 Monde</a>). En attendant, il va lui falloir trouver des alliances pour gouverner, selon les charmes inépuisables de la proportionnelle intégrale. </div><div><br /></div><div>C'est dans les vieux pots et avec les vieilles recettes qu'on fait les meilleures soupes. Rajoutez une grosse pincée de mentalité d'esclave, et vous avez un fumet d'années 30 du siècle passé. La nature humaine dans ses sempiternelles ornières. Le pouvoir éternellement au masculin. Rien à sauver. </div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_DNJuS1S-neREuV6j2jRcbgPuHStuUnsPwOSsV5cco99pSOMtRzNIfVRuJIYPUyhNdobxrFQDj2HHr57hd-87cPIU_4Pue5HFROG12duZDn0-D69mDzt2OfyRp5slqgsaDSKgooeTSXaZnVg6F4WT52xRvEL1_wH4jiB6jBixdVfo2tgzrEgvvg-TdYo/s2000/Nouvel%20ordre%20capillaire%20mondial%20Wilders.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1050" data-original-width="2000" height="210" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_DNJuS1S-neREuV6j2jRcbgPuHStuUnsPwOSsV5cco99pSOMtRzNIfVRuJIYPUyhNdobxrFQDj2HHr57hd-87cPIU_4Pue5HFROG12duZDn0-D69mDzt2OfyRp5slqgsaDSKgooeTSXaZnVg6F4WT52xRvEL1_wH4jiB6jBixdVfo2tgzrEgvvg-TdYo/w400-h210/Nouvel%20ordre%20capillaire%20mondial%20Wilders.jpg" width="400" /></a></div><br /><div>Bad news pour les femmes russes, héritières du communisme et de ses lois autorisant l'avortement, le Tsar Poutine (chauve, lui), enlisé en une guerre d'un autre siècle à sa voisine l'Ukraine, a subi des pertes immenses d'hommes sur les champs de batailles -on parle de 120 000 morts et de deux fois plus de blessés- considérerait remettre en cause le droit à l'avortement, en tous cas en restreindre les conditions d'accès, selon <a href="https://www.bbc.com/news/world-europe-67495969?at_medium=RSS&at_campaign=KARANGA" target="_blank">cet article en anglais de BBC World</a>. La Russie est en pleine crise démographique avec une population vieillissante, des hommes soit décédés, soit en très mauvaise santé, une guerre sur les bras. La tentation est forte de renvoyer les femmes au foyer et à la reproduction forcée. Recette ancestrale à double gain : tandis qu'elles sont très occupées à l'élevage, eux s'occupent à mettre le binz dans le monde.</div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheJM8mMy_r_sgATd7HQVKVuotecS7CigC1XrjUt99AxPLdEOcDOr1PYFQed0TawT8_WHGp82k87m_qMRAUfeD0twVorc6dd662CZfnK3TO-zxr3rtvG3ZGxL9ibn38c2O-bGAmhJfHfUFLm08rRYT9JjwY5z4wxabCQD27bX4Khx0oTTMNd7aGfwIQxSg/s1280/Poutine.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="720" data-original-width="1280" height="180" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheJM8mMy_r_sgATd7HQVKVuotecS7CigC1XrjUt99AxPLdEOcDOr1PYFQed0TawT8_WHGp82k87m_qMRAUfeD0twVorc6dd662CZfnK3TO-zxr3rtvG3ZGxL9ibn38c2O-bGAmhJfHfUFLm08rRYT9JjwY5z4wxabCQD27bX4Khx0oTTMNd7aGfwIQxSg/s320/Poutine.jpg" width="320" /></a></div><br /><div><b>Naufrage capillaire avant le naufrage tout court ? Il est encore temps de se ressaisir. L'avenir n'est pas écrit. </b></div><div><b><br /></b></div><div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEguiZ_G2aIu6CYZQCPTNTtYI8WzxXZl-ZkkITPMClG9MrApON3m46o-vbMrGFdUwWk1avl7eE9mifVkXSUxeLSB-T3IwZCG-_0p2_U4EIBPpL4j68heVD8Y8Y_2UhwSdDDOR4AeXoqUBFNDQfRAJYNOUUl69BVBpQN2fANVfsGhXA3qlZBmZP_4r0Obs20/s1200/Nouvel%20ordre%20capillaire%20mondial%20Milei%20+%20Wilders.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="720" data-original-width="1200" height="192" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEguiZ_G2aIu6CYZQCPTNTtYI8WzxXZl-ZkkITPMClG9MrApON3m46o-vbMrGFdUwWk1avl7eE9mifVkXSUxeLSB-T3IwZCG-_0p2_U4EIBPpL4j68heVD8Y8Y_2UhwSdDDOR4AeXoqUBFNDQfRAJYNOUUl69BVBpQN2fANVfsGhXA3qlZBmZP_4r0Obs20/s320/Nouvel%20ordre%20capillaire%20mondial%20Milei%20+%20Wilders.jpg" width="320" /></a></div><br /></div><div><b>Article écrit au bar du Titanic. </b></div>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-63758972019184479882023-10-25T17:30:00.009+02:002023-10-25T17:38:23.590+02:00Stéréotypes de genre increvables<p>Un matin sur Twitter trouvé ça, d'une <b><a href="https://twitter.com/HypathieBlog/status/1712722056008397028" target="_blank">association sud-américaine</a></b> (je ne sais pas si le lien est visible aux non abonnées, le Vandale qui dirige Xwitter depuis un an, Vandale dont on se serait passées si seulement il n'avait pas vu le jour, faisant n'importe quoi au gré de ses caprices de mâle immature casseur de jouets) dénonçant les violences faites aux femmes, et ici plus précisément les mariages précoces, précédée du message en anglais : 'according to gender stereotypes, girls should : - Get married ; - Take care of the house and their husbands ; - Become mothers. These ideas normalize that a girls marries or enters a relationship with an adult man. Let's put an end to theses mandates'. (Ces idées normalisent qu'une fille épouse ou entre en relation avec un homme adulte. Mettons fin à ces réquisitions). L'affiche en illustration est plus radicale : A girl's role is not to get married (le rôle d'une fille n'est pas d'être mariée). Ce qui est parfait. Toutefois la radicalité de la première assertion est adoucie, édulcorée par #NOTBefore18 (pas avant 18 ans). Dommage. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgK6voCbzzbJG2qle8QnOtK4iEh-y1iiAINUrYtPE3198DPE24LWWWBLOvDQffUAuWg1TLECsEByoik7RpJnDwi8XxP0mYEGW64rj-IaJubJp134ShxzObHpLwK3pcTe-TRG_miz3GDfmviWLY8-3rT5vIhJGtfA4QYWsUhT4K2O3qmy-B-jdJBvnLGOPE/s680/Gender%20stereotypes.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="680" data-original-width="680" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgK6voCbzzbJG2qle8QnOtK4iEh-y1iiAINUrYtPE3198DPE24LWWWBLOvDQffUAuWg1TLECsEByoik7RpJnDwi8XxP0mYEGW64rj-IaJubJp134ShxzObHpLwK3pcTe-TRG_miz3GDfmviWLY8-3rT5vIhJGtfA4QYWsUhT4K2O3qmy-B-jdJBvnLGOPE/s320/Gender%20stereotypes.jpg" width="320" /></a></div><br /><p>A quoi j'ai répondu dans la même langue : "Not only girls. According to patriarchy, all women SHOULD get married, take care of the house and their husbands, and do husbandry aka become mothers. Let's break this doom. Anatomy is not destiny." Rompons la malédiction. Anatomie n'est pas destin. Si la destination de la fille est le mariage et l'enfantement, l'âge n'est plus qu'une modalité dans la logique patriarcale. Un peu plus tôt, un peu plus tard, qu'est-ce qui empêche puisqu'il faudra de toutes façons y passer ? Le choix de ne pas se marier et de ne pas avoir d'enfant n'est pas une option, puisque toute alternative est prohibée, même dans la formulation. Et c'est cela qu'il faut contester me semble-t-il, si on est féministe. J'aurais rajouté que le destin d'une fille est d'abord d'aller à l'école, au collège, à l'université, pour avoir tous les outils pour se choisir en connaissance de cause et en autodétermination un destin personnel qui peut tout à fait être en dehors du mariage et de la maternité. </p><p>On a l'impression que les féministes se battent sur des segments de lutte sans jamais voir la big picture, l'image globale, la Matrice. Je sais qu'il y a urgence sur les mariages précoces, mais elles suivent un agenda imposé par le patriarcat. Le mariage est imposé aux fillettes pour toutes sortes d'excuses : une bouche de moins à nourrir, c'est bon à prendre quand on est pauvre, et qu'un homme se propose de l'acheter pour... lui faire des enfants, (et accessoirement pour avoir une larbine gratuite à la maison). La pauvreté et l'oppression des femmes (on ne sait d'ailleurs laquelle précède l'autre) s'enchaînent dans une boucle sans fin. L'asservissement des filles dans le mariage est une boucle rétro-active négative qui entretient le sous-développement et la stagnation dans l'indigence. La pauvreté et le sous-développement prospèrent dans l'asservissement des filles et des femmes. Donc la lutte pour le développement ne peut réussir que par l'investissement sur les filles. Il faudrait donc arriver à dire que la maternité est de toutes façons un fardeau imposé aux femmes, qu'elle gâche toutes leurs autres potentialités, sinon, c'est emplâtre sur une jambe de bois. Le monde continue sa course fatale, dirigé par la médiocrité masculine puisque le pouvoir est leur chasse gardée, aux femmes étant dévolue la charge accablante de la maternité. C'est à ce point impoli de dire que le mariage et la maternité sont des pièges, des entraves, des boulets aux pieds et des menottes aux poignets ? Mais le féminisme c'est être impolie, c'est dire non, le féminisme est sacrilège puisqu'il dénonce les vaches sacrées patriarcales et refuse de s'y soumettre ! Réfléchissez : cette insistance à vouloir à tout prix nous marier et nous faire des enfants leur libère la place, eux se gardent la "maison des hommes" comme disent les Aborigènes, la politique. Avec les résultats catastrophiques que l'on sait. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Pour les patriarcaux "de gauche", la lutte des classes sociales est prioritaire à la lutte des classes de sexe. Les exemples sont infinis et ça dure depuis les origines du socialisme. Un exemple fictionnel mais représentatif du réel, parmi tant. Je suis tombée un soir d'octobre sur Arte, qui jouait le film Un amour impossible (2018, par Catherine Corsini, metteuse en scène talentueuse, ça aide bien). Une femme des années 50 est séduite par un homme (odieux de bout en bout) qui lui fait un enfant sans vouloir endosser la paternité, qui finit par épouser une femme de sa classe. L'héroïne jouée par Virginie Efira (la seule à vieillir dans le film, les autres acteurs sont remplacés au fur et à mesure) sourit sans arrêt dans l'adversité. Elle n'arrête jamais de sourire, n'émet aucune plainte. Elle veut juste faire reconnaître sa fille par son géniteur, donc elle ne cesse pas les contacts, bien qu'épisodiques. Or, il apparaît que le père est incestueux et que c'est l'amant de passage qui l'apprend à la mère. Le film est tiré d'un roman à succès de Christine Angot, -que je ne lis plus-, il est d'ailleurs quasi autobiographique. J'ai tenu parce que je voulais savoir où tout cela menait, n'ayant pas lu le roman. La scène finale est une leçon politique de la fille à sa mère. La dernière actrice à jouer la fille, qui s'est fait la tête d'Angot de façon frappante, explique à sa mère que le problème est social, ils n'étaient pas de la même société, lui riche, de la gentry, elle pauvre et juive. Et ? RIEN. La classe de sexe est évacuée, invisibilisée, pour Angot l'oppression des femmes est la même que celle des ouvriers, l'amant occasionnel est un patron comme un autre. L'oppression spécifique des femmes est évacuée. Angot ne voit pas l'oppression des femmes, ou, autre explication, cela lui est tellement douloureux, le conflit de loyauté avec les hommes est tel, qu'elle préfère ne pas la voir. J'ai trouvé la leçon de la fin du film odieuse. </div><p>Les fondations / fondamentaux des sociétés humaines, c'est la haine des femmes et de leur corps. C'est un phénomène anthropologique : il traverse toute l'histoire, toutes les sociétés, et toutes les géographies. Mais les femmes, à l'instar de Christine A. préfèrent ne pas la voir et se raconter une autre histoire pour le plus grand intérêt des hommes. Si nous étions libres, aurions-nous besoin d'amour (sentimental, passion), se demande Ti-Grace Atkinson ? Bonne question. Jamais désirées, sauf pour des raisons contraires à nos intérêts de classe, jamais les bienvenues, alors que la naissance d'un garçon est tellement désirable, jamais bien, ni assez convenables, toujours considérées comme bouches improductives à nourrir -le comble alors qu'elles font toutes les corvées-, toujours esclavagisées dans le travail domestique, sexuel et reproductif, maintenues dans les basses zones et basses besognes (utiles) de l'économie quand elles ont un emploi, tandis que les hommes parasitent aussi bien leurs mères, sœurs, filles et femmes, en "travaillant" à produire toutes sortes d'objets inutiles ou même nuisibles, toxiques. Je me demande s'il ne serait pas temps d'arrêter cette collaboration avec l'oppresseur. </p><p><b>Que faire ? écrivait Lénine. What should we do ? </b></p><p>Il y a tant de choses autres et passionnantes à faire ! Cultiver des géraniums, apprendre l'arabe, le mandarin ou le russe (vous en aurez pour un bout de temps, vu la difficulté de ces langues !), adopter un chien dans un refuge plein à craquer, lire tout Proust (à mon avis, c'est mieux que Christine A.) ou Vassili Grossman, faire de l'adduction d'eau dans le Tiers-Monde, un vrai boulot utile celui-là, administrer un site internet coopératif, militer pour l'environnement (il y a à faire, vu les Moujiks en face), et même tricoter ou faire du crochet, apprendre à jouer aux échecs ou au poker, franchement, la liste est infinie. Alors pourquoi s'emmerder à faire de la reproduction à l'identique ? </p><p><span style="font-size: large;">"</span><b><span style="color: #990000; font-size: large;">Avoir des enfants, qui à leur tour auraient des enfants, c'était rabâcher à l'infini la même ennuyeuse ritournelle.</span></b><span style="font-size: large;">"</span></p><p> <b>Simone de Beauvoir. </b></p><p>A huit milliards d'humains vivant sur la bête, dont les ressources ne sont pas infinies vu notre goinfrerie impénitente, il n'y a pas péril pour l'espèce, c'est même le contraire, nous sommes menacées de trop plein ! On a quelques années pour voir venir. Le temps que les hommes comprennent que ça ne PEUT PAS continuer comme ça. Et puis, s'ils n'en prennent pas conscience, à quoi bon continuer une aventure misérable pour la moitié de l'humanité ? Ce chaudron bouillant que nous avons réussi à fabriquer à force d'industrie et de croissance biblique imbécile, va devenir, est déjà de toutes façons de plus en plus invivable. Il est temps d'en prendre conscience.</p>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-21053947219672179632023-10-05T08:00:00.003+02:002023-10-05T08:14:22.318+02:00Le chaudron militaire turc : la production de la violence masculine<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">" <b><span style="color: #cc0000;">Dans le processus de militaro-masculinisation, les jeunes hommes apprennent à tuer et à baiser : inséparable alliance. </span></b>"</div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRm7bSpLRVs8HSLsUEslUTBztlcFeh281Os7IFwN3RkmRh54kLaZdjN0I7v0Ja-ddDq-ye2G0lnsp61HYrTqEm_spLZFyGLHcIqVnAFrv_uzmbPMCw80AnViklz6mslIOg1hrR8XsdfpDm5iDVA2RWRVnDIQIZWZoHWyi29VHWg8FcGVAaFigCuTLPMt0/s595/Le%20chaudron%20militaire%20turc%20Pinar%20Selek.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="595" data-original-width="383" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRm7bSpLRVs8HSLsUEslUTBztlcFeh281Os7IFwN3RkmRh54kLaZdjN0I7v0Ja-ddDq-ye2G0lnsp61HYrTqEm_spLZFyGLHcIqVnAFrv_uzmbPMCw80AnViklz6mslIOg1hrR8XsdfpDm5iDVA2RWRVnDIQIZWZoHWyi29VHWg8FcGVAaFigCuTLPMt0/w258-h400/Le%20chaudron%20militaire%20turc%20Pinar%20Selek.jpg" width="258" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Par la sociologue turque réfugiée en France Pinar Selek, la fabrique de la masculinité hégémonique. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Quelles sont " <b><span style="color: #cc0000;">les ténèbres qui font d'un bébé un assassin </span></b>" ? Les six étapes-rites qui font d'un enfant garçon un homme : le rite de la circoncision vers 10 ou 11 ans, rite qui sépare le garçon de sa mère où le <i>petit sultan</i> assiste, encouragé par cette dernière à l'égorgement d'un bélier -pour "<span style="color: #cc0000;"><b>conjuguer ensemble le pénis et le sang ?</b></span>" se demande l'autrice- et le fait entrer dans le monde masculin ; la durcir et baiser, la première expérience sexuelle souvent au bordel, parfois conduit par le père, qui peut être concomitante avec la troisième initiation, le service militaire ; puis se trouver un travail, une position dans la société ; se marier et enfin, devenir père, l'ultime étape. </div><p>Le service militaire (obligatoire pour les mâles durant six mois en Turquie, interdit aux homosexuels et aux trans, sur présentation d'un certificat médical, à base d'examens humiliants lors de l'incorporation) constitue un passage initiatique homosocial * qui inculque aux garçons la violence via des brimades, l'enfermement, l'encasernement, la soumission à des ordres et des tâches répétitives, absurdes, voire maltraitantes, les brimades, les bizutages des aînés et de la hiérarchie étant tolérés et même encouragés. 2000 appelés perdraient ainsi la vie dans leurs casernes. Pas mal en reviennent avec un <a href="https://www.inserm.fr/dossier/troubles-stress-post-traumatique/" target="_blank"><b>PTSD</b></a> non soigné, évidemment. Puis on les initie au combat et au maniement des armes. Ainsi le "Mehmetçik" (petit Mehmet) devient-il un "Mehmet" dans une patrie nationaliste où l'armée constitue historiquement et plus que jamais la colonne vertébrale. Devenir un homme en rampant. </p><p>Bien que la méthode sociologique employée par Pinar Selek, à base de questionnaires faisant remonter un verbatim constitue la trame de l'ouvrage, on est ici dans l'anthropologie. Faisant le lien entre Hannah Arendt (Les origines du totalitarisme), les travaux de Foucault (Surveiller et punir), en passant par ceux des féministes Monique Wittig et Colette Guillaumin " <b><span style="color: #cc0000;">qui ne définissent pas l'hétérosexualité comme une simple pratique sexuelle mais comme une norme imposée</span></b> ", Pinar Selek écrit en cent pages un ouvrage universel sur la fabrique du masculin hégémonique. C'est à la fois implacable, terrifiant et magistral. A lire absolument.</p><p><b><a href="https://www.desfemmes.fr/essai/le-chaudron-militaire-turc/" target="_blank">La page de l'ouvrage chez Des Femmes</a></b></p><p><b>" <span style="color: #cc0000;">Le service militaire réunit matériellement les hommes et crée une unité apparente, autour d'un critère précis : avoir un pénis 'qui fonctionne'. Basé sur une idéologie patriotique valorisée par les familles, il rassemble 'ceux qui ont le pouvoir de baiser' pour former le corps principal de la nation. </span>" </b></p><p><b>" <span style="color: #cc0000;">L'expérience du service militaire en Turquie n'est qu'un exemple du rôle des structures militaristes dans la transformation d'un enfant en un sujet de la violence masculine. Elle démontre comment les ténèbres qui font d'un bébé un assassin sont façonnées par cette raison du pouvoir dans laquelle les sujets masculins s'intègrent, en s'habituant, à différents degrés, à la hiérarchie, à l'arbitraire, à l'irrationalité...</span> "</b></p><p><b>" <span style="color: #cc0000;">La citoyenneté masculine prend ainsi forme dans l'uniforme. Ce processus met à nu la place de la masculinité normative dans l'organisation de la violence politique ainsi que dans la structuration sociale de la violence. La reproduction de l'identité masculine par la violence sert à la militarisation et à la généralisation de la violence politique par les corps masculins. [...] Proclamés pachas dans leur enfance, ils apprennent à combattre non seulement les ennemis de l'Etat, mais également quiconque oserait effleurer leur honneur masculin caché dans le corps des femmes de leur famille.</span> "</b></p><p>* " <b><span style="color: #134f5c;">Les communautés homosociales exclusivement masculines de l'armée, des équipes de football, des internats, des supporters sportifs, des organisations mafieuses consolident la masculinité, réorganisent le déséquilibre entre les sexes et les espaces de lutte de pouvoir entre les hommes. </span></b>" Hilar Onur / Bertin Konyuncu, cités dans l'ouvrage. </p><p><b>Pinar Selek</b> vit et publie désormais en France car elle est victime de la répression que subissent les intellectuels en Turquie. Elle sociologue et écrivaine. </p><p>Les citations de l'autrice sont en caractères <b><span style="color: #cc0000;">gras et rouges</span></b>.<b> </b></p>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-49296819746846674252023-09-17T12:30:00.478+02:002023-09-21T08:39:07.662+02:00Marie Huot Libertaire, néomalthusienne, antispéciste, féministe...<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi48NQxZXYT_89SU9fU6WJrnpHzza1eLiSn0Fx0nLKd_3dF88iop4w0ArzBtDhxF8ELNuZr6tAVha0ALGIXmeATt9fVTMXcVyD3RDMB2VB4V97shVr0uedxXpnpaFaVx6Zrro-1cvs3eDoUR7_saZ_FoV2LEKpVJsSmgwCj8Ta470wgKasctsyCEFQHGBA/s425/Marie%20Huot%20biographie.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="425" data-original-width="294" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi48NQxZXYT_89SU9fU6WJrnpHzza1eLiSn0Fx0nLKd_3dF88iop4w0ArzBtDhxF8ELNuZr6tAVha0ALGIXmeATt9fVTMXcVyD3RDMB2VB4V97shVr0uedxXpnpaFaVx6Zrro-1cvs3eDoUR7_saZ_FoV2LEKpVJsSmgwCj8Ta470wgKasctsyCEFQHGBA/s16000/Marie%20Huot%20biographie.jpg" /></a></div><br />L'<b><a href="http://www.atelierdecreationlibertaire.com/" target="_blank">Atelier de Création Libertaire</a></b> a publié en 2023 cet ouvrage sur Marie Huot, femme oubliée de l'histoire. Son auteur, l'historien Sylvain Wagnon de l'Université de Montpellier, m'a proposé de le lire. En voici un court résumé.<div><br /><div><b>Marie Huot</b> est née Mathilde Marie Constance Ménétrier en 1846 dans l'Yonne, d'un milieu bourgeois, et est décédée en 1930. Avec son mari Anatole Théodore Marie Huot, un fonctionnaire de l'Instruction Publique et libre-penseur, elle évolue et milite dans le mouvement libertaire de la fin du XIXe siècle. Poétesse, journaliste, grande voyageuse, oratrice hors-pair, elle devient conférencière et milite contre la vivisection, contre la tauromachie introduite en France au moment du Second Empire, réhabilite Malthus avec des camarades, et préconise la <b>grève des ventres</b>, prône l'amour libre et l'éducation sexuelle, et aborde la question de l'avortement auprès des femmes qui pâtissent de grande pauvreté comme soutiens d'immenses familles, puisque les moyens de contraception arriveront bien plus tard. Marie Huot est passionnante par sa faculté de voir les choses globalement, top down, et de lier les problématiques sociales entre elles. Alors que le patriarcat a la capacité d'instaurer les déconnexions, le féminisme radical, lui, rétablit les connections, lie la pensée et l'action, d'où sa dangerosité pour l'ordre établi, selon une citation de Robin Morgan. Marie Huot, comme ses contemporaines, a cette capacité de restaurer les connections, elle pense large, comme son style. Elle cherche et tâtonne, explore sans réticences l'eugénisme et le malthusianisme, participe à un mouvement antivaccins du temps de Pasteur. Mais comment la juger à l'aune de ce que l'on sait aujourd'hui, elle qui vivait à la charnière des deux derniers siècles ? </div><div><br /></div><div><b>Libertaire</b>, elle milite au sein des cercles anarchistes avec son amie de Louise Michel dont elle gardait les chats quand celle-ci était arrêtée ou absente, en exil. Leurs chemins divergeront quand Louise Michel privilégiera la lutte sociale à la lutte antispéciste, car elle ne voulait pas disperser ses forces.<div><div><br /></div><div><b>Néomalthusienne</b> : avec l'anarchiste Paul Robin, arguant que la bourgeoisie pratique l'eugénisme et la restriction des naissances pour éviter le morcellement des héritages, tout en encourageant le peuple à fournir toujours plus de chair à usines, maintenant ainsi les salaires bas, et de chair à canon pour régler les problèmes de ressources, frontières et trop-plein, ils tentent de réhabiliter le malthusianisme en l'intégrant à la lutte révolutionnaire. Education sexuelle, connaissance du corps et apprentissage de l'hygiène, déconnexion de la sexualité et de la procréation (hantise des clercs obsédés par la procréation), amour libre et émancipation des femmes sont les causes qu'elle défend au sein de la Ligue de la Régénération humaine et ses publications. Là où son néomalthusianisme défend l'émancipation des femmes et la maternité libre, ses camarades anarchistes verront, eux, une émancipation de la classe ouvrière du capital, désarmant ce dernier par un manque de bras, espérant provoquer par la pénurie de main d'oeuvre des salaires élevés. Etonnant pour notre époque contemporaine où le malthusianisme nous est toujours présenté comme une idée de droite réactionnaire, ces anarchistes, quoique minoritaires, réussissent à en faire une idée révolutionnaire. </div><div><br /></div><div><b>"</b> T<b><span style="color: #990000;">ant que la femme ne sera pas délivrée de la maternité obligatoire, il lui sera impossible de s'affranchir réellement et d'échapper à la tutelle de l'homme comme au joug de la société. </span>"</b></div><div><br /></div><div>Déjà minoritaire au sein de la mouvance révolutionnaire, le coup d'arrêt au mouvement néomalthusianiste viendra en 1920, après la grande boucherie de la deuxième guerre mondiale, avec la loi du 31 juillet 1920 "<i>réprimant provocation à l'avortement et la propagande anticonceptionnelle</i>" texte où l'avortement est défini comme un crime. Cette loi confirme donc a posteriori l'exactitude des analyses des néo-malthusiens : les femmes sont renvoyées au gynécée, priées de pondre pour refaire le stock de chair à manufacture et de chair à canon, dont se repaît l'ogre patriarcal. <br /><div><br /></div><div><b>Antispéciste, antivivisectionniste</b>. Déjà militante de la SPA de l'époque qu'elle juge trop laxiste sur le sujet, elle crée la Ligue populaire contre la vivisection en 1883, ligue qui lutte contre toute forme de maltraitance, en interpellant directement ses opposants : elle frappe de son ombrelle le nez d'un médecin, l'accusant de torturer de façon inutile des chiens et des singes dans son laboratoire de recherche. Elle aura aussi une querelle avec Pasteur, car elle lui reproche ses expériences sur des chiens pour valider son vaccin contre la rage. Marie Huot s'oppose aux courses de taureaux, lorsque l'impératrice Eugénie de Montijo se met en tête d'introduire la corrida, tradition sudiste, en France. Elle publie des textes, monte à la tribune, pétitionne des ministres, et va à des corridas à Paris et à Nice avec des groupes de militant-es armées de sifflets, imagine même un moment y aller avec un revolver, puis se ravise car "entre des mains antivivisectionnistes, ça détonne avec les principes". Il est à noter que le mouvement féministe anglo-saxon, puis étasunien pour le suffrage des femmes, comptait dans ses rangs des antivivisectionnistes, un lien bien oublié aujourd'hui, puisque lorsque les historiens se penchent sur les débuts du mouvement social de défense des animaux, ils ne lui trouvent plus que des "pères". Comme à l'habitude, les femmes pionnières sont effacées de l'histoire pour laisser place à des hommes qui se sont ralliés tardivement à la cause, mais qui s'imposent et récoltent tous les lauriers à la place de leurs devancières. Pour retrouver ce lien historique, <b><a href="https://coteboudreau.com/2015/02/18/petite-histoire-mouvement-anti-vivisection/" target="_blank">lire le billet de Fred Côté-Boudreau sur l'origine du mouvement</a></b> anti-vivisection.</div><div> </div><div><b>Végétarienne</b> : ridiculisée par les (hommes) amateurs de potées et autres cassoulets, elle revendique "ne plus manger que des légumes et boire de l'eau". Elle fait l'expérience aussi d'être jugée d'une sensiblerie de femmelette, on lui renvoie au nez la concurrence des causes, elle qui juge durement la "tartufferie humanitaire". Comme on peut le voir, rien n'a changé, c'en est quasiment désespérant. </div><div><div><br /></div><div><b>POSTERITE de MARIE HUOT</b></div><div><br /></div><div>Ses héritièr-es sont évidemment tout-es les valeureux-ses <b>activistes contemporains pour les animaux</b>, aussi bien les <b>végétariens et véganes</b> que les antivivisectionnistes / anti expérimentation animale, les militants pour l'arrêt de l'élevage intensif et pour la fermeture des abattoirs. D'autant que depuis plus d'un siècle, la population mondiale est passée de 1,5 milliards à 8 milliards, que les classes moyennes (4 milliards) revendiquent leur statut social en mangeant de la viande (industrielle) dans des proportions inégalées. Sans oublier les anti-corridas, puisque les choses sont quasiment encore dans le même état qu'il y a un siècle. </div><div><br /></div><div>Les <b>DINKies</b> : Double Income No Kids, foyers à double revenu sans enfant, plutôt identifiés couples de lesbiennes et de gays, mais pas seulement.</div><div>Les refusant-es de la parentalité, dits <b>childfree</b> puisque ce sont plutôt les anglo-saxons qui portent le mouvement #NoKids #StopHavingKids, et que les français-es sont très timides sur le sujet, hésitant toujours à sortir du placard. Refusez d'ôter la vie pour passer à table, et de l'infliger à des innocents qui ne vous ont rien demandé, et vous serez voué-es aux gémonies, aurait-elle pu écrire. </div><div><br /></div><div>Le <b>mouvement Birth Strike</b> (grève des ventres) de 2019 : initié dans la dynamique des collectifs Extinction Rebellion, le mouvement veut attirer l'attention sur les dégradations environnementales, économiques et sociales de notre biotope, et interroge nos choix individuels de mettre des enfants dans un monde soumis au bouleversement climatique. Des dissensions au sein du mouvement amènent à sa dissolution à l'été 2021, et témoignent comme à l'époque de Marie Huot, de la grande difficulté de faire du refus de la maternité une lutte politique contre les injonctions patriarcales, et bien sûr de la difficulté à faire percer dans nos consciences et comportements les effets catastrophiques du changement climatique. Pas plus que la pauvreté la plus sordide des couples et des femmes ne dissuadait les maternités multiples du temps de Marie Huot, le changement climatique n'infléchit aujourd'hui notre "propension au lapinisme", comme écrivait Françoise d'Eaubonne il y a cinquante ans.</div></div></div><div><br /></div><div>L'auteur de la biographie de Marie Huot, Sylvain Wagnon, conclut en ces termes sur l'échec du Mouvement Birth Strike : </div><div><br /></div><div><b>"</b> <b><span style="color: #073763;">L'échec de cette campagne illustre, comme lors de la prise de position de Marie Huot, la grande difficulté de faire de la maternité un levier de lutte politique. Pour autant la question est de plus en plus présente devant l'immobilisme et la résistance à toute prise en compte réelle de la situation environnementale et climatique. Cela pose comme au XIXe siècle, la place d'une telle revendication au sein de la question sociale et politique.</span></b> <b>"</b></div><div><br /></div><div>Quelques unes des phrases de Marie Huot en guise de viatique, car la route est encore longue et le combat continue : </div><div><br /></div><div>Faire des enfants après une guerre ? </div><div><b>"</b> <b><span style="color: #cc0000;">Comment osent-ils recommencer des berceaux ceux qui viennent de fermer des tombes ?</span></b> <b>"</b></div><div><br /></div><div><b>"</b> <b><span style="color: #cc0000;">Selon le droit primitif de la nature, nul n'a de droit particulier sur quoi que ce soit. Qui a dit cela ? Bossuet, et après lui tous les anarchistes. Prêchez d'exemple, au moins.</span></b> <b>"</b></div><div><br /></div><div><b>"</b> <b><span style="color: #cc0000;">Oui ça me va de vous dire à tous que vous méritez les affres et les souffrances. Est-ce que vous les épargnez aux autres créatures ? N'admettez-vous pas l'esclavage à l'étage en-dessous ? Et traitez-vous mieux qu'on ne vous traite vos frères asservis ?</span></b> <b>"</b></div><div><br /></div><div><b>"</b> <b><span style="color: #990000;">Combattre pour l'animal, à la bonne heure ! La tâche est plus ingrate, le ridicule l'a sanctifiée ; et comme il faut y apporter plus de désintéressement, d'amour et de haine, ça me va ! Et puis combattre pour l'homme ça manque d'abnégation, l'égoïsme et la vanité y trouvant bénéfice...</span>" </b> </div><div> </div><div>Deux de ses textes écrits dans une langue magnifique sont reproduits en fin d'ouvrage. </div><div><br /></div><div>La <b><a href="https://maitron.fr/spip.php?article154168" target="_blank">fiche de Marie Huot sur le Maitron</a></b></div><div><br /></div><div>Un de mes <b><a href="https://hypathie.blogspot.com/2022/07/moins-nombreux-plus-heureux.html" target="_blank">précédents articles sur le néomalthusianisme, épistémologie féministe</a></b>. </div></div></div></div>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-88229757930249502662023-08-19T17:30:00.035+02:002023-08-19T19:54:59.970+02:00La planète malade <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiShPbVT3cc61lG_rUXvLg3TdsWqaN1s0mWmxKE5YayBnw3I6L9jBXID6bUQy_eySUDItd5lXYrNt2FkOrZfjBK6WEWui-UW8-tLM-Q-qtshzuOW2tnad23JfLb59zoUBfU-TvaepPM54fC63NfTifVwHfnDVPDBqN-vHk0KylElCsTflnbjVq9Fhxb02E/s293/Guy%20Debord%20le%20Un%20Hebdo.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="293" data-original-width="199" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiShPbVT3cc61lG_rUXvLg3TdsWqaN1s0mWmxKE5YayBnw3I6L9jBXID6bUQy_eySUDItd5lXYrNt2FkOrZfjBK6WEWui-UW8-tLM-Q-qtshzuOW2tnad23JfLb59zoUBfU-TvaepPM54fC63NfTifVwHfnDVPDBqN-vHk0KylElCsTflnbjVq9Fhxb02E/w217-h320/Guy%20Debord%20le%20Un%20Hebdo.jpg" width="217" /></a></div><div><br /></div>Pendant cet été où les images de la planète qui brûle montrent un spectacle terrifiant sur tous les médias, images de méga-feux s'attaquant aux "paradis" consommés par les touristes, Rhodes, Corfou, en Grèce, Tenerife dans l'archipel des Canaries, Maui dans l'archipel des Hawaï avec sa capitale détruite, ses 12 000 habitants, ceux qui n'ont pas péri dans les flammes devenant des réfugiés de l'intérieur, ce qui oblige les touristes et campeurs à fuir en maillot de bain, les flammes leur léchant la peau et les fumées asphyxiantes leurs brûlant les poumons ; tandis que les forêts canadiennes subissent le même sort en balançant dans l'atmosphère l'équivalent d'une année d'émissions carbone du Japon, pays développé, fétichiste de la Marchandise, le Un Hebdo publie un numéro (458, 2 août 2023) sur ce que nous dit aujourd'hui Guy Debord, inventeur du concept de la société du spectacle. Je me suis jetée dessus. <div><br /></div><div>Guy Debord, 1931 - 1994, est le fils d'un fabriquant de chaussures de luxe. Après une période littéraire "surréaliste" il devient théoricien révolutionnaire marxiste. Il va s'appliquer son premier slogan "ne travaillez jamais" en vivant du produit de l'héritage de ses parents, puis ayant eu l'intuition de l'avènement de la société de consommation en lisant un chapitre du Capital de Marx consacré à la nature fétiche de la marchandise, il fonde l'Internationale Situationniste (IS) en 1957, qui restera un groupuscule révolutionnaire à l'exclusion facile, dont toutefois les numéros de la revue du même nom où il publiait ses idées sont considérés, même avant sa mort, comme patrimoine national par la BNF. Il publie La société du spectacle en 1967 : il y développe que la production sans fin de marchandises aboutit à une accumulation de spectacles. Il se suicide à 62 ans, miné par la maladie. Sa biographie plus complète est à lire dans le Un Hebdo. </div><div><br /></div><div>Gallimard, collection blanche, publie en 2004 trois textes de Guy Debord, textes initialement parus en 1966 sur les émeutes raciales de Watts ghetto noir de Los Angeles, en 1967 sur la Révolution culturelle chinoise, et un dernier court texte, inédit de 1971 qui donne son titre à l'ensemble : La planète malade aborde le thème de la pollution et de sa représentation. "<b><span style="color: #073763;">C'est du spectacle sous toutes ses formes et de ce qu'il engendre qu'il s'agit.</span></b>". Visionnaire, ce texte est, 52 ans après, d'une éclatante actualité. Je vous en propose quelques extraits. </div><div><br /></div><div>" <span style="color: #cc0000;"><b>L'époque qui a tous les moyens techniques d'altérer absolument les conditions de vie sur toute la Terre est également l'époque qui, par le même développement technique et scientifique séparé, dispose de tous les moyens de contrôle et de prévision mathématiquement indubitable pour mesurer exactement par avance où mène -et vers quelle date- la croissance automatique des forces productives aliénées de la société de classes : c'est à dire pour mesurer la dégradation rapide des conditions mêmes de la survie au sens le plus général et le plus trivial du terme. </b></span></div><div><span style="color: #cc0000;"><b>[...] On mesure et on extrapole avec une précision excellente l'augmentation rapide de la pollution chimique dans l'atmosphère respirable ; de l'eau des rivières, des lacs et déjà des océans, et l'augmentation irréversible de la radioactivité accumulée par le développement <i>pacifique </i>de l'énergie nucléaire ; des effets du bruit ; de l'envahissement de l'espace par des produits en matière plastique qui peuvent prétendre à une éternité de dépotoir universel ; de la natalité folle ; de la falsification insensée des aliments ; de la lèpre urbanistique qui s'étale toujours plus à la place de ce que furent la ville et la campagne ; ainsi que des maladies mentales... </b></span></div><div><span style="color: #cc0000;"><b>Une société toujours plus malade, mais toujours plus puissante, a recréé partout concrètement le monde comme environnement et décor de sa maladie, en tant que </b><i><b>planète malade</b>.</i> </span></div><div><br /></div><div><span style="color: #0c343d;"><b>Le développement de la production s'est entièrement vérifié jusqu'ici en tant qu'accomplissement de <i>l'économie politique</i> : développement de la misère, qui a envahi et abîmé le milieu même de la vie. La société où les producteurs se tuent au travail, et n'ont qu'à en contempler le résultat, leur donne maintenant franchement à voir, et à respirer, le résultat général du travail aliéné en tant que résultat <i>de mort. </i>Dans la société de l'économie surdéveloppée, tout est entré dans la sphère des <i>biens économiques</i>, même l'eau des sources et l'air des villes, c'est-à-dire que tout est devenu le <i>mal économique, </i>'reniement achevé de l'homme' qui atteint maintenant sa parfaite <i>conclusion matérielle</i>. Le conflit des forces productives modernes et des rapports de production, bourgeois ou bureaucratiques, de la société capitaliste est entré dans sa phase ultime. </b></span></div><div><br /></div><div><span style="color: #660000;"><b>La fonction dernière, avouée, essentielle, de l'économie développée aujourd'hui, dans le monde entier ou règne le travail-marchandise, qui assure tout le pouvoir à ses patrons, c'est <i>la production des emplois</i>. On est donc bien loin des idées 'progressistes' du siècle précédent sur la diminution possible du travail humain par la multiplication scientifique et technique de la productivité, qui était censée assurer toujours plus aisément la satisfaction des besoins <i>antérieurement reconnus par tous comme réels</i>, et sans<i> altération fondamentale</i> de la qualité même des biens qui se trouveraient disponibles.</b></span> " </div><div><br /></div><div>Guy Debord, 1971.</div><div><br /></div><div>Comme ressource supplémentaire, l'ex-ingénieur Olivier Lefebvre, dans son ouvrage <b><a href="https://www.goodreads.com/book/show/131943596-lettre-aux-ing-nieurs-qui-doutent" target="_blank">Les ingénieurs qui doutent</a></b>, paru en mai 2023 aux Editions L'échappée, propose, à propos des 'bullshit jobs' (à ne pas confondre avec les 'shitty jobs' utiles mais mal payés) qu'il a occupés, en étant bien payé et considéré, <b><a href="https://www.goodreads.com/review/show/5639662674" target="_blank">son explication / éclairage</a></b> très intéressants sur la pensée de Guy Debord. </div><div> </div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcYmV7L6dQPt6aGVgWS19wHhg1oxkqVuqjMQtGIqq9el0f6r6ce2Te1c_bJIkVQPZ29JyfntyzdysjD3o1Aq-7jKOLa3-LWyFb3qmnlcsya6hrlzTg-pQThoRwIX1Qvuz3q-qcXI_AcnmF7tC4roWyaP5HcXZmQ5ScsQu1zIVk4C3P_2TwSFktagoNNGE/s225/Guy%20Debord%20la%20fin%20du%20spectacle.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="225" data-original-width="224" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcYmV7L6dQPt6aGVgWS19wHhg1oxkqVuqjMQtGIqq9el0f6r6ce2Te1c_bJIkVQPZ29JyfntyzdysjD3o1Aq-7jKOLa3-LWyFb3qmnlcsya6hrlzTg-pQThoRwIX1Qvuz3q-qcXI_AcnmF7tC4roWyaP5HcXZmQ5ScsQu1zIVk4C3P_2TwSFktagoNNGE/w398-h400/Guy%20Debord%20la%20fin%20du%20spectacle.jpg" width="398" /></a></div><br /><div><br /></div><div>Merci au Fédiversien "intrigué" qui a galéré et passé beaucoup de temps à remettre cette phrase dans son contexte d'origine, <a href="http://debordiana.chez.com/francais/is3.htm" style="font-weight: bold;" target="_blank">le numéro 3 de décembre 1959 de la revue l'Internationale situationniste</a>, à la fin de la note sur le sens du dépérissement de l'art. C'est tout à fait sympathique ce travail collaboratif :))</div>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-25491271488374491792023-07-24T18:30:00.012+02:002023-09-01T09:35:31.570+02:00La femme met bas, l'homme se bat. La femme procrée, l'homme crée. Des outils et des corps.<p> Dans la torpeur estivale, les radios de service public continuent à nous abreuver d'études de chercheurs (une spécialité de France Info et France Inter) et ce 22 juillet, ce fut sur la chasse. Les femmes chassent-elles ? Le marronnier fleurit en été, comme s'il fallait encore que les femmes chassent, et comme s'il fallait nous attribuer un petit lot de consolation. Absentes des chasses au XIXè et au XXème siècle, désormais les affirmations inverses abondent, avec le même excès et les mêmes caricatures, mais à l'envers. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgizUXRyorIZTxQbf3lBveTcfScb6EPcgGyW4Mlq4-Q_HOPfu0Ln_pLrXhrA0InCM7trnM0HsfJHFmDfYdgpiQqyYMylwfM1QXEoeoKx0P0c8WIhjInWxd3GGuD3NhkfK9dxyb4YUeyy5BetAFZsc0W3WiNn4h7b0sk_eowOOaG93IvH0tcdDA8CcG8KzY/s674/l'anatomie%20politique%20tome%202%202.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="674" data-original-width="410" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgizUXRyorIZTxQbf3lBveTcfScb6EPcgGyW4Mlq4-Q_HOPfu0Ln_pLrXhrA0InCM7trnM0HsfJHFmDfYdgpiQqyYMylwfM1QXEoeoKx0P0c8WIhjInWxd3GGuD3NhkfK9dxyb4YUeyy5BetAFZsc0W3WiNn4h7b0sk_eowOOaG93IvH0tcdDA8CcG8KzY/w389-h640/l'anatomie%20politique%20tome%202%202.jpg" width="389" /></a></div><br /><p><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">En gros, voici l'exposé : des chercheuses et chercheurs ont étudié des tribus contemporaines, après les anthropologues Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Nicole-Claude Mathieu et Paola Tabet, excusez du peu, selon les mêmes méthodes en immersion, des fois que les précédents auraient loupé un truc aussi important que la chasse, et elles se sont aperçues, ô miracle, que oui, les femmes chassent ! Alléluia. Sonnez hautbois, résonnez musettes ! J'étais scotchée à mon poste, la tartine en l'air, le café refroidissant, attendant la suite que j'ai presque pu dire avec la journaliste. Les femmes chassent, de petits animaux en posant des filets et en utilisant des bâtons. Les arcs, flèches, javelots, sont, eux, réservés aux hommes ! </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Tout ça pour ça. Mais l'honneur est sauf, les femmes d'il y a 6000 ans, que leurs descendantes le sachent, ne se contentaient pas de rester au foyer à faire bouillir la marmite, elles chas-saient-elles-zaussi. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">La question est une défausse : le sujet ici n'est pas la chasse, mais bien la possession d'outils et d'armes. Et pour les femmes c'est tintin, pas d'outils, pas d'armes, tabou. Avoir accès aux outils, c'est gagner en productivité, et posséder une arme, c'est pouvoir se défendre. Pour une catégorie sociale, les femmes, taillables et corvéables à merci, impensable, voyons. Les gains de productivité c'est bon pour les hommes qui peuvent ensuite se détendre en palabrant sous le séquoia -ou le chêne, ou le baobab, vu que c'est anthropologique et que ça traverse l'histoire humaine, et absolument toutes les sociétés, choisissez l'arbre le plus abondant dans votre canton, ça marche aussi. Et c'est pour cela qu'aujourd'hui, les femmes même en emploi (posté type masculin) se coltinent les tâches des basses zones de l'économie, peu mécanisées, soulevant des vieux, des enfants, et se cassant le dos. Quant à se défendre, <i>no way</i>. Elles sont battues comme plâtre, maltraitées chez elles par Le prince Cogneur, ou attaquées dans la rue, personne ne leur conseillera (même pas les féministes, un comble) de prendre des cours de self-défense ou même d'avoir un moyen de défense sur elles. De peur d'être traitées d'agressives ? Parce qu'une femme qui se défend est agressive, même une qui porte sur elle un spray anti-agression, ainsi fonctionne la société. Elles doivent faire dévolution de leur sauvegarde au camp d'en face. Pour le pire souvent. On en est encore là, c'est dire si le tabou est ancré et persistant. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Aussi, je me permets deux conseils de lecture pour égayer votre été, même les journalistes de France Info peuvent en profiter si elles passent par ici : L'anatomie politique de Nicole-Claude Mathieu, 1937- 2014, anthropologue française de la lignée des féministes Monique Wittig écrivaine, Christine Delphy sociologue..., <b>les matérialistes d'expression francophone, anti-naturalistes, qui travaillent dans la perspective des rapports sociaux de sexe et qui soutiennent que les catégories "femmes" et "hommes" sont construites socialement en fonction d'un rapport social de pouvoir.</b> En faveur des hommes et en défaveur des femmes, dois-je préciser ?</div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Et l'irremplaçable ouvrage de Paola Tabet, anthropologue italienne (1935) professeure d'université à Sienne puis en Calabre qui travaille, elle aussi, sur les rapports sociaux de sexe. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEho1YwBs-dFvwc59PV98HQ8wnMLM6wHBWFAFmUcVnm2bXhwjO2dprii9FmtJThYB2kiSL21-rC1G4wx9Os2uTRfVB-OK_IJ5WLCyP_lBKrk9k66NfkUF1i6oicYUCdIh0TR1dgaIU6ZvdWPHScZDw4pzjkegIJYXFNEWR5qiF8qekfMdQmgmz9VcoPBpS8/s500/La%20construction%20sociale%20de%20l'n%C3%A9galit%C3%A9%20des%20sexes%20Tabet%201.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="311" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEho1YwBs-dFvwc59PV98HQ8wnMLM6wHBWFAFmUcVnm2bXhwjO2dprii9FmtJThYB2kiSL21-rC1G4wx9Os2uTRfVB-OK_IJ5WLCyP_lBKrk9k66NfkUF1i6oicYUCdIh0TR1dgaIU6ZvdWPHScZDw4pzjkegIJYXFNEWR5qiF8qekfMdQmgmz9VcoPBpS8/w249-h400/La%20construction%20sociale%20de%20l'n%C3%A9galit%C3%A9%20des%20sexes%20Tabet%201.jpg" width="249" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div>Pour résumer rapidement l'action comme on dit au cinéma, il y a d'abord Claude Lévi-Strauss qui dit que les sociétés humaines se sont constituées sur l'échange des femmes ; le tabou de l'inceste en découle, pas pour des raisons biologiques, mais pour des raisons sociales. On n'use pas du bien qu'on a cédé ou aliéné, on ne le reprend pas (oui, je parle bien des femmes et des filles). Françoise Héritier, étudiante chez Lévi-Strauss, aboutit dans ses recherches à la "valence différentielle des sexes", euphémisme pour dire qu'un homme et une femme ne se valent pas socialement. L'une fait les corvées, approvisionne en nourriture, va chercher de l'eau au puits, reproduit l'espèce, et... mange après tout le monde, surtout après les hommes et ses propres fils ; les hommes chassent, se battent et font de la politique. D'où, sans doute, la dysmorphie de notre espèce, nous avons été mal nourries et notre squelette l'a enregistré. Arrive Nicole-Claude Mathieu, anthropologue elle aussi, mais féministe, lesbienne, matérialiste (notion marxiste de la lutte des classes) et antinaturaliste. Qui elle, décrit dans une perspective féministe, que l'anatomie est politique et que cela fait système, a été voulu, construit socialement, ce qu'elle décrit dans des articles savants publiés dans les deux tomes de l'anatomie politique. Puis, Paola Tabet étudie des tribus premières de chasseurs et pêcheurs et aboutit à la conclusion que les femmes sont systématiquement privées d'outils, et d'armes -c'est quasiment la même chose, le premier outil ayant été une arme : une pierre taillée, puis le progrès technique aidant, un propulseur (bâton sur lequel est fixée la pierre taillée qui devient un javelot et permet de tuer à distance un animal, ce que ne permettait pas la pierre taillée). Et que cela a des conséquences sur leur position dans la société et sur leur statut. Privées d'outils, elles sont exclues des gains de productivité, privées d'armes, elles ne peuvent pas se défendre. Que cela est voulu, fait système, que les femmes sont contraintes ainsi à la reproduction.<div><br /></div><div>Bien, me diront certaines, on n'en est plus là ! Ah ? Moi je vois que le statut des femmes qui n'a jamais été brillant, régresse, qu'elles font toujours les travaux pénibles à mains nues, qu'elles soulèvent des charges (enfants, vieillards, malades, cruches d'eau, et les sacs de courses du supermarché...), en étant mal payées, ou bénévolement dans la domesticité des hommes, qu'elles n'arrivent toujours pas à se défendre, pire, qu'elles doivent faire dévolution de leur sécurité aux hommes de leur entourage, qu'elles en meurent, et qu'elles connaissent surtout la pauvreté, surchargées d'enfants, souvent abandonnées par les géniteurs. Et qu'elles se prennent en plus des engueulades quand leurs gars se comportent mal. Où sont les pères ? Palabrant au bistrot, ou sous le séquoia (voir plus haut). </div><div><br /></div><div>Certaines me renverront les sociétés matriarcales ou semi-matriarcales comme argument ; à quoi je réponds que le matriarcat dominant les hommes, figure inversée du patriarcat, n'a jamais existé, qu'en tous cas il n'en reste aucune trace. Le Pays Basque et la Bretagne ont revendiqué au XXe siècle des semi-matriarcats anciens : méfiance, il s'agit davantage d'une opération marketing, cette revendication leur permettant de renforcer une identité forte, de se démarquer des concurrentes. " <b><span style="color: #cc0000;">Un passé inventé ne donnera pas aux femmes un futur</span></b> ", cité par Nicole-Claude Mathieu. </div><div><br /></div><div>D'autres me rétorqueront que des outils, elles en ont à la maison. Croyez-vous ? La définition de l'outil est aussi dépendante de qui l'utilise. Un balai n'est pas un outil, une balayeuse à moteur thermique, oui ; une houe n'est pas un outil, une petite main de femme peut la guider, la charrue, elle, en est un, monopolisé par les hommes ; le bâton à fouir utilisé par les femmes pour trouver des larves ou des racines, n'est pas un outil, le javelot propulseur, oui ; un lave-linge et une machine à écrire sont des outils, qui permettent des gains de productivité, mais les hommes répugnent à s'en servir donc ils sont dégradés, ce sont les femmes qui les utilisent ; la linotype d'imprimerie était elle un outil, et les hommes ont longtemps refusé que des femmes s'en servent. L'ordinateur sous Unix est un outil, il n'y a guère que les ingénieurs (mâles) qui l'utilisent. Et les forceps, outil ? Les sages-femmes n'ont toujours pas le droit de les utiliser. </div><div><br /></div><div>Ethnographie de terrain chez les Bambaras locaux sous forme d'une anecdote que j'ai racontée mille fois, mais dont je ne me lasse pas : à chaque printemps quand je passe au bon moment dans ma ferme-conservatoire, et que c'est repiquage et semis, les quelques horticultrices sont à genou sur la terre, travaillent à mains nues ou au plantoir manuel tandis que les mecs, eux pétaradent sur des tracteurs ! J'en ai même entendu un, une fois dans la cour, prêtant son tracteur à une collègue lui recommander : "tu n'oublieras pas de desserrer le frein à main, hein ? "</div><div><br /></div><div>Je comprends que certaines préféreront lire Virginie Despentes et ses coups de gueule, ou Mona Chollet et ses solutions magiques de sorcières. La lecture des ouvrages féministes des sociologues et des anthropologues du deuxième féminisme est douloureuse. Elles décrivent impitoyablement un statut social dégradé volontairement par ceux qui nous sont le plus proches, maris, amants, fils et pères. C'est vrai également que ces féministes savantes des années 70 se revendiquaient lesbiennes, heureuses de ne pas avoir à frayer avec l'adversaire de classe, et qu'on reconnaît ainsi leur plume impertinente. Monique Wittig a d'ailleurs écrit que les lesbiennes n'étaient pas des femmes, c'est à dire qu'elles pouvaient répudier cette contrainte à l'hétérosexualité et à la maternité, ces institutions politiques, et que c'était une chance. Et c'en est incontestablement une, au sens où cela diminue la pression de l'éternel confit de loyauté qui plombe les femmes hétérosexuelles engagées dans des relations affectives avec les hommes. </div><div><br /></div><div>Pour terminer, puisque, en testant quelques-unes de ces phrases sur Twitter, j'ai été contrée par une lectrice qui m'a rétorqué qu'il y a eu des femmes inventrices de machines AUSSI ; évidemment, je ne conteste pas, et ce n'est pas un argument invalidant. Une Louise Labé ou une Hildegarde de Bingen ont percé aux âges où les femmes étaient maintenues dans l'analphabétisme et l'ignorance, des femmes ingénieures ont fait leur trou aux moments où les femmes étaient vouées, condamnées sans recours au mariage et à la reproduction, des exploratrices ont voyagé et parcouru le monde alors que cela était prohibé pour indécence et promiscuité avec les hommes. Mais ce sont des oiseaux rares qui n'invalident pas la thèse développée ici, thèse qui est <b>la limitation des femmes au foyer et à la harassante production/élevage d'enfants sans possibilité de s'en abstraire. Domestiquées, vouées à la ferme</b>, comme écrivait Andrea Dworkin. <br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><b><br /></b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><b>QUELQUES CITATIONS</b> : </div><p></p><p>" <b><span style="color: #cc0000; font-size: medium;">Les sociétés humaines se sont constituées sur l'échange des femmes, et cet échange est à l'origine du tabou de l'inceste. Il nous faut alors considérer que la défaite historique des femmes serait un pré-requis à l'émergence de la culture</span></b> ". Mathieu - Anatomie Politique</p><p>" <b><span style="color: #741b47;">La 'non-violence' des femmes, par exemple, peut être reliée à l'interdiction matérielle et <i>objective </i>qui leur est faite de posséder et d'exercer les moyens de défense, et notamment de défense contre les hommes. </span></b>" Mathieu - Anatomie politique. </p><p>" <b><span style="color: #134f5c;">De tous les dominés, les femmes sont les seules à avoir un contact physique et mental permanent et <i>prescrit</i> avec l'oppresseur, au travail, dans la rue, maintenant à l'école, dans la famille et les liens amicaux, et enfin au lit... ou dans les caves et les portes cochères. C'est pourquoi, même des féministes qui ont longuement décrit et dénoncé la 'condition' opprimée des femmes hésitent encore à aller à l'essentiel : la connaissance intime des stratagèmes et stratégies de l'ennemi, sans laquelle tout général d'armée sait qu'il ne gagnera pas. 'Moi, je connais des hommes bien', disent-elles. </span></b>" Mathieu - Anatomie politique. </p><p>" <b><span style="color: #741b47; font-size: large;">Ce n'est pas la chasse qui est interdite aux femmes, ce sont bien les armes ; c'est bien l'accès aux armes, en tant que telles et en tant que concrétisation d'un développement technologique, qui leur est refusé.</span></b> " </p><p>" <span style="color: #38761d;"><b><span style="font-size: medium;">Le pouvoir des hommes sur les femmes est assuré par le monopole des armes-outils.</span></b> </span>" Ces deux dernières citations de Tabet, Des outils et des corps. </p></div>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-42931392252678744222023-07-06T08:30:00.002+02:002023-07-06T11:53:29.655+02:00L'ours est à nos portes ! <p>Branle-bas de combat la semaine dernière : <b><a href="https://www.20minutes.fr/planete/4042649-20230623-pyrenees-ours-portes-maire-ariegeois-appelle-prudence" target="_blank">un maire ariégeois appelle à la prudence</a></b>. Un homme a vu l'homme qui a vu un ours. Ou du moins, ses poils restés accrochés à un arbre. Et il aurait blessé un cheval, enquête en cours. Alerte à la population et aux potentiels randonneurs. DANGER. Le maire d'Oust, petit village de l'Ariège, informe ses administrés via son compte Facebook. Une petite bande d'environ soixante-dix ours pyrénéens seraient en résidence permanente dans le massif, pas nombreux face à l'omniprésence humaine, mais les humains ne sont pas partageux. Ils veulent aller randonner dans les collines, les bois et les massifs, eux aussi, eux surtout, forcément, les ours gênent. De plus, les humains sont comme toujours accompagnés de leurs indispensables animaux d'élevage, laissés dans les champs comme il se doit. Comme pour le loup, les éleveurs veulent des animaux sauvages derrière des barrières et des animaux d'élevage dans la nature sauvage, le contraire du contrat que nous avons établi avec les bêtes d'élevage : nourriture, soins, sécurité et abri contre les animaux sauvages qui ont faim. </p><p>Mais au fait, l'ours, et le loup, combien de victimes humaines ? Il y aurait bien eu un randonneur tué en avril de cette année dans le Trentin, région alpine d'Italie, mais le fait n'est pas établi, les associations de protection animale contestent que l'ours soit responsable. Quant au loup, il aurait tué quatre personnes en Europe ces soixante dernières années selon les statistiques. Franchement, à côté du Top Model, étalon de toute humanité, l'homme, l'ours et le loup la jouent petits bras. </p><p>Les hommes, mâles de l'espèce humaine (on est encore obligées de préciser vu le flou qui accompagne le concept), eux, tuent en France une femme tous les 3 jours, à coups de batte de baseball, à l'arme blanche, à mains nues par étranglement, ou au fusil de chasse. Suivez le compte Féminicide par compagnons ou ex qui tient les comptes sur les plateformes sociales. On ne le rappellera jamais assez, le fusil de chasse a deux fonctions : tuer des bêtes à la chasse, et accessoirement, se retourner contre la Princesse Charmante, si jamais elle a des velléités de déserter son Prince en son palais. Au besoin en tuant tout le monde, enfants inclus, et en ratant son suicide.</p><p>Pourtant, curieusement, dans le même état d'esprit CAUTION / DANGER, on ne voit jamais aucun panneau en ville : "Danger hommes en ville", "individus potentiellement dangereux en vadrouille", ou à la campagne : "Danger, potentiels rôdeurs" ; "Danger, possibilité de mauvaises rencontres", selon la formule consacrée par le vocabulaire ventriloque des chaînes d'infos à chaque fois qu'une femme disparaît. Ces panneaux seraient placés sur la route des joggeuses, sur les chemins où passent une majorité de femmes randonneuses, ou en ville à la sortie des boîtes de nuit, où ils s'achèvent incidemment à coups de couteaux. </p><p>Ne pas oublier non plus d'inscrire au fronton des salles de mariage des mairies : Attention, mesdames, le mariage peut occasionner des blessures graves, et entraîner potentiellement la MORT ! </p><p>Mais c'est juste un rêve. Comme dans les contes de fée, le loup et les bêtes sauvages tiennent invariablement le rôle des méchants. Très surfaits, les méchants. On nous le rappelle régulièrement à la faveur d'un article de journal, ou d'un "trace", poils, fèces, griffures ou photo. Evidemment, tout cela a une double fonction politique : ceci permet d'occulter, d'aveugler la dangerosité du Prince Charmant, la violence virile, impossible à nommer, il faut coûte que coûte maintenir la fiction du parfait bonheur en couple, sans cela, c'est la mort du petit cheval, ma bonne dame. Sinon, ce serait ceinture aux hommes pour les services domestiques, sexuels et reproductifs, désertion des femmes, donc surtout pas. Et une deuxième fonction justifiant le meurtre, la tuerie des animaux diffamés, parce que déclarés dangereux.</p><p>Il est temps de nommer le problème : la violence du viril. La chasse en fait partie, 98 % des chasseurs sont des hommes. Ses millions d'animaux tirés, blessés, tués par année en sont aussi les victimes ; le meurtre des animaux désinhibe, ainsi que l'écrit Stéphanie Hochet dans son ouvrage L'animal et son biographe : " <b>Le plaisir hypocrite des chasseurs, leur permis de tuer alloué par la société est-il autre chose qu'un blanc-seing accordé au désir de meurtre ? </b>" </p><p>Il ne vient jamais non plus à l'idée de l'espèce humaine qu'elle n'a pas tous les droits, notamment celui d'accaparer tout l'espace des autres animaux. L'effondrement des populations animales est causé en premier lieu par la destruction, puis la colonisation de leurs habitats par notre espèce invasive. Aussi, recule l'humanité, reste dans tes foyers, tes villes, bourgs et villages. Le monde est limité, la place des autres n'est pas usurpée. Ils ont les mêmes droits que nous d'habiter cette planète. Tous earthlings, tous terriens. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifEvwqOlqTPwSqPIFLqLEtJMLIobKRhwpGAWN6hpfLqK7xJhlaYEYbkTMthZ85iIa0GQDHXE7IAwNsFU51pIvni3HpDv7cH_58C4xKCUf9j5ZTgWMgtfn0rqWnluqI7XdK_NuBpKLBT7aJQlNLKqocyoAKYRbnmmGgMHf9vJnReD1kWKVEuXA5sYdD3IY/s1200/Ours%20ursusarctos.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="774" data-original-width="1200" height="258" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifEvwqOlqTPwSqPIFLqLEtJMLIobKRhwpGAWN6hpfLqK7xJhlaYEYbkTMthZ85iIa0GQDHXE7IAwNsFU51pIvni3HpDv7cH_58C4xKCUf9j5ZTgWMgtfn0rqWnluqI7XdK_NuBpKLBT7aJQlNLKqocyoAKYRbnmmGgMHf9vJnReD1kWKVEuXA5sYdD3IY/w400-h258/Ours%20ursusarctos.jpg" width="400" /></a></div><br /><p>PS - Le widget associé au flux RSS Twitter dans la side bar de mon blog est muet : je sais que certaines venaient lire mon compte Twitter par là. Ceci est dû à la décision prise par le très compétent, carrément génial Elon Musk de masquer les comptes de son nouveau jouet aux non abonnés et aux non connectés. Pour le moment, je laisse ce widget en espérant récupérer l'affichage de mon compte, mais cela dépend du mogul qui dirige si excellemment la plateforme. </p>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-85296037938284941762023-06-23T09:00:00.017+02:002023-06-23T13:30:21.984+02:00Quelques virils hyperboliques au pouvoir qui vont nous éradiquer de la Terre<p> Vu nos exploits, y aura-t-il quelque chose à regretter ? </p><p>" <b><span style="font-size: large;">Eternullité d'un genre sans éthos </span></b>" * </p><p>A tout saigneur, tout honneur : <b><span style="color: #cc0000;">Vladimir Poutine</span></b>, Impérator planqué dans les souterrains du Kremlin pendant que les jeunes gens de son pauvre empire sous-développé vont crever à la guerre ; le nombre de morts et blessés mutilés, comme toujours en Russie, importe peu, ce qui compte c'est l'ego du dirigeant et l'image qu'il se fait de son empire. Je lis partout qu'il hait l'Occident, sa mollesse de femmelettes et de tapettes dont le modèle démocratique a pourtant tenté tant de pays satellites de l'ex-bloc soviétique ; curieusement ce n'est pas le modèle saoudien ou iranien qui les attire. On pourrait aussi s'interroger sur ses penchants d' "inverti" : quand on le voit, c'est toujours entouré d'hommes, les femmes étant, chez tous ces tyrans, cantonnées à la cuisine, au gynécée ou, au moins, aux basses zones de l'économie. Aux surmâles hyperboliques le pouvoir et ses attributs, pour le pire. Destructions environnementales, extractivisme pour fournir les métaux dont sont gourmandes les armes, au pire, faire sauter un barrage ou une centrale nucléaire, rien ne l'arrêtera. L'avenir est borné à sa propre fin. Qu'on espère rapide. </p><p><b><span style="color: #cc0000;">Recep Tayip Erdogan</span></b>, le sultan turc : on en a repris pour 5 ans de recul du droit des femmes, de nationalisme de cureton obscurantiste, de voix de casserole ; les journalistes qui vantent son phrasé lyrique, sa verve de tribun, doivent être sourds ce n'est pas possible ! Je sais que je ne suis pas habituée aux sonorités du turc mais quand même. Les rescapés du séisme ayant fait 47 000 morts ont voté d'une seule main pour le sultan Erdogan, dont l'abaissement des normes sismiques et la corruption ont sans doute permis toutes ces pertes. Comparez avec le Japon, autre pays sismique et ses multiples secousses, autrement plus intraitable sur la qualité de ses bâtis. Les gens des campagnes adorent les hommes à poigne, comme les femmes, qui consentent à leur soumission (mentalité d'esclave fulminait Madeleine Pelletier). Et son épouse, voilée, toujours à la remorque, trois pas derrière son géant, est le modèle proposé aux femmes turques. Ressac en cours. </p><p><b><span style="color: #cc0000;">Xi Jin Ping</span></b> : ne soyez pas dupe de sa tête bonasse de grand-père confiture ! C'est un redoutable tyran, moins brutal en apparence que son homologue russe, dont il s'apprête à bouffer la Sibérie, ses richesses minérales et son pétrole, ses vastes espaces non exploités, dont son milliard quatre d'habitants qui a rendu les siennes inexploitables a tellement soif, car le contrat social est : enrichissez-vous et laissez les vieux croûtons ex-maoïstes gouverner le pays, vous ficher, vous noter, rentrer dans votre intimité. Si jamais ce contrat était trahi, vous verriez les chinois des villes tentaculaires polluées, irrespirables, ensablées, sortir avec des feuilles A4, ça barderait ! Même concours de bite que les précédents : on sort ses engins phalliques en mer de Chine, porte-avions, bateaux de guerre, on frôle les avions de chasse de la petite Taïwan, modèle depuis 1992 de démocratie libérale, qui pourrait tellement tenter les grands chinois. Menace de contagion. La moindre étincelle peut mettre le feu à la poudrière.</p><p><b><span style="color: #cc0000;">Donald Trump</span></b>, l'agresseur sexuel toujours prêt pour une main au cul, selon ses propres vantardises. Garçon impulsif peu entraîné à résister à la frustration, quatorze ans bien pesés d'âge mental, sa mère et ses gouvernantes devaient accourir pour satisfaire ses moindres souhaits de gosse capricieux. Ses grandes tiges de femmes portent à merveille de grandes cornes. Quand j'ai vu dernièrement des cartons affaissés, empilés dans ses toilettes et salles de bain en marbre dans sa maison de Mar a Lago, je me suis demandé s'il n'était pas atteint de syllogomanie, autrement nommée syndrome de Diogène qui oblige son porteur à accumuler sans fin. Ca y ressemblait diablement. De toutes façons ça ou autre chose, ce type est dérangé. Complotiste, pronunciamentiste, le remettre au pouvoir quatre années de plus me semble être la pire idée qui soit. Les Etats-Unis ont, c'est vrai, des institutions solides, vieilles de plus de deux cents ans, mais des agités du bocal surarmés qui courent dans les états ruraux, brandissant des crucifix et des fœtus en plastique, ou des bumper stickers évangéliques, moi ça ne me dit rien qui vaille. </p><p><span><b style="color: #cc0000;">Jair Bolsonaro </b>n'est plus au pouvoir,</span> mais il fut et est le Trump brésilien au moins aussi toxique, et comme lui, en attente de sa revanche. Il est allé cuver sa défaite en Floride, sorte de pèlerinage, n'ayant pas, lui, réussi son coup d'état, les Brésiliens ayant appris du voisin. </p><p><b><span style="color: #cc0000;">MBS Saoud</span></b>, l'armoire à glace avec des mains comme des battoirs, le surmâle hypertrophié, ex-bédouin du désert mais avec des avions privés, des SUV et des smartphones dernière génération. Gardien des lieux saints de l'Islam, en bisbille avec l'autre gardien de la pureté de l'Islam, l'Iran, les héritiers du prophète s'étant écharpés comme des chiffonniers lors du partage de l'héritage, comme ceux du Christ d'ailleurs, loin de moi la pensée d'épargner une obédience plutôt qu'une autre, c'est de toutes façons vrai dans toutes les familles, ces lieux d'aaaamourrr. Tous ces virils portent la même toxicité. Découpeur de journaliste dans une ambassade étrangère truffée de cameras et de micros, il faut admettre que le mec est quasi sûr de la couardise et du cynisme en face, donc de l'impunité. Grand manieur de sabre, il tranche la tête des apostats (reniant la religion du Royaume), voleurs ou homosexuels "sodomites". Les femmes adultères sont, elles, lapidées. Les femmes saoudiennes vont à l'université et aussitôt diplômées rentrent dûment au gynécée produire du petit saoudien. Vive la famille patriarcale, silence dans les alcôves, les oncles, pères ou frères ont droit de cuissage, vie et mort sur "leurs" femmes, filles, épouses, le pronom POSSESSIF est de rigueur. </p><p><b><span style="color: #cc0000;">Ali Khamenei</span></b>, le "Guide Suprême" aux montres de luxe et à la fortune estimée plus importante que les revenus pétroliers iraniens via un consortium familial. Un vrai ascète, comme il se doit de n'importe quel curé. Adepte, lui, de la grue pour pendre ses opposantes et opposants, il n'hésite pas à sacrifier la jeunesse de son pays pour maintenir son pouvoir. Ses brigades de la Vertu et de la prévention du vice ont fort à faire en ce moment avec un vent de contestation porté par les femmes qui en ont assez d'être empaquetées dans des tissus (par 50 °C !) et qui les enlèvent en pleine rue, provocation insupportable de la jeunesse à ces vieillards qui répondent par des arrestations arbitraires, disparitions et tortures, viols de manifestantes. Ces préhistoriques croient en effet qu'une fille violée avant d'être pendue n'ira pas au paradis. Mollah arriéré, il traque toutefois les opposant-es en utilisant toutes les techniques de flicage high tech, dont la reconnaissance faciale, ce qui oblige les iranien-nes à utiliser toutes sortes de parades technologiques pour éviter le traçage sur internet ou via leurs messageries. Comme il n'a pas peur de se battre sur plusieurs fronts, qu'il est antisioniste et antisémite, il soutient des groupes terroristes en Cisjordanie par haine de l'état hébreu. </p><p><b><span style="color: #cc0000;">Haibatullah Ahkundzada</span></b> émir d'Afghanistan, Chef suprême des Talibans, coupeur de mains et de têtes. Erudit, même, à force d'être taleb lui-même. Un pur de l'Islam des origines, bloqué en 632, l'âge d'or. Mais tout de même avec ordinateurs portables, smartphones sécurisés, gros SUV et kalachnikovs, faut savoir tenir son rang de Pachtoune tribal qui en a. Ancien fonctionnaire du Ministère de la Vertu et de la Répression du vice sous le règne Taliban en 1996 en Afghanistan, puis juriste des tribunaux chariatiques, le personnage est un viril hyperbolique frénétique. Son émirat interdit l'école aux filles et toute profession aux femmes, les envoile dans des burqas grillagées, et lapide les récalcitrantes. Depuis août 2021, date de sa prise de pouvoir, le pays meurt de faim, on y marie les fillettes pour survivre, le peu d'aide internationale est détournée par la corruption, et puis les mâles sont premiers servis de toutes façons, il reste aux femmes le suicide, ou fuir le pays en prenant tous les risques. Un vrai paradis pour la virilité poilue et couillue, un enfer étouffant pour les autres. L'ONU a beau s'égosiller, il est assuré de rester au pouvoir dans son pays tribal, les insuccès passés du "state building" des occidentaux le lui garantissent. Le malheur insondable des femmes est qu'elles produisent elles-mêmes leurs propres oppresseurs, qu'elles sont liées à eux par l'émotionnel et l'affectivité, le conflit de loyauté faisant des ravages, et que dans le cas des Afghanes, elles n'ont même pas le choix, même si la possibilité de choix acquise ailleurs est peu utilisée, les hormones et les injonctions sociétales conjuguées contribuent à les ferrer et leur faire croire que si elles n'y sacrifient pas, elles auront raté leur vie. </p><p><b><span style="color: #cc0000;">Elon Musk</span></b>, l'industriel viril hyperbolique, tenu pour un petit prodige par ses adorateurs transhumanistes, mâles généralement. Un dingue selon moi, sans limites, hybris hors contrôle, libertarien pour qui les valeurs morales se réduisent à des convictions subjectives appartenant au passé. Ce messianique (encore un !) veut "sauver la civilisation". Il a pour projet un voyage sans retour sur Mars. J'espère qu'il tiendra parole. En attendant ses essais pour s'envoyer en l'air ont un succès mitigé, ses débris de fusées retombant en morceaux fumants et polluants sur les villageois qui ont le malheur de se trouver sous leur trajectoire. Comme tout mâle croyant en sa valeur, il laissera traîner ses précieux gamètes : il a en effet apparemment une qualité de sperme qui lui permet d'en mettre en route par deux ou trois à la fois. Il est père hyperbolique de dix enfants, eus de femmes différentes, enfants à qui il donne des prénoms à leur faire faire des psychothérapies la vie entière. Pour son projet Neuralink, il a fait mâletraiter des singes, chiens, moutons, rats et souris dits "de laboratoires" en leur implantant des puces électroniques dans le cerveau, provoquant infections, convulsions et morts atroces. En plus d'un juge fédéral, il a des associations de protection animale sur le râble, ce serait jouissif qu'elles lui fassent mordre la poussière. J'ai plus confiance en elles qu'en n'importe quel comité d'éthique. A mon avis, il nourrit des ambitions et reluque du côté de la Maison Blanche, inspiré par Trump. En attendant, il fait concours de bites symboliques avec son grand rival Jeff Bezos. </p><p>Il faudrait citer aussi : <b><span style="color: #cc0000;">Narendra Modi</span></b>, le nationaliste hindou, le Tunisien <b><span style="color: #cc0000;">Kais Saïed</span></b> et l'Egyptien <b><span style="color: #cc0000;">Fattah-Al-Sissi</span></b> qui ne sait plus où empiler sa surpopulation, ces deux derniers en train comme Erdogan, de liquider les acquis de leurs prédécesseurs progressistes, Bourguiba, Nasser, Ataturk, et ceux des Printemps arabes. La virilité hyperbolique empêche chez ces nations arabes tout progrès culturel. Tout en ayant des SUV et des smartphones, ils restent coincés dans des "traditions" archaïques et obscurantistes, sans voir que celles et ceux qui votent avec leurs pieds viennent chercher refuge en Europe, dans nos démocraties sociales-démocrates, pas chez les fous de dieu saoudiens (sauf <b><span style="color: #cc0000;">Benzema</span></b> dont les trois neurones et un compte en banque garni lui permettent de se réjouir "qu'un Musulman est MIEUX dans un pays musulman" SIC) ni chez les ayatollahs iraniens, pas plus non plus chez les Pachtounes afghans talibans. Je n'oublie pas <b><span style="color: #cc0000;">Kim Jong Un</span></b>, son peuple enfermé dans la paranoïa de son dirigeant, ses essais de lancements de missiles intercontinentaux et de satellite, son arsenal nucléaire, et sa loi sur l'interdiction du suicide, tellement la vie est joyeuse sous sa tyrannie. </p><p>Liste non exhaustive : ce club de la lose ne comporte AUCUNE femme, parce que je n'en ai pas trouvé à la hauteur ; il n'y a rien de plus répandu sur la planète que le parasitisme masculin viril. Mais j'accepte les suggestions. </p><p>Quelques-uns des noms grandiloquents et ridicules dont ils s'affublent : </p><p><span style="font-size: large;"><b>Guide suprême, Frère Numéro Un, Petit Père des Peuples, Conducator, Grand Timonier, Kaiser, Tsar, tous déclinaisons de César, celui qui a laissé son nom à la fonction Mâle Alpha ; El Commandante, Guide et ses déclinaisons en différentes langues, Führer, Caudillo, Duce</b>... </span></p><p>Ces comportements de virils, prédateurs, coloniaux, extractivistes, épuisant la nature, les bêtes et les femmes, gravés dans leurs textes patriarcaux inamendables ne sont plus pertinents, s'ils l'ont jamais été, ce que je ne crois pas. Si l'humanité s'est maintenue jusqu'à maintenant c'est grâce aux femmes et à leur abnégation incompréhensible, payant de leur personne pour assurer l'intendance, le gîte, le couvert, l'entretien, le réconfort, la reproduction et l'élevage des enfants, la réponse des hommes ayant souvent été les coups, le viol et le meurtre, une guerre d'attrition sans fin. Ils se sont contentés de jouer les parasites en réécrivant l'histoire à la gloire de leurs contre-exploits. C'est le bout du chemin, s'ils n'arrivent pas à se débarrasser de leur agressivité dans une compétition sans fin, la lutte pour les ressources en nourriture, eau et air pur va tourner au carnage. Elon Musk et quelques autres réussiront peut-être à quitter le vaisseau Terre pour Mars, mais certainement pas l'humanité entière, qui restera crever dans les miasmes et une température de chaudron ! Leur attitude ressemble de plus en plus à une fuite. </p><p>Sur le modèle d'une épidémie, notre espèce aura longtemps ramé pour s'imposer, elle aura vécu une longue incubation, pour brusquement flamber, puis inexorablement décliner comme un vulgaire SARS-COV II, ou une grippe de Hong Kong. De façon insensée, <i><b>the elephant in the room</b></i>, la virilité et sa violence considérées comme des fatalités de l'espèce, ont gagné au fil des millénaires le statut de norme, l'anomalie étant le calme des femmes ! Au point qu'elles sont impossibles à dire et à nommer. Or on ne remédie pas à ce qu'on ne nomme pas. On ne lutte pas contre ce qu'on ne sait pas dire. </p><p>" <b><span style="color: #741b47;">Le viril est assez littéral </span></b>" : il a un gros engin entre les jambes.</p><p>" <b><span style="color: #741b47;">L'essence même de la souveraineté c'est la guerre</span></b>."</p><p>" <b><span style="color: #741b47;">La matriarche virilise et revirilise son fils</span></b>. "</p><p>"<b><span style="color: #741b47;"> On ne peut venir à bout de l'autoritarisme sans dénouer les effets dévastateurs du viril et de la mère </span></b>" * </p><p>* Les citations sont tirées du <b><a href="https://www.babelio.com/livres/Tazi-Le-Genre-intraitable/1103021#!" target="_blank">Genre intraitable de la philosophe Nadia Tazi</a></b>. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoCsPNlBSflFoaIEUQ1EVX0znxoXvKSZwjnGkrQovJKILCviNsBpwGRzG-BIvug5Y8ln14cWAoG-Hyd-znKg0mPxl4DNOLEOy0euX7VnByoldcFeM6WWb2755XGcBvxbZdhQG68fwkAFmPsD-JeRWopCZpibFVsm7qzjuQlVOE4LHAmnO470VbuWAI/s3840/Mary-Daly-Quote-If-life-is-to-survive-on-this-planet-there-must-be.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2160" data-original-width="3840" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoCsPNlBSflFoaIEUQ1EVX0znxoXvKSZwjnGkrQovJKILCviNsBpwGRzG-BIvug5Y8ln14cWAoG-Hyd-znKg0mPxl4DNOLEOy0euX7VnByoldcFeM6WWb2755XGcBvxbZdhQG68fwkAFmPsD-JeRWopCZpibFVsm7qzjuQlVOE4LHAmnO470VbuWAI/w400-h225/Mary-Daly-Quote-If-life-is-to-survive-on-this-planet-there-must-be.jpg" width="400" /></a></div><br /><p>C'était une bonne idée, chère Mary Daly (où que tu sois, je t'embrasse) mais ça n'arrivera pas. La mentalité d'esclave aussi bien des peuples que des femmes, font qu'on ne s'en sortira pas. Ou alors en si piteux état que les restants pourraient regretter d''avoir perduré. </p>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-44224957424359308272023-05-29T15:00:00.001+02:002023-05-29T15:26:47.290+02:00Sortir (enfin) du victimaire<p>Les actualités débordent d'affaires de viols, de femmes battues, tuées, victimes de féminicides, de rapts d'enfants pour "punir" la mère d'avoir quitté le Prince Cogneur ; les témoignages de femmes font les succès éditoriaux, à raison, car ils sont de grande qualité littéraire souvent, et les réalisatrices/teurs de cinéma s'emparent du sujet avec tout leur talent. Jusqu'à la garde de Xavier Legrand en 2017, La nuit du douze qui relance la carrière de Dominik Moll en 2022, tous deux traités en mode thriller, et en ce moment sur les écrans, L'amour et les forêts de Valérie Donzelli, sur une emprise conjugale (maritale). Toutes ces productions attirent l'attention sur des faits criminels qui étaient jusqu'ici réservés à la rubrique des faits divers locaux, ou pire tus, les violences conjugales généralement considérées comme un comportement déviant des hommes, à seuil incompressible, une sorte de fatalité, le viol lui, réputé rare, et le fait de simples brutes, comme écrivait Françoise d'Eaubonne. Il était surtout rare parce qu'on n'en parlait pas. </p><p>Les garçons jouent à Du Guesclin ou au Chevalier Bayard, nous il ne nous viendrait pas à l'idée de jouer à Jeanne d'arc, une martyre, mains jointes, yeux renversés regardant vers le ciel, les flammes du bûcher lui léchant les pieds ; les scènes de Jeanne qui ont existé aussi, guerrière en arme, vainqueure, triomphante à Orléans où elle fait lever le siège des anglais, puis sa chevauchée victorieuse jusqu'à Reims, ne soulèvent pas l'enthousiasme des filles en mal d'héroïnes. " <b><span style="color: #20124d;">Il n'est de bonne héroïne que morte</span></b>. " Personne ne peut s'identifier à un destin aussi atroce !</p><p><span style="font-size: large;">"</span> <b><span style="color: #20124d;">Je crois que c'est précisément sa mort qui justifie la place de Jeanne d'Arc dans les livres d'histoire</span></b> (HIStoire, his story)<b><span style="color: #0c343d;">. Guerrière, victorieuse et heureuse, elle aurait sans doute perdu beaucoup de son prestige auprès des historiens qui, à tout le moins, auraient alors tenté de déprécier son image. Car la femme qui prend les armes, quelle que soit la justesse de sa cause, ne peut que mal finir, et on ne l'excuse que si c'est contre son gré (Jeanne, la douce bergère, obéissant à Dieu et à ses voix) et si elle finit mal. La guerrière n'est justifiée que par son sacrifice qui lui fait réintégrer le rôle de victime dévolu aux femmes, et par une vie irréprochable qui lui permet d'accéder à la sainteté. Il fallait que Jeanne soit réputée pucelle </span></b>(quoique violée par ses gardes, mais le patriarcat couillu n'en est plus à une contradiction criminelle près)<b><span style="color: #20124d;"> pour passer à la légende de l'HIStoire.</span></b> <span style="font-size: large;">"</span><b>*</b> </p><p>Il faut toutefois se demander à l'instar de Marie-Jo Bonnet (voir billet ci-dessous) si toutes ces fictions et histoires épiques, tirées de la réalité la plus sombre ne pèsent pas sur notre moral, notre psyché, en nous traitant en perpétuelles victimes, les hommes agresseurs, et les femmes éternellement allant à l'équarrissage sous leurs couteaux de bouchers ou sur leurs bûchers. Essayez juste de parler ou de revendiquer la légitime défense, et on vous traite de pétroleuse, virago, bréhaigne, ou sorcière coupeuse de couilles. J'ai essayé plein de fois, en mode guérilla urbaine, je peux témoigner des réactions outrées que j'ai encaissées ; c'était moi l'agressive, pour hommes et femmes confondus.</p><p>Aussi, je propose dans ce billet quelques idées et modes de comportement pour cultiver son assertivité, sa présence corporelle dans les endroits réputés hostiles, sa confiance en soi. </p><p>D'abord se nettoyer le cerveau des histoires de prince charmant et de dormeuse au bois. Vous aussi vous coupez des ronces et escaladez des murs. Donc vous n'avez pas forcément besoin de vous en "trouver un et le garder". Ce n'est de toutes façons pas écrit dans le marbre de la Constitution. Pas plus qu'il n'est écrit que les hommes ont droit à un paillasson souffre-douleur à la maison.</p><p>DANS LA SPHERE PRIVEE</p><p> Si vous projetez toutefois de vous engager, ne perdez pas de vue que c'est lorsque vous êtes ferrée (même domicile, mariée, enceinte) que les personnalités perverses se déchaînent ; avant, ils ne sont que douceur et prévenances, vous n'y voyez que du bleu. Le double domicile, quoique économiquement dispendieux, est une garantie d'avoir une porte de sortie. Gardez votre profession et votre salaire : ils sont les garants de votre indépendance économique. Personne ne sait ce que l'avenir réserve. Ne vous laissez pas couper de votre entourage, ils font partie de votre jardin personnel, pas plus que vous n'êtes obligée de supporter les copains de votre conjoint s'ils ne vous plaisent pas ; le kibboutz socialiste c'est bien pour faire pousser des pamplemousses en Israël, son organisation communautaire n'est pas adaptée à votre espace domestique. </p><p>DANS LA SPHERE PUBLIQUE</p><p>Dans la rue, réputée espace des hommes, hostile aux femmes, marchez au milieu du trottoir, ne rasez pas les murs. Votre attitude physique est signal pour les hommes qui passent. Si on vous aborde, soyez assertive : on vous demande l'heure (un classique, la pauvreté de leur imagination pour aborder une femme est confondante) ? Donnez l'heure et passez votre chemin. Pareil pour du feu, d'ailleurs vous n'en avez pas, vous ne fumez pas. Il vous tutoie ? Répondez en le vouvoyant, vous n'avez pas ramassé les patates ensemble. </p><p>Apprenez à vous défendre. A l'instar de Françoise d'Eaubonne qui était judoka, prenez des cours de sports de combat : taïchi chuan, krav maga, épée, boxe, peu importe, vous y gagnerez en présence, vous n'aurez sans doute jamais à vous en servir mais au cas où, vous assurerez. Ayez un système de défense dans votre sac, spray anti-agression par exemple, même remarque, vous n'aurez sans doute pas à le sortir mais on ne sait jamais, il suffit d'une fois. Et il vous rassurera. </p><p>Soyez vigilante pour vous et les autres, femmes, filles, enfants. Soyez solidaire : on n'insulte pas, ne menace pas, ne dégrade pas quelqu'un-e devant vous sans que vous réagissiez, minimum en mobilisant de l'aide, en reportant à la police si vous êtes témoin. </p><p>EN SOCIETE, AU TRAVAIL</p><p>Vous n'êtes pas obligée de fréquenter les lourdauds. S'ils sont odieux, insistants, tenant des propos déplacés, cessez la relation. La situation devient scabreuse ? Protestez et sortez de la pièce. Vous allez passer pour prude et coincée, on s'en fout. C'est votre style, à prendre ou à laisser. Take it or leave it. Un rappel : on ne passe pas d'entretien d'embauche ni d'évaluation professionnelle dans une chambre ni à l'hôtel (sauf si on y a loué un bureau, des hôtels en offrent, mais on vous l'aura précisé lors de l'arrangement du rendez-vous). Si on vous le propose, refusez, l'affaire est de toutes façons mal engagée. Dans le même ordre d'idées, ne montez pas dans un ascenseur bourré de mecs (caractéristique des centres d'affaires) même si vous êtes pressée. Dites que vous allez attendre le prochain omnibus, ne leur demandez même pas où ils vont (en enfer, n'en doutez pas) pour avoir l'air de justifier votre refus. </p><p>Si vous n'êtes pas organisatrice, ne soyez pas spontanément accueillante ni souriante dans un milieu que vous ne connaissez pas ; restez sur la réserve, le temps d'évaluer la situation. </p><p>Les femmes qu'on n'élève pas en leur apprenant à se défendre sont de fait enclines à faire dévolution de leur sécurité à l'adversaire de classe. Pour remédier à cette déplorable habitude, engagez-vous dans des mouvements et collectifs féministes, environnementalistes, participez à leurs actions de rues, voire de guérilla urbaine. Les femmes ne naissent pas non-violentes, et elles ne sont pas condamnées à prendre des insultes et des coups. N'oubliez jamais qu'ils sont un moyen de contrôle social des femmes. La société, l'état, leur police et leur justice, sont les instruments de ce contrôle social, d'où leur faible capacité à mobiliser des moyens et à légiférer ou juger, de façon dissuasive. </p><p style="text-align: center;">oOo</p><p style="text-align: left;"><b>Se réapproprier son corps.</b></p><p><span style="font-size: large;">"</span> <b><span style="color: #cc0000;">Ce tabou levé sur notre violence initiale de femmes, toujours refoulée, toujours auto-censurée, qui fait si souvent de nous des 'non-violentes' à la façon du renard de la fable qui a la queue coupée et explique aux autres renards que c'est eux qui ont tort d'en avoir une, est-ce que ce n'est pas une explication du profond frémissement qui ébranle chacune d'entre nous devant l'histoire d'une Ulrike, d'une Gudrun **?</span></b></p><p><b><span style="color: #cc0000;">Sommes-nous donc à la veille de les imiter, nous qui craignons si fort l'escalade -à laquelle nous ramène chrétiennement Bruno Frappat qui dans Le Monde mit en garde contre les représailles les quelques féministes qui voudraient imiter les Dolle Mina d'Amsterdam et former des commandos anti-violeurs- nous qui avons peur de donner un coup de poing autant que de le recevoir, qui n'osons pas courir dans la rue, escalader un mur, nous asseoir sur un banc à côté d'un inconnu, nous aventurer dans un espace désert ? Avons-nous suffisamment réfléchi au sens de la formule : se réapproprier son corps ? Dans les milieux féministes, elle est toujours employée dans un sens sexuel : pouvoir faire l'amour ou le refuser, pouvoir être mère ou ne pas l'être ; au mieux, pouvoir contrôler l'espace public réservé aux hommes sans nous heurter à l'insulte physique, la drague, la violence. On n'a pas encore réfléchi sur la nécessité de nous réapproprier l'agressivité, ou plutôt, tout simplement, sa possibilité ; redécouvrir les attitudes ignorées, refoulées, qui nous font si peur, les plus simples positions combatives du corps ***. L'être humain ne se sert que des deux cinquièmes de son cerveau, dit-on ? S'il en est du deuxième sexe, il ne connaît que la moitié -ou moins encore- des attitudes corporelles. </span></b></p><p><b><span style="color: #cc0000;">(Et c'est là encore, soit dit en passant, qu'on peut faire échec au retour par la bande des vieilles métaphysiques de la biologie et de tous les 'faits féminins' quand on prétend que la relation imparfaite de <i>la</i> femme à l'espace est <i>innée</i> !). </span></b><span style="font-size: large;">"</span></p><p>* Texte d'Evelyne Le Garrec répondant à Françoise d'Eaubonne. Pour une salutaire piqure immunisante contre ce statut de martyre, lire le chapitre sur la femme vierge dans Coïts d'Andrea Dworkin, où elle rend un hommage vibrant à Jeanne, refusante de la trivialisation dans l'asservissement domestique et sexuel à un ou des hommes, et dont elle fait une proto-féministe. </p><p>** Respectivement <b>Ulrike Meinhof</b> et <b>Gudrun Ensslin</b>, têtes pensantes de la RAF (Fraction Armée Rouge) ou groupe Baader, qui commettaient des attentats contre les centres de pouvoir dans les années 70 en RFA, sur la violence desquelles j'avais écrit <b><a href="http://hypathie.blogspot.com/2015/07/les-amazones-de-la-terreur.html" target="_blank">un article consacré aux Amazones de la terreur</a></b>, ouvrage de Fanny Bugnon, historienne des mouvements sociaux. </p><p>*** Françoise d'Eaubonne a pratiqué le judo toute sa vie, dès la prime enfance. </p><p><span style="font-size: large;">"</span> <span style="color: #4c1130; font-size: medium;"><b>A la rencontre une femme a dit : 'La violence est une dégénérescence de l'agressivité, le culte de la mort, de ce qui détruit...' Et cette femme conclut : '...alors que l'agressivité est une expression de l'instinct vital. NOUS DEVONS REVENDIQUER L'AGRESSIVITE.</b> </span><span style="font-size: large;">"</span> (Histoire d'elles n°5)<span> </span></p><p><span style="font-size: large;">"</span> <span style="color: #990000; font-size: large;">Et cessons de croire que nous pouvons changer l'ennemi. </span><span style="font-size: large;">"</span></p><p>** Ces citations en <b>gras</b> bleu ou rouge sont toutes tirées de Contre-violence ou la résistance à l'état de Françoise d'Eaubonne, <b><a href="https://www.cambourakis.com/tout/sorcieres/contre-violence/" target="_blank">chez Cambourakis Editeur</a></b>. Mon <b><a href="https://www.babelio.com/livres/Eaubonne-Contre-violence-ou-La-resistance-a-ltat/1513043/critiques/3472864" target="_blank">résume est chez Babelio</a></b>, ainsi qu'<b><a href="https://www.babelio.com/livres/Eaubonne-Contre-violence-ou-La-resistance-a-ltat/1513043/citations" target="_blank">une citation qui représente</a></b> bien le style épique de d'Eaubonne. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTfv8126zBnQwDcqWPWQoDiNM1cobjxV46AzN-VKRSBAA9BVm9J5CjXPyM37P0puCYRy7V2Tf3dNWal3QkjeM-BkaYgHLXZLeq7qpcPTjYEtqzCd3tF7ZTpklxxGhBxT5OvqSwg9wKgSQ_j0dFK0JHhX-zs7ni2A1dM-bAKIarNRVXTX53Z_ocykME/s985/Franc%CC%A7oise-dEaubonne_Contre-violence_COUV-680x985.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="985" data-original-width="680" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTfv8126zBnQwDcqWPWQoDiNM1cobjxV46AzN-VKRSBAA9BVm9J5CjXPyM37P0puCYRy7V2Tf3dNWal3QkjeM-BkaYgHLXZLeq7qpcPTjYEtqzCd3tF7ZTpklxxGhBxT5OvqSwg9wKgSQ_j0dFK0JHhX-zs7ni2A1dM-bAKIarNRVXTX53Z_ocykME/s320/Franc%CC%A7oise-dEaubonne_Contre-violence_COUV-680x985.jpg" width="221" /></a></div><p><br /></p>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-49220635850517724042023-04-27T11:00:00.004+02:002023-04-27T11:01:39.269+02:00Quand les filles deviennent des garçons - Marie-Jo Bonnet et Nicole Athea<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjr8gFpRwKbfft6FGZXdlD2nNcrNA7vCZY3lj1xrGCW4Jowj9tAHHj5d9BXWddcFAXzFxcXejYbWrO4yPU7yfZWRaXT-VX1oWGxLpJqYyrrIDhO9OgPHDIz8f8UyTki0jHFF1w-0lhDsJaR_xZi4aMLlfDPRnWFQU5BYN2T5y0bDJHkzahSrou9Xp0P/s531/Quand%20les%20filles%20deviennent%20des%20gar%C3%A7ons.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="531" data-original-width="350" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjr8gFpRwKbfft6FGZXdlD2nNcrNA7vCZY3lj1xrGCW4Jowj9tAHHj5d9BXWddcFAXzFxcXejYbWrO4yPU7yfZWRaXT-VX1oWGxLpJqYyrrIDhO9OgPHDIz8f8UyTki0jHFF1w-0lhDsJaR_xZi4aMLlfDPRnWFQU5BYN2T5y0bDJHkzahSrou9Xp0P/s16000/Quand%20les%20filles%20deviennent%20des%20gar%C3%A7ons.jpg" /></a></div><br />Voici un livre éclairant sur les transgenres et leur activisme, écrit à deux autrices, chacune sa partie. Je l'ai acheté avec un peu la crainte que l'ouvrage soit "pointu" sur un domaine que nous connaissons mal, nous ne côtoyons pas ou ne croyons pas côtoyer tous les jours des transgenres, qu'elles ou ils soient male to female ou female to male, qu'elles ou ils aient transitionné socialement, médicalement ou chirurgicalement. Mais bien au contraire, il est ample par l'analyse féministe que propose Marie-Jo Bonnet (MJB).<p></p><p>Dans les six premiers chapitres, l'autrice met en perspective le transgenrisme dans ses dimensions sociologique, anthropologique, mythologique, symbolique, et féministe donc politique. Seul le transgenrisme social, médical et chirurgical des filles (female to male) est exploré, puisqu'elles sont majoritaires à en faire la demande par rapport aux garçons, alors que sont surtout médiatisés les male to female. Comme c'est étonnant ! MJB donne son explication féministe : les filles ne s'aiment pas parce que la société ne les aime pas. Certaines trouvent donc plus satisfaisant et confortable d'être garçon. </p><p>Puberté précoce, à 10 11 ans pas rare vu que nous avons dispersé des perturbateurs endocriniens partout, d'autant plus période de malaise où elles rejettent leur corps, leurs seins, leurs règles. La pornographie est accessible partout, elles y voient des femmes maltraitées, dégradées et dominées ; et enfin, les dénonciations d'agressions sexuelles et de féminicides par les collectifs de néo-féministes leur font craindre le pire. Etre fille est devenu dangereux dans une société dominée par la misogynie, société qui semble leur promettre surtout le statut de victimes. Le pouvoir d'influence des réseaux joue aussi un rôle déterminant en agrégeant des communautés de transactivistes supporteurs actifs, voire intégristes qui anathémisent, cancellisent (annulent, bannissent) leurs opposant-es. Si vous êtes présente sur les réseaux sociaux, et que vous avez publié, en émettant ne serait-ce qu'une interrogation sur ce sujet inflammable, vous avez sûrement eu à en pâtir. </p><p>Toutefois, selon Marie-Jo Bonnet, il s'agit moins d'un lobby trans que d'un lobby LGBTQIA+ dominé par des hommes gays (certaines lesbiennes se demandent d'ailleurs que fait encore le L dans l'acronyme) qui poussent leur agenda de la GPA (Gestation Pour Autrui) où les femmes sont louées ou vendues à la découpe, où les techniques de procréation et chirurgicales de transformation sont accessibles, promettant à l'être humain de devenir modulable, transformable à volonté, au moins corporellement. Vous ne voulez plus de seins, qu'à cela ne tienne, on vous les enlève ! Tout cela annonce le transhumanisme ; les très argentés laboratoires pharmaceutiques qui voient tout le profit à en tirer, en effet un-e trans médicalement et chirurgicalement traité-e devra prendre des hormones à vie, soutiennent puissamment le mouvement. </p><p>La partie de Nicole Athea, médecin gynécologue et endocrinologue, explore le volet santé, les risques pris, les psychoses sous-jacentes non traitées, les dysphories de genre pas rares à l'adolescence, mais transitoires, les malaises de la puberté non entendus, les risques médicaux quasiment irréversibles des traitements hormonaux (qui seraient accessibles sur simple demande par exemple au Planning familial, moment de ma lecture où je me suis pincée) ; elle rappelle que la prise de contraceptifs, pilule et autres, mis abusivement en symétrie, sont eux des traitements réversibles, une femme sous pilule ou DIU retrouve sa fertilité quelques semaines ou mois après l'arrêt du traitement ; elle recense un panel de détrans, c'est à dire de jeunes filles qui veulent ensuite faire marche arrière, les diagnostics mal posés et les inconvénients de santé pesant de tout leur poids. Le procès d'une clinique est en préparation à Londres. </p><p>Cet ouvrage est un avertissement sur les dangers d'une société qui n'accepte plus les filles, et dont le modèle est devenu masculin. Il est peut-être temps de revendiquer un projet féministe assertif, promouvant les filles et femmes, moins victimaire, qui ne serait pas calqué sur la revendication de parité avec les défauts et toutes les mauvaises pratiques toxiques des hommes, mais qui valoriserait le féminin, ses qualités inculquées, par socialisation certes, mais qualités néanmoins. Ouvrage à mettre entre les mains des parents d'adolescents. </p>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-7025710770154073992023-03-17T20:00:00.008+01:002023-03-18T17:44:21.217+01:00Ecologie / Féminisme : Révolution ou mutation ?<p> Réédition de cet essai de 1978 de Françoise d'Eaubonne chez <b><a href="https://www.lepassagerclandestin.fr/catalogue/boomerang/ecologie-feminisme-revolution-ou-mutation/" target="_blank">Le Passager clandestin</a></b>. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjE830-YjOw25aC4hY470UmRHE9paKM6loo9lhF2xgDInCrnYGzOmHWv7fWe-Ziyk-jL7iHm8sapVVz0VlWBOJRWDF8vrupCgviZkpnNmDfHyFVPvZjI6HfljiXMOHvWp0s6lunawx4VMpHgJ2Qvq5nGz9VItGWV7uZ7iUzU32vmi33FTVlDkJOMHQq/s863/Ecologie-feminisme_01-1-600x863.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="863" data-original-width="600" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjE830-YjOw25aC4hY470UmRHE9paKM6loo9lhF2xgDInCrnYGzOmHWv7fWe-Ziyk-jL7iHm8sapVVz0VlWBOJRWDF8vrupCgviZkpnNmDfHyFVPvZjI6HfljiXMOHvWp0s6lunawx4VMpHgJ2Qvq5nGz9VItGWV7uZ7iUzU32vmi33FTVlDkJOMHQq/w278-h400/Ecologie-feminisme_01-1-600x863.jpg" width="278" /></a></div><br /><p><span style="font-size: large;">"</span> <span style="font-size: medium;"><span style="color: #cc0000;"><b>Mais, pourquoi, au nom de quoi, la Croissance ? Pourquoi le Profit ? Pourquoi le Pouvoir ? Cette voie n'est-elle pas inéluctablement la conséquence de celle, choisie depuis cinquante siècles, qui aboutit à son explosion actuelle, et qui fut choisie pour édifier la société sans les femmes, puis contre les femmes ?</b></span> </span><span style="font-size: large;">"</span></p><p><b>"</b> <b><span style="color: #990000;">L'hypercroissance industrielle assassine la Terre, épuise les ressources et se heurte aux limites d'un monde fini. Il faut donc tenter de préserver ce qu'il reste encore de l'environnement sous peine de mort ; mais il n'est pas question de remettre en cause cette expansion elle-même, puisque ce serait toucher au principe des "profits" (capitaliste) ou de "progrès" (socialiste) !</span></b> <b>"</b> </p><p><span>Lectrice puis épistémologue (l'épistémologie est l'étude critique des sciences) de Engels, Marx et Lénine, Françoise d'Eaubonne (FdE) considère que ces derniers ont loupé, dans leur analyse des rapports de production classe ouvrière contre classe de capital, les rapports sociaux de sexe : la classe des femmes productrices de producteurs contre le patriarcat mâle exploiteur. Les femmes définies par leur classe de sexe subissent une superposition d'oppressions ; FdE aborde ainsi l'intersectionnalité comme on ne disait pas alors : la bourgeoise, "fille au pair" chez son patron de mari ; la prolétaire, fille au pair de son patron de mari est aussi exploitée par son patron d'usine ; et enfin, la femme qui subit l'oppression coloniale, troisième oppression en plus des deux déjà citées. </span></p><p><span><b>Deux mythes : la femme (éternelle) et la Terre (inépuisable).</b></span></p><p>A partir du moment où les hommes ont pris connaissance de leur rôle dans la reproduction humaine, vraisemblablement au Néolithique en observant les animaux (auparavant ils croyaient que les femmes étaient fécondées par des entités divines), ils ont domestiqué, réduit les femmes à leur fonction reproductrice par la contrainte. Filles et femmes réduites à l'abjection du rapt, de la razzia, de l'enlèvement, du mariage forcé, de l'échange contre biens et terres, du viol, de la prostitution, traitées en troupeau de (re)productrices de producteurs et de guerriers, en séparant à la fin de l'enfance le fils de la mère, le fils trahissant la mère en passant dans la caste supérieure des mâles. </p><p>Les hommes en compétition entre eux, ne supportant pas la concurrence pour l'espace et le pouvoir, déclenchent régulièrement des guerres où ils envoient la surproduction, la "<b><span style="color: #990000;">ferraille humaine</span></b>" écrit FdE se faire tuer à la guerre : ça fait de la place, évite le morcellement des héritages (sort des cadets sous l'Ancien Régime), et relance la construction, c'est bon pour les PIB. L'actuelle guerre en Ukraine ne déroge pas à cette règle d'airain. Dans les pays où il n'y a plus de guerres, typiquement nos sociétés européennes, le chômage indemnisé ou non, les emplois-formation, les petits boulots de l'économie informelle jouent ce rôle de voie de garage pour les surplus : on leur fait l'aumône d'un traitement social du chômage pour qu'ils ne se révoltent pas ou pas trop longtemps. On évite ainsi la surchauffe de la masse salariale des entreprises en maintenant les salaires bas et en faisant supporter la culpabilité sur les chômeurs vite déclarés "inemployables". Dès 50 ans, vous êtes bon pour la casse. Anecdote, cri du cœur de François Lenglet, journaliste économique, entendu ces derniers jours, constatant la baisse du chômage : "le chômage baisse parce que la natalité baisse". Il fallait, je vous assure, être au bon endroit au bon moment pour tomber dessus, j'ai eu de la chance, c'est un aveu très rarement fait. </p><p>Pour éviter ce stigmate de l'inutilité du chômeur, la classe ouvrière a l'obsession du plein emploi à tout prix : combien de fois voit-on les patrons et les syndicats, pour une fois main dans la main, défendre des projets accapareurs de terres cultivables et toxiques comme celui de Notre-Dame des Landes, nous fournissant des loisirs à Marrakech, ou des réacteurs nucléaires supplémentaires pour satisfaire nos insatiables besoins en énergie. Le tout au nom de l'emploi. L'extractivisme forcené des métaux rares pour la "ouature" électrique va remplacer l'extractivisme du pétrole pour la bagnole thermique, vu que cette dernière fait chauffer le climat. " <b><span style="color: #660000;">Il vaut mieux un peu de pollution et des emplois que pas de pollution et pas d'emplois</span></b> " dixit un maire du Havre, cité dans l'ouvrage, mais au slogan toujours furieusement actuel. De frugalité, de réorganisation de notre façon de nous déplacer à 8 milliards, point. Rien, zero. </p><p>Cette surfécondité, cette surpopulation, pèsent évidemment sur les ressources de notre planète qui doit satisfaire nos besoins incontinents, en place, en métaux rares, en nourriture, au détriment des terres cultivables, des forêts dont nous savons qu'elles font puits de carbone, des océans, et des autres animaux.</p><p>Voici ce qu'écrit FdE : " <b><span style="color: #990000;">la destruction des sols et l'épuisement des ressources signalés par tous les travaux écologistes correspondent à une surexploitation parallèle à la surfécondation de l'espèce humaine. Cette surexploitation basée sur la structure mentale typique d'illimitisme et de soif d'absolu (qu'il s'agisse de profit matérialiste ou d'idéologie religieuse ou politique), qui est un des piliers du système mâle, s'est d'autant plus facilement et librement exercée en l'absence de la cogestion féminine, toujours considérée comme un frein et un alourdissement à cause de ses aspects conservateurs, antiaventuristes, anticompétitifs et antiviolents. L'appropriation patriarcale de la fertilité terrestre a donc bien abouti, directement, par la destruction des ressources par surexploitation, comme l'appropriation patriarcale de la fécondité à la surpopulation mondiale ; ces deux motifs fondamentaux du patriarcat auront persisté à travers tous les régimes économiques</span></b> [FdE ne fait pas de différence entre capitalisme d'état -le socialisme ou communisme- et capitalisme privé, tous deux pareillement destructeurs] <b><span style="color: #990000;">pour déboucher sur le capitalisme industriel meurtrier et sur-polluant, en maintenant à chaque époque l'oppression des femmes et la hiérarchie sexiste. Le profit est le dernier visage du pouvoir, et le Capitalisme le dernier stade du patriarcat. </span></b>" FdE rappelle opportunément que le capitalisme n'a que 250 ans alors que le patriarcat a, lui, 6000 ans. </p><p>FdE s'inscrit en faux sur l'idée que l'abolition du capitalisme permettra d'en finir avec toutes les oppressions, celle des femmes incluse, idée pourtant largement partagée et diffusée par les "camarades" d'extrême-gauche qui cantonnent les femmes à la confection des sandwichs et des cafés, et à la photocopieuse, répétant aux féministes que la lutte des travailleurs passe avant la leur, et que tout se règlera par cette formule magique, cette eschatologie, le triomphe universel du prolétariat ! Ils en sont même à se trouver des groupes opprimés de substitution au fur et à mesure de la libération (<i>id est</i> montées dans l'ascenseur social, devenues transfuges de classe) des précédentes classes laborieuses : on le voit actuellement avec la sanctification des ex-colonisés, devenus sur notre territoire où ils sont nés, la nouvelle classe opprimée, dont l'oppression de leurs femmes dans l'envoilement et la réduction au foyer, "filles au pair" de leur opprimé de mari par le Grand Capital, passe crème auprès de ces "révolutionnaires" ! </p><p><b>Révolution ou mutation ?</b> </p><p>Prétendant à raison que <b><span style="color: #cc0000;">les hommes n'ont jamais fait de révolutions, qu'ils se sont contentés de remplacer les pères par les fils</span></b>, FdE s'interdit le mot révolution trop galvaudé. Les valeurs mâles étant les principales sources de malfaisances, et <b><span style="color: #990000;">leurs révolutions n'étant que des remaniements</span></b>, elle lui préfère MUTATION qu'elle écrit en majuscule. De la même manière, elle refuse le réformisme libéral, ce qu'elle appelle le "<b><span style="color: #990000;">féminisme de maman</span></b>" qui veut soit intégrer les femmes dans une société radicalement invivable, soit leur ménager une survie en prolongeant l'existence de l'injustice. Elle refuse que les femmes demandent un accès égal aux activités toxiques masculines dans un monde invivable qui n'a jamais pris en compte leurs intérêts, et conduisant à la destruction de la nature. Elle récuse les revendications des réformistes qui réclament des postes à parité avec les hommes dans leurs entreprises nocives comme l'industrie nucléaire ou celle de l'armement. FdE refuse de " <b><span style="color: #990000;">masculiniser les femmes pour éviter de féminiser la planète</span></b> ".</p><p>La MUTATION suppose la suppression de tout parasitisme économique, la rupture avec le capitalisme monopolistique aussi bien qu'avec le capitalisme socialiste bureaucratisé. Elle préconise et met en place des sources d'énergie décentralisées, une agriculture vivrière bio, le reboisement (déjà !), l'autonomisation des femmes qui conduira à la réduction de la natalité, des techniques douces et décentralisées, des communautés réduites et autogérées, la non spécialisation et le non élitisme, le pacifisme, le quiétisme et la sensibilité ludique. Par dessus tout, la suppression des activités inutiles et délétères : publicité, spéculation financière, les moyens de transport ultra-rapide et polluants, sauf nécessité d'urgence pour soigner des gens. </p><p><span>Avant-gardiste sur la destruction des terres par la surpopulation humaine, sur la pollution chimique, sur l'amoncellement de déchets plastiques et nucléaires, FdE en 1978 ne parle pas de réchauffement climatique ni de l'effondrement des populations d'insectes, des vertébrés, d'oiseaux, de la biodiversité marine, ni animale terrestre sur laquelle les scientifiques nous alertent et que nous constatons tous les jours, en tous cas celles et ceux qui sont lucides. Françoise d'Eaubonne n'est pas que théoricienne, elle est aussi militante : en plus de ses engagements féministes mieux connus au MLF et auprès des gays, </span>elle crée un groupe Ecologie et féminisme, soutient la campagne à la présidentielle de René Dumont de 1974 ; elle participe en 1975 à la "nuit bleue" sur le chantier de Fessenheim où, éco-guerrière anti-nucléaire à 57 ans, elle pose une bombe.</p><p><b>Quelques punchlines :</b> </p><p><span style="font-size: large;">" <span style="color: #990000;">Révolution : règlement de compte entre deux classes de mâles.</span> "</span></p><p><span style="font-size: large;">" <span style="color: #990000;">Une femme sans homme choquait comme un bétail errant sans maître.</span> " </span></p><p><span style="font-size: large;">" <span style="color: #990000;">La seule solution à l'inflation démographique, c'est la libération totale des femmes, et partout à la fois. </span>"</span></p><p><span style="font-size: large;">"</span> <span style="font-size: large;"><span style="color: #990000;">Il vaut mieux avoir rendez-vous avec les femmes qu'avec l'Apocalypse. </span>" </span><b>Françoise d'Eaubonne</b></p><p>Réédité chez le Passager Clandestin avec une préface de 51 pages de Geneviève Pruvost, sociologue du travail et du genre, qui y expose ses propres vues sur le "faire maisonnée", sur les luttes frontales des ZAD (Zones à défendre), et plus feutrées de l'écoféminisme "vernaculaire et de subsistance", résistant dans les pays en voie d'industrialisation galopante. Mais comme à chaque réédition, on a l'impression d'une volonté de désamorçage, d'une "mise à jour" des idées de Françoise d'Eaubonne, décidément trop années 70, trop révolutionnaire pour notre époque réformiste et intersectionnelle avec, larvé, le soupçon de "féminisme blanc", que personnellement je ne détecte nulle part chez elle. D'ailleurs ce sont les pays du monde tiers qui se sont emparés de ses idées, le féminisme réformiste d'ici étant plus préoccupé de conquérir la parité dans les emplois toxiques de dégradation de l'environnement jusqu'ici apanage des hommes. Je ne discute pas qu'on veuille être à parité avec eux, ce que je déplore, c'est qu'une fois la position (difficilement) acquise dans la majorité des cas, il n'y a aucune tentative de subversion, de changement en profondeur de la fonction prise. Tout se passe comme s'il fallait perpétuer le statu quo ante. En somme, on peut déplorer que les femmes politiques sont des hommes comme les autres. </p><p>A lire. Cet article n'est qu'un court résumé, et parce que Françoise d'Eaubonne garde intact son potentiel de subversion. Ses idées nous secouent et nous changent du réformisme libéral, du féminisme bien tempéré actuels. </p><p>En 2018, j'avais trouvé dans une première réédition de cet ouvrage, et publié sur mon blog, cet <b><a href="http://hypathie.blogspot.com/2018/08/appel-des-femmes-du-mouvement-ecologie.html" target="_blank">appel des femmes du mouvement Ecologie-Féminisme révolutionnaire</a></b>, texte proposé à la Conférence mondiale sur la population qui s'est tenue à Bucarest en 1974. </p>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-25571488018950708292023-02-21T19:30:00.021+01:002023-02-23T11:14:17.014+01:00Thérèse Clerc, Antigone aux cheveux blancs<p>Vient de paraître aux Editions des femmes, dans leur collection poche (rouge pour les textes révolutionnaires et bleue pour les biographies), cette biographie de Thérèse Clerc (1927-2016), autodidacte, militante du joyeux féminisme des années 70. Lire des biographies permet aussi d'éclairer nos propres choix, surtout quand il s'agit d'une personne aussi inspirante que l'était Thérèse Clerc.</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSD-bly_zDiitDDJmRdhnBG0q7HAk9iO1lGRp_tOsDRZw0PJEr5OGY3HMWkzKSCPq-W3x2MtRGaTSQy4btGeCz6aGgEVvQBmpdvV8pjuP2vt5mFcy5H-ceklK5LdXLIRAIpSo8quTfOg8jhOGIC5RVWWvheesSBz-vkMtDprQi_2tfByYTRMI9k6BT/s560/therese-clerc-antigone-aux-cheveux-blancs-poche.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="560" data-original-width="336" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSD-bly_zDiitDDJmRdhnBG0q7HAk9iO1lGRp_tOsDRZw0PJEr5OGY3HMWkzKSCPq-W3x2MtRGaTSQy4btGeCz6aGgEVvQBmpdvV8pjuP2vt5mFcy5H-ceklK5LdXLIRAIpSo8quTfOg8jhOGIC5RVWWvheesSBz-vkMtDprQi_2tfByYTRMI9k6BT/s16000/therese-clerc-antigone-aux-cheveux-blancs-poche.jpg" /></a></div><br /><p>Nouveauté, les éditions de poche s'enrichissent désormais de bonus, d'éditions augmentées, telles qu'ici, sur les derniers jours de la fondatrice de la Maison des Babayagas, l'ouvrage broché ayant été écrit et publié de son vivant. C'est une excellente idée éditoriale. </p><p>Issue de la petite bourgeoisie catholique au début du siècle dernier, Thérèse est élevée, éduquée, préparée à une vie d'épouse et mère, seul horizon des femmes de son époque et de sa classe sociale. Il lui a fallu des tas de rencontres iconoclastes pour devenir l'Antigone qu'on admirait. D'autant qu'elle était mauvaise à l'école où elle termine ses études avec un brevet élémentaire. Elle en sait bien assez pour être épouse et mère de famille selon ses parents. Ces rencontres vont des Ames vaillantes et des Guides de France, aux curés ouvriers "rouges" des années 70 et 80. Marxistes, ils lui répondront quand elle parlera de son travail de mère au foyer exploitée dans le mariage (elle ouvre son compte en banque en 1965 dès que la loi le lui permet, afin d'y faire verser ses allocations familiales, se donnant ainsi les moyens de ne plus quémander à son mari l'argent de la rentrée ou des cadeaux d'anniversaires), que "oui, mais les femmes c'est pas pareil, la femme est la servante du Seigneur " ! Quatre enfants et la quarantaine bien sonnée quand advient mai 68, elle lit Wilhelm Reich et fréquente les milieux alternatifs et les femmes du MLF, tout en se préparant à divorcer d'un mari qui la trompe et qui lui est devenu indifférent. Elle se fera bien entendu escroquer par l'avoué dont elle paie les services pour divorcer, celui-ci ne lui expliquant même pas ses droits. Partie avec ses enfants sous le bras, vivant de ce qu'on appellerait aujourd'hui "petits boulots" intermittents, elle découvre l'amour et la jouissance entre femmes. Thérèse Clerc, femme solaire, est très créative, elle a mille idées à la minute. Plus artiste que théoricienne, elle est dans l'expérimentation et la réalisation de l'utopie féministe. Depuis toujours parisienne, elle s'installe ensuite à Montreuil où elle organise des dîners, d'abord entre amies féministes, dîners qui deviendront courus et qui aboutiront à la Maison des femmes de Montreuil, devenue désormais Maison des femmes Thérèse Clerc. Elle imaginera de la même manière, toujours dans une optique de solidarité féministe et en non-mixité, la Maison de Babayagas, où des "vieilles" économiquement faibles (ayant peu cotisé, Thérèse Clerc avait une petite retraite de mère de famille) vivent en mode béguinage, en s'entre-aidant dans les bons comme dans les mauvais jours. Biographie à lire donc, cette femme féministe demeure très inspirante. </p><p>Pour illustrer sa grande créativité aussi bien de ses mains (elle fut modiste, créatrice de chapeaux dans ses jeunes années, il lui en restera un sens de l'habillement et de la parure qu'on trouve dans les robes amples à tissus et gros bijoux ethniques qu'elle créait, cousait et portait) que d'écriture, elle composa en 1988, une ode à toutes les femmes libérées sous forme de béatitudes féministes. Je vous en propose ci-dessous le texte, toujours aussi fécondant. </p><p><span style="font-size: large;">"</span> - <span style="color: #990000;"><b>Heureuses les femmes qui accomplissent leur unité, elles naissent à elles-mêmes et enfantent un monde assemblé.</b></span></p><p><span style="color: #990000;"><b>- Heureuses celles qui effacent les frontières, la Matrie est leur terre, elles retrouvent leurs origines.</b></span></p><p><span style="color: #990000;"><b>- Heureuses les femmes qui s'éloignent du rivage des Pères, elles jettent leurs filets en eaux paisibles, et font reculer la violence et la guerre. </b></span></p><p><span style="color: #990000;"><b>- Malheureuses celles qui usent de leur séduction pour récolter les privilèges des Pères, elles confortent leur désordre, celui qui génère la hiérarchie et la concurrence des femmes. </b></span></p><p><span style="color: #990000;"><b>- Bienheureuses les femmes qui font émerger leur continent noir, une nouvelle Terre apparaît et elles la fécondent.</b></span></p><p><span style="color: #990000;"><b>- Heureuses celles qui crient leur espérance dans un désert de mort, la multitude ne les entend guère, mais elles font sourdre les sources de vie.</b></span></p><p><span style="color: #990000;"><b>- Malheureuses les femmes qui se taisent et se soumettent pour avoir la paix, elles préparent la guerre.</b></span></p><p><span style="color: #990000;"><b>- Heureuses celles qui rompent les mots et les partagent, sous la cascade du rire germent d'autres grains pour d'autres terres.</b></span></p><p><span style="color: #990000;"><b>- Bienheureuses les femmes qui subvertissent le Verbe, elles font naître la Parole.</b></span></p><p><span style="color: #990000;"><b>- Heureuses celles qui font passer leur rêve dans le quotidien, elles font taire la fureur du monde.</b></span></p><p><span style="color: #990000;"><b>- Heureuses les femmes qui se construisent dans la multitude et se forgent dans la solitude, leur force est la pierre angulaire du nouvel édifice. </b></span></p><p><span style="color: #990000;"><b>- Heureuses celles qui ont conscience de la pauvreté, elles ménagent les ressources de la planète et préparent un monde de partage. </b></span></p><p><span style="color: #990000;"><b>- Bienheureuses les femmes qui savent s'aimer ensemble, fille et mère se reconnaissent et la Loi change de visage. </b></span></p><p><span style="color: #990000;"><b>- Bienheureuses celles qui annoncent l'Utopie, l'Histoire se souvient des Prophétesses.</b></span> <span style="font-size: large;">"</span> </p><p>Un cri du cœur spontané, un credo longuement élaboré, toujours actuel, une subversion des textes chrétiens dont on l'a nourrie dans l'enfance, texte que Thérèse revendiquera toujours. </p>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-85760361681987734722023-01-24T12:00:00.029+01:002023-01-24T19:30:49.739+01:00Sambre, Radioscopie d'un fait divers<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6Ox6IrERxh05zvbJ8pcZcuneuLiB3oCZqUmxGHUDeiYXBOPVn7wN1Mvd0gz8T_cBoQaKlX5L6p89cMWblr1UXXTqc7X5rJBuB7LVFc4aJuIMkgp_DNgaWCht1ObKbcZdPsgGKg_EhtRfKTzM00PNyNSF_N66mfAt3Z1sDrICVmq-fniqvjbi1CeFZ/s461/Sambre%20_%20radioscopie%20d'un%20fait%20divers.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="461" data-original-width="286" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6Ox6IrERxh05zvbJ8pcZcuneuLiB3oCZqUmxGHUDeiYXBOPVn7wN1Mvd0gz8T_cBoQaKlX5L6p89cMWblr1UXXTqc7X5rJBuB7LVFc4aJuIMkgp_DNgaWCht1ObKbcZdPsgGKg_EhtRfKTzM00PNyNSF_N66mfAt3Z1sDrICVmq-fniqvjbi1CeFZ/s16000/Sambre%20_%20radioscopie%20d'un%20fait%20divers.jpg" /></a></div><p>Cet ouvrage sur l'affaire Dino Scala vient de paraître, je me suis précipitée. </p><p>D'habitude, les essais journalistiques sur les violeurs et tueurs sériels sont centrés sur le criminel. Dans Sambre, Alice Géraud prend le parti inverse, toutes les victimes sont entendues, leur histoire racontée, exhaustivement, les péripéties de la vie du crasseux Dino Scala faisant une phrase entre les récits de ses victimes. Elle ne reviendra sur le parcours de Scala que dans le chapitre sur le procès : enfant d'un père incestueux et violent agressant ses sœurs, mais inséré vaille que vaille dans la société, criminel furtif opérant dans un tout petit périmètre géographique, répétant le même modus operandi (attaques de femmes tôt le matin de nuit, plutôt l'hiver -ce qui fera écarter les crimes commis par lui l'été-, violente attaque de dos, strangulation, coups, tripotage des seins, obligation de lui faire une fellation, puis disparition), toujours échappant à la police et à la justice pour le moins indifférentes au sort de ses victimes.</p><p>Le livre est donc une " <b><span style="color: #990000;">lente descente dans les anfractuosités de notre société. Celle où se loge le sort réservé aux femmes victimes de violences sexuelles. </span>[...]<span style="color: #990000;"> Une centaine de dépôts de plaintes prises dans une poignée de commissariats et quelques gendarmeries contigus, cela ne vaut pas statistique, mais cela raconte beaucoup du traitement des victimes d'agressions sexuelles et de viols ces trente dernières années. Le sort réservé à ces femmes sera l'objet de ce livre. </span></b>" </p><p>Et c'est crucifiant toutes ces femmes démolies dont la vie se casse le jour de l'agression, qui ne s'en remettront jamais, adopteront des comportements d'hypervigilance, deviendront obèses, déménageront à des kilomètres de leurs familles, arrêteront leur formation, changeront de métier ou n'en retrouveront pas. Peu rebondissent, et même celles qui y arrivent gardent une blessure. <b>Le terrorisme masculin joue à plein et on ne peut s'empêcher de penser qu'il est un programme politique.</b> Qu'on en juge. Dès les premières pages on apprend que la police ne notait pas "il m'a touché les seins" pour pouvoir requalifier l'agression sexuelle en vol de sac à main. Florilège.</p><p>Clara (violemment agressée) est reçue dans un bureau par quatre policiers. Quatre hommes. Un des policiers essaie de la rassurer. Il lui répète qu'elle a eu de la chance parce qu'elle est vivante. "De la chance" Elle ne sait que faire de ce mot. La conception masculine de la chance, apparemment. Les victimes ne seront jamais prévenues qu'elles ne sont pas seules, que la police sait que plusieurs agressions ont eu lieu. La fragmentation est vraiment affaire patriarcale, comme écrit Patrizia Romito dans Un silence de mortes. Fragmentation des dossiers entre trois commissariats qui ne se parlent pas, entre police et gendarmerie, même quand ils sont dans la même ville, entre deux pays, Scala frappant en Belgique toute proche, entre tribunaux et juges d'instruction ; scellés perdus, empreintes biologiques non relevées alors que Scala éjacule sur les arbres et les haies, et qu'on voit des traces de son sperme. Rien n'est jamais coordonné, transmis, relié. </p><p>Mais le policier qui n'enregistre la plainte de Clara que dix jours plus tard en décide finalement autrement : "<span style="color: #990000;"> <b>une première qualification des faits est barrée par une rangée de XXXX. On devine encore sous la rangée noircie les quatre lettres barrées V-I-O-L. A la place il écrit "attentat à la pudeur avec violences</b></span>". L'attentat à la pudeur n'existe plus dans le code pénal français depuis 1982. Les premières agressions recensées l'ont été en 1988. " <span style="color: #990000;"><b>De longs mois après l'entrée en vigueur du nouveau code pénal, les policiers continueront à qualifier les faits selon des infractions qui n'existent plus. Et à s'interroger sur la bonne moralité de la victime.</b></span>".</p><p>Mais c'est quoi ça ? Ces <b><a href="https://www.citoyens-justice.fr/pre-sententiel/mesures-dinvestigation/enquete-de-personnalite-victime.html" target="_blank">enquêtes de personnalité des victimes</a></b> d'agressions sexuelles ? Durant toutes les enquêtes sur les victimes du violeur de la Sambre, leur parole a été soit discréditée, les faits requalifiés en vol de sacs à main avec violence, et en plus, elles devaient rencontrer une psychologue, molosse du patriarcat, pour vérification de leur crédibilité : avaient-elles un petit ami, avaient-elles un examen le matin des faits auquel elles auraient voulu échapper, ceci alors que leur récit est cohérent, qu'elles portaient tous les signes, balafres, traces de strangulation visibles, yeux exorbités, plaies infligées par leur agresseur ? Demande-t-on une enquête psychologique lors de leurs dépôts de plainte aux victimes de cambriolages ou de braquages de banques ? La vérité c'est qu'on ne croit pas les femmes. <b><a href="http://hypathie.blogspot.com/2016/04/testicules-et-magistere-de-la-parole.html" target="_blank">Un témoin a des couilles, définitivement</a></b>. </p><p>La presse quotidienne régionale dont les localiers écument pourtant les commissariats, n'a vent de rien. La voix du Nord, le journal de la Sambre ne voient, n'entendent rien, ne publient pas les portraits-robots pourtant affichés dans les commissariats. Contrairement aux anglo-saxons et aux Belges, la France pâtit d'une croyance policière : par peur d'informer le tueur, violeur, agresseur, par peur qu'il change son mode opératoire, qu'il change de territoire, par peur de susciter une psychose dans la population, les flics gardent leurs informations pour eux. Des femmes sont agressées ? Ce n'est pas un sujet : elles ne sauront pas que leur voisine, camarade de classe, directrice d'école, employée municipale... qu'elles côtoient, ont subi le même sort. Pas de chance, doivent-elles se dire, ça n'est arrivé qu'à moi ! </p><p>A partir de 1997, onze ans après le premier viol, un portrait-robot est enfin affiché dans la pièce d'accueil du commissariat d'Aulnoye-Aymeries (59) : Dino Scala passe devant à l'occasion, en venant boire le café, il a des copains dans le commissariat. </p><p>Examen médical d'une des victimes : examen de l'hymen par un gynécologue-obstétricien (!, j'aurais pas mal à dire sur les obstétriciens personnellement, je me demande s'ils voient les femmes autrement que comme reproductrices ?). Pour lui, l'hymen n'est pas déchiré donc <b>il n'y a pas viol. </b>A peu près tout le monde sait que l'hymen n'est une preuve de rien du tout, SAUF les obstétriciens ! La virginité, ce fétiche masculin leur sert à tout, pas d'hymen déchiré donc pas de viol, s'il est déchiré, c'est qu'elle a déjà eu des rapports sexuels à 14 ans donc elle veut juste faire l'intéressante ou le dissimuler. Notons aussi qu'ils ne voient que les parties basses de la victime, pas ses yeux exorbités, ni les traces de coups ou de strangulation, ni son visage gonflé ! " <b><span style="color: #990000;">Quels que soient les résultats de l'examen de l'hymen, ils peuvent toujours se retourner contre la victime. Intact, comme preuve d'absence de viol. Déchiré ou absent, comme preuve de moralité suspecte.</span></b> "</p><p>Il est à noter aussi le racisme, y compris social, rampant dans la police : signale-t-on un bronzage et des cheveux noirs, c'est un Maghrébin. On contrôle des Noirs, des Arabes, des SDF sitôt innocentés par leur ADN. Ils se voient mieux dans une société uniformément blanche. Racisme social : une directrice d'école violée chez elle par Scala qui s'est introduit par la porte du garage laissée ouverte, sera traitée différemment par la justice, d'autant qu'elle sera la seule à se constituer partie civile et à prendre un avocat, que les collégiennes, les apprenties en BEP restauration ou mode, majoritaires parmi les victimes, à qui on ne conseille rien, qu'on éconduit quand elles s'enquièrent de la progression de l'enquête, et qui finissent par jeter l'éponge parce qu'elles ont l'impression de "déranger". Double peine, comme s'il n'y avait pas assez des experts, gynécologues, policiers, les armées viriles de la société patriarcale casseuses de femmes se mettent en marche. Les mâles collégiens des écoles des jeunes femmes violées ont-ils vent de l'agression ? Ils en font des gorges chaudes, la désignent au public, se moquent d'elles. Elles changent d'école ou n'y vont plus. </p><p>Surnagent du naufrage une poignée de femmes : 12 juges d'instruction, toutes des femmes fraîchement diplômées de l'Ecole de la magistrature, premier poste ; une maire obstinée, trois archivistes de la police classant toutes les plaintes et mains courantes de la région, dont une d'elles tient sur des années un tableau synoptique et géographique par dates, lieux et MO des agressions sur des feuilles A4 scotchées bout à bout. Mais le tableau très précieux restera dans leur placard car "elles ne sont pas enquêtrices" SIC. C'est de l'une d'elles que proviendra le coup de fil décisif qui fera finalement arrêter Scala. </p><p>En Belgique, c'est un peu mieux : depuis l'affaire Dutroux, la police belge a compris l'enjeu du suivi des affaires, de la collaboration et de l'information entre équipes, entre services, entre administrations ; ils ont carrément, ô luxe, des cellules de coordination ! Ils ont des psychologues qui prennent en main toute la logistique d'accompagnement des victimes depuis la clinique ou l'hôpital jusqu'à chez elles : le truc bête auquel un flic ne pensera JAMAIS, des vêtements et sous-vêtements de rechange quand on leur a mis sous scellés tout ce qu'elles avaient sur le dos ! </p><p>Une autre calamité du système : la gestion des ressources humaines de la police et de la justice par l'état français, en admettant qu'on puisse appeler "gestion des RH" les mutations tous les deux ans de magistrats et policiers qui travaillent sur des dossiers au long cours (30 ans pour l'affaire Scala), qui fait que quand ils partent, la mémoire qu'ils ont accumulée sur les affaires s'efface avec eux, il ne reste plus que la mémoire formelle des commissions rogatoires, des comptes-rendus de procédures et des résumés de deux pages laissés sur le bureau pour le suivant par le précédent. </p><p>Toutefois, il faut mettre à leur crédit qu'ils ne lâchent jamais. Un flic opiniâtre, une juge débordée qui sort un dossier de dessous la pile, et on finit un beau jour, après 30 ans, par retrouver et arrêter le violeur. Mais après l'arrestation, ça continue, des victimes oubliées dont on a égaré les procédures se manifestent et sont, soit éconduites, soit mal conseillées ! </p><p>Scala, pédocriminel (30 % de ses victimes sont mineures), inséré dans la société, bien planqué dans le mariage (ses femmes au courant de rien) et son club d'entraînement de foot, ses "pulsions incontrôlables", chialeur à propos de ses épouses "casse-couilles" en dépression, c'est toujours la faute des femmes bien entendu, envieux de ses collègues de travail, mateur de ses belles-sœurs (premier mariage), fermé, manipulateur. Une purge. </p><p>Le 10 juin 2022, Dino Scala est condamné à 20 ans de prison pour faits de 54 agressions sexuelles et viols (dont 30 % sur mineures, circonstance aggravante, d'où les vingt ans), commis durant 30 ans, entre 1988 et 2018. Soit une peine de 4 mois par victime, et à moins d'années de prison que la durée de ses méfaits. Le droit français est ainsi fait que les circonstances aggravantes ne prennent pas en compte la durée de commission des délits ni le nombre des victimes. Il a fait appel du verdict. Il y aura donc un deuxième procès en 2023 ou 2024. Le parquet général se réserve la possibilité d'un troisième procès où seraient incluses les "oubliées" des procédures. Mieux vaut tard...</p><p>Passionnant de bout en bout, une lecture à conseiller aux policiers, aux magistrats, à tous les auxiliaires de justice, afin qu'ils en retirent toutes les leçons. Et à tout le monde, car il est instructif.</p><p>Les citations ci-dessus du livre sont en <b><span style="color: #990000;">caractères gras et rouge</span></b>.</p><p>Alice Géraud est journaliste indépendante. </p><p><span style="font-size: large;"><span style="color: #cc0000;">Le viol (comme l'inceste) est une entreprise de démolition, et vu son ampleur et la tolérance de la société, de sa police et de sa justice à ces faits, c'est un programme politique de terreur. Les violeurs et les incestueux marchent et marcheront encore longtemps parmi nous.</span> </span></p><p><span><b>Rappel de la définition du viol par le Code pénal, article 222-23 : </b></span></p><p><span><b>Tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature qu'il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d'autrui, ou sur la personne de l'auteur par violence, menace, contrainte ou surprise est un viol. Le viol est puni de 15 ans de réclusion criminelle. </b></span></p>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-8765901837817497492023-01-06T09:30:00.003+01:002023-01-08T13:28:59.250+01:00Surpopulation carcérale : l'éléphant dans la pièce <p>Jeudi matin 5 janvier, sur France Info dans la Matinale, Marc Fauvelle avait invité Dominique Simonnot, Contrôleur (SIC) Général des prisons. Son prénom étant épicène, je précise que c'est une dame, ancienne journaliste, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté ; son organisme est une <b><a href="https://www.cglpl.fr/missions-et-actions/presentation-de-lequipe/" target="_blank">autorité indépendante dont vous trouverez sur ce lien le site Internet</a></b>. J'ai fait un fil de tweets immédiatement après sur le sujet, mais il me semble intéressant de le développer, sur mon blog, autrement que par le format aphorisme de Twitter. </p><p>Il y a, en France, 72 000 détenus pour 60 000 places de prison. Madame Simonnot se battait donc les flancs en parlant de surpopulation carcérale, à raison car tout ceci est parfaitement anormal. Mais elle a fait toute l'interview et le journaliste avec elle, sans jamais préciser que 97 % de la fameuse (sur)population carcérale dont elle parle ce sont des hommes. Sur 72000 sous écrous, on a environ 3000 femmes incarcérées ! Surpopulation <b>masculine délinquante</b>, ça va mieux en le disant, mais motus, ne nous fâchons pas avec l'adversaire de classe. </p><p>D'où déploration sur le mode : ils sont serrés "comme des poulets de batterie" re SIC: alors là, je ne supporte pas ! Utiliser ce genre de métaphore pour cautionner à posteriori en le banalisant le traitement indigne que nous réservons aux animaux d'élevage pour déplorer à priori le sort fait à des détenus, comme si les saloperies qu'on inflige aux bêtes ne devaient pas à un moment ou un autre servir de modèle au cheptel humain, c'est de l'inconscience ou de la mauvaise foi. "Ils nous ont traités comme des bêtes", "il va crever comme un chien", tellement entendus : on ne traite pas les bêtes et on ne laisse pas crever les chiens en premier lieu, sans se déshumaniser, avis aux bonnes âmes qui placent l'humanité au-dessus du reste. D'autant qu'apparemment, vu le sujet traité, il n'y a pas matière. </p><p><b>Comment résoudre un problème sans le nommer ? </b></p><p>C'est impossible. Les incivilités masculines, la délinquance, les crimes, les viols, la violence routière, les féminicides, les braquages de banques, les incendies de voitures ou de forêts, les agressions contre les forces de l'ordre..., tous ces faits sont en majorité commis par des hommes. Il ne sert à rien de débattre sur la nécessité ou non de l'incarcération, sur ses effets délétères, quand on ne peut pas / veut pas dire que ce sont les hommes qui commettent en majorité ces infractions, de la plus bénigne à la plus grave. Si on fait un calcul rapide, et si les hommes étaient incarcérés dans la même proportion que les femmes, c'est à dire si leur niveau de délinquance était symétrique à celui des femmes, on n'aurait besoin QUE de 6000 places de prison, soit 10 fois moins que l'offre actuelle, qui n'est même pas suffisante. Alors pourquoi continuer à considérer que les femmes en prison sont l'anomalie, et que les hommes en prison sont la norme ? </p><p><b>Le fait que les hommes sont surreprésentés dans une telle proportion dans la délinquance devrait être la première question à se poser : qu'est-ce qui ne va pas chez eux, qu'est-ce que la société rate dans leur éducation pour qu'ils soient à ce point antisociaux ? </b></p><p>Le reste de l'interview, partie sur de si mauvaises bases, a fait que les constats et les solutions proposées étaient du même acabit. Constat en forme de refrain et de scie : "<b>la prison est l'école de la récidive</b>", chez les hommes seulement, parce que <b>les femmes, elles, ne récidivent jamais</b>. Primauté là aussi du "modèle" masculin. Hors du modèle masculin point de salut. Pas de pensée possible. </p><p>Proposition, de la contrôleure donc, sachant qu'il n'est pas question de dire qu'on va construire de nouvelles prisons puisque le système carcéral qui donne de si mauvais résultats est en faillite : les faire travailler sans être payés ! Bravo, faire autant d'études pour dire des biteries pareilles ! C'est évidemment une idiotie, puisque cela introduit une concurrence délétère avec le travail salarié ; déjà que dans les ateliers carcéraux où on leur propose de travailler (en gros ils peuvent faire n'importe quel travail en distanciel, téléphoniste sur une plate-forme d'appels ou de dépannage en ligne par exemple), ils sont payés des clopinettes, travailler gratuitement est la pire des propositions possibles. Tout travail mérite salaire. Si travail il y a, il mérite le salaire de la branche professionnelle dans laquelle ils exercent leurs talents, ou minimum le SMIC, s'il n'y a pas d'accord de branche. Sauf à cautionner la non application du Code du travail et à introduire des lieux de non droit. Comme procédé de réinsertion, franchement, on fait mieux. En revanche, si vous cherchez à les dégoûter du travail et de la vie normale en société, allez-y, excellente idée. </p><p>En conclusion, comme on peut le constater, l'universalisme au masculin sert à cacher, à refuser de voir que le comportement des garçons et des hommes cloche. C'est l'éléphant dans la pièce. La société patriarcale tient à masquer le fait que les comportements virils, les pratiques de la virilité ont des effets délétères et nous coûtent "un pognon de dingue" selon qui vous savez, dans un autre contexte. Alors que l'autre moitié de l'humanité, elle, malgré les avanies, les mauvais traitements infligés (les filles et femmes sont les plus maltraitées par la société patriarcale et ceci à tous les âges de la vie, bien plus que les garçons alors que la société invoque leur misère sociale pour leur trouver des excuses), malgré les discriminations qu'elles subissent, et que leur calme et leur vertu ne sont jamais reconnues, ni gratifiées ni rétribuées. Le patriarcat et ses porteurs et porteuses d'encens ont bien l'intention de ne pas s'attaquer au statu quo. De fait on peut dire que c'est un programme politique. Même les femmes, éternelles ennemies de leur propre classe, refusent de voir la big picture ou acceptent de se leurrer, en réclamant des mesures réformistes qui ne modifient le système qu'à la marge, sans toucher à ses fondamentaux. </p><p>Boys are boys, boys will be boys. Le mantra de la démission.</p>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-16478394994527055822022-12-01T13:00:00.029+01:002022-12-04T19:49:55.897+01:00Mars 1979, Kate Millett va en Iran<p> Les événements en Iran de ce dernier mois, les femmes ayant amorcé le mouvement, en première ligne pour revendiquer leurs droits humains, ont fait que l'ouvrage de Kate Millett est revenu dans l'actualité. </p><p>A partir de janvier 1978, les manifestations de la classe moyenne iranienne viennent à bout du régime du Shah, empereur depuis 1941, dictateur implacable, mais dans le camp de l'ordre anglo-américain. Le soulèvement est soutenu par l'Ayatollah Khomeini depuis son exil de Neauphle le Château en France. Les Iraniennes voient d'un bon œil arriver ce qu'elles considèrent être une révolution. Sans mal : le tyran torture, mutile et fait disparaître ses opposants, la corruption règne. Elles iront même manifester une première fois en tchador, (erreur manifeste de jugement, on n'instrumentalise pas impunément un lourd symbole de l'oppression) pour soutenir l'accession des mollahs au pouvoir, signe de changement. L'Ayatollah, arrivé au pouvoir en 1979, donne des gages dans un premier temps, pour mieux maintenir la ferveur. Avant de tenter d'imposer le tchador aux femmes. Elles vont donc manifester une seconde fois pour leurs droits lors de la Journée Internationale des droits des femmes, le 8 mars 1979, en appelant à la rescousse et à la mobilisation des féministes internationales : Kate Millett, connue internationalement comme autrice de Sexual politics, est invitée. D'autant plus qu'elle a milité dans un collectif dénonçant avec des Iraniens en exil, les crimes du régime impérial. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgo8V3MxLcO33ms3X0lZMvVhWQZtgt71otHpxApSj2ZH2ilI6YwPzQIuBbOjfmL-e6kgJgvWzVeljMFC92g_f-dsPOy_KhbbCbmEUc86KtpWrQemPNA6ejE2al7cf-Q1HWkSTULiFHll38azQ_1j-k5aPK2QJHOKKroMz7jHMOD_3tkYx4syzSsEg3j/s340/En%20Iran%20Kate%20Millett.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="340" data-original-width="340" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgo8V3MxLcO33ms3X0lZMvVhWQZtgt71otHpxApSj2ZH2ilI6YwPzQIuBbOjfmL-e6kgJgvWzVeljMFC92g_f-dsPOy_KhbbCbmEUc86KtpWrQemPNA6ejE2al7cf-Q1HWkSTULiFHll38azQ_1j-k5aPK2QJHOKKroMz7jHMOD_3tkYx4syzSsEg3j/s320/En%20Iran%20Kate%20Millett.jpg" width="320" /></a></div><div><br /></div>L'ouvrage est le journal de ces quelques jours d'avant le 8 mars où Kate Millett réfléchit, puis fléchit, se prépare au voyage, visas, bagages, enthousiasme, projets, amies accompagnatrices, contacts avec Simone de Beauvoir, Antoinette (Fouque), Claude (Servan-Schreiber)..., toutes promettent, soit de la rejoindre, soit de s'occuper des relations publiques, communiqués de soutien et contacts avec la presse depuis Paris. Récit aussi de son arrivée à Téhéran, des contre-temps de la manifestation, des contacts avec les féministes iraniennes, de ses changements de campement chez l'habitante ou à l'Intercontinental, son dernier hôtel. Jusqu'à son expulsion autoritaire par le nouveau régime qui la déclare indésirable sur le territoire iranien. Dans une soixantaine de dernières pages crucifiantes, Kate Millett décrit son angoisse d'être arrêtée arbitrairement, de devoir même faire un seul jour en prison. Elle est claustrophobe, elle écrit avoir déjà été enfermée en hôpital psychiatrique et elle ne supportera pas un nouvel enfermement. La désorganisation des différents services de police, l'incompétence bureaucratique ordinaire des dictatures, le pouvoir discrétionnaire qu'ils exercent sur elle et sur sa compagne Sophie Keir, arbitraire dont ces hommes qui savent qu'elles sont lesbiennes, vont jouer jusqu'au bout, les menaçant même de viol. <div> <div><b>Quelques citations : </b><br /><p><b>Conférence de presse :</b></p><p>" <b><span style="color: #274e13;">Il est difficile de croire que cette masse de gens appartient à la gauche. Il est difficile de croire que cette brutale atmosphère patriarcale puisse même s'associer aux idées socialistes ou révolutionnaires. Ce n'est pas le cas d'ailleurs. La révolution dans cet endroit n'est qu'un mot recouvrant un patriotisme tribal, un patriarcat tribal. Khomeini est omniprésent. Des fusils partout dans la salle.</span></b>" </p><p><b>Les fusils :</b></p><p><span style="font-size: large;">"</span> Tant de fusils entre les mains de gens simples, pensé-je. Je hais les fusils. Découvrant dans une rage profonde combien je les hais -combien ils sont injustes, combien il est oppressif qu'un être humain puisse oser pointer cet instrument de mort instantanée sur un autre et le commander comme un esclave. Ce salaud qui ose menacer nos vies comme ça. <span style="font-size: large;">"</span></p><p><span style="font-size: large;">"</span> <b>La loi militaire. La silhouette d'un homme avec un fusil. Parce que bien sûr personne d'autre n'en porte jamais, et celui qui le porte est pris d'une telle frénésie de virilité stupide qu'il devient une personne dangereuse. Armée.</b> <span style="font-size: large;">"</span></p><p><span style="font-size: large;">"</span> <span style="color: #990000; font-size: large;">La religion dans le chargeur d'un fusil.</span> <span style="font-size: large;">"</span> </p><p><span style="font-size: large;">"</span> <span style="color: #990000;">Mais le fond de la question, c'est que les femmes et les enfants constituent la population civile sur laquelle on expérimente les fusils. Elles doivent obéir à ceux qui les portent, quels que soient les liens de parenté avec eux. Amants, frères, cousins, maris. Elles ont toujours dû obéir et maintenant ceux qui les commandent sont armés. [...] Les femmes, prises entre une bande de mâles armés et une autre, Shah, Savak, Milice ou Kurdes -toujours otages- dans un état de menace perpétuelle... </span><span style="font-size: large;">"</span></p><p><b>Dans la manifestation qui se tiendra finalement le 12 mars : </b></p><p><span style="font-size: large;">"</span> <b><span style="color: #b45f06;">... les slogans, les poings levés, le pouvoir de la foule me soutiennent totalement. Ce sont des femmes, comme on se sent en sécurité avec des femmes. Il y en a tout autour de moi, comme c'est étrange de ne jamais redouter de danger physique venant des femmes, seulement des hommes... </span></b><span style="font-size: large;">"</span></p><p><b>A propos de la contre-révolution de Khomeini : </b></p><p><span style="font-size: large;">"</span> La religion patriarcale gouverne ici, ce qui est inhabituel c'est qu'ici elle ne s'en cache pas, ostensiblement elle soutient l'état qui, comme partout, est le gouvernement des hommes <span style="font-size: large;">"</span>. </p><p><span style="font-size: large;">"</span> Un groupe d'hommes explose parmi nous en criant : couvrez-vous la tête où on vous la casse ! Des fanatiques islamistes <span style="font-size: large;">"</span>. </p><p><b>Les luttes des femmes, toujours secondaires que ce soient les maoïstes ou les islamistes (on retrouve toujours aujourd'hui ce travers à l'extrême gauche intersectionnelle obsédée par l'accusation de racisme si elle dénonce les méfaits des hommes de leur clan ou groupe réputé opprimé) :</b></p><p><span style="font-size: large;">" ... l'éternel refrain "Il ne faut pas diviser la révolution, la lutte des classes est plus importante et prioritaire sur l'émancipation des femmes. La femme [doit se tenir] loyalement aux côtés de l'homme qui seul représente ses intérêts. Sois l'ombre de ton homme.</span> <span style="font-size: large;">" </span></p><p><b>"</b> <b><span style="color: #cc0000;">Les islamiques veulent que nous restions à la maison, les maoïstes que nous ne 'divisions pas la révolution' </span>"</b>. </p><p><span style="font-size: large;">"</span> <b><span style="color: #351c75;">La tribu ne fait que renforcer le patriarcat</span></b> <span style="font-size: large;">"</span>. </p><p><b>L'Ayatollah : </b></p><p><span style="font-size: large;">"</span> <span style="color: #cc0000;">... au-dessus, étalé sur le mur comme il l'est partout, l'Ayatollah, bien haut, la voix de Dieu, intermédiaire direct avec le ciel ; la religion patriarcale gouverne ici ; ce qui est inhabituel, c'est qu'ici elle ne s'en cache pas, ostensiblement elle soutient l'Etat, <b>qui, comme partout, est le gouvernement des hommes.</b> </span><span style="font-size: large;">"</span> </p><p>Je dédie cette lecture et ce billet aux Iraniennes en lutte, mais aussi aux Afghanes, empêchées d'étudier, de travailler et de se montrer dans la rue, par le régime Taliban, en train de faire reculer leurs droits au haut Moyen Age oriental. </p><p><b>Pour un féminisme universel : Martine Storti</b></p><p>" <b><span style="color: #274e13;">C'est par l'Iran de 1979 que j'ai commencé mon livre</span></b> <b><a href="https://www.babelio.com/livres/Storti-Pour-un-feminisme-universel/1251138/critiques/2520831" target="_blank">Pour un féminisme universel.</a></b> " <b><span style="color: #274e13;">Je suis pour ma part arrivée à Téhéran le 19 mars 1979, le jour où la féministe américaine Kate Millett en était expulsée. </span></b>" <b><a href="http://martine-storti.fr/cest-par-liran-de-1979-que-jai-commence-mon-livre-pour-un-feminisme-universel/" target="_blank">Sur ce lien</a></b>. </p><p><span style="font-size: large;">"</span> <span style="color: #073763;"><span style="font-size: large;"><b>Les hommes ne font pas de révolutions. Ils se contentent de remplacer les pères par les fils.</b></span> </span><span style="font-size: large;">"</span> <b>Françoise d'Eaubonne</b></p></div></div>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-36316271553658647142022-11-20T13:30:00.002+01:002022-11-20T17:17:28.990+01:00Néo-libéralisme, choix individuels, tout se vaudrait ?<p>Comme si l'irréductible mentalité d'esclave des femmes ne suffisait pas, dès qu'elles ont une sensation (vertigineuse) de liberté, il serait désirable de l'aliéner "librement" au maître et possesseur de toute création, le mâle humain et ses déclinaisons endémiques : pères, grands-pères, oncles, frères, même plus jeunes qu'elles, clan des mâles tenancier de la poigne de fer du Bogeyman, du Père fouettard, placé hiérarchiquement au-dessus d'eux, qui leur donne leur légitimité terrestre. Dieu est grand et omnipotent, les hommes sont ses représentants d'autorité sur terre. </p><p>Il n'aura pas suffi que les afghanes voient descendre de la montagne à motocyclette des barbus pas lavés mais pourvus de kalachnikovs phalliques qui leur interdisent toute sortie dans l'espace public et les privent d'école pour mieux les asservir à la bergerie, ni que les iraniennes paient de leur liberté et de leur vie la revendication d'aller vêtues comme elles l'entendent, refusant que les mollahs les enferment dans des kilomètres de tissus, chez nous certaines filles, de plus en plus en plus nombreuses, se présentent à l'école publique, comme on disait quand j'étais petite, vêtues d'une abaya ou en tous cas d'une robe longue flottante, autre façon, puisque le voile leur est interdit par la loi, de tester la fermeté des institutions. Fermeté bien flageolante à voir la mollesse des réactions. Elles peuvent même se déclarer persécutées, à preuve l'exemple caricatural des Hidjabeuses (footeuses qui veulent jouer en foulard couvrant la nuque, les cheveux) qui revendiquent de "vouloir juste jouer au foot" ! Belle inversion : personne ne les empêche de jouer au foot, à condition d'observer, <b>comme tout le monde</b>, le règlement des clubs qui interdisent sans exception le sexisme, le racisme, l'homophobie et les signes d'appartenance politique et cultuelle. J'ai également entendu sur une radio de service public que les afghanes étaient "trop occupées à défendre leur droit à l'école pour rejoindre le combat des iraniennes contre l'imposition du voile " : une cause à la fois, on ne peut pas être partout. Ainsi se justifient les pires statu quo. Par des femmes en plus. Personne ne peut parler pour les afghanes, vu qu'on ne les entend pas, on ne sait même pas si elles ont accès à l'information venant de l'étranger. </p><p>Le patriarcat et ses agents localisés dans les quartiers chics parisiens donnent également de la voix pour encourager subliminalement les femmes d'ici à rejoindre la bergerie familiale hors laquelle point de salut. Ainsi l'Obs, journal de gauche dont on se demande quel mouche le pique, publie-t-il une tribune du sociologue Eric Fassin (XVIè ou VIIème arrondissement de Paris sans doute, loin des maisons troglodytes d'Afghanistan où s'entassent brebis et femmes sous la garde des mêmes bergers) appuyé par l'historienne étasunienne communautariste Joan Scott trouvent que décidément, il n'y a aucune contradiction à défendre celles qui veulent porter le voile ici et celles qui le rejettent au péril de leur vie là-bas. Symétrie parfaite, tout se vaut à les lire et les entendre. On peut quand même chipoter sur les risques pris, inexistants ici dans nos douces démocraties molles, même si elles jouent les opprimées, mais mortels là-bas ? Consensus mou, arguments oxymores à base de "d'universalisme sacré et ethnocentré" SIC, ou de "religion de la laïcité" reSIC, "sacralisation de la laïcité" et d' "immanence de configurations sociales particulières". J'adore immanence. Je vous incite à <b><a href="https://www.nouvelobs.com/bibliobs/20221029.OBS65284/il-n-y-a-rien-de-contradictoire-a-soutenir-le-droit-des-femmes-a-porter-un-voile-en-france-et-a-ne-pas-en-porter-en-iran-par-joan-w-scott-et-eric-fassin.html" target="_blank">lire sur ce lien</a></b>. Les patriarcaux et leurs agents, c'est un feu d'artifice orwellien permanent. Heureusement, sans doute après avoir reçu une avalanche de courriers et de réactions sur les réseaux sociaux, dont la mienne, l'Obs publie <b><a href="https://www.nouvelobs.com/opinions/20221104.OBS65501/solidarite-anti-patriarcale-au-dela-de-la-mediterranee-complicite-patriarcale-en-france.html" target="_blank">une contre-tribune sensées faire balancier</a></b>. Non, tous les choix individuels dont nous bassinent à longueur de colonnes les bons apôtres de la "tolérance" et du néo-libéralisme ne se valent pas, choix dont on peut se demander d'ailleurs s'ils sont faits librement, sans conflits de loyauté (ah le conflit de loyauté, des mecs on en a tellement à la maison, on est tellement cernées par leur présence, que ce serait méchant de leur faire de la peine à ces petits bouchons !), sans pressions ni manipulation. Le soft power fonctionne à plein : une fille, même voilée ici, sera toujours plus présentable que n'importe quel barbu pour faire avancer leurs idées liberticides. C'est ici qu'intervient la mentalité d'esclave mentionnée en début de billet : résultat de millénaires d'asservissement, les femmes ont été castrées psychiquement et métaphysiquement (Ti Grace Atkinson) depuis au moins 6 000 ans, dans ce but précisément, ils s'en servent, normal. La mithridatisation, le conflit de loyauté font le reste ! Mais attention danger. A force de manquer de fermeté sur nos principes, voici ce qu'il risque d'arriver :</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjniq-iRphIQGZY6orGuxJ5ZCEDf9AagtepywGsswC1GyCTx2gwu3U9pW31mD6_ks1gDLYXumRY64snb-NlxHBGaPVTRoeAWEDWm2AQEteJvMfOaoeBegxWjvZVggQnYCVGIBvrdY6qyDHCRp8s6Ey_J7yblmCQ91vCoi_VYRLJhQz7HitanPeTu9cR/s680/La%C3%AFcit%C3%A9%20religion.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="680" data-original-width="590" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjniq-iRphIQGZY6orGuxJ5ZCEDf9AagtepywGsswC1GyCTx2gwu3U9pW31mD6_ks1gDLYXumRY64snb-NlxHBGaPVTRoeAWEDWm2AQEteJvMfOaoeBegxWjvZVggQnYCVGIBvrdY6qyDHCRp8s6Ey_J7yblmCQ91vCoi_VYRLJhQz7HitanPeTu9cR/w347-h400/La%C3%AFcit%C3%A9%20religion.jpg" width="347" /></a></div><br /><p></p><div>Sur une autre plate-forme, et dans la même case "tout se vaut du moment que c'est notre choix, ne venez pas nous emmerder", j'ai eu à justifier le partage d'une vignette "votre moi originel était végane" montrant un garçonnet pleurant la mort d'un chien. Toujours les mêmes pseudo-arguments, le lion justificateur qui chasse et tue pour manger, (ni les vers de farine ni les cabillauds décidément n'exercent autant de ferveur identificatrice chez les hommes, trop "moches" à leur goût sans doute), on a toujours fait comme ça, c'est d'ailleurs pour ça qu'on est intelligents (ah bon, je n'avais pas remarqué, ça me paraît irraisonnablement optimiste qu'ils se trouvent intelligents), finalement me renvoyant à mon hypersensibilité / émotivité de femmelette, à mon "anthropomorphisme", argument des tenants de la corrida actuellement sur la sellette. Non, tous les choix ne se valent pas : mon choix à moi il est moral, pas de confort ni conformiste, moi et mes alliés végétariens nous sommes une utopie en marche, nous ne voulons pas tuer ni faire dévolution de la tuerie à des damnés de la terre, les ouvriers d'abattoirs, pour manger. Et cela fait une différence. N'en déplaise aux conformistes, aux immobiles par ailleurs "progressistes" sur d'autres sujets sociaux, aux tenants de la "tradition et de la ruralité", ce fantasme de politiciens frileux et réactionnaires. Le "rural" mangerait avec les doigts, sortirait les dimanches avec un fusil phallique, poserait des pièges à ours et à blaireaux, serait inaccessible à la modernité, et se réjouirait de torturer un bovin dans des arènes au nom d'une inamovible tradition, et évidemment, manger des légumes l'émasculerait. Qui croit ça ? On vient tous des mêmes cavernes obscures, mais certain-es, happy few, ruraux, rurales, rurbaines et citadines, voient passer quelques lueurs par les interstices.</div>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-74117623106169855132022-10-31T13:00:00.012+01:002022-11-01T18:47:21.774+01:00La seconde femme : vieillir au cinéma, industrie cannibale<p><b>"</b> <b><span style="color: #cc0000;">Naître femme, c'est naître à l'intérieur d'un espace restreint et délimité, sous la garde des hommes. La présence sociale des femmes, c'est le résultat de leur ingéniosité à vivre sous cette tutelle à l'intérieur d'un espace aussi limité.</span></b> <b>"</b> </p><p><b>"<span style="color: #cc0000;"> Un homme vit à travers son visage, il enregistre les étapes progressives de sa vie. En revanche, le visage d'une femme est potentiellement séparé de son corps. </span>"</b> Susan Sontag - Le double standard du vieillissement. </p><p>A travers huit portraits d'actrices, Nicole Kidman, Thelma Ritter, Brigitte Bardot, Meryl Streep, Mae West, Frances McDormand, Isabelle Huppert et Bette Davis, les stratégies pour vieillir et durer dans une industrie cannibale qui se nourrit en permanence de chair fraîche, quand on est une femme. Les choses ne se présentent pas de la même manière pour les acteurs. </p><p><b>La fugue</b></p><p>Il y a eu plusieurs sortes de fugueuses, plus ou moins radicales : par le suicide (Marilyn Monroe), la folie (Frances Farmer), l'alcool, la drogue (Judy Garland), liste loin d'être exhaustive, puis la fuite en prenant ses jambes à son cou pour ne jamais revenir. Dans ses mémoires, Brigitte Bardot rapporte que le dernier jour de tournage de <i>L'histoire très bonne et très joyeuse de Colinot Trousse-chemise,</i> par Nina Companeez en 1973, tournage avec deux chèvres qui jouaient leur rôle de chèvres, sachant qu'une devait finir en méchoui pour célébrer la fin du tournage, Bardot se voit dans une glace et se dit : "<b>qu'est-ce que je fous là, déguisée, ridicule, alors qu'une chèvre va mourir pour un méchoui ? </b>" Elle a 38 ans, elle rachète la chèvre et se barre avec. Le cinéma ne la reverra jamais. Commence une magnifique reconversion pour laquelle elle devra vendre tous ses souvenirs afin de créer sa fondation en 1986, dont la photo inaugurale fut prise lors d'une expédition à Terre-Neuve en 1977 avec Greenpeace, à l'époque dirigé par Paul Watson, image qui fit le tour du monde, et qui fit aussi ricaner pas mal de monde. Aujourd'hui, plus personne ne rigole, la Fondation Brigitte Bardot est puissante, elle intervient sur la planète entière, emploie 200 salariés, elle a littéralement lancé le mouvement animaliste en France, à un moment où personne ne s'y intéressait. </p><p>La photo à l'origine de la deuxième carrière de Bardot </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiqUsya39Mc8lwiuC4Yg-MPwaUCg_WF7o3Ee3eEHZiBUMAGuOe-MDFEtpDiVh4B8IMAicrmaGA508rbP5SltNViG-tEJy95UhvPzsSvmtY5gcmDpwKJ5dxnIMG1YDoTS1dPJ0AXmDo40ilWd5XDCIN28Fag_ceIeNJDyAzEQr9ApbjohqPwF1HIKdj/s500/Bardot%20bb%20phoque.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="500" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiqUsya39Mc8lwiuC4Yg-MPwaUCg_WF7o3Ee3eEHZiBUMAGuOe-MDFEtpDiVh4B8IMAicrmaGA508rbP5SltNViG-tEJy95UhvPzsSvmtY5gcmDpwKJ5dxnIMG1YDoTS1dPJ0AXmDo40ilWd5XDCIN28Fag_ceIeNJDyAzEQr9ApbjohqPwF1HIKdj/s320/Bardot%20bb%20phoque.jpg" width="320" /></a></div><br /><p></p><div>C'est vrai qu'elle dit pas mal de bêtises, qu'elle est régulièrement condamnée par les tribunaux pour propos racistes, qu'elle rend schizoïde n'importe quelle féministe en nous vouant aux gémonies, elle qui a réussi ce tour de force : se repositionner, renaître en quittant une industrie cannibale qui a eu la peau de tant de femmes. Mais, comme Murielle Joudet, je pense que BB à force de vivre entourée de chiens, est plus misanthrope que raciste. Elle exerce désormais, " <b><span style="color: #cc0000;">le mauvais génie des vieilles, cette magie noire qui, parce que le regard des hommes ne structure plus leurs choix, leur autorise tout.</span></b>". Je me souviens aussi d'avoir lu une phrase qui m'avait marquée, écrite par le regretté Cavanna au sujet de Bardot :"elle est la première à avoir défendu les animaux dits de boucherie et à avoir parlé de leur sort dans les abattoirs, dans les années 60, quand personne ne le faisait. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que le sujet n'était pas glamour". Tout oser par conviction. Bardot est devenue vieille à 38 ans.</div><div><br /></div><div><b>Etre vieille tout le temps</b>, comme <b>Thelma Ritter</b>. Avoir une tête de 55 ans pendant toute sa carrière ! Thelma Ritter a joué des seconds rôles (<i>supporting characters</i>). On se souvient d'elle dans le rôle de la gouvernante dispensant ses conseils de bon sens à l'indécis James Stewart dans Fenêtre sur cour ; toute sa carrière se passe à épauler les premiers rôles, héros ou héroïnes. Elle jouait des rôles de domestique, cuisinière..., ramenant sa fraise sans qu'on la sollicite, toujours des rôles de célibataire ou de veuve, presque toujours au service des autres. </div><div><br /></div><div><b>Se comporter comme les mecs</b> ou exercer leurs métiers, en étant habillée comme eux : <b>Frances McDormand</b>, policière enceinte de 8 mois dans Fargo des Frères Cohen en 1996, poursuivant des tueurs et les mettant en joue dans la position du tireur couché, son gros ventre sous elle. Inoubliable. Dans un autre film plus récent, Three billboards, en 2017, la dernière scène la montre en train de mettre le feu à un commissariat de police ! Une sorte de dirty Harry en somme. Elle est aussi l'épouse d'un des Frères Cohen. </div><div><br /></div><div><b>La "<i>hagsploitation</i>" </b>(de l'anglais hag qui désigne une vieille sorcière, composé sur le modèle "<i>blacksploitation</i>", mouvement des afro-américains pour exploiter eux-mêmes leurs talents) : être moche, vieille, et transgressive, d'abord en étant entrepreneuse de sa propre carrière, montrer les horreurs du vieillissement, en rajouter sans épargner personne, ni soi-même ni les spectateurs, ni surtout les producteurs mâles de Hollywood amateurs de chair fraîche, devenir une cannibale comme eux : les deux cas présentés sont <b>Mae West</b> (qui venait du théâtre) et <b>Bette Davis</b>. Toutes deux ont tourné jusqu'à 85 ans passés ! Dans l'inoubliable All about Eve, (Joseph Mankiewicz - 1950) Bette Davis, qui joue une actrice vieillissante, met en abîme la carrière des actrices, condamnées à être toujours remplacées par de plus jeunes, donc plus désirables. </div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDcxqS-Z3RVK20c_pMRcw12OX3qA1EjigC73zLxPjqMWM_ed6OsoY1lWIzzqitx8AZu5OTOmR6OFEq6iTcXcN2PYC7XU9pSXw1TdA68_2W8T5txazpFUNWYcLzNGSDXQBY13q1IZ7sJSE_366OhZgf8prwZUdPuhMvSGE8cnpMV1lXRPEio3dxy2Po/s600/bette%20davis%20vieille%202.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="334" data-original-width="600" height="178" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDcxqS-Z3RVK20c_pMRcw12OX3qA1EjigC73zLxPjqMWM_ed6OsoY1lWIzzqitx8AZu5OTOmR6OFEq6iTcXcN2PYC7XU9pSXw1TdA68_2W8T5txazpFUNWYcLzNGSDXQBY13q1IZ7sJSE_366OhZgf8prwZUdPuhMvSGE8cnpMV1lXRPEio3dxy2Po/s320/bette%20davis%20vieille%202.png" width="320" /></a></div><div><br /></div><div><b>La méthode "Actors Studio"</b> : la technique et rien que la technique, la performance de jeu. Et être "moche", en tous cas être cataloguée comme telle par l'Industrie ! Jouer les vieilles à 25 ans et les jeunes à 55, prendre 30 kilos, ou arrêter de manger pour un rôle, composer sans arrêt. Tout en jouant les vieilles dans La route de Madison, où elle interprète une ménagère épuisée, dans Pentagon Papers une veuve patronne de presse, dans Le diable s'habille en Prada une directrice de presse tyrannique, et dans le biopic sur Margaret Thatcher, La dame de fer, finalement <b>Meryl Streep </b>ne vieillit pas tant que cela. Selon Murielle Joudet, elle est atteinte du syndrome de la Schtroumpfette : seule et unique dans un monde d'hommes, elle doit donc à toute force tenir la place. Epuisant. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div><b>Le transhumanisme ou la jeunesse éternelle</b> : <i>35 years old forever </i>! Même à 60 ans. <b>Nicole Kidman</b> et <b>Isabelle Huppert</b>. A base de chirurgie esthétique, d'injections de botox, et concomitamment de retouches numériques en utilisant tous les progrès des deux techniques. A tel point qu'elles sont passées de l'autre côté du miroir. Ce ne sont plus des humaines, mais des machines. Dans Elle de Paul Verhoeven (2016), Isabelle Huppert dit légèrement "je crois que j'ai été violée" ! Quand on a vu la scène, c'est on ne peut plus évident pour le spectateur. Nicole Kidman n'est plus que l'ombre d'elle-même, il faut la voir jusqu'au malaise dans Scandale, le film pré-#MeToo, ou plus récemment dans la série The Undoing ! La retouche numérique se fait avec un outil qui s'appelle le "Beauty work" : " <b><span style="color: #cc0000;">une poignée d'artistes utilisent ce logiciel hautement spécialisé dans les dernières étapes de la post-production pour affiner, vieillir, améliorer les visages et les corps des acteurs. C'est cette version des stars que nous, le public, voyons à l'écran</span></b> ". Et le Beauty work ne parle jamais du Beauty work, inutile donc d'essayer de leur ressembler, c'est peine perdue ; il a été amplement expérimenté et utilisé au moment de la production de L'étrange histoire de Benjamin Button de David Fincher en 2008. Il efface tout, rides, boutons, poils, taches, il peut même corriger le travail des acteurs en renforçant un sourire ou en rajoutant des larmes, par exemple. </div><div><br /></div><div>Erudit, cinéphile, si vous êtes féministe et aimez le cinéma, cet ouvrage est fait pour vous. On apprend par exemple, que sur le tournage De Eyes Wide Shut, dernier film de Kubrick sorti en 1999, avec le couple Cruise - Kidman, le plateau grouillait de scientologues. Murielle Joudet est critique de cinéma. </div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXGy2sBD7sWYwCdqyZri4upJjhvEQm5Q7MgqEqJl7agCWst9XKBWLWUnHhgvXrO94uxKAQbjQalbl17zP76Y8i6TCoiTWLDrimJdC5ixRbgjRonvtfftx2nK5G_hyP8sss_ZECmftvI-0Nvacz03BnKAb5kFAJnafvaU7Av4qa22ZWpX80x5BZlBmX/s1293/LA%20SECONDE%20FEMME_couv-web-large.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1293" data-original-width="970" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXGy2sBD7sWYwCdqyZri4upJjhvEQm5Q7MgqEqJl7agCWst9XKBWLWUnHhgvXrO94uxKAQbjQalbl17zP76Y8i6TCoiTWLDrimJdC5ixRbgjRonvtfftx2nK5G_hyP8sss_ZECmftvI-0Nvacz03BnKAb5kFAJnafvaU7Av4qa22ZWpX80x5BZlBmX/s320/LA%20SECONDE%20FEMME_couv-web-large.jpg" width="240" /></a></div><br /><div>" <b>Vieillir, c'est pas pour les chochottes</b> " ! </div><div><br /></div><div><div>Une dernière citation en écho à la première en tête d'article : Nicole Kidman, belle captive, prise dans des sortilèges, dans des histoires de séquestration (Les Autres...), femme enfermée dans des citadelles métaphoriques du peu d'espace que les hommes laissent aux femmes dans l'industrie du cinéma, et ailleurs, " <b><span style="color: #cc0000;">sa filmographie rumine et délire le motif "Kidman-Cruise" : le mari devient cet étranger qui dort chaque soir à côté de vous, tour à tour défaillant, autoritaire ou menaçant. La vie d'une femme, un roman gothique</span></b>. " </div></div><div><br /></div><div>Les caractères en gras sont des citations tirées de l'ouvrage. </div>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-846866674742634702022-10-13T16:30:00.013+02:002022-10-14T08:02:18.509+02:00Androcène, la masculinité du désastre<p>Avec un an de retard, la revue étant parue en 2021, mais il vaut mieux tard... ;) </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjocrA5qMqBf_WVolZQ008CaZvBk3YSFnEM-ngafPImHirehCS5COLCwrToJpNUGHTwj2nHrGGZLjRswpzf2GkJgRUixhMZAFXP5Hd_HbQhE0XOjUbA7IXQvV9MbwbTxGFYHZedgYu0VLXMVGRNiI1OaLBSMK2Nwe8fN01laTbbILoylrbnncXmEno7/s398/androcene-265x398.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="398" data-original-width="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjocrA5qMqBf_WVolZQ008CaZvBk3YSFnEM-ngafPImHirehCS5COLCwrToJpNUGHTwj2nHrGGZLjRswpzf2GkJgRUixhMZAFXP5Hd_HbQhE0XOjUbA7IXQvV9MbwbTxGFYHZedgYu0VLXMVGRNiI1OaLBSMK2Nwe8fN01laTbbILoylrbnncXmEno7/s16000/androcene-265x398.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><b>Sous-titre, de l'Anthropocène à l'Androcène</b>, le genre de l'Anthropocène : qui sont les responsables de la dégradation du vivant, ceux qui en ont le plus bénéficié et qui continuent d'innover en la matière. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Comment le patriarcat et le capitalisme se sont approprié la nature, thème hautement écoféministe, sous l'ère de l'anthropos (humain) qui a modifié au cours des millénaires son environnement. Et pas que l'humain moderne, on sait que d'autres sociétés prémodernes ont modifié au point de le ruiner, leur environnement. Mais le phénomène s'est considérablement emballé à partir du XVIIIe et du XIXe siècle, avec l'avènement de notre société thermique dont le développement est basé sur les énergies fossiles. Mais au fait, qui détient le capital économique dans nos sociétés, depuis les siècles passés ? Les femmes, les hommes ? " <b><span style="color: #cc0000;">Dès 1962, Rachel Carson dans Printemps silencieux, souligne le rôle de l'industrie, des guerres, des sciences et des techniques dans l'effondrement environnemental en cours</span></b>." Ont été proposées les dénominations <b>Chthulucène</b>, <b>Plantationocène</b>, <b>Thermocène</b>, <b>Capitalocène</b>, <b>Thanatocène</b>..., mais les féministes et les écoféministes ont montré que les femmes (et d'autres catégories sociales dominées) non seulement ne profitaient pas dans la même mesure des profits et progrès de l'ère du pétrole, mais qu'en plus, elles supportaient de façon disproportionnée l'impact des désastres du changement climatique. Aussi ce numéro de la revue des Nouvelles Questions Féministes (NQF) se propose de le nommer Androcène (d'andros en grec, homme mâle, je précise parce qu'en français, l'homme -anthropos en grec- porte l'universel). Et elle argumente, via une succession d'articles proposés par différentes autrices et auteurs féministes, chercheuses en sciences sociales, sociologues, ethnologues, anthropologues, philosophes... français, belges, québécois ou étasuniens. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">L'Androcène est représenté sur la couverture, expliquent-elles, par un homme en tenue occidentale de bureau, chemise cravate, qui, en actionnant un levier, fait la pluie et le beau temps selon sa volonté, ce qui évoque la géo-ingénierie, ses techniques capables de modifier les conditions de vie sur la planète ; nous savons que déjà les Chinois font pleuvoir à volonté ou, au contraire, chassaient les nuages au-dessus des JO de Pékin, tandis que d'autres proposent de tendre une gigantesque toile entre la Terre et le soleil pour renvoyer dans l'espace son rayonnement, faisant baisser la température terrestre de un ou deux degrés en moyenne, ou d'envoyer, sans retour, des terriens terraformer Mars. La fuite en avant extrême, la planète n'étant plus habitable, fuyons. Sauf que tout le monde ne partira pas. Seuls quelques très riches, sélectionnés pour leur potentiel iront, ce qui revient à diviser l'humanité en deux, les terriens, et les autres qui sauveront leur peau ? Mentionnons aussi que tout le monde ne paie pas du même inconfort ni le même prix pour ce changement climatique, les femmes et filles, les autres dominés et les vulnérables, dont les soins sont toujours assurés par les femmes, eux, sont davantage exposés alors qu'elles / ils contribuent moins à la catastrophe en cours. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Il est impossible de résumer cet ouvrage foisonnant d'articles, cependant deux explorent comment on en est arrivé-es là : comment est advenue la "pétro-masculinité" et comme elle mute en "écomodernité", les hommes et leur mantra, la croissance illimitée dans un monde limité et la croyance au progrès technique qui va résoudre tous nos problèmes, il suffit, selon eux, de s'y atteler avec volontarisme. </div><div><br /></div><b>Pétro-masculinité</b>.<div><br /><div>Ce qui suit ne va pas dans le sens des gens de gauche et d'extrême gauche qui nous renvoient sans arrêt dans les dents qu'il suffit de vaincre le capitalisme pour que tout, ensuite, s'arrange pour nous les femmes et les autres dominés. Le patriarcat précède le capitalisme, de très loin. Le patriarcat date au moins du Néolithique, il y a entre 6 000 et 10 000 ans, le capitalisme, lui, date du XVIIIe siècle, seulement. </div><div><br /></div><div>Un des articles relate brillamment comme le capital économique s'est concentré entre les mains des seuls hommes ; à propos, il est indispensable de lire <b><a href="https://www.editionsladecouverte.fr/le_genre_du_capital-9782348044380" target="_blank">Le genre du capital de Céline Bessière et Sibylle Gollac</a> </b>que j'ai lu à sa parution en 2020, qui vient de paraître en poche -vous n'avez plus aucune excuse- les deux sociologues expliquant brillamment comment les femmes se font spolier, gruger, lors des transmissions d'héritages quand il y a "du bien", les divorces, et le mariage, ces injustices étant toujours d'actualité. Le capital économique (commerces, entreprises industrielles ou agricoles, terres...) va aux garçons, en général l'aîné, et les filles héritent de la portion congrue sous forme de dons en numéraires. Elles se construisent généralement un capital culturel en faisant des études, où il faut bien le dire, elles sont meilleures que les garçons * et font fructifier ensuite ce savoir-capital dans une carrière. Bien qu'explorant les dossiers des études de notaires et les bureaux d'avocats, l'ouvrage est aussi vivant et passionnant qu'un roman. </div><div><br /></div><div>Voici l'argument : tout commence réellement en Angleterre (poussant certains à parler aussi d'Anglocène) par l'adoption de la machine à vapeur par l'industrie textile anglaise, " <span style="color: #cc0000;"><b>fer de lance de l'industrialisation capitaliste</b> </span>". Or, l'essentiel du charbon mondial était produit dans l'Angleterre du XVIIIe siècle, et les champs de houilles et les mines de charbon étaient détenus par les hommes, la <i><b>common law</b></i> anglaise favorisant les hommes lors des transmissions d'héritages, dépouillant quasi systématiquement les épouses, veuves, femmes et filles, en utilisant la clause de la "<b>primogéniture agnatique</b>" (traduction en français courant, c'est le mâle aîné qui hérite, les cadets faisant carrière dans l'armée ou les ordres, et les filles faisant des mariages où leur dot, même conséquente, passait sous la tutelle de leur mari, elles ne pouvaient même pas arbitrer les usages qui en étaient faits, leurs fils héritant ensuite, et possiblement les dépouillant quand elles étaient veuves). </div><div>Par ce système, on assista à une concentration de la propriété des houilles, mines, champs de pétrole aux mains des hommes. En spéculant, c'est en tous cas l'argument du contributeur à la revue, on peut penser que si les femmes avaient hérité équitablement avec les hommes, les propriétés auraient été moins concentrées, d'autres arbitrages auraient peut-être été faits, nous n'aurions pas aujourd'hui ces conglomérats énormes et tout-puissants qui ont contribué au réchauffement, dont les capitaux et le système de décision sont encore aujourd'hui aux mains des hommes. On peut donc bien parler de <b>pétro-masculinité</b> toujours selon l'historien contributeur, Armel Campagne, vu l'accumulation de capital fossile aux mains du genre masculin. Le réchauffement climatique n'étant plus contesté, au vu des désastres qui se produisent tous les quinze jours c'est devenu difficile, la pétro-masculinité évolue en "écomodernité" : on va faire de la croissance autrement, la croissance infinie étant leur mantra biblique indépassable et inamendable, puisque c'est Dieu qui l'a ordonné. On va rénover, réhabiliter, se chauffer et rouler autrement, à l'électricité, avec des centrales solaires, des champs d'éoliennes, des centrales nucléaires, en continuant à occuper l'espace terrestre ou marin, à creuser le déficit en minerais, à creuser des mines, sous l'océan au besoin, ou sous les pôles, et finalement sur Mars. Extractivisme et croyance au progrès technique qui va tout régler sont tenaces chez les écomodernes ; sont adeptes aussi bien les politiques de droite ou du centre (Macron et ses ministres), les socialistes et les communistes dont les applications ultras, soviétique et maoïste, ont ruiné le biotope, Mélenchon et sa croyance indéfectible en la science et la technique, et bien sûr les écolos, Yannick Jadot en tête. </div><div><br /></div><div><b>Mobilité, occupation de l'espace et préoccupations écologistes dans un cercle d'affaires bruxellois</b></div><div> </div><div>Une des contributrices, doctorante en anthropologie "infiltre" en connaissance de cause et avec leur plein accord, un club de patrons bruxellois où, entre autres activités entre hommes (les femmes ne sont pas formellement exclues mais elles ne sont pas nombreuses, on peut penser qu'elles ont autre chose à faire dans la vie), on collectionne les voitures anciennes. Un des adhérents du club est d'ailleurs un Monsieur Peugeot. Bonne pioche pensent les club men : une femme de plus c'est bon à prendre, c'est sélect aussi de tendre vers une certaine parité, d'autant qu'une universitaire doctorante, c'est du capital culturel flatteur chez ces détenteurs de capital économique. A certains moments, ça fait tout de même penser à Lévi-Strauss chez les Bambaras, et même à Jane Goodall étudiant les chimpanzés ou Dian Fossey vivant parmi les gorilles. N'oublions pas que toutes deux étaient les élèves au départ du paléoanthropologue Louis Leakey. Les méthodes d'observation sont les mêmes. On va se rendre compte que " <span style="color: #cc0000;"><b>le progrès industriel est présenté par eux comme la cause des problèmes environnementaux et la solution pour les résoudre</b></span> ", selon le principe d'écomodernité cité plus haut. Et que leur façon d'occuper l'espace public est sans commune mesure avec les contraintes matérielles des autres groupes sociaux, femmes, autres dominés, vulnérables, outsiders. Fédérés autour d'une passion commune, ces moments partagés entre hommes entretiennent " <span style="color: #cc0000;"><b>leur sentiment de statut d'élite et leur aveuglement à des enjeux cruciaux pour d'autres groupes</b></span> ". Clubs de chasse, clubs de golf, collectionneurs de voitures... trouvent normal -et la société avec eux- de s'approprier les espaces de nature pour leur seul bénéfice au détriment des promeneurs, ou cueilleurs de champignons par les chasseurs, la ressource en eau par les golfeurs comme on l'a vu cet été, pour arroser leurs terrains privés, places ou rues interdites à la circulation en temps normal pour le vulgaire peuple par les collectionneurs de voitures, le temps d'y montrer leurs engins. </div><div><b><br /></b></div><div><b>Masculinité hégémonique, asymétrie systémique</b>.</div><div>L'illustration extrême de cet accaparement de la place est apportée de façon éclatante par Elon Musk, fondateur de Space X, en train, lui, de privatiser l'Espace ; détail qui tuerait n'importe quel "outsider" : lors du lancement de sa fusée Falcon Heavy, Musk a embarqué dedans sa voiture personnelle, une Tesla rouge cerise pilotée par un mannequin, affirmation du transport post-pétrole avec privatisation de l'espace intersidéral. Sa voiture électrique, symbolique de la masculinité écomoderne, est le " <span style="color: #cc0000;"><b>premier dick pic envoyé dans l'espace </b></span>". </div><div><br /></div><div>On peut donc bien dire que l'Anthropocène est un Androcène, ou au moins un Manthropocène avec ou sans parenthèse, (M)anthropocène. Evidemment, mon article ne propose qu'un résumé des arguments de deux articles, ceux qui m'ont le plus intéressée, j'en revendique d'ailleurs la partialité. Mais il a aussi un article sur l'intersectionnalité, et un sur ces femmes scientifiques qui ont trouvé une autre manière de "faire science" hors des modèles masculins en faisant un pas de côté, telle Jane Goodall avec ses chimpanzés à qui elle donnait des noms alors les précédents primatologues hommes leur attribuaient, soi-disant dans un souci d'objectivité et de neutralité, des numéros ! Jane Goodall et ses consœurs, ont révolutionné la primatologie. A lire donc, pour comprendre les enjeux de l'environnementalisme du point de vue des dominants, et du <i>standpoint</i> des dominé-es et des outsiders, les enjeux de l'écoféminisme. </div><div><p>Les Nouvelles Questions Féministes sont publiées sous la rédaction en chef de Christine Delphy, sociologue. Si vous avez lu L'ennemi principal, vous êtes familière avec sa terminologie de sociologue, son vocabulaire qu'on retrouve dans cette revue. L'ouvrage est disponible dans toutes les bonnes librairies sur commande, et en théorie sur le <b><a href="https://nouvellesquestionsfeministes.ch/" target="_blank">site Internet des NQF</a></b>, mais je n'ai pas bien vu comment il fonctionne aussi, pour ma part, ce fut mon libraire. </p><p>* Sur ce sujet de l'héritage transmis au mâle premier né, je vous recommande la lecture du chef-d'oeuvre de Thomas Mann, Les Buddenbrook, roman qui raconte sur trois générations l'accumulation de richesse, puis le déclin inexorable d'une famille allemande qui transmet l'héritage aux garçons aînés, alors qu'on assiste pendant tout le roman au gâchis de la fille mariée plusieurs fois, rongeant son frein comme épouse et mère de famille ratée, alors qu'on devine chez elle un énorme potentiel que ses frères n'ont pas, potentiel qui ne sera pas utilisé. Chef d'oeuvre inépuisable qui valut à Thomas Mann le prix Nobel de littérature, il montre magistralement, le gâchis des talents féminins au nom de la "primogéniture agnatique" comme écrivent les NQF. </p></div></div>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-30522285554573576682022-09-23T18:00:00.003+02:002022-09-24T10:36:14.219+02:00Personne n'aime les hommes<p>Combien de femmes, et combien de fois, celles qui s'annonçaient féministes dans une conversation à plusieurs ont été apostrophées brutalement par un homme aux mots de "<i>tu n'aimes pas les hommes, finalement ?</i>" et qu'avez-vous bredouillé comme réponse ? J'ai posé la question sur Twitter, et j'ai eu... une réponse. Le flop quasi intégral. Je pense que mes abonnées n'osent même pas dire qu'elles sont féministes. </p><p>Moi j'ai bredouillé, mais de moins en moins à chaque fois, que c'était hors sujet, que les féministes luttent contre un système, le patriarcat, en précisant de plus en plus, à la longue, que les hommes en sont les agents et les principaux bénéficiaires tout de même. La réponse réglementaire, régulière, admise par les féministes. Donc aimer les hommes est un commandement tellement intégré qu'avouer, comme on avoue un péché, ne pas trop les aimer, en tous cas s'en méfier, c'est avouer une maladie honteuse. Quelle féministe exige des hommes qu'ils aiment les femmes ? Aucune à ma connaissance, et j'en ai lu une grande quantité. Elles réclament un traitement égal et équitable, c'est tout. Donc, regardons un peu, la question vaut bien un examen, qui aime les hommes au fond ? Hein ? </p><p>Mais PERSONNE, absolument PERSONNE. A part quelques timides, en conflit de loyauté, mais je vais y revenir. Voyons un peu.</p><p>A tout saigneur tout honneur : <b>les hommes. Les hommes aiment-ils les hommes ?</b> Mais non. Toujours en compétition les uns contre les autres, ils sont à couteaux tirés, ils se battent, se plantent, se trahissent, se font la guerre, se blessent et se tuent. Les premières victimes de la violence masculine sont les hommes : neuf morts par meurtre sur dix sont des hommes. Le dixième meurtre concerne une femme, sachant que femmes ou hommes tués, les assassins dans presque tous les cas sont des hommes. Même la ville mexicaine de Ciudad Juarez qui, dans les années 2000, avait le douteux privilège d'être appelée "la ville qui tue les femmes", il y avait quatre meurtres de femmes pour six d'hommes, soit quatre fois la fréquence mondiale. Il y a toutefois un moment où ils arrivent à se coaliser, c'est pour faire la guerre aux femmes, pour garder leurs postes, pour nous tailler des costards, bref pour conserver leur pouvoir délétère et destructeur. Dans ce cas là, ils font front ensemble, dans la forteresse assiégée.</p><p><b>Leurs mères ? </b>Il y a doute. Elles tremblent et se méfient en tous cas, ce qui n'est pas exactement la définition du bonheur tant vendu avec la maternité. Toujours à craindre que la gendarmerie ou la police vienne les prévenir au point du jour qu'ils ont été confondus par leur ADN et qu'ils sont en garde à vue. Un jour incroyable, il y a quelques années, j'ai entendu Françoise Giroud répondre à une interview de journaliste lui posant une question dont je ne me souviens pas la teneur : "Ne m'en parlez pas, ce serait comme d'avoir UN FILS en PRISON !" Pas une fille en prison, non, un fils en prison. Même les plus affermies dans leur mode d'éducation ne sont donc pas à l'abri de grosses frayeurs. D'ailleurs c'est prouvé que les mères de garçons ont une longévité moindre que les mères de filles. Pour des motifs tout à fait sexistes d'ailleurs, les filles sont plus aidantes et viennent voir leur vieille mère (et leur vieux père), elles. </p><p><b>Leurs épouses, compagnes ? </b>J'ai évidemment fait quelques sondages, vous pensez bien, auprès de mes amies, parentes, et collègues de boulot, ou même parfaites inconnues rencontrées dans un train, par exemple. Pendant mes voyages d'affaires, j'ai rencontré et noué conversation avec toutes sortes de gens, c'est même un des avantages du train par rapport à la voiture. D'après ce que j'ai entendu, il appert qu'elles <b>"tirent le bon numéro" </b>! Je l'ai entendu des dizaines de fois, au bas mot : "<b>j'ai de la chance, j'ai tiré le bon numéro !</b>" Confier son avenir à la loterie, et avoir l'appréhension d'avoir touché le mauvais numéro ne me paraît pas être le comble de la sérénité, ni donc du bonheur tant désiré et investi, pourtant. Si et quand elles sont rassurées sur leur choix (quoique, Madame Vérove, épouse du Grêlé, tueur en série, et Madame Dino Scala, épouse du violeur en série, étaient tout à fait sereines vis-à-vis de leur mari, jusqu'au moment où la gendarmerie est venue à 6 h du matin leur expliquer que, voir paragraphe au-dessus), si et quand donc, elles sont rassurées sur leur choix, elles craignent les autres, ce qui renforce la perception du "bon numéro" qui serait chez elles, les mauvais numéros rôdant dehors à la recherche d'une proie. Je suis allée trois fois au départ de Rennes manifester à Paris pour la fermeture des abattoirs, en car affrété par l'association organisatrice, et je voyageais à chaque fois avec une activiste qui était devenue une copine de militantisme, on se retrouvait avec plaisir aux mêmes happenings ou manifestations. Le car nous ramenait le soir vers minuit sur le même parking qu'au départ. Soit à 3 km de chez moi, trajet que je refaisais à pied, comme le matin. A chaque fois, elle me posait la question angoissée : "tu n'as pas peur ?" Sous-texte, de rentrer seule. Peur de quoi ? demandais-je hypocritement, sachant qu'elle n'avait pas les mêmes opinions que moi en matière de féminisme (en gros, j'en faisais quand même un peu trop, voire beaucoup) pour la pousser dans ses retranchements. A la fin, je lui répondais que ce serait peut-être aux hommes d'avoir peur, qui sait de quoi je suis capable ? Donc, pour résumer, ce n'est pas la grande confiance. Et puis, régulièrement, un tueur familial de masse vient leur, nous rappeler que dévier du droit chemin, à savoir, que les services domestique, sexuel, reproductif leur sont dus, et que vouloir les laisser en rase campagne en les quittant peut se payer de notre vie, notre vie et celle des enfants. Des sortes d'opérations <b>"shock and awe"</b>, de raids de représailles avertissant toutes les autres de se tenir à carreau. Ce qui vaut pour une, vaut pour les autres avertissement. </p><p>La forteresse assiégée fait corps contre les femmes, leur excellence et leur grand calme, toujours non reconnus par la société viriarcale à dessein, il leur faut des raisons de nous tuer. Toujours à pleurer quand on attaque leurs privilèges indus de dominants incontestés et incontestables. Les hommes font peur, ils sont craints, même les animaux les craignent, à raison, car ils répandent la terreur, paroxystiquement. </p><p>Alors qui reste-t-il ? Quelques-unes ayant peur d'être taxées d'anti-hommes (mais qu'est-ce qu'on s'en fout, eux sont anti-femmes et personne ne le leur reproche) et de vaillantes soldates qui ne veulent pas renier leurs choix. </p><p><b>Le conflit de loyauté, </b>ce chantage ultime. Aucune classe sociale autre que celle des femmes n'est impliquée émotionnellement avec son oppresseur ; vous n'entendrez jamais un ouvrier socialiste proclamer en revenant de manifestation, ou terminant une grève, dire "mais finalement on les aime bien quand même nos patrons". Des hommes, nous les femmes, on en a à la maison, ils sont notre famille, ce résidu de système clanique : des pères, des frères, des oncles, des grands-pères, des beaux-pères, des fils, et nous sommes impliquées affectivement et émotionnellement avec eux, c'est donc difficile de dénoncer certains comportements machistes pourtant intolérables. Nous avons l'impression de trahir. Mais au fond, qui trahit qui et qui trahit l'amour et la confiance, notre sécurité, quand on est victime de viol conjugal, d'inceste ou simplement de tours de vaisselle supplémentaires ? Qui abuse de l'attachement et de l'affectif pour obtenir des services indus et des travaux qu'ils peuvent accomplir eux-mêmes ? Les hommes abusent, ils font peur, en jouent, leur règne sur les femmes et filles se perpétue par la terreur, la crainte, la crainte de la déloyauté aussi, de trahir un parent, un père, un frère, un compagnon. Celles qui veulent s'affranchir doivent donc faire sécession, ils ne nous laissent pas d'autre choix. Nos choix de liberté, d'émancipation, sont légitimes, quoi qu'ils en pensent. Il n'y a donc aucune raison de culpabiliser. La liberté se conquiert, personne ne nous la donne, elle implique donc des efforts et des choix forcément discriminants. </p><p>Comme j'ai un lectorat masculin, et que je ne veux pas le décourager, je lui dirai qu'il n'y a pas de fatalité. On peut s'amender, arrêter de croire les boniments que nous sert la société, on peut se désintoxiquer de ses mantras, moi j'y suis arrivée, avec des rechutes bien sûr, mais tout de même j'y suis arrivée, il n'y a donc aucune raison que ce soit impossible pour vous aussi. Non, vous n'êtes pas des petits princes, pas plus que les filles ne sont des princesses, si on vous l'a dit, on vous a menti, et vous n'avez pas plus de droits que n'importe qui, et surtout pas plus que les filles et femmes de votre entourage familial, amical ou professionnel. Donc, vous prenez votre tour de ménage, et si et quand la tension monte, vous allez faire un tour d'une heure à pied, ça calme et ça remet les idées en place, moi je fais ça aussi. Et ça marche bien. </p><p>Je conclus par une citation de <b>Shulamith Firestone</b>, citée par Andrea Dworkin dans Pornographie, dont la plus simple définition est la domination des femmes par les hommes. Il ne tient qu'à nous de renverser ce choix infernal : </p><p><b>"</b> <b><span style="color: #990000;">Dans La Dialectique du sexe, Shulamith Firestone démontre que chaque garçon a le choix : rester fidèle à la mère qui est en réalité avilie, sans autorité contre le père, incapable de protéger l'enfant de la violence du père ni de celle d'autres hommes adultes, ou devenir un homme, celui qui détient le pouvoir et le privilège de blesser, de contraindre, d'utiliser sa volonté et sa force physique sur et contre les femmes et les enfants. Devenir la mère -faire le ménage- ou devenir le père -porter le phallus. Devenir la mère -se faire baiser- ou le père -baiser l'autre. Le garçon a le choix. Le garçon choisit de devenir un homme parce qu'il est préférable d'être un homme que d'être une femme.</span></b> <b>"</b> </p>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-79809971528673606422022-08-31T17:00:00.003+02:002022-09-02T13:40:35.537+02:00Cause animale, Luttes sociales <div> <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZrd11MXNQGOD2JUUmKnhg5Jf86-gzcZWGZTiyBbrgAd2J_FiOb1lDHzAhCtP4BYAbDLCYm2D1cK8lzNNb0Xl_-wx0xVQ-1rJg9NRUYBLCWith1aiBHjEHbXWbjBDtG_Fk_qbiPLhQ64cZuG04-2GKYPrd_5Ivq2zMy-fKzJGSGUHxED6csWuWyiak/s551/Cause%20animale%20luttes%20sociales.jpg" style="display: inline; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="551" data-original-width="400" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZrd11MXNQGOD2JUUmKnhg5Jf86-gzcZWGZTiyBbrgAd2J_FiOb1lDHzAhCtP4BYAbDLCYm2D1cK8lzNNb0Xl_-wx0xVQ-1rJg9NRUYBLCWith1aiBHjEHbXWbjBDtG_Fk_qbiPLhQ64cZuG04-2GKYPrd_5Ivq2zMy-fKzJGSGUHxED6csWuWyiak/w290-h400/Cause%20animale%20luttes%20sociales.jpg" width="290" /></a></div><p></p><p>" <b><span style="color: #cc0000;">Je veux ici plaider la cause d'une classe particulière de travailleurs et de salariés, classe nombreuse, car ses membres se comptent par millions ; classe misérable, car pour obtenir de quoi ne pas mourir de faim, ils sont assujettis au travail le plus dur, à la chaîne et sous le fouet ; classe qui a d'autant plus besoin de protection qu'elle est incapable de se défendre elle-même, n'ayant pas assez d'esprit pour se mettre en grève et ayant trop bonne âme pour faire une révolution ; je veux parler des animaux.</span></b> "</p><p>Charles Gide - 1886</p><p><b><a href="https://maitron.fr/spip.php?article3500" target="_blank">Charles Gide, 1847-1932</a></b>, professeur d'économie, théoricien de la coopération, végétarien. </p><p>J'ai lu cette semaine cette anthologie de textes d'auteurs et de militants de la cause animale. Ils / elles étaient anarchistes, libertaires, féministes, néo-malthusiennes, suffragistes, antivivisectionnistes, socialistes défendant la cause ouvrière. Elles / ils connurent le bagne, l'exil, et tous firent le lien entre oppression des humains et celle multimillénaire des animaux, leurs frères en oppression. Dénonçant la chasse, les courses espagnoles (corridas), témoignant des abattoirs, et faisant leur révolution personnelle en renonçant à manger de la chair animale. Je vous ai sélectionné quelques-unes de leurs phrases parmi les plus percutantes, mais l'ouvrage est à lire pour ne plus nous laisser dire à nous, végéta*iens, que nous serions des illuminés, des djihadistes, des terroristes extrémistes ; nous venons de loin, nous avons une filiation multimillénaire, et pas des moindres. Depuis que l'humanité s'est dressée sur ses pattes de derrière, tuer pour manger n'est jamais allé de soi. Il y eut aussi bien des cueilleurs que des cannibales. Nous sommes les descendants de ces cueilleurs végétariens, de la tradition pythagoréenne antique, ainsi que d'un courant libertaire socialiste et féministe. " <span style="color: #134f5c; font-size: large;">Les végétariens sont une utopie active, l'honneur de l'humanité</span> " dit la philosophe Elizabeth de Fontenay. </p><p>" <b><span style="color: #990000;">Parce que je ne suis 'qu'une' femme, parce que tu n'es 'qu'un' chien, parce qu'à des degrés différents sur l'échelle sociale des êtres, nous représentons des espèces inférieures au sexe masculin -si pétri de perfections !- le sentiment de notre mutuelle minorité a créé en nous plus de solidarité encore, un compréhension davantage parfaite.</span></b> " <b><a href="https://maitron.fr/spip.php?article155511" target="_blank">Séverine (Caroline Rémy)</a></b>, 1855-1929, anarchiste, féministe, pionnière du journalisme, co-créatrice de La Fronde journal féministe, antispéciste. </p><p>" <b><span style="color: #990000;">Au fond de ma révolte contre les forts, je trouve du plus loin qu'il le souvienne l'horreur des tortures infligées aux bêtes... Et plus l'homme est féroce envers la bête, plus il est rampant devant les hommes qui le dominent. </span></b>" <b><a href="https://maitron.fr/spip.php?article24872" target="_blank">Louise Michel, 1830-1905</a></b>, anarchiste, féministe, institutrice, communarde condamnée au bagne de 1873 à 1880. </p><p>" <span style="color: #990000;"><b>Matador, bourreau, tueur de bêtes, assassin d'amour, assemblage d'os, de muscles et de sang qu'on revêt de broderies d'argent et d'or ! Je ne te parlerai pas de sensibilité, de cruauté, de l'univers, des rapports des êtres entre eux, des droits de l'homme et de ceux de l'animal, du principe de ton existence et de la sienne. Tu ne sais rien de tout cela ; ton métier est de détruire pour vivre.</b> </span>" <b>La corrida de toros en Espagne - Jours d'exil</b>. <b><a href="https://maitron.fr/spip.php?article149623" target="_blank">Ernest Coeurderoy, 1825-1862</a></b> - Médecin, révolutionnaire socialiste de 1848, libertaire, condamné à l'exil, il séjourne dans plusieurs villes européennes, il écrit Jours d'exil, un long poème en prose ; refusant toute amnistie, il finit ses jours à Genève, où il se suicide à 37 ans. </p><p>" <b><span style="color: #990000;">Tout concourt, tout conspire à faire de l'animal une chair taillable et torturable à merci : ... la curiosité scientifique et l'égoïsme à le transformer dans les laboratoires en chair à scalpel et en réactif, lorsqu'il s'agit d'expérimenter les poisons qui convulsent et qui tuent.</span></b> " <b><a href="https://maitron.fr/spip.php?article154168" target="_blank">Marie Huot, 1846-1930,</a></b> journaliste, féministe représentante du <a href="https://hypathie.blogspot.com/2022/07/moins-nombreux-plus-heureux.html" target="_blank">courant néo-malthusien</a>, anarchiste et antivivisectionniste, elle est contre l'utilisation des animaux à des fins médicales ou ludiques. </p><p>" <b><span style="color: #990000;">Si nous devions réaliser le bonheur de tous ceux qui portent figure humaine et destiner à la mort tous nos semblables qui portent museau et ne diffèrent de nous que par un angle facial moins ouvert, nous n'aurions certainement pas réalisé notre idéal. Pour ma part, j'embrasse aussi les animaux dans mon affection de solidarité socialiste.</span></b> " <b><a href="https://maitron.fr/spip.php?article24356" target="_blank">Elisée Reclus, 1830-1905</a></b>, géographe, libertaire, communard, exilé pour soutien à la Révolution de 1848, confronté dans son exil à l'esclavage en Louisiane. Il devient végétarien et prône une "grande confédération des égaux".</p><p>" <b><span style="color: #990000;">Les chiens qui ne savent rien, comprennent tout ce que nous disons... Et nous qui savons tout, nous ne sommes pas encore parvenus en dépit de tant d'expériences, de tant de travaux, à comprendre ce qu'ils disent. Et ils sont polyglottes. Sans les avoir jamais appris, ils parlent le français, l'anglais, l'allemand, l'arabe, le cafre... tous les argots et tous les patois...</span></b> " <b><a href="https://maitron.fr/spip.php?article122465" target="_blank">Octave Mirbeau, 1848-1917</a></b>. Journaliste puis romancier, immortel auteur de l'implacable Journal d'une femme de chambre, critique sociale féroce, les animaux traversent toute son oeuvre littéraire. Sympathisant anarchiste, il perçoit une communauté de destin entre tous les êtres. </p><p>" <b><span style="color: #990000;">Le régime végétalien est séduisant, éthique, esthétique, même socialement incontestablement libérateur par ses conséquences, car il permet à l'individu de vivre en Robinson à l'écart de la vie des civilisés ou soutenir la lutte avec le capitalisme plus longtemps.</span></b> " <b><a href="https://maitron.fr/spip.php?article135490" target="_blank">Sophie Zaïkowska, 1874-1939</a></b>, anarchiste et féministe, fondatrice avec <b><a href="https://maitron.fr/spip.php?article153840" target="_blank">Georges Butaud</a></b> de deux foyers végétaliens à Paris puis à Nice. Ils partagent avec <b><a href="https://maitron.fr/spip.php?article154676" target="_blank">Louis Rimbault</a></b>, autre libertaire, la conviction que le végétalisme " <b><span style="color: #990000;">c'est la révolution immédiate contre tous les parasitismes, sans effusion de sang, sans haine, sans violence, sans dictature, sans maîtres, sans faux espoirs et sans désillusions.</span></b> ". Conférenciers, elle et lui parlent de socialisme, proposent des repas végétaliens aux sans abris, militent contre la chasse et pour la libération des animaux de la domination des humains. " <b><span style="color: #990000;">Le végétalien ne reconnaît pas à l'homme le droit de dominer, d'abuser de sa force sur des êtres sensibles.</span></b> " </p><p>Vous découvrirez également des écrits de <b>Léon Tolstoï 1828-1910</b>, le grand romancier russe né entre deux révolutions, élevé en aristocrate dans une campagne où règne le servage, chasseur repenti et ayant connu les horreurs de la guerre. A partir de 54 ans, il place la morale au centre de ses actes, il lie les meurtres des animaux aux guerres humaines, devient végétalien. Puis enfin, de l'écrivain britannique <b>Henry Salt 1851-1939</b>, cofondateur du Parti Travailliste et fondateur de la Humanitarian League en 1891, articulant les luttes sociales et celles en faveur des animaux. </p><p>Un ouvrage à mettre entre toutes les mains et à consulter régulièrement. </p></div>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6858318944156519200.post-88511493997904819552022-08-17T16:30:00.004+02:002022-08-17T18:48:22.110+02:00Les femmes du Paléolithique, précurseures sans descendance ?<p></p><p align="left" style="orphans: 2; widows: 2;">Un nouvel engouement promu par les féministes se fait jour dans la presse et sur les réseaux sociaux, à tel point qu'on ne peut plus faire un pas sans tomber dessus : les femmes de la Préhistoire ne se contentaient pas de balayer la grotte, elles chassaient aussi ! Autant les anthropologues hommes s'intéressant aux tribus primitives (qui sont nos contemporaines, rappelons-le) ne voyaient jamais les femmes, le cas le plus frappant ayant été Claude Lévi-Strauss, donc ne savaient pas, en tous cas ne s'intéressaient pas à ce qu'elles faisaient, autant désormais les nouvelles féministes leur trouvent des occupations de mecs. Guerrières avec la <a href="https://www.france24.com/fr/20170911-premiere-femme-guerriere-viking-a-ete-decouverte-suede" target="_blank">découverte d'une tombe viking occupée par une femme</a>, entourée de ses armes et de ses biens funéraires, chasseuses comme tentent de le démontrer quelques ouvrages dont <a href="https://allary-editions.fr/products/marylene-patou-mathis-homme-prehistorique-est-aussi-une-femme" target="_blank">L'homme préhistorique est aussi une femme</a> de Marylène Patou-Mathis, ou encore Femmes de la Préhistoire de Claudine Cohen chez Taillandier, et bien sûr, <a href="https://arenes.fr/livre/lady-sapiens/" target="_blank">Lady Sapiens</a> écrit par trois auteurs, et édité par Les Arènes. Ce dernier livre m'a même personnellement narguée sur l'étagère d'une de mes bibliothèques. Les arguments sont minces : il n'y a pas de preuves d'une division genrée des activités écrit Marylène Patou-Mathis relayée par Terriennes, et les premiers préhistoriens étaient tous des mâles affreusement phallocentrés, ce qui ne fait aucun doute, et s'il n'y avait que les préhistoriens ! </p><p></p><div>Pourquoi pas après tout ? Personne n'est revenu vivant du Paléolithique ni de la Préhistoire, donc on peut écrire ce qu'on veut sur le sujet qu'on soit homme ou femme anthropologue. Deux indices mettent toutefois la puce à l'oreille : et si à la vision affreusement divisée des tâches par genres du XIXe siècle nous répondions exactement par le même travers ? Si nous calquions ces analyses sur la sensibilité inverse de notre époque ? La multiplication des ouvrages sur le sujet permettent en effet de flairer qu'il est porteur et qu'il se calque sur l'esprit contemporain, le <i>zeitgeist, l'air du temps, </i>comme disent les anglais et les allemands, où les femmes ont l'impression de gagner un peu d'égalité avec les hommes dans certaines fonctions à eux réservées jusqu'à récemment : militaires, amirales, pompières, Première Ministre, maires ou députées. Si cela peut rendre les femmes et filles plus assertives, plus sûres d'elles pour briguer ces fonctions, pourquoi pas ? </div><div><br /></div><div>En tous cas, quoi qu'il en soit, deuxième indice, tout ça a salement foiré ! A un moment, les femmes sont retournées balayer la grotte (comme si ce n'était pas une tâche indispensable, au moins autant que d'aller faire connement la guerre et chasser) et les mecs ont bien repris le contrôle des outils et des armes ! A tel point qu'aujourd'hui les femmes ne sont même pas capables de se défendre d'un simple harceleur de rues, et qu'elles font dévolution de leur sécurité aux hommes qui les accompagnent, ce qui n'est pas forcément une bonne idée, demandez à Féminicides par compagnons ou Ex. </div><div><br /></div><div><b>Triste état des lieux</b> : </div><div><br /></div><div>Les Etats-uniennes ont été férocement attaquées dans leurs droits fédéraux sur l'interruption volontaire de grossesse en juin dernier par la Cour suprême des Etats-Unis, les renvoyant à la juridiction de leur état, à la majorité de 6 voix conservatrices contre 3. Dont celle de l'influent juge Clarence Thomas, un temps militant pour les droits civiques, avant de se tourner vers le conservatisme le plus étroit. Les féministes intersectionnelles doivent toujours être en pleine perplexité devant le dossier Thomas, en tous cas on ne les entend pas. On comprend que c'est complexe : un homme noir attaquant les droits des femmes noires et pauvres, il y a de quoi y perdre son latin. Même pensum pour les femmes polonaises interdites d'IVG par leur très catholique et conservateur gouvernement, et par ricochet pour les ukrainiennes arrivant en Pologne, fuyant la guerre et les bombardements russes, certaines ayant été violées par la soldatesque de l'agresseur, ce traitement spécial femmes pendant les guerres masculines. </div><div><br /></div><div>Les femmes russes qui avaient réussi à hausser la voix devant l'hécatombe de leurs garçons durant la guerre de Tchétchénie se taisent aujourd'hui alors qu'elles n'ont aucune nouvelle des leurs envoyés au front en Ukraine, ou qu'elles les voient rentrer affreusement blessés ou invisibles dans un cercueil plombé. Poutine, qui n'a aucun égard pour la vie humaine, à l'instar de tous ses prédécesseurs, achète leur silence en enrôlant à prix fort, surtout les hommes des républiques les plus pauvres de la Fédération de Russie. Le sultan Erdogan n'en finit pas de réduire les droits chèrement acquis par les femmes turques pendant l'ère kémaliste. Les femmes africaines sont régulièrement la proie des soldats perdus de guerres oubliées, violant, pillant, enrôlant leurs enfants, mutilant et tuant villageois et villageoises ; elles ne prennent toujours pas les armes pour se défendre à l'instar de leurs consœurs du Paléolithique, il y aurait pourtant de quoi. Je ne vois pas pourquoi les femmes n'auraient pas le droit de se défendre. Même remarque pour les Asiatiques qui subissent les oukases de leurs dirigeants, une fois sommées de produire de la chair à usine, une autre fois d'arrêter, toujours par la contrainte, le choix du roi allant dans ce cas aux garçons, les filles elles, avortées comme en Inde, ou finissant infanticidées sur des tas de fumier à la campagne, sur des tas de gravats en ville. Avons-nous entendu qu'elles aient pris les armes pour arrêter le massacre ? Si les femmes se sont un jour servies d'armes et d'outils pour la chasse et la guerre, elles ont curieusement oublié le mode d'emploi et perdu la clé de l'armurerie ! </div><div><br /></div><div>Les femmes afghanes ont vu il y a un an, des talibans analphabètes barbus sentant des pieds et des dessous de bras descendre des montagnes en motocyclettes, kalachnikov en bandoulière, prendre Kaboul sans coup férir. Un an plus tard, elles sont ensevelies sous des kilomètres de tissus, interdites d'école, interdites de travailler comme fonctionnaires, effacées de la vie publique, priées de retourner au gynécée se consacrer à la reproduction humaine, mariées de force si nécessaire. La régression touche surtout les villes où les femmes avaient bénéficié de 20 ans d'occupation américaine, mais dans les campagnes les filles sont toujours restées vouées au service sexuel et domestique des hommes, y compris les fillettes mineures. Pédocriminalité au nom de la tradition et de la pauvreté. </div><div><br /></div><div>Chez nous ? Les féministes comptent les féminicides, sans jamais proposer de prophylaxie, l'aaaamourrr restant l'alpha et l'oméga de toute vie de femme. Il vaut toujours mieux être mal (mâle) accompagnée que seule. L'espèce humaine, notamment ses femmes, ont tellement besoin de se vouer à quelqu'un, que la liberté et l'autonomie, l'autodétermination ne sont pas en option. Rendez-vous compte, prendre des décisions, faire ses choix seule et en assumer les conséquences, pour certain-es c'est inenvisageable. Et puis on a toujours fait comme ça. </div><div><br /></div><div>Elles règnent pourtant toutes sur "leur" cuisine, ce lieu dangereux par excellence, le lieu le plus dangereux dans une maison : feu, huile et eau bouillantes, couteaux, hachoirs, poêles à frire et rouleaux à pâtisserie, toutes sortes de produits ménagers toxiques et de poisons, mais il semble qu'il ne reste dangereux que pour nous, les femmes. C'est incompréhensible. L'interdiction des outils et des armes, l'interdiction de se défendre restent des injonctions inoxydables, impossibles à transgresser. Les femmes en meurent tous les jours par milliers à travers le monde. Avec la complicité de la société. Conflits de loyauté, syndrome de Stockholm, éducation brimée, bourrage de crâne, dévalorisation, voire dégradation systématiques expliquent en grande partie. </div><div><br /></div><div>Pour illustrer mes propos, <b>un cas clinique de soumission à retardement</b> relaté sous la plume de <b>Gérard Biard dans Charlie Hebdo</b> de mercredi 10 août : <b>Fatima Payman</b>, 27 ans, élue en juin sous les couleurs du parti travailliste en Australie, ce pays du Commonwealth dont la maison-mère la Grande-Bretagne s'est compromise avec les pires exceptions cultuelles de l'Islam politique, notamment en permettant des tribunaux chariatiques sur son sol. Payman est une Afghane qui a fui au péril de sa jeune vie, à 8 ans, avec ses parents, le premier régime taliban. L'Australie lui a offert sa chance : elle a brillamment réussi des études en plusieurs disciplines à l'Université de Perth. Désormais sénatrice, elle arbore fièrement le hijab et milite pour le "droit" de toutes les musulmanes de le porter. Bien oublieuse que les femmes de son pays d'origine sont désormais interdites d'école et d'université, reléguées à la domesticité, voilées par force et non par "fierté", désormais effacées, fantômes de tissu rasant les murs, par contrainte, sinon elles sont battues ou emprisonnées. Une recherche de son nom sur Internet rapporte surtout des liens vers des sites idéologiques de l'islam politique qui ne tarissent pas de louanges, la mettant en avant, à tel point qu'on se demande si tout ça est bien canonique, étant donné que la "pudeur" tellement valorisée chez les femmes en prend un sacré coup. Mais il faut ce qu'il faut, une femme de 27 ans envoilée attirera toujours plus d'adeptes qu'un barbu présumé ne pas sentir le frais. Ainsi fonctionne le soft power. Gérard Biard rappelle que " <b><span style="color: #cc0000;">le droit de porter le voile n'est qu'une obligation déguisée s'il n'est pas associé au droit de ne pas le porter. Or ce droit-là, ces militantes de la liberté n'en parlent jamais </span></b>". </div><div><br /></div><div>Si les femmes des temps préhistoriques ont fait la guerre comme et avec les hommes, ont chassé pour subvenir à leurs besoins alimentaires ou pour se défendre des bêtes sauvages, il y a eu incontestablement un moment où elles ont déposé les armes, ou en ont été spoliées. Il y a eu un moment où est intervenu le tabou des outils et des armes dont l'utilisation est devenue le privilège exclusif des hommes, permettant les gains de productivité et la capacité à se défendre ou... à attaquer. En conclusion, j'ai envie de citer Ti Grace Atkinson, féministe radicale, dans Odyssée d'une amazone, sachant qu'elle y parle de l'amour pathos, du sentiment amoureux qui nous a souvent dans l'histoire été imposé par la force, le rapt ou le viol, laissant de lourdes traces dans la psyché, pas de l'amour, généralement parental, ce comportement mis au point par l'évolution qui permet aux mammifères d'élever leurs petits : </div><div><span style="font-size: large;"><br /></span></div><div><span style="font-size: large;">"</span> <span style="color: #cc0000; font-size: large;">Avez-vous jamais réfléchi au rapport entre l'amour et la violence ? La violence est la transgression commise sur la personne d'autrui ou son individualité. L'amour n'est -il pas une transgression de l'individualité ? Céder ce qui, autrement nous serait pris par force ? L'amour est-il la réponse de l'esclave à l'esclavage ? Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi il n'était plus nécessaire d'enchaîner la deuxième génération d'esclaves ? Si nous étions libres aurions-nous besoin d'amour ?</span> <span style="font-size: large;">"</span> </div><div><br /></div><div>Les arguments de ce billet sur les outils et les armes m'ont été inspirés par <b>L'anatomie politique </b>tomes 1 et 2 de Nicole-Claude Mathieu, et par deux ouvrages de Paola Tabet, <b>La construction sociale de l'inégalité des sexes</b>, <b>La grande arnaque : sexualité des femmes et échange économico-sexuel</b>. Toutes deux sont anthropologues ayant observé et étudié les tribus premières et notamment les femmes. Ces quatre ouvrages sont des classiques, des valeurs sûres, à mettre dans toute bibliothèque féministe. </div>hypathiahttp://www.blogger.com/profile/06826311242286443969noreply@blogger.com0