samedi 27 octobre 2018

L'histoire violente du hamburger

Colonialisme, sexisme, défaunation, holocauste d'animaux d'élevage : l'HIStoire du burger, l'insoutenable solution moderniste à notre fourniture en protéines.

Cet article est inspiré du chapitre 3 (Cow burger) de l'ouvrage de Carol J Adams "Burger" paru chez Bloomsbury dans leur collection Object Lessons qui raconte l'histoire d'objet usuels du quotidien. Édition non traduite en français.

Colonialisme

Tout commence en 1492 avec l'arrivée de Christophe Colomb dans le "nouveau monde", immédiatement suivi par les colons espagnols qui arrivent sur l’Île d'Hispaniola (l'actuelle République Dominicaine) avec leurs vaches Long Horn.
Au commencement était l'auroch, ancêtres de toutes les vaches actuellement connues, dont les derniers spécimens disparaissent définitivement aux alentours de 1500. Il est à noter que le "Nouveau Monde" est invariablement présenté comme " une terre vierge à conquérir " ce qui est évidemment une métaphore sexiste : la virginité, caractéristique des femmes -selon la rhétorique patriarcale- qui n'ont pas été dégradées par des rapports sexuels, comme écrira plus tard Andrea Dworkin dans Intercourse. Femmes et nature, ces deux "terres à conquérir" pour tout valeureux mâle digne de ce nom.

Y a-t-il des gens sur ces "terres vierges" avant l'arrivée de Colomb et Cortès ? Oui, il y a des indiens, ainsi nommés par Colomb car il se croyait aux Indes. Des autochtones, des gens du cru. Mais ce sont des "sauvages", ils seront commodément animalisés et féminisés dans le processus de colonisation et surtout, ils devront céder la place. Donc, voici les vaches Long horn débarquant des galions espagnols, pour la fourniture de lait et de travail de somme essentiellement, accompagnées des maladies qui vont avec les troupeaux : la tuberculose, la variole et la rougeole. Toutes les épidémies humaines viennent d'épizooties, de virus mutagènes dus au contact entre espèces et de la densité de populations animales et humaines. Comme on n'est pas des sauvages, on va "civiliser" les natifs "indiens" en les poussant à acquérir des vaches contre 8 loups présentés tués : tout bénef, on éradique le prédateur des troupeaux, et les indiens passent aussi d'une société de chasseurs à celle d'éleveurs-agriculteurs sédentaires, le modèle "civilisateur" occidental.
Le problème ou bénéfice (cela dépend du point de vue où on se place) avec des vaches, c'est qu'il faut les faire pâturer dans des champs clôturés de façon qu'elles ne se fassent pas la belle, ce qui tend à prouver que les animaux d'élevages sont détenus contre leur gré; en effet, dès qu'il y a une brèche dans une clôture, elles se carapatent ! Sauf que pour les clôtures à piquets de bois, il faut du bois, qui vient à manquer quand on a déforesté pour faire des pâtures. Comme il y a un dieu bienveillant pour les patriarcaux et qu'ils sont ingénieux en diable, en 1873 un certain Joseph F Glidden, fermier de l'Illinois, dépose un brevet pour le fil de fer barbelé qu'il vient d'inventer : un grand bond pour l'humanité éleveuse. Surnommé la "corde du diable" par les ranchers texans, le barbelé fonctionne sur la violence, contrairement à toute autre type de clôture, le barbelé utilise de corps du détenu contre lui-même : l'acte de forcer le barbelé cause des blessures au corps du fugitif ", écrit Carol J Adams.

Deux autres inventions techniques vont faire la fortune du hamburger : l'abattoir -annonciateur de l'ère industrielle, puisque le système précurseur de désassemblage des abattoirs de Chicago "la grande cité du bœuf de boucherie", sera copié à l'envers par le fordisme et ses usines d'assemblage d'automobiles, à Detroit. Ensuite la congélation et le système de vente au détail de pièces de viande : jusqu'à cette époque, la viande de porc était privilégiée pour la consommation humaine, à cause des modes de conservation dans la saumure, ou par séchage, mais qui ne permettent pas de manger de la viande fraîche tout le temps. L'essor du train quadrillant les grandes plaines des indiens décimés désormais parqués dans des réserves, permet de transporter rapidement des pièces de bœuf vers les lieux de détail, les boucheries, dans les villes. L'industrialisation de l'élevage -les grandes plaines du Far West rapidement transformées en pâtures clôturées, puis en "feedlots" parcs à bovins, on garde les clôtures mais ils sont sur de la terre battue, non plus nourris par de l'herbe mais par du maïs, tout cela fait que l'animal produit plus rapidement du muscle, une viande "persillée" (infiltrée de graisse), et qu'il est abattu "à maturité" plus jeune, d'où des gains de productivité, malgré le fait que 40 à 50 % de l'animal est non consommé (peaux, onglons, abats, cornes...).

Des voix s'élèvent-elles dès la fin du XIXème siècle en disant que la déforestation, la transformation des Prairies en pâtures, puis l'élevage intensif, épuisent les sols et, comme on ne disait pas alors, la biodiversité ? Extermination des loups et des bisons, la colonisation des terres par les fermiers et leurs bovins sonneront le glas des "native americans" les indiens, les quelques restants seront bientôt parqués dans des réserves, minés par la perte d'identité, la perte de leur histoire, de leur culture, et par l'alcoolisme qui va avec : biocide, zoocide, génocide se suivent, qu'à cela ne tienne, la faim humaine de viande aura raison de toute prudence. Burger pour tous. Les colons anglais mangeurs de bœuf ont définitivement gagné la partie.

L'infographie ci-dessous montre le poids des mammifères terrestres sur la planète aujourd'hui. Un petit carré équivaut à un million de tonnes. Les humains et leurs animaux de boucherie surclassent toutes les autres espèces de mammifères, représentés eux par les petites briques vertes.



Néo-colonialisme 

Les hindous et les irlandais, tous deux peuples stigmatisés, l'un comme mangeur de riz et l'autre comme mangeur de patates, tous deux victimes de la colonisation britannique, étaient vus comme des sous-développés et tenus en sujétion par les anglais qui se considéraient mieux nourris de viande de bœuf, et du coup apporteurs de civilisation. Les irlandais paieront le prix fort de la Grande Famine provoquée entre 1845 et 1852 par le colonisateur anglais, famine qui les contraindra à émigrer massivement vers cette autre colonie britannique, les Etats-Unis.

Dans les abattoirs industriels aujourd'hui, travaille en majorité une main d’œuvre immigrée, provenant, pour les États-Unis, du Mexique ou d'autres pays d'Amérique du Sud, les "dos mouillés" qui trouvent à s'employer dans les travaux, dont même les petits blancs pauvres ne veulent plus. En Europe, ce sont les maliens, roumains et portugais... qui fournissent les bataillons de l'abattage des millions de vaches pour votre hamburger McDonald's ou Burger King ! C'est le prix à payer pour une viande bon marché dont un seul steak haché peut compter jusqu'à un millier d'ADN différents !

Sexisme

The Thick Burger
The Whopper
The Big Mac
Big Boy
Chubby Boy
Beefy Boy
Super Boy

Pour nommer leurs steaks hachés, les McDonald's et Burger King rivalisent de "double entendre" disent les anglais, d'allusions à des fonctions érectiles : il y est question d'organes masculins rivalisant de longueur, largeur et puissance, même si le français peine à les traduire et que les termes employés passent au-dessus de la tête des consommateurs non US, puisque leurs noms viennent du parler populaire de là-bas, nous colonisant à notre tour. Comptez toutefois sur les visuels publicitaires pour expliciter la chose. Ils sont forgés pour convaincre les hommes qui les consomment de leur virilité, et les femmes, de se les rentrer dans la bouche !


Ainsi, en deux centaines d'années, le burger conquit le monde ! 

Il a suffit de convaincre les sous-développés mangeurs de riz (les sauvages mangent du riz et autres graines ou céréales, et les bonnes femmes mangent des salades, selon la rhétorique des mâles éleveurs mangeurs de viande) de se mettre au bœuf haché.
Pour le suprême malheur des animaux dits "de boucherie", élevés dans des conditions indignes, promis à une mort précoce et industrielle, un holocauste de vaches, porcs, poulets, et poissons ;
Pour le malheur des animaux sauvages victimes depuis 150 ans de réduction, puis destruction de leur habitat, et de disparition inéluctable, dite défaunation ;
Pour le grand malheur de la terre appauvrie sous les sabots des vaches en corrals, et sous les cultures intensives de maïs, à base d'intrants, désherbants, insecticides et pesticides ;
Pour le malheur de la forêt amazonienne (entre autres) décimée au profit des cultures de soja fournissant les protéagineux nécessaires aux vaches dites "à viande et lait" ;
Pour le malheur des paysages et des communautés humaines forcés de suivre le mouvement du steak haché pour toutes les bourses, une sorte de dévoiement de la démocratie tout en prétendant faire le bonheur des classes moyennes ;
Et enfin, pour le grand malheur de l'humanité, frappée en premier lieu d'une pandémie d'obésité, de résistance aux antibiotiques qui pourrait réellement mal tourner, surtout si un superbug ultra résistant franchit la barrière des espèces ; de perte de ressources en biodiversité, humanité bientôt seule dans un monde désolé, uniformisé, dépourvu de toute beauté.
Ne comptez pas sur moi pour pleurer sur son sort.

Comment tuer une vache

" D'un côté de la salle, court une étroite galerie, à quelques pieds de l'atelier, vers lequel le bétail est conduit par des hommes qui leur donnent des chocs électriques. Une fois assemblés là, les créatures sont emprisonnées, séparées, chacune dans son enclos, par des portes qui se ferment, ne leur laissant aucune place pour se retourner ; et pendant qu'elles se tiennent meuglant et ruant, au-dessus de l'enclos, se penche un des "tueurs" armé d'une masse, cherchant un angle de frappe. La pièce est remplie des échos d'une succession de bruits sourds, du martèlement des sabots et des ruades des taurillons. " La Jungle d'Upton Sinclair, selon ma traduction.

Aujourd'hui, les tueurs sont armés de pistolets à tige perforante tirés dans la tête, sensés rendre les bovins inconscients (quand le pistolet ne s'enraie pas) avant d'être dépecés, membres découpés à la scie électrique, le tout en moins de cinq minutes. Certains sont dépecés non étourdis. Le convoyeur avance à 15 km par heure.

mardi 16 octobre 2018

Qui est le plus carboné ? Les écologistes sont-ils sexistes ?

Le dernier rapport du Giec publié le 8 octobre 2018 lance un nouveau cri d'alarme : "Nous avons remis le message aux gouvernements, nous leur avons donné les preuves, à eux de voir ". Nous sommes entrés dans une nouvelle ère géologique, qu'on l'appelle anthropocène, ou capitalocène, peu importe, nos activités modifient durablement et peut-être irréversiblement le climat terrestre. Une journaliste, un poil stressante, a même envoyé un tweet "Voilà, c'est fini !" accompagné du lien vers le rapport en question. Le vieux monde politique ne s'en est ému que 24 H, puis business as usual, Valérie Pécresse a lancé ses bulldozers à l'assault de la Corniche des Forts à Romainville, le microcosme journalistique politique ne bruissait que de remaniement ministériel, bref, la malédiction climatique, on verra dans 10 ans, ces indendiaires ont le nez sur le guidon.

Des sites spécialisés se sont toutefois emparés du sujet sous un angle féminin, à défaut d'être féministe : Zéro déchet, quand la transition écologique freine l'émancipation des femmes publié par Novéthic, certainement dans un bon esprit, mais qui au final, fait porter aux seules femmes, et sur leurs seules activités, le poids de la transition écologique : il ne parle que de déchets ménagers, de couches-culottes, et des femmes de chambre des hôtels pénalisées par les procédures "vertes" ! Super ! Sans compter que déjà, on ne voit plus dans la rue arriver les agresseurs pour cause d'extinction des lampadaires pour faire des économies d'énergie, ce sont encore et toujours les femmes qui doivent endosser toutes les responsabilités ? Non, parce que si on fait le total, ce n'est pas sûr que ce soient les femmes les plus carbonées dans l'affaire, alors qu'elles sont, hélas pour elles, en charge du quotidien UTILE.

En guise de contribution au sursaut préconisé par le GIEC, je vais vous en trouver moi, des activités masculines INUTILES à ERADIQUER pour faire des économies de rejets de carbone :

AU PLAN INDIVIDUEL : 
Terminé les tours à scooter, sur deux roues, mais aussi sur la roue arrière en mettant au maximum les gaz, pendant que maman et les filles se rendent utiles à la cuisine ;
Terminé les gros engins tels squads (signe de petite bite, sans conteste), grosses cylindrées, que les hommes s'achètent alors que les femmes, qui font plus de déplacements, prennent le bus ou se contentent de la vieille petite voiture familiale d'avant la grosse cylindrée de papa ; d'ailleurs, fini les grosses cylindrées, si on était une espèce responsable. Mais non, chez moi on élargit les routes pour que deux grosses caisses (elles sont de plus en plus hautes et larges, vous avez remarqué ?) puissent se croiser.

Finis les visionnages de vidéos pornographiques sur Internet, dont la consommation dévore de l'énergie et fait chauffer les serveurs et routeurs, dont ils sont les quasi exclusifs consom--mateurs, pendant que Madame a le dos tourné ;
Stop aux gros engins m'as-tu-vu inefficaces, dont ils se servent en exclusivité là aussi : pollution sonore et olfactive, consommant des carburants non renouvelables. Souffleurs, taille-haies, machines municipales à balais brosses qui ramassent quatre feuilles mais laissent leurs canettes de bière dans les massifs et sur les pelouses ; terminé les tondeuses qui déchiquètent les ordures ou les enfouissent. Qu'on leur donne des balais, et le silence, des températures raisonnables, l'air pur reviendront.
Un conseil aux transporteurs routiers et aux autocaristes : embauchez des femmes, vous ferez des économies de garagiste, de carburant et d'émissions de carbone, notre conduite est plus souple et on a beaucoup moins d'accidents ! J'ai bien dû oublier quelques items, je vous laisse les rajouter, dans les commentaires, si vous avez des idées.

AU PLAN COLLECTIF :
Finis les raouts planétaires et interplanétaires où ils sont les seuls à participer, consommer (éventuellement de la chair fraîche, l'afflux de proxénètes et de prostituées suit de près leurs réunions d'entresoi, c'est prouvé !) et faire les intéressants en y allant en avion ou en construisant au besoin des infrastructures pour célébrer la fête.

Fini, les salons professionnels comme
Le Space à Rennes, Salon International de l'Elevage industriel et des "productions animales" : 85 % de mecs visiteurs d'après mes observations, les femmes, même ingénieures agro ou vétérinaires servent les cafés et les petits fours ; c'est vrai que c'est le salon de toutes les vaches à traire -j'y suis allée une dizaine de fois au titre d'activiste de la cause animale, vous pouvez me croire, c'est caricatural ; ce salon à plus de 100 000 visiteurs en 4 jours se solde par des émissions de GES émises par d'énormes embouteillages sur les rocades de la ville, tout le monde est pénalisé à cause d'une petite corporation concernée, et encore, tous les agriculteurs ne sont pas conviés et surtout n'y viennent pas, même si l'audience est internationale !

Fini les sommets type World Economic Forum à Davos, ces clubs de riches dirigeants, où le ticket d'entrée est d'au moins 45 000 dollars, pour aller reconstituer son carnet d'adresses rempli de mâles blancs, milliardaires et politiques influents, de plus de 60 ans !

Fini les Coupes du monde de foot, Euro de foot et Jeux Olympiques vérolés pas la corruption, la bétonnisation d'espaces pour construire des stades, des piscines, des terrains de foot qui pourriront sur pied dès la fête finie, fête qui dure un mois : tels Sotchi, Buenos Aires et sa coupe du monde 2014 qui a, au final, eu la peau de Dilma Roussef, une fois les lampions de la fête éteints et la déconvenue installée, les pauvres relégués dans des bidonvilles lointains, les installations en voie de pourrissement ; on constate le même phénomène sur les différentes installations des villes russes pour accueillir la Coupe du Monde de la FIFA 2018, qui ont de très faibles taux de remplissage et sont devenues non rentables quatre mois après.

Il faut aussi arrêter la surenchère lors des mises en concurrence des villes par ces instances organisatrices telles la FIFA ou encore le CIO -à budgets digne des PIB de petits pays, dont on ne peut prouver qu'elles ne sont pas gangrenées par la corruption, pour accueillir ces événements : les femmes maires, je pense à Anne Hidalgo à Paris, seraient bien inspirées de renoncer à la candidature, à l'instar de villes comme Berlin ou Los Angeles qui ont le courage politique de renoncer à la compétition et gardent leur budget pour d'autres équipements moins dévoreurs de place, de financement, moins carbonés, à seule destination des mâles.

Finies les réunions où ils vont faire les intéressants en transports avion polluants : j'ai dû prendre trois ou quatre fois des avions d'affaires, j'étais soit la seule femme, soit je voyageais avec une autre (une pharmacienne de Glaxo Smithkline, une fois) on en profitait pour se tenir chaud et se raconter nos histoires professionnelles ; qu'ils travaillent en audio-conférence, pour ce qu'ils ont à dire de toutes façons...
Il est plus que temps, peut-être même trop tard, pour mettre fin à leurs comportements de parasites des ressources et de toutes les prétendues ancillaires et vaches à traire qui passent ! Faire porter aux femmes le poids de la transition énergétique et prétendre qu'elles sont les seules à émettre du carbone parce qu'elles élèvent les enfants, comme le fait l'article cité plus haut, est un mensonge et une diversion. Les plus carbonés de la planète sont les plus riches, les plus riches sont les hommes, surtout dans l'hémisphère Nord. Je ne suis pas en train de dire qu'il ne faut pas limiter les couches-culottes (peut-être en ayant moins d'enfants d'ailleurs ?), je dis juste qu'à un moment il faut arrêter l'omerta sur les comportements masculins carbonés et dévoreurs de ressources.

La position idéologique conservatrice des hommes ce serait plutôt celle-ci :


Traduction - A un sommet sur le climat : "Et si tout ceci n'était qu'un gros canular, et qu'on créait un monde meilleur pour rien ?" Oui, en effet, vu comme ça !

On dirait que la rue s'en mêle !



vendredi 5 octobre 2018

Le massacre des innocents - Les oubliés de la République


Deux enfants tués par semaine, un enfant violé toutes les heures, 73 000 cas de violences identifiés par les forces de police, 300 000 enfants et mineurs pris en charge par les services sociaux. 


Edité à compte d'auteures, vendu sur Amazon, écrit par Françoise Laborde, journaliste, et Michèle Créoff, spécialiste de la protection de l'enfance, ce livre est un manifeste. Les enfants ne font pas de lobbying, ils sont dépendants de leurs familles, ils ne sont pas représentés dans les assemblées où se décident les lois, ils n'ont pas de comptes Facebook ou Twitter pour faire de l'activisme.

Les maltraitances aux enfants sont un sujet féministe car " on est au même endroit. Les violences faites aux femmes trouvent leurs sources dans les mêmes causes : le huis clos familial et la domination patriarcale ", selon un des anciens enfants maltraités devenu militant de la cause des enfants retirés à leurs familles et confiés à l'ASE (Aide Sociale à l'enfance).
" La condition féminine et la condition enfantine se rejoignent face à la toute puissance maritale et paternelle ". Malheureusement, les féministes se concentrent surtout sur les viols incestueux et les mutilations sexuelles.

Il est toutefois indispensable de préciser que les mutilations sexuelles et génitales, les mariages précoces et forcés, le voilement des fillettes, sont des maltraitances à enfants. Imposer le voile à une fillette, c'est lui signifier qu'elle n'aura pas la même autonomie que ses frères qui eux vont en débardeurs et en shorts, et lui imposer très jeune un stigmate, la désigner comme objet de convoitise sexuelle. C'est une sexualisation précoce et une violence.

Résistez au chant des sirènes patriarcales !

Non la maternité, le mariage, une famille, ce n'est pas forcément que du bonheur, et avoir des ovaires et un utérus, c'est seulement une option, il n'y a aucune obligation de s'en servir.
Se marier et avoir des enfants, c'est renoncer pour une femme à son identité dans le premier cas, et à son autonomie, dans le deuxième cas, double peine au final. Vous en prenez pour 20 ans, incompressible. Un enfant n'est pas une béquille à la solitude, ni un pansement sur vos plaies existentielles, il ne compensera pas une enfance malheureuse, il ne fera pas un bon compagnon, au moins au début quand il faudra le nourrir et s'en occuper toutes les deux heures, jour et nuit ! Un enfant, c'est exigeant et tyrannique, avant d'être aimant. Clairement, ils sont tous facistoïdes, pour moi.

Choisir un compagnon, futur père de votre enfant, à un arrêt de bus (un des cas cité dans le livre !) et se faire mettre enceinte un mois après, est une stratégie pourrie. Certains hommes n'ont pour affirmer leur statut social que leur rôle de père : ils seront tentés d'exercer leur tyrannie (de père tout puissant, c'est écrit dans la Bible, vous ne pouvez pas lutter !) auprès de Bobonne et de ses enfants. Cela donnera un dictateur familial qui se vengera de toutes ses frustrations professionnelles et existentielles sur vous et vos enfants ! La société leur promet ce statut depuis le Néolithique : ils ont le droit de régner, de droit divin, sur un troupeau de femelles : sœurs, mère, épouse, maîtresses, filles, nièces...
La vie vous offre des tas d'autres opportunités : la légèreté, l'autonomie, l'action, une ou plusieurs carrières passionnantes, car les femmes savent se trouver des vies consécutives, au contraire des hommes qui ne font en général qu'une carrière linéaire, des compagnons ou des compagnes d'autant plus léger-es qu'illes seront de passage -ou permanents-, sans le poids de la (m)paternité. Et puis, 8 milliards d'humains sur une planète à bout de souffle devant nos besoins illimités et notre responsabilité limitée, franchement, est-ce bien raisonnable d'en rajouter ?

Ce livre-manifeste répertorie les principaux "faits divers" ayant percé l'atonie de la société devant le sordide des situations d'enfants battus à coups de barres de fer et de poings, douchés à l'eau glacée, enfermés dans des caves, des petits martyrs que personne ne détecte -ou ne veut détecter- la famille "c'est que du bonheur" étant la croyance la plus répandue dans notre espèce prisonnière de ses histoires édifiantes. Mais fausses : en témoignent Noa, bébé de deux mois, décédé d'un trama crânien infligé par les poings de son père ; Bastien décédé à trois ans en 2011, étouffé dans le tambour de la machine à laver en mode essorage ;  Marina, 8 ans et un physique de petite boxeuse victime des coups de ses parents, de l'indifférence du voisinage, et des institutions pourtant chargées de la protéger ; Mandolina, 3 ans, victime de la folie maternelle, noyée, jetée à l'eau dans un sac plastique ; Inava, dont l'âge au moment du décès est incertain, tuée par son père frustre et marginal, dans l'indifférence de sa mère à mentalité d'esclave ; Pierre et Jean, handicapés à vie, reclus dans une cave pendant des années puis échappés par leur seule volonté, les inspecteurs de l'ASE n'ayant rien trouvé à redire au sous-sol où ils étaient logés ; et Sarah, violée à 11 ans par un adulte, mais dont le viol ne sera pas reconnu par le tribunal correctionnel de Pontoise, dont le procès provoquera le débat sur l'âge minimum du consentement à une relation sexuelle. Débat qui a abouti finalement à une loi mal rédigée. Status quo ante.

Ce dernier cas montre que nous sommes un pays fanatique de la natalité, ayant à peine évolué sur la contrainte à la sexualité et à la reproduction pour les filles ; la famille est toujours sanctuarisée, le père "biologique" est toujours tout puissant ; des familles ayant gravement démérité, convaincues d'incapacité et de maltraitance, gardent toujours la primauté sur leur progéniture devant des familles d'accueil ou toute autre personne désireuse d'adopter, selon les fameux et ridicules "liens du sang". C'est pathétique : il est évident que le parent, c'est celui, celle qui protège, élève et construit. Fût-ille une parfait-e inconnu-e, mais qui procure les soins de base et la sécurité. Les enfants ont besoin de sécurité, et de stabilité, avant tout. Les trimballer de familles d'accueil en famille biologique au gré des réhabilitations et des déménagements des uns et des autres, n'est en aucun cas STABILISANT ni ne peut favoriser une scolarisation sereine débouchant sur un diplôme. Rappelons que 40 % des SDF sont d'anciens enfants de l'ASE, balancés dans la vie, généralement sans diplôme, sans pécule, à 18 ans, parce qu'ils sont majeur-es et qu'ils sont considérés devenus adultes. L'aide sociale à l'enfance, c'est 44 000 euros par an et par enfant, le prix de la scolarité d'une grande école ! Tout ça pour en arriver là.

Le livre, en conclusion, propose des solutions de bons sens (dont l'adoption simple : il y a plein de familles désireuses d'adopter dans ce pays et pas d'enfants à adopter !) pour améliorer la prise en charge de ces enfants victimes de l'acharnement de leurs parents : à les mettre au monde d'abord, puis à les délaisser et/ou maltraiter ensuite, conséquence de leur irresponsabilité et de leur obéissance à des injonctions patriarcales immarcescibles. Vous pourrez aller signer ce Manifeste pour une protection de l'enfance contre les violences familiales et d'état sur le site Amazon dans les commentaires sur la page de l'ouvrage. A lire par tous, mais particulièrement si vous êtes éducateurs, professionnel-les de l'enfance ou soignant-es, infirmières, médecins, assistants sociaux, et professionnels de justice.

Si des enfants maltraités passent par ici :
ne restez pas seul-es, repérez une personne de confiance dans votre entourage : institutrice, infirmière scolaire, voisin ou voisine bienveillante... et parlez-lui ! Ou appelez le 119 enfance en danger, la plateforme gratuite dont le numéro n'apparaîtra pas sur la facture de téléphone de vos parents. Elle répond 24 H sur 24. Personne n'a le droit de vous battre, de vous parler mal, ou de vous imposer des situations qui vous mettent mal à l'aise. Les adultes n'ont pas tous les droits. Même conseil si votre père tape votre mère : c'est une violence contre vous, vos frères et sœurs, et votre mère. 

Et les adultes, si vous avez des doutes sur un voisin ou une voisine, par pitié, appelez la police, la gendarmerie, et signalez ! Il vaut mieux les déranger pour rien que de découvrir un matin que vos voisins ont tué un enfant à coups de barre de fer !

" L'enfant n'appartient ni à ses parents, ni à la société, mais à sa liberté future " Bakounine

Cette semaine, l'Iran des Mollahs a pendu une jeune femme de 24 ans : Zeinab, enfant mariée de force à 15 ans, violée ensuite, puis battue par son mari. A 17 ans, elle tue son bourreau. Torturée en détention, selon Amnesty International, puis condamnée à mort, Zeinab Sekaanvand a été pendue le 2 octobre 2018, afin que nulle n'ignore la loi de fer des mâles, éleveurs du Néolithique, pour les filles et femmes : appartenir à un homme, pour le pire, puis reproduire ses gamètes d'oppresseur et de parasite de toutes les vaches à traire qui passent. Repose en paix, Zeinab, tu as refusé le statut d'esclave, tu es une héroïne ; tu as débarrassé la planète d'un bourreau, d'un pédophile et d'un parasite. Nous ne t'oublierons pas.

Les phrases en caractère gras et rouge sont des citations du livre.