vendredi 16 mars 2012

Carnophallogocentrés

Le carnisme est une croyance non étayée scientifiquement, qui agite la peur de l'enfer (si vous ne mangez pas de viande, vous allez être carencées et en mauvaise santé !), une idéologie avec ses dogmes, ses archevêques, (Stéphane Le Fol et la FNSEA, gardiens de la Vraie Foi), ses missionnaires prosélytes (Le Bourdonnec, le boucher des stars, qui aime les animaux, les docteurs Jean-Michel Cohen et Dukan) et ses servants de messes (Jean-Luc Petitrenaud), ses excommuniés aussi (Nicolino), ses rituels et communions barbares dont les autres vivants font les frais au motif qu'ils seraient inférieurs, sans langage, et à nos festins destinés, ses séminaristes (les apprentis de TopChef), sans oublier ses objurgations et obligations faites aux femmes, comme dans toutes les systèmes religieux, de servir aux hommes de la maison, même si elles peuvent toujours s'en passer elles-même, sa nécessaire côte de bœuf ! C'est aussi un lobby économique puissant (et couillu) qui fait sa propagande dans les écoles, devant lequel les politiques qui veulent se faire élire ou réélire doivent faire allégeance et aller en pèlerinage, comme en témoignent les images aperçues lors de toutes les éditions de l'inévitable Salon International de l'Agriculture.

Pornographie de la viande : nouveau film publicitaire hollandais :


Dogme : J'en ai assez d'entendre associer la pauvreté à la privation de viande ; on peut ne pas manger de chair animale en étant pauvre, mais aussi en étant végétarien, ou en étant les deux. Sans être malingre et mal portante, en étant pacifiste et non soumise aux diktats carnistes masculins et à la politique sexuelle de la viande. Penser que manger de la viande est une nécessité vitale, c'est une croyance (délétère) sans fondement scientifique, comme c'est le cas pour toutes les autres.

Assez d'entendre également des journalistes ayant fait des études (Science Po, comme David Pujadas) se poser la question de savoir si les animaux peuvent souffrir, d'un air docte et parfaitement hypocrite, mais en se gardant bien quand même de montrer des images d'abattoirs : pas question de montrer des vaches pendues par une patte, se vidant de leur sang en se débattant dans les affres de l'agonie ! Cela troublerait la digestion des spectateurs, même (surtout ?) si on leur a dit qu'il est douteux que les animaux souffrent quand on  les met à mort !
Ils prennent leurs auditeurs pour des truffes, et ils manquent à l'évidence d'empathie, ou alors ils font exprès, ce qui est pire.

Pèlerinage : Pénible de voir des politiques hystériques se presser au Salon de l'Agriculture devant des forêts de micros et caméras pour complaire à 1 million de personnes à tout casser, les éleveurs agriculteurs en totalité, et faire mine de ne pas savoir que la vitrine proposée ne correspond à aucune réalité, ou en tous cas à une réalité minimale, quelques pastoraux du sud de la France, des Pyrénées ou des Alpes, pastoraux qui veulent des animaux domestiques non surveillés dans la nature sauvage, et les animaux sauvages derrière des clôtures. Dans ma région, ce sont les plus implacables applications de l'élevage industriel hors-sol qui sont omniprésentes, et des abattoirs où on fait passer de vie à trépas jusqu'à 300 000 animaux par semaine !

Le carnisme est aussi un obscurantisme, et en tant que tel, il est hostile et contraire à tout progrès humain, comme toutes les bigoteries, comme toutes les idéologies religieuses

Et j'en ai assez de voir des morceaux de femmes associés à de la viande. C'est la politique sexuelle de la viande, et c'est du carnophollogocentrisme, comme disait Jacques Derrida :
Carnis, phallus, logos.

Pour celleux qui veulent aller plus loin, plusieurs liens : 
Si les abattoirs avaient des murs de verre...
Le très sérieux dossier de L214 sur une enquête menée à l'abattoir Charal de Metz (le film fait prendre conscience de la réalité occultée des abattoirs, mais les images sont insoutenables).
Plus court, le résumé que France 3  Lorraine en avait fait en septembre 2009.
Et si vous lisez l'anglais, le billet de Carol J Adams sur les films sexistes PETA dont j'ai parlé le 15 février,dans mon billet "Pornographie de la viande".

Important - L'endoctrinement catéchistique doit commencer tôt pour produire un effet durable :


17 commentaires:

  1. Même si il s’avérerait que les végétariens aient des carences, ils en ont beaucoup moins que la majorité des carnivores lambda.
    Pourtant cela paraît légitime de faire une grimace goguenard aux végétariens "mais ta pas peur de manquer de protéines et de certaines enzymes" à un dîner entre amis, et on passe pour un chieur donneur de leçons si on dit aux mangeurs de steack-frites "mais ta pas peur de manquer de la majorité des éléments dont a besoin ton corps?"

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  2. Je suis d'accord, les végétariens peuvent être carencés s'ils mangent des frites et du ketchup à tous les repas, et c'est complètement vegan, pour le coup ! Ce qui est très drôle aussi, c'est quand un omnivore t'explique d'un ton outré que les chinois mangent du chien ! Bon, ben oui quoi et alors ? Tu manges bien de la vache et de l'agneau toi, il me semble ? ;D

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  3. Bonjour !
    Je découvre votre blog aujourd'hui. La thématique me plait bien.
    Je me demandais si vous connaissiez le livre "le care les animaux et l'environnement", sortie récement et ce que vous en pensiez. Je suis en train de le lire, je trouve qu'il y a beaucoup de piste intéressante, même si je ne suis pas d'accord avec l'idée d'une approche par la vulnérabilité qui serait l'exclusivité a l'origine du féminisme, alors qu'elle n'est qu'une reprise en main de la théorie des sentiments moraux, très ancienne.

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    1. Je n'ai pas lu ce livre qui me paraît (je suis allée voir sur Amazon) surfer sur une mode qui va passer comme toutes les modes. Les femmes ne sont pas vulnérables (enfin pas plus que les autres -hommes, animaux-) : nous avons tous développé des aptitudes à la survie ; si les femmes paraissent vulnérables, c'est parce que culturellement nous avons été (dé)formées et valorisées ainsi. Exemple : quand je dis que je me balade avec un spray anti-agression dans mon sac, (juste pour éventuellement dissuader et rééquilibrer les choses au cas où...) je passe pour une énervée qui ne fait pas confiance aux mecs. Exact, je ne fais pas confiance aux mecs. Et je ne trouve pas du tout esthétique que les pauvres "faibles femmes" se laissent étriper sans réagir !
      D'autre part, je connais des hommes végétariens, des femmes végétariennes, et si l'empathie envers les animaux ne suffit pas et n'est pas moteure pour certain-e-s, pour une simple question de bon sens s'ils veulent continuer à perpétuer leur croyances carnistes, je suggère qu'ils aient vite une idée pour nous trouver trois planètes, mieux, quatre planètes supplémentaires comme la nôtre, avec les mêmes caractéristiques, parce qu'on va vraiment en avoir besoin, et ça urge, même ! Ce n'est pas du care, mais de l'économie, de l'écologie et surtout du bon sens. Sans parler de l'épidémie mondiale d'obésité, pendant que 700 millions de filles et femmes sur 1 milliard meurent de faim !

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  4. La politique est soumise aux lobbies. Et beaucoup préfèreront ne rien savoir pour manger en bonne conscience leur côte de bœuf ou leur foie gras. La culture dans laquelle on baigne depuis les trente glorieuses impose quasi inconsciemment cette doxa que la viande est indispensable pour la bonne santé. Perso, je crois que la majorité s'en fout que les bêtes souffrent, elles sont au service des ventres. Pas d'état d'âme donc, c'est exactement le même problème qu'on rencontre pour les femmes, une femme tous les trois jours meurt des coups du conjoint, mais qui s'en soucie vraiment? On a d'autres chats à fouetter, non? D'autant que "la masculine attitude" prend actuellement son envol! On a du souci à se faire pour les prochaines décennies.
    Débat récurrent: la priorité sont les humains. Toujours cet anthropocentrisme inévitable.
    Même avec un de mes fils à qui je répète pourtant que la cruauté envers l'animal est identique à celle envers ses congénères, on ne peut être bon pour l'un sans l'être pour l'autre. En tous cas, c'est difficile à faire entendre même à ses proches.
    Juste un exemple, j'ai lu récemment qu'être végé n'enlève rien à la cruauté parce qu'Hitler... tu vois, toujours l'ignorance crasse qui surgit et qui réconforte les carnophiles.

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    1. Je suis globalement d'accord avec ce que tu écris, notamment sur les lobbies dont Bruno Lemaire est un influent porte parole ; mais il faut aussi dire que l'opinion publique est quand même de plus en plus attachée à ce que les animaux soient traités "humainement" dans les élevages et dans les couloirs de la mort des abattoirs d'après mon expérience de militante dans des opérations de rue. Et, c'est vrai qu'un mec qui bat son chien a de fortes probabilités de cogner sur tout le monde, femmes et enfants inclus. La "masculine attitude" comme tu dis si bien, elle est encouragée par des associations comme PETA par exemple, l'enfer étant pavé de bonnes intentions :(( Et il faut en finir avec le mythe d'Hitler végétarien, il ne l'était pas, et il n'a jamais promulgué une seule loi de protection animale durant son passage au pouvoir.

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  5. Moi, c'est d'un autre livre que je voulais te parler en écho à ton billet mais peut-être le connais-tu déjà. Il s'agit d'un album pour enfants construit sur l'inversion des rôles: La planète des animaux de Mathis.
    http://www.editions-sarbacane.com/nouveautes.htm
    Je le trouve parfait pour déconstruire auprès des enfants (et des grands) l'idéologie carniste.

    Sinon, je n'ai pas pu aller jusqu'au bout de la vidéo Si les abattoirs avaient des vitres
    :-(

    Et pour revenir sur la polémique autour des pratiques Halal en abattoirs, ça me fait le même effet que lorsque les Occidentaux pointent le machisme barbare des Autres pour minimiser et occulter le leur. Comme s'il existait un machisme humaniste et des pratiques d'abattoirs respectables. Je crois que ce n'est pas tant la méthode qui compte mais bien l'existence-même d'un système de maltraitance et de meurtre.

    PS: tu aurais des liens pour les données que tu avances dans ton commentaire précédent sur la sous-nutrition des femmes ?

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    1. Pas mal ton petit livre, je vais voir si je le trouve quelque part ! Merci pour le lien. Moi non plus, je ne peux pas regarder les films montrant des mises à mort, tu n'es pas la seule.
      En ce qui concerne l'abattage sans étourdissement, inscrit dans la loi française depuis 1967 sous l'impulsion d'une femme, fondatrice de l'OABA (www.oaba.fr), Jacqueline Gilardoni, et renforcé par la directive européenne 93/119/CE, il s'applique, et les abattages rituels sont réglementés et contingentés par les préfets ; la loi va être renforcée en jullet 2012 ; j'ai appelé deux DDPP (ex Direction des services vétérinaires préfectoraux) cette semaine pour savoir ce qu'il en était, notamment pour Doux et Tilly Sabco à Guerlesquin (29) 2 abattoirs qui travaillent à l'export EMEA donc Moyen-Orient et dont l'abattage est 100 % halal : la fonctionnaire ingénieure agro-alimentaire m'a répondu sans se défausser qu'ils pratiquaient l'étourdissement puisque la méthode est réversible et contrôlée par des imams qui font des tests. Pour les vaches d'un abattoir de vaches à côté de chez moi, mon enquête est en cours. Je suis pour l'application de la loi, voulue par les représentants du peuple depuis 1850, première loi de protection animale en France avec le député Grammont.
      Mes chiffres sur la faim sont ceux de la Banque Mondiale et du PNUD (programme des Nations Unies pour le développement) :
      https://twitter.com/#!/UNDP/status/56838762461798400

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    2. Merci beaucoup pour la source. Le déséquilibre est flagrant et honteux
      :-(

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  6. Je viens d'apprendre que les fils d'une copine (15 & 20 ans) ont opté pour le végétarisme. Je suis contente car les parents ne le sont absolument pas.

    J'aime beaucoup ta comparaison avec une religion. Dire que l'on traite les végétariens de secte !

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  7. Oui, ça fait bien plaisir de voir que des gens prennent conscience qu'on ne peut pas continuer à tuer dans de telles proportions industrielles des animaux pour les manger !

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  8. A mon sens le végétarisme et végétalisme sont définitivement des choix philosophiques parceque les humains sont omnivores , mais à mon avis une alimentation végétarienne demande plus de savoir-faire et d'intéligence qu'une alimentation omnivore ou avec beaucoup de viandes diverses . Je pense que ce qui rend le végétarisme possible c'est l'agriculture et la cuisine parceque la plupart des plantes sauvages sont devenues coméstibles au cours de plusieurs millénaires de culture et beaucoup de plantes sont toxiques ou nocives à l'état cru , par exemple les féves , les haricots , le manioc non transformé est trés toxique . Il y a aussi les hormones végétales du soja ... Bon , enfin , celà pour dire que plus on est végétarienne plus la cuisine deviend indispensable et intéligente . Donc , à mon avis , celà doit se penser pour réussir , et c'est un plus parcequ'on ne peut pas être végétarien de façon stupide .

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    1. Il y a des primitifs cueilleurs, comme il y en a de chasseurs. Je pense aussi que la "grande cuisine" pourrait se sortir de son essoufflement en faisant de la recherche du côté du véganisme en améliorant les recettes, qui en ont besoin. De plus, l'offre tirerait la demande. Et il y a de plus en plus de végétariens.

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  9. Haaaaa si, ça remarche, je craignais de ne plus pouvoir mettre des comms ici.
    Ouff donc.
    Du coup j'ai oublié ce que je voulais dire, à part merci pour ce billet.

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    1. Je t'ai répondu sur Twitter (DM) et publiquement avec @Blogger en copie. J'ai eu peur moi aussi ! Déjà qu'on n'est pas averti-e-s quand ils changent nos URL de .com en .fr, si en plus, ils empêchent les commentaires des blogueuses venant d'ailleurs...
      Merci pour ton commentaire et pour vos commentaires à tou/te/s :))

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  10. En fait nous sommes des primates complexés qui voudrions être des fauves. Nous essayons d'effacer le singe en nous. C'est pas assez classe.
    Pendant ce temps les gorilles mangent des feuilles d'arbre.

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    1. Oui, le Gorille et l'Orang-outang ; les animaux n'ont pas trop le choix, mais nous oui, et il paraît qu'on a une conscience, ce que nous dénions aux autres. Pour ce qu'elle nous sert...

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