Le 6ème
Forum Mondial de l'Eau se tiendra du 12 au 17 mars prochains
à Marseille. Organisé par les principaux industriels
mondiaux regroupés au sein du Conseil
Mondial de l'Eau, avec le concours de banques, de Conseils
généraux et de leurs partenaires-clients, il aura en
face de lui la contestation du Forum
Alternatif Mondial de l'Eau (FAME) qui lui tiendra ses
assises du 14 au 17 mars au Dock des Suds à Marseille
également.
Les principales sociétés
actrices (les Trois Soeurs) de l'eau sont françaises et, par ordre d'importance : VEOLIA Eaux, première
mondiale, filiales Veolia Environnement, liée à
Vinci BTP (ancienne filiale, constructrice d'aéroports comme Notre-Dame des Landes entre Rennes et Nantes, entre autres), plus
différentes sociétés privées de transports en commun
délégataires de services publics. La deuxième
est SUEZ Lyonnaise, et la troisième est SAUR, filiale du
Groupe Bouygues. Toutes sont liées à des groupes de
Travaux Publics, construisant routes et infrastructures.
L'une ou l'autre des trois est sans
doute délégataire du service public de votre commune
qui a privatisé l'eau, parfois depuis
très longtemps, comme à Rennes (depuis 131 ans, sous
Napoléon III et sous le nom de Compagnie Générale
des Eaux) ou Nice depuis 1864, ou encore Lyon depuis 1853, soit 161
ans ! Il va de soi que de tels monopoles sans concurrence avec des renouvellements de contrats depuis
aussi longtemps ne peuvent qu'avoir une influence délétère
sur la facture d'eau et entraînent des soupçons de
corruption : ainsi l'Hôtel de région de Languedoc
Roussillon (ancien président Georges Frèche) aurait, selon une rumeur, été
payé par Veolia, et un
dossier est actuellement en cours d'instruction (en souffrance ?)
après dénonciation d'une employée de Veolia
Ouest sur d'éventuels trafics d'influence et d'abus de biens
sociaux à leurs sièges de Rennes et Saint-Malo.
Ces multinationales, très
actives auprès de municipalités et des gouvernements
proposent leurs services de privatisation de l'eau partout sur la
planète. Des pressions sont exercées sur l'Espagne, la Grèce et le Portugal pour qu'elles privatisent leur eau. Veolia est présente par exemple en
Afrique
du Sud où elle gère l'accès à
l'eau et son assainissement.
Devant l'offensive mondiale de ces
multinationales, la résistance à commencé à
s'organiser : les paysans des pays tiers se sont opposés en
2000 à la
multinationale Bechtel à Cochabamba en Bolivie, combat
connu sous le nom de "Bataille de Cochabamba". Avec le financement de
la Banque Mondiale et sous sa pression, le gouvernement local s'était
résolu à privatiser l'eau, avec pour conséquence
le doublement du prix ; la bataille de Cochabamba a duré 4
mois sous forme d'une révolte urbaine ; elle est très
bien racontée dans le film « Même
la pluie » - « También la
lluvia » en espagnol, sorti en 2011, beau film concernant la rencontre entre Christophe colomb et les "Indiens"
au 16ème siècle, où le producteur et le metteur
en scène (film dans le film) qui ont choisi la Bolivie pour
des raisons de coûts de tournage, se retrouvent malgré
eux dans la bataille, défendant bec et ongles leur
investissement contre leur figurant principal qui se bat à
côté de ses compatriotes et met ainsi en péril sa
participation (et s'il se faisait blesser ou tuer ?) et donc le budget du
film ! Formidable mise en abîme de la colonisation.Une scène implacable les montre se parlant de l'acteur, tenu pour un paysan sous-développé, en sa présence sans se douter que celui-ci les comprend car il parle trois langues !
MEME LA PLUIE, BANDE ANNONCE OFFICIELLE M6 VIDEO par M6Video
Cette bataille est fondatrice du
mouvement de résistance à la privatisation de l'eau
partout dans le monde.
La privatisation de
l'eau n'est pas une fatalité : 96 % de la gestion de l'eau
dans le monde est publique ; aux USA, 90 % du territoire gère
publiquement son eau ; New-York a sa propre régie municipale
des eaux et Atlanta après avoir essayé le privé a viré Veolia. En Grande-Bretagne et en France, la
gestion de l'eau est déléguée au privé. Mais Paris
à rendue publique la gestion de son eau sous le nom de Eaux de
Paris (Présidente Anne Le Strat) en réalisant des
économies ! Munich en Allemagne régit publiquement son
eau sans la traiter : pas besoin, les terres autour sont cultivées
en bio ainsi que les forêts.
Dans le monde 1,1 milliards de personne
n'ont pas accès à l'eau potable.
Définition de l'accès
à l'eau : plus de 20 litres par jour à moins d'un quart d'heure à pied du
premier point d'eau.
On sait que ce sont les femmes et
les filles qui s'y collent, au lieu d'aller à l'école ! On comprend donc que c'est un investissement prioritaire et que confier au privé la gestion d'une ressource aussi importante pour la vie est questionnable !
Un litre d'eau sur quatre n'arrive pas
au consommateur, les infrastructures sont pour la plupart mal entretenues.
-Notes prises lors d'une conférence sur l'eau organisée fin 2011 par EELV Bretagne à Rennes-
Liens pour aller plus loin :
-Notes prises lors d'une conférence sur l'eau organisée fin 2011 par EELV Bretagne à Rennes-
Liens pour aller plus loin :
Aqua Publica Europea (Fondatrice : Anne
Le Strat)
La soif du monde de Yann Arthus Bertrand (c'est du YAB : images hélicoptériennes léchées, violons gémissants, lome par-ci, lome par là, donc passablement énervant pour rester polie : diffusé sur France 3 le 20 mars prochain.
Good Planet.Euterpe qui a vu "Même la Pluie"
C'est dément !!! On dirait de la télépathie ! En fait, j'avais entendu parlé de ce film l'année dernière et j'attendais qu'il passe en Allemagne. Les films anglo-saxons, scandinaves ou slaves passent toujours prioritairement mais les films de langues romanes mettent plus longtemps à apparaître, déjà parce qu'ils sont synchronisés et je ne sais pas pourquoi. Donc je l'ai vu synchronisé en allemand. Et puis j'attendais qu'il arrive jusqu'à mon cinéma de quartier qui passe les films après tout le monde mais pour la dérisoire somme de 3,99 €. Et c'est en ce moment.
RépondreSupprimerJuste une petite erreur dans ton billet : le film que souhaite tourner les deux cinéastes est censé se passer au 16e siècle pas au 15e !
RépondreSupprimerErreur rectifiée ! J'avais compté 1492 découverte de l'Amérique par Colomb, mais en 1492, le XVème est déjà mort !
SupprimerMême la pluie est passé en France il y a un an environ déjà.
Pareil pour moi, j'attends qu'ils passent en bas de chez le moins cher possible. Mais après recherche, je réalise que la nationalité du film est hispano-franco-mexicaine ce qui explique qu'on l'ait vu directement sans décalage en France car il est français, et pas importé comme pour le cas de l'Allemagne. Autrement, on l'aurait vu en même temps que vous.
A Hypathie : la période représentée dans le film se situe très exactement en 1511.
RépondreSupprimerLe sermon d'Antonio de Montesinos : "la voix qui crie dans le désert de cette île, c'est moi, et je vous dis que vous êtes tous en état de pêché mortel à cause de votre cruauté envers une race innocente" se situe très précisemment le 21 décembre 1511.
La réalisatrice a fait ce film pile poil pour les 500 ans de l'événement. Nous sommes donc bien au XVIe siècle :)
Je suis à peu près nulle en histoire, donc je ne mettais pas en doute ta remarque sur l'erreur commise !
SupprimerAutre remarque qui n'a rien à voir : dans le générique du film le nom de Ken Loach (scénariste et metteur en scène britannique réputé pour son cinéma social) est écrit en plus gros que celui de la réalisaTRICE du film Iciar Bollain, juste parce que c'est le scénariste de K Loach qui a écrit le scénario !
Oui moi aussi ça me choque ce "Ken Loach" en énorme alors qu'il n'est intervenu en RIEN dans ce film, comme s'il s'agissait de coller à tout prix un grantôme en estampille sur ce film parce que (comme le dit Christine Delphy dans l'interview dont mauvaise herbe a mis le lien sur son blog) la femme n'a pas le droit d'être seule et parce qu'il en faut toujours un (de bonhomme) pour surveiller le troupeau.
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