mercredi 16 mars 2016

Salle de sport et domination masculine

BILLET INVITEE
Je vous propose un billet sur l'occupation masculine dans les espaces publics, sujet déjà traité sur ce blog, mais pas dans les salles de sports, puisque je ne les fréquente pas ! Je laisse donc le clavier à Illana de Tel Aviv, sportive qui blogue en français qui a composé cet article. Si vous souhaitez contribuer en lui envoyant vos vidéos, n"hésitez pas à aller les poster sur son billet : Salle de sport et domination masculine.
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" Les discriminations genrées sont fréquentes, invariables et presque banales. Elles s'insinuent dans à peu près tous les aspects de nos vies en société. Au travail, à l'école, dans le couple, dans la façon d'éduquer nos bambins, dans le champ politique, etc... Les femmes ne sont pas « encore » les égales des hommes, n'en déplaise à certains anti-féministes (hommes et femmes) plaidant que le combat serait fini depuis belle lurette (ah ? A mêmes compétences et même poste, les femmes touchent autant que les hommes ? Les idées relatives à la culture du viol n'existent ni ne se répandent ? Cela m'avait échappé).

J'en profite pour rappeler ce que ces hystéros de féministes réclament : l'égalité sociale et économique entre les sexes. Ni plus, ni moins. Je n'ai nullement envie d'avoir une b*** entre les jambes (désolée Tonton Sigmund), ni ne nie les différences physiologiques entre les sexes (j'ai suivi les cours de SVT et joué à touche-pipi avec les petits cousins). Pour autant la part acquise, la part culturelle qui affecte les relations entre les hommes et les femmes et leur place respective dans nos sociétés est bien plus prégnante que la part « naturelle ». Depuis le bac à sable et le temps des socquettes à dentelles vissées dans les chaussures vernies, on laisse entendre de façon plus ou moins directe aux petites filles qu'elles doivent rester discrètes, sages, douces et jolies. Les petits garçons, quand à eux, sont sommés d'être tournés vers l'extérieur, la démonstration, l'exercice de leur force. Cette grille de lecture est également valable dans un endroit que je fréquente volontiers, j'ai nommé la salle de sport.

Voici un top cinq des différences de comportement des hommes et des femmes dans l'anti-chambre de la culture physique.

1. Le volume sonore  


La femme, dans l'effort physique, n'entrouvrira pas ses humbles lèvres, sa bouche restera close parce que non, elle ne souffre pas, ou du moins, elle ne le révélera pas. Intérieurement elle fulmine, elle gronde, cette satanée machine lui esquinte les cuisses et lui démantèle les articulations mais, de façade, elle aura l’air d’un mannequin de cire. C’est à peine si une goutte de sueur viendrait perler ce joli front.

L’homme, quant à lui, vagira entre deux tractions ou poussées d’altères, affichant son effort et cherchant à attirer le regard de ses congénères dans une parade d’intimidation sauvageonne, ainsi que l’attention des femmes qui, dans leur esprit, se pâment devant des mâles mugissant. Personnellement peu impressionnable par les attitudes de paon, je fais en sorte de ne surtout pas poser sur eux un regard qu’il pourraient mésinterpréter. Sinon gare à en arriver au point 2.

2. Le verbiage

L’homme déambulant avec aplomb sur son terrain sera prompt au bavardage avec la sportive occupée à feindre la totale décontraction, les cuisses et le postérieur en feu à la suite d’une série de 150 squats et 45 pompes. Il essaiera vainement de masquer sa technique de drague en balançant un conseil technique prônant la posture de la mangouste inversée qui favoriserait le gainage de la ceinture abdominale (page 45 du magazine Vital de novembre 2015), le sourire en coin et la sueur odorante se reflétant sous les néons vintage de la salle. Non, mec, je suis ici pour me défouler et me sculpter un corps du diable, mais surement pas pour essuyer les tentatives d’approches de lourdauds.


3. Les expressions faciales

Parce qu'une fille doit rester belle et lisse en toutes circonstances, vous ne la verrez pas grimacer ou panteler, malgré les 23 kilos qui lui congestionnent le cuisseau -mais ce n'est pas grave puisque ça va lui tonifier le gluteus maximus (le grand fessier, mesdames, messieurs) . A contrario , le mâle respirera de façon appuyée, de quoi manger sa douce haleine si vous avez le malheur de vous trouver sur la machine d'en face. Il vous fera toutes les grimaces du répertoire hulkien, veines saillantes, mâchoire décrochée, langue pendante. Le Quinze néo-zélandais à côté, c'est du pipi de chat.

4. L'occupation de l'espace

Comme dans de nombreux espaces publics, on retrouve des différences fondamentales entre les hommes et les femmes quant à l'appropriation du territoire. Exemple : dans les transports en commun, les hommes sont plus enclins à écarter les jambes et s'étaler. Ça a même un nom, le « manspreading », et c'est assez typique du monopole et de la confiscation de l'espace public par les hommes au détriment de la gente féminine. De leur côté, les femmes croiseront les jambes, se feront « petites », veilleront à ne pas déranger le voisin en repliant le petit bout de trench qui dépasse sur le strapontin adjacent.

Dans une salle de sport, on retrouve ce type de comportement dévoreur d’espace. Les hommes paradent entre les machines, pas lent, roulement d’épaules synchronisé, ils ne se préoccupent que peu des sportifs qui les entourent et de leurs besoins en terme de disponibilité des machines. Ils "réservent" des machines en y posant ostensiblement leur serviette imbibée de sueur et de testostérone : ”je suis en pleine session alternance ischio jambier, épaule, torso, faudra attendre”. De leur côté, les femmes sont éminemment conscientes de leur environnement et se déplacent de machine en machine en faisant le moins de grabuge possible, en ligne droite, sans se pavaner. De plus, elles céderont rapidement leur place si se pose sur elles le regard insistant d’une personne qui voudrait pratiquer une machine en particulier. Credo : ne pas faire de vague.

5. Suivez le reflet


Tels des papillons de nuit agglutinés autour d'un lampadaire, ces messieurs s'agrègent dans le coin palais des glaces. Des rangées d'hommes en ligne, army style, face aux miroirs, investissant le même effort dans le geste gymnastique que dans sa contemplation. A quoi bon faire du sport si l'on ne peut s'admirer en pleine action ? Comment ne pas se délecter de la vision de ses muscles en effervescence, le deltoïde et son premier radial enflés par l'effort ? Personnellement, cela m'évoque les miroirs aux plafonds des love hotels. La performance sublimée par sa mise en abîme.

Les filles, quand à elles, exécutent leurs exercices dans leur coin (n'excluant pas un petit selfie ou une vérification / miroir à l'abri des regards), fermées dans leur intimité, au-dedans, barricadées dans leur sanctuaire, tournées vers l'intérieur, à l'inverse des hommes à qui l'on a appris à dominer l'espace public, à afficher et à s'affirmer.

Parce que ça fait chier cette autocensure -que je pratique aussi, poids de l'éducation et normes sociales obligent, essayons de dépasser cela en nous amusant : je vous propose de m'envoyer vos vidéos « joue le bonhomme à la salle de sport », et j'en fais de même. Je veux vous voir hurler en soulevant des poids et mater les mecs sans vergogne. Puis je vous balance le montage rapidement. Cap ? "

12 commentaires:

  1. Merci pour ce partage! Je suis honorée.

    Illana - la thésarde en baskets
    http://lathesardeenbaskets.fr/

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  2. Description tout à fait réaliste, et hilarante pour ma part, de ce à quoi nous assistons dans tous les espaces de vie envahis par les mâles dominants de tout poils mdr.

    Je vais de ce pas tenter de faire une vidéo et me lacher sans me censurer, j'en rigole d'avance et merci encore pour cet espace enrichissant qui lui reste tel que sa créatrice : libre, accueillant, riche et spacieux
    Lunaya

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    1. Merci ! Illana va être ravie de recevoir cette vidéo :)

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    2. Yes!! J'attends votre vidéo sur lathesardeenbaskets@gmail.com Je tourne la mienne cette semaine et ensuite, montage!

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    3. J'ai hâte de voir ça ! :))

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  3. yes! Voici mon email lathesardeenbaskets@gmail.com je fais la mienne cette semaine et il y aura montage :)

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  4. Merci pour cette description qui m'a rappelé bien des souvenirs :-)
    Et un de plus: les nanas qui arrivent et restent maquillées -je parle de celles qui s'agitent vraiment bien sûr- c'est resté un grand mystère pour moi maquillage vs sueur; ou alors ce sont des aliens? elles ne suent pas?
    Ha mais c'est vrai ça, les femmes ne suent pas, ni ne pètent en faisant leurs abdos-fessiers..

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    1. Très vrai. Pour lire une étude sur ce sujet (la beauté, la fragilité, la place réduite, la perfection et la laideur chez les femmes, aller sur le site d'Antisexisme. Elle a écrit une succession de billets documentés sur le sujet.

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  5. Oui, le site d'Antisexisme est aussi une mine de trésors d'observation concernant notre "place" usurpée par les mâles en mal de vivre.. Mdr elihah les femmes sont toujours invitées à s'effacer dans ce monde foutu par et pour les hommes!! Ma video ne pourra être tournée que dans une semaine car mon matériel m'a laché ;( je reviens la poster dès qu'elle est prête à l'adresse indiquée.
    Lunaya

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  6. Entre ma période "course à pied" (10 ans) et ma période "natation" (actuelle depuis 20 ans)... j'ai eu un épisode "salle de sport" alors qu'est ce que je me suis marrée en lisant cet article, d'ailleurs j'ai visité le blog d'Illana ;o) ahlala... ces zoms... en salle je faisait les cours collectifs seulement, en musique j'aime bcp, et les hommes étaient essentiellement dans la partie "machines"... et c'est super bien vu, j'ai aussi connu une salle plus artisanale où j'étais la SEULE femme ;o) oui oui... où les zoms me respectaient et m'encourageaient (bon je venais avec mon copain aussi et je m'entrainais à la maison... ça fait 30 ans de ça... ! ah cet article me rappelle des souvenirs...

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    1. J'espère qu'Illana va repasser par ici et te lire. Merci de ton passage et de ton commentaire :))

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  7. J'suis allée à la salle de sport gujan mestras et j'ai rencontré pas mal de filles la bas, toutes naturelles sans chichi et les mecs ne dominaient en aucun cas c'était comme une symbiose, j'ai vraiment apprécié après je pense que ça dépend de où es ce que nous allons quoi..

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