mardi 27 octobre 2015

Inversions patriarcales

"C'est l'oppresseur qui écrit les définitions "
Ty Grace Atkinson - Féministe radicale.
Comme si cela ne suffisait pas, en plus, il les vitriole. Pour les faire s'ajuster à ses besoins de suprémaciste.

Le système patriarcal est un trompe-l’œil, un village Potemkine, une Matrice illusoire, qui nous fait prendre des vessies pour des lanternes, la culture pour la nature, la guerre de tous contre toustes pour la paix, la haine nihiliste pour de l'amour. Le patriarcat pratique l'inversion de ce que notre bon sens nous permet d'appréhender empiriquement, c'est un système politique marchand d'illusions. Il est là depuis si longtemps que, comme dans The Matrix, nous ne le voyons plus : il n'est plus perceptible par notre raison et nos sens anesthésiés par la propagande, l'assommoir culturel multiquotidien : cinéma, théâtre, littérature et la sous-culture de la publicité et des jeux vidéo. Ne le voient que quelques clairvoyant.es qui travaillent à son analyse et à la déconstruction de ses mythes.

De quelques escroqueries patriarcales

Engendrement
Dans la Bible, la "Sainte Trinité" est une procession de mâles : le Fils procède du Père, et le Saint-Esprit procède du Fils. Ils s'engendrent sans passer par les femmes. Ils n'ont pas inauguré le système qui date des dieux antiques : Zeus tire ses enfants de sa tête ou de sa cuisse, pas de son ventre. Il n'y a que les femmes qui font des enfants en les portant dans leur ventre. Les dieux de l'Olympe se reproduisaient ainsi sans passer par les femmes, qui ne produisent, elles, que de simples mortels. D'où l'expression passée dans le langage "sortir de la cuisse de Jupiter" : c'est mieux que de sortir banalement d'un ventre de femme !

Les hommes se reproduisent entre eux, à l'identique, par cooptation. Ils font du clonage, comme le montre ce film publicitaire pour les rasoirs Wilkinson : de l'identique de cauchemar, la négation de la diversité.



Celui qui est recruté, c'est celui qui ressemble le plus au patron. Je l'ai vécu quand je recrutais pour de grosses entreprises : des garçons, tranche d'âge 26-29 ans, sortant tous des mêmes boîtes de prêt-à-penser que le dirigeant de l'entreprise ou que le manager du service, en plus jeune. Jusqu'à la caricature. Conséquence : incapacité à penser, incapacité à prendre des décisions, c'était monstrueux. Le pire, c'est qu'ils se piquent de faire de l'innovation ! L'innovation, c'est interdisciplinaire et métissé : toutes les tranches d'âges, les deux sexes et de la biodiversité. Sinon, ça met sur le marché des produits mort-nés.

Amour (à mort)
"L'amourrrr est enfant de bohème,...
Si je t'aime, prends garde à toi !"
Carmen, Opéra de Bizet, l'opéra le plus joué au monde, le plus populaire, un vrai assommoir culturel.
L'amour est une corrida, ce trésor du patrimoine selon les aficionados qui aiment la mort. A la fin de l'histoire, Don Jose tue celle qu'il aime, la libre Carmen, car elle le quitte. Ça arrive tous les jours en notre 21ème siècle, comme dans les autres avant : ça s'appelle un "drame familial", tellement c'est courant, BANAL et toujours dans le même sens.

Je laisse la parole à Ty Grace Atkinson :
Et l'amour ? Puisque nous parlons de vaches sacrées, finissons-en. Qu'est-ce que l'amour, sinon la rançon du consentement à 
l'oppression ? Qu'est-ce que l'amour sinon du besoin ? Qu'est ce que l'amour sinon de la peur ? ".
La femme essaie instinctivement de se dédommager de ses pertes politiques et de celles qu'entraînent sa définition en fusionnant avec l'ennemi ".
J'opère une distinction entre "amitié" et "amour". L'"amitié" est un rapport rationnel qui demande la participation de deux personnes pour la satisfaction mutuelle des deux. L'"amour" peut n'être ressenti que par une personne ; il est unilatéral par nature, ce qui, avec son caractère relationnel, le rend contradictoire et irrationnel ".
Evidemment, Ty Grace Atkinson parle de l'amour patriarcal, cet " état psycho-pathologique spécialement fantasmatique qui apparie l'Oppresseur et l'Opprimée ", cette "rencontre entre deux névroses" disait Freud (pas spécialement féministe à poil dur), pas de l'amour-comportement/sentiment qui unit dans la majorité des cas les couples de parents mammifères à leurs petits (il y a aussi les oiseaux et les poissons qui ont choisi cette stratégie de l'évolution) pour les faire grandir. L'amour, c'est celui-là, pas la psycho-pathologie passionnelle imposée par le patriarcat. Dans cette dernière définition, on ne peut plus "tuer par amour" !

Religions d'amour
Guerres fratricides, bûchers de juifs et bûchers de la "Sainte Inquisition" -SIC- où ils brûlent des milliers de femmes pendant plusieurs siècles dans toute l'Europe, conversions au fil de l'épée lors d'épopées coloniales meurtrières, razzias, mise en esclavage, transformation des femmes en butin de guerre, pillage des "sauvages" et destruction de leurs trésors archéologiques, coupage de mains (Léopold 1er, roi très chrétien de Belgique dans l'ex Congo Belge), annihilation entière de tribus et d'ethnies, suivie de paupérisation et clochardisation, qui fabriqueront ce qu'on appelle aujourd'hui le Tiers-Monde. Je n'ai jamais entendu un seul prêtre ou imam se repentir des malheurs occasionnés par leurs "religions d'amour".

Ville sainte
Jérusalem, "Ville Sainte" des trois religions révélées. Où elles se font la guerre : multiples "incidents" mortels sur l'Esplanade des Mosquées ou Mont du Temple, destruction permanente par l'état d'Israël de sites archéologiques de l'Islam, gestion à trois et à couteaux tirés des "lieux saints" tels Bethléem ! J'ai entendu un jour un évêque chrétien dire qu'il n'y avait rien de moins chrétien que ces villes d'où les trois religions du Livre tirent leur origine.

Liberté
Surtout celle de s'aliéner ou d'aliéner les autres. Trouvé cet article du journal La Croix sur la conférence des Évêques de France qui critiquent la dernière campagne du Ministère de la Santé dont j'ai parlé dans ce précédent billet. Le slogan de la photo m'a choquée : "libre d'être contre" : contre la liberté de choisir. Tordu comme slogan. Soyons claires : avec une loi sur l'IVG, les femmes qui veulent avoir douze enfants sont LIBRES de les avoir, les autres, elles, ont le choix, lors d'un accident de contraception par exemple, d'interrompre leur grossesse dans le délai imparti par la loi. Même remarque pour les tenant.es du commerce sexuel qui me trollent sur Twitter : la loi sur l'abolition ne leur interdira RIEN. Elles pourront continuer à exercer leur "métier", puisque pour elles c'est un métier comme un autre, leur liberté n'est pas entamée, elles gagnent juste la protection de la loi en cas de coups, violences ou viol, ou même non paiement de leur prestation par le client. La prostitution n'est pas un délit, c'est l'achat de prestations sexuelles qui en devient un. Le mot liberté en patriarcat a toujours été retourné contre celles qui le revendiquent.

Les hommes travaillent, les femmes ne font rien, elles restent à la maison
Combien de fois l'avez-vous entendue celle-là ? Maman ne travaille pas, elle s'occupe de nous, papa est ingénieur à la base militaire de l'Ile Longue (base des sous-marins nucléaires de guerre français, au large de Brest). Maman ne fait rien mais papa prépare la guerre ! 80 % des corvées UTILES de la planète sont accomplies par les femmes : entretien du foyer et de la maison, élevage et éducation des enfants. Mais les femmes ne travailleraient pas ? La réalité, c'est que ce n'est pas du travail marchand, le seul reconnu comme travail : il n'est donc pas comptabilisé dans les PIB mondiaux, il n'est pas rémunéré, il ne fait l'objet d'aucune cotisation. Résultat ? Il est invisible, et au moment de passer à la caisse (de retraite), elles font ceinture. D'où les pensions misérables des femmes. Double peine : elles font très souvent "double journée pour un demi-salaire" (Christine Delphy) : en effet pour "concilier" vie de famille et vie professionnelle, elles assurent la flexibilité de l'économie (qui en a besoin, un comble !) en acceptant des mi-temps généralement dans les basses zones de l'économie et les postes mal payés où les hommes ne vont jamais.
Donc, il n'y a que les hommes qui travaillent ! D'ailleurs pour bien que ça se sache, ils mettent des panneaux sur les lieux pour signaler la chose, ils suroccupent l'endroit, et ils font du boucan. C'est mieux, car on peut douter de l'utilité de ce qu'ils font.


Prince Charmant
Le Prince Charmant, selon les contes pour enfants, aurait pour fonction de tirer la jeune demoiselle de son affreuse condition de souillon (Cendrillon), de la convoitise de son père (Peau d’Âne) ou autres situations toutes plus affreuses les unes que les autres, mais qui peuvent évidemment se produire. Inversion patriarcale ici aussi : aussitôt qu'il l'a élue et épousée, la pauvre Princesse se transforme en ménagère à balai, faisant la vaisselle, la lessive et le repassage pour pas un rond ! Voir définition précédente. Le crapaud qui parle peut être largement aussi plaisant ! Et c'est moins convenu.


Billet librement inspiré des travaux de Mary Daly, notamment de Gyn/Ecology une métaéthique du féminisme radical, de Trois Guinées de Virginia Woolf, de Odyssée d'une amazone par Ti Grace Atkinson, et de l'économiste Marilyn Waring, If women counted.

15 commentaires:

  1. « Puisque nous parlons des vaches sacrées, finissons-en. Qu’est-ce l’amour sinon la rançon du consentement à l’oppression ? Qu’est-ce que l’amour sinon du besoin ? Qu’est-ce que l’amour sinon de la peur ?

    Dans une société juste, aurions-nous besoin d’amour ?

    Dans une société libre il ne peut y avoir ni famille, ni mariage, ni sexe, ni amour. »

    Ti-Grace Atkinson

    Est-ce que nous ne pouvons pas oser passer ce pas de supposer que les formes idéales mêmes de l'amour, de la propriété, de la justice (appropriation), de la sexualité obligatoire pour se sentir épanouie, et j'en passe, sont totalement patriarcales, et pas "à retrouver au delà" ; et que si nous nous les "réapproprions", nous continuerons le même monde (avec le mariage "hétérolande pour toutes", on a déjà des procès entre nanas pour s'approprier des mômes, help !). Ces formes nous transforment en hommes.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, le mariage est génétiquement, fondamentalement une institution patriarcale. Même quand ce sont des gays et des lesbiennes qui se marient. Il institue la propriété patriarcale de l'enfant auquel on peut tout faire parce qu'il appartient fondamentalement à son père, ou toute autre figure patriarcale de la famille (Delphy).

      Supprimer
  2. Bonjour, je voudrais apporter une petite précision sur l'origine de l'expression «sortir de la cuisse de Jupiter». Elle est en rapport avec le mythe de la naissance de Dionysos/Bacchus et ne décrit pas une naissance miraculeuse comme celle d'Athéna mais un cas de GPA, pour résumer, Zeus ayant tué par accident (un vrai), la mère de Dionysos alors qu'elle était enceinte, il a enfermé l'enfant dans sa cuisse pour qu'il ne meure pas avant de l'accoucher. Aussi vous oubliez Héra, la soeur et épouse de Zeus, et Mnemosyne mères des enfants divins de Zeus. Tous les enfants des nymphes et mortelles le sont aussi, ils accèdent à une éventuelle divinité après leur mort. La seule exception étant les enfants de Leda, Castor, Pollux, Hélène (?) et Clytemnestre (?), chaque couple de jumeaux comportait un enfant mortel et un immortel.
    Cela ne retire rien au schéma patriarcal, les méthodes de «séduction» de Zeus ressemblant bien plus à des enlèvements et des viols.

    Pour le reste, passionnant comme toujours

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ces précisions érudites, je ne suis pas spécialiste ;)) Elles montrent qu'on ne peut pas complètement éradiquer les femmes du processus. Effectivement, quand les dieux séduisent des mortelles, il vaut mieux qu'elles en passent par leur volonté à eux. L'idée des "processions masculines" est de V Woolf dans 3 Guinées, développée par la suite par Mary Daly dans Gyn/Ecology.

      Supprimer
  3. Le patriarcat est une chiennerie qui est d'autant plus difficile à combattre qu'il est maquillé en naturel. Même les hommes prétendument "féministes" continuent à faire comme d'habitude. Je viens de participer à un colloque sur 30 intervenants nous étions 6 femmes et encore, deux ont déclaré forfait : la première parce que son mari qui l'accompagnait à l'aéroport a fait un AVC, la seconde nous ne savons pas, elle ne s'est pas manifestée. Peut-être a-t-elle pensé que ce n'était pas utile de se déplacer. En effet nous aprtagions l'estrade de la dernière plénière, environ 80% des autres intervenants étaient partis. Et pourtant nous étions entre "humanistes".

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Effectivement, soit les femmes ont autre chose à faire, ce qui est plausible - elles font tout- et quand elles sont invitées, elles ne se sentent pas autorisées à s'exprimer. Même moi, qui ne suis pourtant pas vraiment effacée, j'ai du mal à me lancer. Quand on entend pourtant ce que disent les mecs, il n'y a pas de raisons d'être timide ni incompétente. Ils parlent de tout et n'importe quoi sans complexes et sans même connaître le sujet souvent.

      Supprimer
  4. J'ai lu récemment un livre d'un théologien canadien (emprunté à la bibliothèque je ne l'ai pas sous la main) qui propose une traduction littérale du premier récit de la création que l'on trouve dans la bible des septantes ( Genèse chapitre 1 verset 27) et qui donne : Dieu créa l'humain, féminin et masculin il le créa, il le créa à son image. J'adore cette traduction pour moi c'est la bonne.
    Dans ma version de la bible ( traduction de Jérusalem imprimée en 1979), cela donne "Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa".

    PS : l'histoire de la cote d'Adam est le deuxième récit de la création, il vient donc après le premier mais il est plus souvent citer par les hommes. C'est malheureusement celui qui a été choisi dans la Bible pour enfant que j'ai acheté à mon fils, je ne l'ai donc pas lue.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je pense qu'on peut à peu près proposer n'importe quoi comme version de la bible et de la genèse : c'est une longue tradition orale qui nous a transmis ces récits épiques, ils n'ont été écrits que tardivement, on imagine donc les déformations de la transmission orale pendant des siècles par des gens qui ne savaient ni lire ni écrire ! Je crois, en revanche, qu'ils sont misogynes, les hommes tenant leur revanche de la chute des déesses (dieu est initialement toujours une grande déesse) dont Freud donne la raison plausible en bas de page (vite expédiée) dans L'homme Moïse et la religion monothéiste, première version. Certains tenants des monothéismes tentent de se refaire une virginité vis à vis des femmes, tellement c'est choquant et voyant.

      Supprimer
    2. Pardon de m'imposer mais la rédaction de la bible et de la genèse est bien plus compliquée qu'une rédaction tardive d'une ou plutôt de plusieurs traditions orales déformées. Elle a été rédigée durant ou juste après la fin de la déportation des élites juives à Babylone et comprend donc une bonne partie de mythes mésopotamiens, voir par exemple les similitudes entre l'histoire de Moïse et l'épopée de Gilgamesh. De même, les chérubins décorant la mythique arche d'alliance sont très loin de l'image moderne et totalement fausse de petits angelots que l'on s'en fait, d'après leur description ils ressembleraient à un animal fabuleux du bestiaire mésopotamien comme ceux représentés sur la porte d'Ishtar.

      Supprimer
  5. Je suis plus optimiste. L'argumentaire des hommes d'églises (toutes : chrétienne, juive ou musulmane) est toujours "ça ne peut être différent c'est ECRIT dans un "VIEUX livre" (bible torah et ses commentaires ou coran et ses commentaires). On ne peut donc rien ajouter ou retrancher.
    Donc le théologien en revenant au plus près de la source connue (la bible des septante est une traduction grecque de textes qui existaient) reste sur la même lignée : c'est ECRIT mais ce qui écrit est différent de ce qui jusqu'à présent nous était servi.
    Il y a en plus des théologiennes qui commencent à avoir pignon sur rue, je pense à Delphine Hortweiller rabbin française (qui a eu du mal à accéder à l'enseignement réservé aux mâles d'ailleurs mais elle y est parvenue) qui publie des bouquins reprenant la source originelle des textes bibliques et qui conclue différemment des messieurs.... Il y a une lueur....

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Effectivement, c'est optimiste ! ;)) Même si les femmes accèdent au magistère dans ces systèmes qui ont été fait sans elles ou contre elles, elles ne ferons pas le printemps. En revanche, en tant qu'historiennes, elles ont bien sûr toute latitude pour en faire la critique et enrichir le champ de recherche archéologiques qui confirme ou infirme les écritures. Il n'y a pas que l'exégèse. Merci en tous cas de vos commentaires et de votre intérêt pour mon blog ;))

      Supprimer
  6. Merci Hypathie pour cet article vraiment génial. J'y repense souvent et je te met ici le résultat. J'espère que ca te dérangera pas.
    -----
    Engendrement - Dans la même veine il y a le grotesque « maïeutique » qui nous viens de Platon/Socrate, cet accoucheur d’esprit. Vu que les femmes sont interdites de philosophie par Platon et Socrate dès le fondement de la philosophie, le fait qu’ils utilise le mot d’accouchement est assez parfaitement cynique.
    Aujourd’hui le sage femme mâle est appeler « Maïeuticien » pour des raisons sexistes. D’ailleur le correcteur d’orthographe connait « Maïeutique » et « Maïeuticien ».

    -----
    Amour (à mort) - Le « crime passionnel » a sa place ici. J’en entendu aussi utiliser un horrible « meurtre altruiste » pour parler de ces hommes qui se suicident en assassinant leurs gens (femmes et enfants) comme Sardanapale qui fait tuer ses esclaves quant il sent sa mort venir.
    ------

    Liberté- Pour la liberté je pense aussi à la guerre de libération de l’Iraq que les USA avait vendu. En afghanistan la liberté des femmes a aussi été instrumentalisé pour permettre la liberté des capitaux tenus par les hommes (drogue, gaz, armement...). Voir aussi le question du voile. Pour libérer les filles et les femmes du voile au nom de la laicité ou de la liberté de culte ou liberté d’expression, on les libère surtout de l’école et de l'accès a une vie décente et autonome.

    --------
    Prince Charmant - Dans la belle au bois dormant le prince baise la belle qui est inconsciente. Il la baise et ne lui demande pas son avis. Et c’est montrer comme enviable. Ils vécurent heureux...
    Dans le style horrifique il y a « Griselidis, la parfaite épouse » un conte qui a eu beaucoup de succès (il viens du Décaméron, et à été repris par Perrault et mis en opéra)
    ici la version de Boccace (c’est la nouvelle X)
    https://fr.wikisource.org/wiki/Le_D%C3%A9cameron_%28Boccace,_Castres%29
    -----

    RépondreSupprimer
  7. ensuite des inversions qui me frappent :

    – Je pense aussi à “Pédophile” qui mélange amour (philie) avec le viol d’enfants. Un violeur d’enfants n’est pas “phile” il est criminel, il conviendrais de dire “pédocriminel”.

    – Autre inversion patriarcale, les mots “pute, prostituée, putain” sont des insultes très rependus alors que “prostitueur, proxénète, maquereau, michton, client” n’en sont pas. On traite les mères de putains mais on ne traite pas les pères de proxénètes ou de pornographe. Pourtant les véritables ordures quant on regarde les statistiques ce sont les pères, violeurs, cogneurs, tueurs, incesteurs, ils n’en fichent pas une à la maison et profitent du travail gratuit de leur compagne. Les mères portent les enfants et sont défavorisée pour cela dans leur carrière, leurs revenus, elles bossent gratos, et s’occupent de l’éducation des enfants. Mais c’est elles qu’on insulte. J’ai jamais entendu des personnes s’envoyer de “ton père le cogneur,” « ton père le violeur » par contre “ta mère la pute...”

    – “Victime” est aussi une insulte par exemple dans “ne fait pas ta victime” ou “je ne suis pas une victime” alors qu’"agresseur, violeur, dominateur" ne sont pas des insultes.

    – Il y a aussi “salope” qui est l’équivalent au féminin de “don juan” ou “tombeur”.

    – “Garce” est le féminin de “gars”.

    – “Suffrage universel” on m’a appris à l’école que le suffrage universel est décrété en 1792. Les femmes en étaient exclues et ce détail signifie que les femmes ne font pas vraiment partit de l’univers. Elles doivent provenir d’un monde parallèle démoniaque rempli de harpies, mégères, gorgones, furies...

    – On pourrait aussi inclure la plus part du vocabulaire sexuel qui mélange consommation, prédation et meurtre.

    – “Respect” est aussi souvent utilisé n’importe comment. Par exemple il est demandé aux femmes de “se respecter” en ayant certaines attitudes en rapport à la chasteté.

    – Le mot “vierge” est aussi tout à fait dégueulasse. Il centre la sexualité sur la pénétration et le désigne comme une salissure.

    – “Préliminaire” et “Pénétration” sont des mots qui appauvrissent la sexualité et la centre sur le seul intérêt masculin hétérosexuel.

    RépondreSupprimer
  8. – Tous les mots qui lient sexualité et domination et humiliation. Par exemple “se faire baisé”, “se faire enculé” qui comportent de la misogynie et de l’homophobie et sont pourtant utilisé comme insulte par des personnes qui prétendent ne pas être homophobe et ennemis de la sexualité de la plus part des femmes cis-hétéros. Il faut haïr la sexualité pour utiliser ce vocabulaire comme insulte.

    – Il y a aussi “bestialité”, on dit de certains comportements sadiques humains qu’il sont notre “bestialité”, mais les non-humains ne sont pas sadiques (les animaux domestiques ou rendu fous par la captivité peuvent l’être). Mais on accuse les bêtes des comportement les plus typiquement humains et surtout masculins.

    – Le sexe faible et sexe fort est aussi une inversion patriarcale. Le sexe masculin dit “sexe fort” est bien plus exposé et fragile que le sexe féminin dit “sexe faible”. Le sexe dit “fort” est fort parce que ses faiblesses sont tabou. On ne tape pas sous la ceinture, ca ne se serait pas un combat d’homme à homme, ca serait déloyale. C’est un tabou très important, on ne touche pas aux bijoux de famille. Cette sacralisation extrême est une technique de protection des mâles entre eux pour se garantir la domination. En somme, la fraternité passe par ce premier accord tacite entre les hommes de se faire croire que leurs testicules sont la force incarné. On pense facilement aux testicules mais il y a aussi la pomme d’Adam qui est une autre faiblesse très importante du corps masculin. Bref ça fait tout de même pas mal de faiblesses pour un sexe prétendu “fort”.

    - Ce matin sur le site du e-monde il y a ceci : "Le gouvernement veut empêcher les touchers pelviens sous anesthésie sans consentement "
    Un « toucher pelvien sous anesthésie sans consentement » c’est un viol. Mais le mot est pas autorisé car des personnes pourraient comprendre ce qu’est un viol et ca c’est interdit. Le viol est déjà interdit par les textes de loi et le gouvernement n’as pas besoin d’interdire ce qui l’est déjà.

    -----

    Sur ces inversions mais pas forcement patriarcale cet article devrais t'interssé ;
    http://lmsi.net/La-langue-des-maitres-et-sa



    ----
    3 commentaires, désolé pour cette longueur mais comme tu peu voire le sujet m'a bien fait réfléchir :)
    Bonne journée et merci pour ce blog

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour les contributions. Cet article est en fait librement inspiré du dictionnaire de Mary Daly, où elle écrit ses propres définitions en contrecarrant les habituelles qui nous bercent d'illusions. On les trouve toutes (enfin j'espère) sous le libellé Mary Daly. Bien que ce soit très difficile de les traduire, elle fait des jeux de mots en anglais, la plupart intraduisibles en français, mais pour ceux où c'est possible, évidemment je continuerai. Merci encore de tes commentaires et de ton passage. :)))

      Supprimer