vendredi 22 mai 2015

Mad Max Fury Road : Féminisme cavernicole


Puisque tout le monde y va de sa critique dithyrambique sur Mad Max Fury Road, allons-y, j'apporte moi aussi ma contribution, discordante, je vous préviens.
L'humanité s'est crashée en 1979, aviez-vous appris en regardant le premier Mad Max, avec la fin du pétrole ? Bon débarras, vous étiez-vous dit, par devers vous, histoire de ne pas vous brouiller avec votre prochain et en n'allant surtout pas voir la fin pénible des derniers australiens parcourant le désert sur des grosses caisses à la recherche des dernières gouttes de pétrole. Je n'avais pour ma part, jamais tenu plus de 10 minutes montre en main devant les exploits de Mel Gibson et de sa milice de motards, lors des diffusions télé. La poésie dystopique de ce premier "opus", comme des deux autres, m'est toujours passée largement au-dessus de la tête. C'est donc la toute première fois que je vois un Mad Max en entier. Et comme j'ai le goût du risque, c'était aussi ma première expérience en 3D ! Tentée par les critiques qui nous annoncent un film "féministe" où des femmes luttent pour leurs droits reproductifs, et végétarien défenseur des animaux, j'ai payé ma place, plus un euro cinquante pour la 3D, et un euro de lunettes.

Le scénario tient sur un confetti. Ce pauvre Mad Max, joué par Thomas Hardy, passe au second plan : la tête engoncée dans une calandre de voiture, il sert de pare-choc aux autos-tamponneuses d'une horde de dégénérés qui rationnent l'eau d'un peuple des cavernes desséché. Sort terrible pour un héros viril, finir en pare-choc au quatrième opus ! Une femme nommée Furiosa, vraie héros du film, jouée par Charlize Theron, sorte d'Amazone au bras coupé (normalement, c'était le sein ?) convoie à travers le désert un groupe de femmes surtout jeunes, belles et très déshabillées, dont l'une est très enceinte. Comment "tombe-t-on enceinte" (enfer et damnation de la langue française qui associe enceinte avec chute) dans le désert alors qu'on vit entre femmes, ne me demandez pas, je n'ai pas l'info. Pour être tout à fait honnête, il y a parmi elles quelques vieilles sages qui transportent, en y veillant comme à la prunelle de leurs yeux, un sac de graines, message végétarien subliminal.



Tout ça est prétexte à un fracas de batailles entre autos augmentées, roadsters, gros camions à moteurs boostés -97 % du film. Je suis sortie sourde de la salle. Les trois seules phrases énoncées clairement sont dites par les femmes : "Nous ne sommes pas des choses", en est une. Féminisme très basique. En revanche, les mecs ne s'expriment que par des hon hon, grouarff et autres borborygmes attestant qu'effectivement, leurs trois neurones ont définitivement migré en dessous de la ceinture. D'autant qu'ils sont tous difformes, augmentés d'accessoires pathétiques, en un mot dégénérés. Ils se contentent de cogner sans même discuter après. Ce qui est mauvais signe. Dans les anciens westerns, ils défouraillaient d'abord et éventuellement négociaient après, s'il restait des survivants. En plan à la grue, ça donne ça :


On reconnaît aisément l'hybris masculine. Contrecarrée quand même par un geste énigmatique d'une des femmes


que je vous laisse interpréter à votre fantaisie.

Le pensum dure deux longues heures. La 3D est une catastrophe, de mon point de vue. Un truc pour vous faire raquer des euros supplémentaires. Mais d'après les information de quelqu'un de mon entourage, je n'avais pas les bonnes lunettes à piles intégrées donc chères, et du coup, c'est comme si je n'avais vu le film que d'un œil avec mes lunettes polarisées à un euro, selon l'explication technique ici entre lunettes passives et actives (SIC). Bon. Moi en fait, j'ai vu les très gros plans à 10 centimètres de mon visage, et au deuxième plan, des nabots genre figurines Kinder chocolat, pour la taille. J'en ai eu froid dans le dos en rétrospective pour Interstellar que j'avais bien aimé, proposé à l'époque au choix dans la même salle : j'avais prudemment vu la 2D. Tout ça confirme que les techniciens, au cinéma aussi, ont pris le pouvoir sur les metteurs en scène qui sont des artistes.


D'après ce que je lis ici ou là, Georges Miller, metteur en scène australien de la franchise Mad Max, serait végétarien. Plausible, car il est aussi le producteur-scénariste des Babe, Le cochon devenu berger 1, Dans la ville 2, et de Happy feet. Mais, croyez-moi, il est certainement atteint du syndrome Peta (qui célèbre sur son site l'amitié entre Thomas Hardy et son chien Woodstock), le végétalien tablettes de chocolat, qui surcompense son végétalisme par une hypervirilité, la nourriture des végétariens étant habituellement décriée par les hommes, "les vrais", comme "nourriture de femmelette". Ce qui contrarie le message soit disant féministe du film.

Liens vers les critiques déchaînés : Télérama (un pour et un contre les vrombissements), Les Inrocks, un mépris souverain des dialogues dans Le Monde, et Charlize Theron, une Mad Maxette polytraumatisée. Même Charlie n° 1191 y va de sa critique positive, en lui trouvant des allures de road movie, misère ! Mad Max est féministe dans un système cinématographique accro au principe de la "schtroumpfette" chez L'Actualité. Il ne passe pas le test de Bechdel.
Mad Max accusé de "propagande féministe" par un blogueur masculiniste au cerveau cramé qui, en plus, confond l'Amérique (USA) avec l'Australie.

Le film de Georges Miller a été tourné dans les dunes de sable de Namibie en Afrique australe, les australiens ont aussi un désert mais sans dunes. Le film aurait ravagé la flore et la faune dans des zones protégées, pendant le tournage et ensuite pendant la "remise du site en état ", selon cet article de Maxisciences. Le cinéma est une industrie comme les autres : en matière environnementale, après nous le déluge.

9 commentaires:

  1. "Comment "tombe-t-on enceinte" (enfer et damnation de la langue française qui associe enceinte avec chute) dans le désert alors qu'on vit entre femmes, ne me demandez pas, je n'ai pas l'info."

    Le papa c'est Immortan qui se sert monstrueusement de ces femmes comme pondeuses...

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    1. Merci, vraiment, dans tous ces fracas de voitures, je ne l'ai ni entendu ni compris :)

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  2. je suis intrigué par votre critique de ce film.

    je comprends que comme beaucoup de critiques vous considérez le scénario comme tenant sur un confetti,

    Mais je comprends aussi que vous n'avez pas saisi l'une des seules et maigres informations distillées dans ce film :

    "Comment "tombe-t-on enceinte" (enfer et damnation de la langue française qui associe enceinte avec chute) dans le désert alors qu'on vit entre femmes, ne me demandez pas, je n'ai pas l'info."

    Le papa c'est Immortan qui se sert monstrueusement de ces femmes comme pondeuses...



    D'autre part, je comprends qu'il ne s'agit que de fracas de voitures, de jeu d'acteur inexistant, de dialogues plus que simplistes, que la 3 d est mauvaise, que les impacts écologiques du tournage sont catastrophiques, que vous en êtes sortie sourde.....

    mais cependant un maigre rattachement idéologue avec du veganisme et/ou du féminisme car y serait transfiguré la condition animale, suffit à redorer le film?

    décidément, l'idéologie rend aveugle.

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    1. Je ne justifie rien, et je conteste la thèse féministe et végétarienne de ce film hyperviril, qui ne passe pas le test de Bechdel. Relisez bien : j'ai mis des conditionnels. Et j'ai également partagé en lien un excellent article de L'Actualité qui parle de syndrome de la Schtroumpfette.
      Critique veut aussi bien dire opinion négative et positive.

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  3. Courageux et généreux d'avoir mis les mains dans le feu pour toucher le monstre filmique afin d'informer les copines ! :)
    J'aime bien les deux intervenants masculins qui n'ont pas loupé une seconde le détail du propriétaire des "vases sacrés" ! C'est là que l'on voit à qui s'adresse vraiment le scénar. Il y a des codes clairement mal perceptibles pour les femmes là-dedans. Déesse sait quels messages subliminaux viriarcaux traînent dans ce fratras pour consolider la domination mâle en se faisant passer pour féministe (le comble). On entre dans l'ère du feminism-washing pour les blockbusters virilo-virilistes qui je confirme son hyperpolluant à la production. J'ai déjà pu en être témoin(e).

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    1. "C'est là que l'on voit à qui s'adresse le scénar" : mais complètement, les "subtilités" de l'HIStoire me sont passées à 100 km au-dessus de la tête ! Moi, je suis habituée à des péripéties à tiroir qui obligent à valoriser mes neurones. Apparemment, ils ne sont pas équipés comme moi, d'où les incompréhensions de part et d'autre. A moins que les fracas de tôle et la musique m'aient bouché les écoutilles ! Possible aussi.
      PS Ce matin 19 juin, sur Europe 1, Camille Abily, capitaine des bleuES (coupe du monde féminine de foot) expliquait qu'elles lisent le soir dans leur chambre ! Des livres. Rends-toi compte. Dingue. C'est pas les bleuS qui feraient des trucs pareils. On n'a pas le même équipement, ça se confirme.

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  4. Oui, pour eux, le bruit est un stimulant "intellectuel" apparemment.
    Pareil pour les footeuses allemandes. Le ballon ne leur enlève pas le cerveau.
    À ce propos, oui, c'est bien le sujet du film ! "À QUI EST LE BALLON (sous-entendu le foetus) ?" Grosse question existentielle de lome !!!!

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  5. C'est le film le plus misandrique que j'ai jamais vu.

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