samedi 12 novembre 2016

Masculinité toxique : de quelques monstres de foire au pouvoir

De l'élection de Trump contre toute attente (sondagière), tout a été dit : racisme grand teint, haine des femmes, choix d'un incompétent face à la très compétente Clinton, (comme si la politique était un métier et pas un mandat !), revanche des "petits blancs" du Sud (quoi qu'on en dise le vote Trump est une affaire d'hommes, même si le vote des femmes blanches a été montré du doigt, mais on connaît l'antienne, c'est toujours la faute des bonnes femmes !), revanche des classes populaires oubliées de la "crise" depuis 2007, et populisme. Tout ça est absolument exact. Mais surtout le pouvoir est toujours une affaire d'hommes, depuis l'invention des "maisons des hommes" où palabr(ai)ent les primitifs, maisons taboues pour les femmes qui elles, encombrées d'enfants et vouées au servage, assurent l'intendance : corvées de bois, d'eau, de cuisine, d'élevage, et pour nos sociétés plus "avancées" -il faut le dire vite- "conciliation" improbable de vie de famille et carrière professionnelle, exigée des seules femmes, bien entendu. Le pouvoir masculin sans partage est toxique : sempiternelles atteintes aux droits des femmes jamais garantis sur le long terme, "traditions" et "coutumes" fondatrices inamendables, obscurantismes (religions, progrès technique, mythe de la croissance infinie), destruction de la nature à un rythme infernal, guerres de basse et haute intensité, on n'en finit plus de dénoncer ses méfaits.

J'ai sélectionné cinq "populistes" élus à peu près démocratiquement ces derniers mois, tous mâles comme il se doit, ivres de leur pouvoir, ce qui semble leur permettre toutes sortes d'engagements farfelus et toutes atteintes aux droits humains, sans parler de débordements verbaux incontrôlés.

Donald Trump 45ème Président des Etat-Unis : il a déjà commencé à mettre de l'eau dans son pinard en caviardant son site de campagne dès le lendemain de son élection, sur la COP21 notamment. Les institutions américaines sont très solides, il devra composer avec le système des "check and balances" et sera fermement contrôlé par son Congrès et par la Cour Suprême, gardienne vigilante de la Constitution, je n'en doute pas. Mais le signal envoyé -aux femmes et à la Planète- est de taille. Après avoir "érigé" des tours, il va creuser la Terre ! Trump digs coal. Programme politique à chercher en dessous de la ceinture. Espérons qu'on ne le trouve pas, pantalon sur les chevilles, au garde à vous, devant une stagiaire ou une member of parliament  (ah non, ça c'est plutôt en
France !), ce grand classique des Présidents américains*.


Vladimir Poutine, le "botoxé de l'Oural" (Nicolas Canteloup, bien vu), qui modifie la constitution au gré de ses caprices de Tsar russe, pour aller des fonctions de Premier Ministre à celles de Président (et retour) en fonction des échéances électorales. Et qui bombarde la Syrie de façon indiscriminée : écoles, hôpitaux, populations civiles, au besoin avec des armes non conventionnelles. La photo ci-dessous montre que le mec a un problème de prurit avec sa virilité !













Erdogan, "would be sultan" élu des campagnes turques et des forces les plus conservatrices de la société, en passe de liquider la Constitution datant d'Atatürk, père de la Turquie moderne laïque et progressiste : chasse aux démocrates et aux journalistes depuis le putsch manqué des 15 et 16 juillet 2016, justice expéditive et arbitraire, violations des droits humains, déclarations misogynes, hostilité renforcée envers les Kurdes l'ennemi éternel, et attaques contre l'immunité parlementaire. Mais l'Europe ne moufte pas, voire continue sa comédie d'une possible intégration de la Turquie qui "accueille" des millions de réfugiés venant de Syrie.












Photo : Reuters

Rodrigo Duterte, "Digong", président de la république des Philipines, élu depuis juin 2016 sur un programme populiste et vociférant de déclarations machistes, sexistes, traitant le pape et Obama de "fils de pute". Ancien avocat accusé d'avoir participé à des escadrons de la mort dans les années 90, et après une campagne ciblant les dealers, braqueurs et trafiquants de drogue, il passe à l'acte : déjà 3700 meurtres couverts après 4 mois de présidence, selon un reportage d'Envoyé Spécial, dur réveil pour ses électeurs dont certains consomment ou se livrent à de petits trafics pour survivre.















Daniel Ortega, Président du Nicaragua, ancien révolutionnaire sandiniste participant au renversement de Somoza, puis écarté du pouvoir en 1996 avec les sandinistes, jusqu'en 2006 où il revient à la présidence avec... des idées catholiques fondamentalistes (suppression de l'avortement thérapeutique) puis réélu en 2011, et candidat à sa succession en 2016. Corrompu, népotiste, il est en passe de vendre son pays à un consortium chinois pour 41 milliards d'euros soit cinq fois le PIB du Nicaragua. Objet de la vente : la construction et l'exploitation "d'un canal transatlantique coupant le Nicaragua d'est en ouest sur 278 km, dont 105 au beau milieu du Lac Nicaragua, deuxième plus grand réservoir d'eau douce du continent sur-américain". Source : Fabrice Nicolino dans Charlie Hebdo N° 1268.
119 200 personnes vivent sur le passage ? 193 000 ha de forêt tropicale sont menacés ? Risques de marée noire et de salinisation sur le Grand Lac ? Rien à fiche : croissance illimitée et après lui le déluge ! Violations de droits humains et écocide en vue.



Il n'est pas question de dire ici que les femmes au pouvoir ce serait
mieux : on n'en sait rien puisqu'il n'a jamais été exercé que par quelques héritières ou quelques femmes sursélectionnées selon des critères virils qui, remplis, leur ont permis de passer alors que les mecs faisaient, soit défaut, soit étaient en fuite (le Brexit suivi par Theresa May en est un bon exemple) ou en faillite. Les femmes font le ménage derrière les mecs, après, ils peuvent faire leur grand retour quand tout est de nouveau nickel, propre, bien rangé. Il est question de défendre un partage du pouvoir mixte, à égalité et à parité, et de permettre aux femmes d'exprimer leurs qualités et génie propre, puisqu'on sait que deux genres n'ont pas les mêmes (pré)occupations et obligations dans l'existence. Il va donc falloir que les mecs se poussent pour aller faire autre chose (conduire les enfants à l'école et chez le dentiste, par exemple) et que les femmes aient un sursaut de classe, sinon, on est vraiment tous (planète incluse) très mal barré.es !

"A toutes les femmes qui ont mis leur foi en cette campagne et en moi, rien ne m'a rendue plus fière que d'être votre championne" - Hillary

"A toutes les petites filles à l'écoute... ne doutez jamais que vous êtes valables et puissantes et méritant toutes les chances et opportunités du monde" - Hillary Clinton

* Les Kennedy, John, Robert et Edward, et leurs "besoins sexuels" ; le populaire William Clinton et ses ennuis de stagiaire ; et plus inattendu, Lyndon Johnson qui parlait abondamment de sa bite à son chauffeur, ses gardes du corps et les journalistes qui le suivaient dans ses déplacements quand il lui prenait une envie pressante d'uriner, information entendue sur la très sérieuse Franceinfo radio un matin de cette semaine précédant l'élection de Trump.

4 commentaires:

  1. Tant que le gagnant, c'est le plus fort, on a tousTEs perduEs... de ce côté, l'espèce humaine n'a pas avancé d'un pouce. Pour le moment, elle se distingue surtout par ses qualités de prédation. Pas d'humanité.

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  2. Le système électoral américain est vraiment bien fait, on peut avoir plus de voix que son adversaire et perdre...

    Je plains celleux vivant dans les anciennes régions industrielles et qui ont cru aux promesses de D. Trump/rejeté H. Rodham-Clinton, le réveil va être douloureux et nombre d'entre eux risquent de finir comme les victimes de la crise des subprimes.

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    1. Ca viendrait du fait qu'il y a deux siècles et demi, les électeurs ne savaient pas tous lire, ai-je entendu un commentateur dire. Le vote Trump est plus un vote de défiance et de rejet qu'un vote d'adhésion ; oui, ils vont être déçus.

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