What is Heganism ?
Crédit photo : Salon - Forget vegan, he's hegan (en anglais)
"Héganisme. Oui, c'est bien quelque chose. C'est le véganisme... pour les hommes. "Héganisme" réfère généralement au "rebranding ", à donner une autre image de marque aux traditionnels concepts véganes, afin qu'ils conviennent à la consommation masculine. Mais pourquoi ?
Le mouvement végane est truffé de 101 variations différentes du véganisme, toutes avec la même intention : vendre et faire rentrer des cotisations. C'est le marketing des associations demandant à ses équipes "comment pouvons-nous nous démarquer sur cette tendance ? Comment pouvons-nous nous distinguer du reste des autres ? Comment pouvons-nous les faire acheter ici et pas ailleurs ? " Les distinctions de genre servent généralement les intérêts capitalistes et ils le font en maintenant les différences et les inégalités. Spécialiser les produits par genre suppose que les ménages ne doivent plus se contenter d'un seul produit qui peut être partagé (et les produits destinés aux femmes coûtent souvent plus cher). Le produit bleu et industriel pour lui, le produit rose fleuri (plus cher) pour elle.
Genrer est aussi l'occasion d'ouvrir un plus large marché aux produits. Le stigmate féminin est enlevé, ainsi les hommes peuvent les consommer plus confortablement ; mais ce faisant le stigmate ne disparaît pas, il est seulement renforcé. Comme pour "Guy-et"*, Dr Pepper10 et la lotion Dove men care (pour hommes), genrer le véganisme travaille à protéger la masculinité en ostracisant, en renvoyant à l'altérité ce qui est féminin. Qu'est ce qu'il y a de mal à faire un régime, boire du soda sans sucre, ou manger végane ? C'est que ce sont les stéréotypes de ce que les femmes sont censées faire, et les femmes sont le groupe le plus détesté et le plus dévalorisé de la société. Pour que les hommes y participent, il faut enlever le stigmate féminin en créant une alternative "masculine".
Faire
venir plus d'hommes au véganisme est important pour la santé
du mouvement végane et pour la santé des garçons
et des hommes -la plupart ne consommant pas assez de fruits
et légumes. Mais l'inclusion des hommes ne doit pas se faire
aux dépens des droits des femmes.
Crédit
photo : The advertiser.
La masculinité est largement définie par ce qu'elle n'est pas -et elle n'est pas féminine. Cela marche de la même façon avec le spécisme** : nous définissons l'humanité comme n'étant pas animale, et donc l'humanité est supérieure par comparaison. On pense aussi qu'elle est l'une des racines de l'hétéro-sexisme : la masculinité est définie par l'ostracisation de ce qui est féminin. En d'autres termes, différencier les personnes en groupes et les placer dans une hiérarchie qui soutient ces différences nourrit une discrimination structurelle. La distinction huile les roues de l'oppression.
Dans mon livre, A rational Approch to Animal Rights, j'explore le thème du nouveau packaging des espaces véganes. Parce que le véganisme est tellement féminisé, il est considéré comme une menace pour le patriarcat et donc dévalorisé. En réaction, les organisations qui le défendent adoptent le langage du patriarcat pour mieux "vendre" le véganisme. Au lieu de rester ferme sur une opposition féministe radicale à l'oppression patriarcale, les véganes refont l'emballage du véganisme en le présentant comme "sexy" et montrent les femmes comme objets destinés à la consommation des hommes. PETA est probablement la plus détestable association à cet égard, et sa position dominante dans le mouvement signifie qu'elle influence une norme de protestation pornographique. Les femmes véganes ne sont plus facteures de changement, elles sont juste un autre goût "exotique" destinée à être servi sur un plateau au patriarcaux. Ce Tumblr "Galerie hégan" en est littéralement un exemple : les images sont inspirées de la pornographie.
Il y a un réel danger à aggraver les attitudes sexistes dans l'activisme pour les droits des animaux non humains. Le mot "Héganisme" est inutile et insultant. Est-ce qu'un espace végane féminin est si répugnant que les hommes doivent s'en dégager et occuper un espace séparé pour y participer ? Si oui, nous devons remplacer et réévaluer notre approche. Aussi longtemps que le mouvement soutiendra la haine des femmes, il ne peut pas raisonnablement attendre de son public qu'il arrête de haïr les animaux non humains.
Le héganisme est une tactique qui se sabote elle-même. Si les activistes soutiennent la notion que le véganisme est "juste pour les femmes" et que les hommes seront stigmatisés s'ils y participent sans la façade de la masculinité pour les protéger, cela rend un mauvais service au mouvement. Au lieu de s'accommoder du patriarcat et du capitalisme pour être entendu.es, les activistes doivent au contraire incorporer une approche féministe à l'antispécisme. De cette façon, tous les intérêts sont pris en compte et un groupe ne sera pas diminué ou exclu au bénéfice d'un autre. Les capitalistes vont inévitablement argumenter que genrer le véganisme c'est simplement nourrir le marché, mais ils créent simplement un marché de cette sorte : "LEGO se résout finalement à créer des jouets pour les filles" (en anglais chez Feminist Frequency). Un marché basé sur l'oppression, un marché qui fonctionne sur des groupes divisés selon la ligne pouvoir contre impuissance, et ce ne sera pas un espace conduisant à la libération. "
Dr Corey Wrenn est professeure de sociologie, membre de l'Association Sociologique américaine, section Animal et Société. Elle anime le blog Vegan Feminist Network.
Dans mon livre, A rational Approch to Animal Rights, j'explore le thème du nouveau packaging des espaces véganes. Parce que le véganisme est tellement féminisé, il est considéré comme une menace pour le patriarcat et donc dévalorisé. En réaction, les organisations qui le défendent adoptent le langage du patriarcat pour mieux "vendre" le véganisme. Au lieu de rester ferme sur une opposition féministe radicale à l'oppression patriarcale, les véganes refont l'emballage du véganisme en le présentant comme "sexy" et montrent les femmes comme objets destinés à la consommation des hommes. PETA est probablement la plus détestable association à cet égard, et sa position dominante dans le mouvement signifie qu'elle influence une norme de protestation pornographique. Les femmes véganes ne sont plus facteures de changement, elles sont juste un autre goût "exotique" destinée à être servi sur un plateau au patriarcaux. Ce Tumblr "Galerie hégan" en est littéralement un exemple : les images sont inspirées de la pornographie.
Il y a un réel danger à aggraver les attitudes sexistes dans l'activisme pour les droits des animaux non humains. Le mot "Héganisme" est inutile et insultant. Est-ce qu'un espace végane féminin est si répugnant que les hommes doivent s'en dégager et occuper un espace séparé pour y participer ? Si oui, nous devons remplacer et réévaluer notre approche. Aussi longtemps que le mouvement soutiendra la haine des femmes, il ne peut pas raisonnablement attendre de son public qu'il arrête de haïr les animaux non humains.
Le héganisme est une tactique qui se sabote elle-même. Si les activistes soutiennent la notion que le véganisme est "juste pour les femmes" et que les hommes seront stigmatisés s'ils y participent sans la façade de la masculinité pour les protéger, cela rend un mauvais service au mouvement. Au lieu de s'accommoder du patriarcat et du capitalisme pour être entendu.es, les activistes doivent au contraire incorporer une approche féministe à l'antispécisme. De cette façon, tous les intérêts sont pris en compte et un groupe ne sera pas diminué ou exclu au bénéfice d'un autre. Les capitalistes vont inévitablement argumenter que genrer le véganisme c'est simplement nourrir le marché, mais ils créent simplement un marché de cette sorte : "LEGO se résout finalement à créer des jouets pour les filles" (en anglais chez Feminist Frequency). Un marché basé sur l'oppression, un marché qui fonctionne sur des groupes divisés selon la ligne pouvoir contre impuissance, et ce ne sera pas un espace conduisant à la libération. "
Dr Corey Wrenn est professeure de sociologie, membre de l'Association Sociologique américaine, section Animal et Société. Elle anime le blog Vegan Feminist Network.
* "Guy-et" : jeu de mot intraduisible en français formé de "diet" : régime, et de guy : mec, soit régime pour mec.
** Le spécisme est un préjugé, une attitude ou un biais envers les intérêts des membres de notre propre espèce, contre les membres des autres espèces.
J'ai préféré le mot francisé épicène végane à l'anglais vegan, -ce sont eux qui ont inventé le mot. En français on peut aussi écrire végétalien.
** Le spécisme est un préjugé, une attitude ou un biais envers les intérêts des membres de notre propre espèce, contre les membres des autres espèces.
J'ai préféré le mot francisé épicène végane à l'anglais vegan, -ce sont eux qui ont inventé le mot. En français on peut aussi écrire végétalien.
Edit : Le documentaire de France 5 comportait aussi une visite dans les laboratoires de Beyond Meat, une corporation étasunienne qui tente de cultiver de la viande en éprouvette, un autre cauchemar carniste ; en attendant l'avènement de la viande de culture, leurs steaks végétaux sont fait pour donner le change, oubliant qu'on ne devient pas forcément végéta*ien pour manger des substituts de viande, sauf si on craint de mettre à mal virilité des hommes ? On n'en sort pas.
Ce billet en français est publié simultanément sur le site Vegan Feminist Network.
Ce qui fait la force du capitalisme c'est qu'il est capable de s'adapter à tout et faire du fric avec tout ..... Tout peut se vendre ..... Le capitalisme possède le pouvoir de destruction du monde par sa marchandisation le plus phénomènal ..... C'est une arme de destruction massive et globale .....
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