jeudi 14 juin 2012
Il y a 50 ans, Rachel Carson : Printemps silencieux
"In nature, nothing exists alone"
"Dans la nature, rien n'existe seul"
Rachel Carson - Silent spring
Il y a 50 ans, peu de gens se préoccupaient de pollution, de déforestation ou de chasse à la baleine. Jusqu'à ce qu'arrive un livre remarquable, Printemps silencieux de Rachel Carson. A sa parution en juin 1962, il a profondément changé la façon dont nous voyons la Terre et notre place sur la planète. Beaucoup de gens ont célébré la Nature, mais c'est à ce livre que nous devons la prise de conscience que la planète est menacée et à besoin d'être défendue. Ces 50 dernières années de luttes contre la chasse à la baleine, la déforestation et le réchauffement planétaire en sont la conséquence directe. Publié en feuilleton en juin 1962 dans The New Yorker, Silent spring (son titre original en anglais) a révélé à l'Amérique horrifiée que la vie sauvage était en train de disparaître à grande échelle à cause d'une nouvelle génération de pesticides synthétisés en laboratoire à la suite du premier d'entre eux, le DDT.
Plus aucun chant d'oiseaux dans les petites villes américaines à la suite d'épandages massifs de pesticides (par voie aérienne généralement), décidés dans les années 50 par le ministère de l'Agriculture américain afin de lutter contre les insectes "nuisibles". Des milliers d'hectares de campagne recouverts de poison (dieldrine) afin de se débarrasser du scarabée japonais, de la chenille des bourgeons ou encore du Bombyx disparate. Disparaissent du même coup dans les campagnes, les rouge-gorge, les truites de rivières et... les chats !
Biologiste de formation, Rachel Carson a 55 ans quand elle publie
Silent spring. L'industrie chimique, ivre de colère et aidée par la presse américaine, lance alors contre elle une des pires campagnes de désinformation de l'après-guerre : des dizaines d'articles la présentent comme une taupe communiste, une hystérique, une folle furieuse. Célibataire et sans enfants, après une vie passée à s'occuper de sa mère et de ses neveux, Rachel Carson trouve consolation et solide amitié auprès de sa voisine de propriété de vacances du Maine Dorothy
Freeman : d'inévitables spéculations seront lancées sur sa sexualité. Vraie auteure talentueuse de trois précédents ouvrages sur l'environnement maritime, Rachel Carson, malgré les campagnes de dénigrement avait vendu un demi million d'exemplaires de son livre trois mois après sa publication ! Soutenue par le Président Kennedy, les épandages de poisons s'arrêtent, et le chant des rouge-gorge se fait réentendre dans les campagnes américaines. Le DDT est interdit en 1972. Rachel Carson ne le verra pas. Elle meurt d'un cancer en 1964. Sa réussite : avoir fait prendre conscience à l'opinion publique, en montrant la catastrophe en cours, que tout dans la nature est lié, que les humains en font partie, et qu'ils ont le pouvoir de détruire le fragile équilibre qu'elle a mis des millions d'années à bâtir.
Rachel Carson n'est pas particulièrement une femme effacée de l'Histoire (his story), elle est inscrite au National Women's Hall of Fame ; en revanche, certains continuent à lui tailler des costumes bien chauds pour les hivers à venir : le dénigrement continue. Considérée comme inspiratrice de la Deep Ecology (écologie profonde) dont on peut trouver l'historique ICI, fondé par Arne Naess, ce mouvement est régulièrement vilipendé par des philosophes et auteurs notamment français, tels Luc Ferry, Elizabeth Badinter ou encore Jean-Christophe Ruffin (dans Le parfum d'Adam) qui l'associent à un anti-humanisme et à "un totalitarisme vert" (Le nouvel ordre écologique Luc Ferry).
"Jusqu'à ce que nous ayons le courage de reconnaître la cruauté pour ce qu'elle est -que la victime soit humaine ou animale- nous ne pouvons pas attendre que les choses s'améliorent en ce monde... Nous ne pouvons pas être en paix parmi des humains dont le coeur se réjouit de tuer n'importe quelle créature vivante. Par chaque acte qui glorifie et même tolère de telles inepties, nous retardons le progrès de l'humanité"- Rachel Carson.
Sources : Safe World For Women, The Independent, Wikipedia, Hilobrow
Je mets un lien vers la dernière vidéo de Bridget Kyoto : courte, percutante et hilarante !
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A Paris une amie de gloup m'a montré cette vidéo. http://www.youtube.com/watch?v=zkooBI-HPCU
RépondreSupprimerIl y est également question de la domination des industries chimiques et pharmaceutiques qui sont prêtes à la destruction du monde.
Peut-être cet homme a t-il lu le livre de Rachel Carson.
Intéressante vidéo ; c'est sûr qu'avec les milliards dépensés pour soigner les cancers sans les voir reculer, on peut se poser des questions sur les intérêts que les labos chimiques et pharmaceutiques trouvent à nous empoisonner d'abord et nous soigner (pour très cher) ensuite ! Eux, plus les industries ago-alimenteures...
SupprimerJe rajoute un lien sur ce docteur :
http://www4fr.dr-rath-foundation.org/qui_sommes_nous/dr_rath/dr_rath.html
Pas mal le lien. Maintenant il y a bien sûr non seulement les industries pharmaco-chimiques et agro-alimentaires mais aussi l'industrie nucléaire responsable de tas de cancers surtout à venir. Ce que Fukushima est en train de faire comme dégâts sur la planète dépasse tout le reste, je crois bien. On ne sait vraiment plus où placer un caillou dans l'engrenage avec tant de menaces sur la vie !
RépondreSupprimerOui, mais quand je vois les tas de déchets que nous produisons et dont nous saturons la nature (ruisseaux, mers, océans, ciel, champs...) je vois de mieux en mieux l'humanité s'effondrant sous ses ordures ! De plus en plus, même. Après tout, les autres animaux disparaissent à cause de ça, il n'y a pas de raison que notre tour n'arrive pas.
SupprimerRachel Carson, en voulant défendre la planète, a oublié les bénéfices du DDT dans la lutte contre le paludisme (source: http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article497) Et oui le palu était, par exemple, responsable de 30 % des décès sur l'île de la Réunion en 1949. Suite à des campagnes de lutte utilisant, entre autres du DDT, le palu ne faisait plus que 3% de morts en 1952 (source: tableau p. 553: http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2542266/pdf/bullwho00553-0019.pdf). Ainsi je vois mal pourquoi on célèbre une scientifique dont le travail était biaisé et dont le lobbyisme a stigmatisé un produit efficace contre l'épidémie mondiale de paludisme. Enfin malgré tous les efforts des lobbys anti-pesticides, l'OMS autorise de nouveau le DDT dans les habitations (http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2006/pr50/fr/index.html).
RépondreSupprimerPS: Un résultat biaisé n'est pas différent d'un résultat inutile: http://www.nature.com/news/beware-the-creeping-cracks-of-bias-1.10600
Ça faisait quelques temps qu'un croyant du progrès sans conscience n'avait pas mis son grain de sel sur ce blog ! Personne ne nie les résultats du DDT sur le paludisme ! Il tue les moustiques, les autres insectes, les oiseaux ne se nourrissent plus, donc disparaissent. Il va de soi que la splendide espèce humaine a le droit de dévaster les autres espèces, et si au passage, le poison se concentre dans les graisses des dominants de la chaîne alimentaire, dont nous sommes, ça n'est pas grave du tout du fait que nous sommes en plus d'égoïstes, une espèce à courte vue ! Qu'en plus ce soit une femme qui ait défendu la nature et les oiseaux en imposant une interdiction, je comprends parfaitement que ça ennuie au plus haut point le Top Model de la Création, ie le mâle humain. Mes condoléances.
SupprimerLe progrès n'a pas besoin de conscience. Il a juste besoin d'une science rigoureuse et des dirigeants qui comprennent que vivre c'est prendre des risques. Oui l'homme à le droit de lutter pour sa survie contre la nature. Cette dernière ne s'embarrasse pas de règlements pour envoyer des insectes ravager nos cultures ou mettre des mycotoxines dans nos récoltes. Enfin que Rachel Carson soit une femme n'a aucun rapport. Un résultat scientifique foireux n'a pas de sexe. Lisez les écrits de Vélot, Séralini ou Dufumier pour vous en convaincre.
RépondreSupprimer"Le progrès n'a pas besoin de conscience" : vos propos n'engagent que vous. Les humains ont une conscience, certain-e-s en tous cas ; "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme". Rabelais. D'autre part, LOME pour désigner l'espèce entière n'est pas utilisable sur ce blog. Je lui préfère humain-e-s. Et on n'y aime pas trop les suprémacistes mâles hétérosexistes et spécistes.
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