vendredi 24 juin 2011

Rosita Isa

Crédit Image : INTA Instituto Nacional de Tecnología Agropecuaria où on peut voir en faisant un petit scroll down une vidéo de la craquante Rosita Isa entourée de trois hommes, prouvant que l'élevage, c'est affaire d'hommes !

On n'en a pas trop parlé en France, car ce sont des argentins qui ont commis cet exploit, mais l'exploitation et le parasitage des vaches à traire vient de faire un saut quantique ! Les argentins viennent de faire naître une génisse clonée avec deux gènes humains qui vont permettre de lui traire du lait dont la composition est proche de celui d'une.... femme. S'y ajouteraient deux protéines : la lactoferrine et la lysozyme qui le rendraient plus digeste et intéressant pour les humains. Il faut rappeler que le lait de vache est destiné à son veau et le lait de femme à son bébé, et que nous sommes deux espèces différentes, n'en déplaise à l'agrobusiness laitier qui veut nous en faire consommer en usant de toutes sortes de diktats. Il va bien sûr falloir attendre que Rosita Isa soit en âge de procréer pour l'inséminer et lui faire faire un veau pour constater in vivo la nouvelle qualité de son lait.
Il va sans dire que son veau lui sera retiré dès la naissance pour lui prendre son précieux lait : pas question de laisser  Rosita Isa faire connaissance avec son petit, ni tisser des liens émotionnels et affectifs mère/enfant comme c'est le cas dans n'importe quelle maternité, les chercheurs auront besoin de son lait, donc le veau est un obstacle. La souffrance des deux individus mère et enfant ne sera pas prise en compte.

Différentes techniques d'élevage (et pas vétérinaires comme j'ai entendu la philosophe Sylviane Agacinski dire en prenant position contre la Gestation Pour Autrui qui n'est rien d'autre que l'exploitation du ventre des femmes les plus pauvres par des riches en mal d'enfant) sont depuis longtemps expérimentées d'abord sur les animaux, lesquels sont depuis toujours nos laboratoires :
Stimulation ovarienne
Banques de sperme
Fécondation in-vitro
Tri, sélection et implantation d'embryons
Mère porteuses ou gestation pour autrui
Et enfin clonage.

Dolly, la première brebis clonée voit le jour en 1996. Bien que le nombre exact soit inconnu, aujourd'hui, il y a des milliers d'animaux clonés (porcs, et vaches notamment). Outre le fait qu'en clonant on appauvrit la biodiversité, les animaux clonés vivent moins longtemps et ont des problèmes de santé pendant la gestation, mort de l'embryon et de la mère porteuse, à la naissance : à l'INRA 25 à 30 % des animaux nés vivants meurent avant la fin du sevrage, et s'ils survivent au sevrage, les veaux présentent un métabolisme et une physiologie altérés. Il y a aussi controverse sur "l'âge" de l'animal cloné : ses cellules auraient l'âge de l'animal parent cloné, mais nous n'avons pas assez de recul, une vache vivant entre 25 et 30 ans en moyenne, hors élevage intensif bien sûr. Il y a également des problèmes de comportement : chez les vaches porteuses de clones -les clones naissent toujours de mère porteuses, les mises bas se font par césarienne, les vaches ne se préparant pas à la mise bas (isolement du troupeau), la parturition ne se déclenchant pas normalement. Tout cela met en danger la survie de la mère porteuse. Sources ICI.
Le clonage présente donc de nombreux problèmes de santé animale et d'éthique.

Mais les questions de santé animale et d'éthique vis à vis des animaux seront évincées au profit de questions de santé humaine : on préfère étudier les risques de consommer leur lait et leur viande.La FDA (Food and Drug Administration) a elle décidé qu'ils étaient sûrs pour la santé des américains.

Il est donc utile de rappeler ce que dit le Traité d'Amsterdam -extension du Traité de Rome fondateur de l'Europe- signé en 1997, entré en vigueur en 1999 : les animaux sont des êtres sensibles qui éprouvent des émotions comme la peur, la joie de vivre et celle d'échanger avec leurs congénères et leurs petits, la souffrance et l'angoisse devant la mort. Il en découle que la PAC Politique Agricole Commune (45 % du budget de l'Europe) exige des éleveurs que leurs pratiques tiennent compte des besoins comportementaux des animaux qu'ils élèvent. Les directives concernant ces animaux évoluent donc en permanence en s'inspirant du Traité d'Amsterdam.

Les animaux sont comme nous (?) doués d'empathie. La preuve :



Trois liens supplémentaires : La campagne Osez le clito d'Osez le Féminisme, le clitoris c'est politique chez Patric Jean, et un troisième lien vers un blog de dessins Sous la blouse qui pose les bonnes questions sur les gestes des soignants en apprentissage.

15 commentaires:

  1. Cette histoire de lait de vache humain m'a énormément choquée lorsque j'en ai entendu parler. A la télé, ils se félicitaient de cette " avancée " comme ils disent, moi je trouve cela ignoble et monstrueux. Une vache est un animal d'une espèce différente de la nôtre, faire tous ces mélanges est une aberration qui profitera une fois de plus à l'être humain (quoi que c'est même pas certain niveau santé) au détriment de l'animal.

    D'autre part, dans le reportage, je n'ai pas trop apprécié qu'ils annoncent que tôt ou tard, ce lait se retrouverait en bouteilles dans les supermarchés " afin que les enfants bénéficient des avantages du lait maternel ".

    Est-ce une façon de dire aux femmes qu'elles sont de mauvaises mères si elles n'allaitent pas leur enfant?

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  2. @ Angèle : c'est très choquant effectivement ; mais moi je n'ai pas entendu cette histoire de lait distribué en bouteilles, mais si l'expérience réussit, cela peut peut-être être industrialisé ! L'horreur. Les femmes doivent faire comme elles l'entendent et imposer leurs choix sans culpabilité : allaitement maternel ou artificiel, c'est comme elles veulent.

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  3. Pour Tous les animaux , bovins ovins caprins , en production laitiére les petits des races laitiéres sont retirés de la mére , élevés au lait artificiel et puis vendus . Dans les races à viande on laisse le petit sous la mére . Bon , je ne rentre pas dans les détails . Alors évidement dans le cas dont tu parles là il en va de même .

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  4. @ Stéphanie : bien sûr, ils sont tous retirés à l'affection de leur mère : ils en tombent malades (diarrhées notamment) et on leur sert des laits artificiels médicamenteux pendant que le veau pleure sa mère et que la mère meugle à fendre l'âme en appelant son petit. Et tu as raison, ça vaut pour toutes les espèces laitières.

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  5. Si si, j'en suis certaine, c'était aux infos sur la 1 ou la 2 le soir où ils ont fait le reportage, car la visée, c'est l'échelle industrielle. Même si cela prend des années, il y a intérêt à ce que ce soit signalé, car c'est simplement aberrant. Je ne bois jamais de lait mais j'en utilise parfois pour la cuisine, je ne tiens pas à ce qu'il soit semi-humain ou encore plus trafiqué qu'à l'heure actuelle.

    A priori, les chinois ont réussi également ce clonage mais en clonant deux vaches portant chacune l'un des deux gènes^^.

    Il y a quelques années, dans ce même labo argentin, les chercheurs ont " modifié " 4 vaches qui peuvent produire du lait contenant de l'insuline...

    Je ne suis pas contre la recherche mais jouer à Frankenstein, on en paie tôt ou tard le prix.

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  6. ouin ouin, ils boivent du lait.

    Genre, quel mal y a t'il a boire du lait ? encore, de changer les chormosones toussa, je voit le "mal", mais de boire du lait, stop le délir :/

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  7. On s'enfonce, on s'enfonce ...
    On a beau pointer les conséquences désastreuses de ce genre de bidouillage d'apprentis sorciers pour tous et toutes (animaux, humains) rien n'y fait.

    PS: effrayant et finalement banal quand on y pense ce que dénonce Sous la blouse.

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  8. @ Angèle : ces chercheurs ne se donnent pas tout ce mal pour juste jouer avec des éprouvettes, ils ont certainement une idée industrielle derrière la tête, je suis bien d'accord. "Jouer à Frankenstein, on en paie tôt ou tard le prix" : les années "vache soit disant folle" sont loin derrière, et bien oubliées, les farines animales à stock intact sont de nouveau proposées pour nourrir les animaux : nous n'apprenons rien.
    @ Héloïse : pas mal vu n'est-ce pas, le dessin de Sous la blouse !
    @ anonyme : vous digérez le lait de vache, tant mieux, plein de gens dont moi, nous ne le digérons pas. Si on peut d'ailleurs encore appeler cela du lait, vu les process industriels de transformation qui lui sont appliqués.

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  9. Bonjour
    J'ai découvert ce blog aujourd'hui et je l'ai trouvé très intéressant. Bien que ne subissant pas de sexisme (ni dans ma vie personnelle, ni professionnelle - pourtant en SSII), je trouve essentiel de voir le chemin qui reste à parcourir et veiller à conserver les acquis.
    Je vous félicite donc et vous encourage de tout coeur à continuer.
    (connaissez vous Le Monolecte d'Agnès Maillard ? Ce blog devrait vous plaire...)

    Alixe

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  10. Merci Alixe de votre intérêt pour mon blog. Dans les SSII, il n'y a pas de sexisme car il n'y a pas de femmes (enfin, il n'y en a pas dans celles nombreuses que je connais !) sauf aux postes de secrétariat, quand il leur reste une assistante...
    Je connais bien sûr le blog que vous citez : je vois qu'elle vient d'écrire un billet sur le monde paysan "intégré" (non choix des fournisseurs, des produits, des méthodes de travail et des débouchés clients) impliquant malheur aux animaux et aux humains qui sont enfermés dans la même usine inhumaine hors-sol, tout cela pour nous obliger à nous nourrir de "viande" dont nous n'avons pas besoin. Merci encore.

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  11. Je suis peut-être dans une SSII d'exception, mais il y a des femmes à tous les niveaux (de la DG aux cheffes d'agence, en passant par les développeuses et cheffes de projets). Aussi pas mal de jeunes en première expérience et toutes les couleurs de peau... Ok, j'admets, elle est spéciale, ma SSII (fondée par un homme, je le précise - environ 600 personnes).

    Cela dit, dans mes missions, si les filles sont systématiquement en minorité, j'ai jamais ressenti comme gênant d'en être une. Généralement, je suis traitée à la fois comme une femme et une collègue compétente dans son domaine. Je ne sert pas le café et je me débrouille pour ramener les ramettes de papier (en trois voyages) quand c'est mon tour. En dix ans, je ne suis tombée qu'une seule fois sur des gros lourds, et le pire c'est que c'était la cheffe qui encourageait ce sexisme (je pense qu'elle en avait tellement bavé pour avoir ce poste dans cette entreprise masculine qu'elle avait adopté les codes 'virils' dans ce qu'il n'y a pas de meilleur).

    Monolecte : ce dernier billet sur les fournées de veaux est effrayant (je ne suis pas végétarienne, mais j'ai initié une nette diminution du nombre de repas carnés dans ma famille).

    Ah, aussi, je voulais te dire (on peut se tutoyer ?) que ton billet sur la féminisation des fonctions m'a rappelé une discussion avec un avocat qui refusait le terme de consoeur pour les avocates car le barreau est une confrérie et non pas une sororité. J'étais jeune et j'avais pas encore de répartie, mais avec le recul, cela m'amuse de l'imaginer expliquer qu'il remplace son confrère en congé de maternité... (vaut mieux en rire)

    Alixe

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  12. @ Alixe : un cas particulier ne peut en aucun cas constituer un cas général : tant mieux pour toi (bien sûr qu'on peut se tutoyer, c'est même l'usage) et ta SSII si la mixité y règne, je maintiens que dans les technopoles que je fréquente, il n'y a que des mecs dans les queues aux restaurants le midi, et que les dirigeants de ces sociétés "de services" cultivent un étroit entre-soi masculin comme partout dans l'Industrie, où les quelques femmes qu'on trouve ont été drastiquement SURsélectionnées selon des critères virils pour ne pas déparer le tableau machiste.
    Je suis une tenante de la féminisation des noms de fonction et j'applique, n'en déplaise aux gardiens mâles de l'ordre académique embaumé et poussiéreux. La langue appartient à sa locutrice. Ceci dit, c'est amusant ta remarque : les avocats doivent en réalité être des avocates (on peut emporter des dossiers chez soi pour travailler -la conciliation de la vie de famille et de la vie professionnelle étant un impératif réservé aux femmes !) mais les barreaux doivent être peuplés de vieilles choses masculines prostatiques au dernier degré, il y a peu de femmes bâtonnières. Et le service public montre l'exemple : j'ai entendu un soir en zappant sur la série Avocats et Associés une femme avocate donc interpeler une autre avocate en lui donnant du "ma chère confrère" à moins que le/la scénariste ait écrit "ma cher confrère" ; on ne peut mieux signaler une langue génétiquement inadaptée au changement et à la modernité.

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  13. Je ne mets pas en cause ce que tu constates de ton côté. Je donne juste une autre vision, pour assurer que cela existe aussi. Ma chance ne me fait pas oublier que ce n'est pas partout ainsi et c'est pour ça que je me sens solidaire des femmes dont tu racontes le difficile quotidien.

    Et moi aussi je féminise les fonctions sans états d'âme...

    Alixe

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  14. J'avais parfaitement bien compris, Alixe !
    :)))

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  15. C'est vraiment infâme cette histoire de clonage et de bidouillage génétique pour obtenir un lait frankensteinien ! Le problème c'est que nous avons les mains liés pour les arrêter. Et même si la population ne veut pas suivre, ils la forcent par la ruse en ne révélant pas comment les produits sont fabriqués. Je me souviens que ma mère observait une transformation de la structure du lait de vache lorsqu'on est passé des crémeries où l'on se rendait avec son bidon à lait et l'ère des packs conditionnés. Elle avait l'habitude d'écrémer elle-même le lait pour déposer cette crème dans un petit pot en grès placé dans le garde-manger, crème qui une fois le pot plein servait à faire de la pâte à tarte. Déjà à partir de l'industrialisation de la production, on ne nous l'a pas dit, mais le lait dit "entier" cessa d'être entier. Le petit pot en grès ne s'est plus rempli, ma mère a été contrainte d'acheter sa crème à part.
    L'absence d'information ou la rétention partielle de l'information est inhérente à ce "progrès" qui enthousiaste tant les adorateurs de la technoscience et sert à l'imposer aux "incroyants" par une sorte de force qui ne dit pas son nom.

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