mardi 5 avril 2011

Publicités sexistes : les hommes aussi sont victimes

Vous avez aimé Charal ? Vous allez adorer Jean Rozé !



C'est incontestable qu'encore et toujours, la viande est une affaire d'hommes, petits et grands. Chez Jean Rozé (Société Vitréenne d'Abattage de son vrai nom et filiale d'Intermarché), les bouchers captureraient même les bœufs au lasso ! Voilà comment la publicité nous formate pour la vie, et dès le plus jeune âge. Comment éradiquer les comportements machistes avec des stéréotypes pareils, dont on nous inflige pour le cas où on oublierait de jouer ces rôles et ces comportements figés, des piqûres de rappel toutes les cinq minutes ? Et tant pis pour tous les hommes qui ne se voient pas dans ces rôles virils, machistes, tant pis pour les hommes végéta*iens qui ne se voient pas en cowboys ni en chasseurs !

Quitte à jouer les rabat-joie, le réalité est toute différente : avertie par un lanceur d'alerte la semaine dernière, j'ai dû appeler la préfecture (DDPP ex DSV*) pour les faire se déplacer sur un dossier d'une quarantaine de vaches maltraitées et mourant de faim chez un éleveur incompétent et financièrement à bout, d'après l'enquête. Il a fallu argumenter et même s'énerver pour les faire bouger ; la gendarmerie s'est finalement déplacée plusieurs fois et m'a tenue au courant de ses démarches ; la DDPP préconise "la réduction du troupeau", en superbe langue de coton !
Gloups : vous ne faites rien, un troupeau de 35 vaches meurt lentement de faim, vous faites quelque chose, vous accélérez leur fin en les envoyant à l'abattoir ! Dure, très dure condition animale !

Il y a une erreur presque subliminale dans le film : les bœufs n'ont pas de cornes ! Glissement freudien ? Le "boeuf" qu'on trouve chez SVA Jean Rozé abattoirs, c'est de la vache dite de réforme, c'est à dire des vaches de trois ans, réformées, envoyées à l'abattoir, après une vie d'épuisants vêlages, de séparations douloureuses d'avec leur veau afin de leur piquer le lait qu'elles ne produisent que pour leur petit comme plus personne ne sait ! Et ce sont aussi des vaches retirées à l'éleveur pour cause de mauvais traitements d'après ma récente expérience ; et, pour le plus grand confort de l'éleveur, on leur brule la racine des cornes à l'acide en bas âge, et oui, c'est douloureux !

Une autre publicité sur les utilitaires Volkswagen, formatante dans des comportements virils avec rien que des hommes aussi est actuellement sur les écrans : attention, artisans sévèrement burnés, notez bien l'élégante remontée de futal vers la fin du film, sur fond musical style aka maori : clairement, les métiers de l'artisanat ne sont pas des métiers de gonzesses, tant pis pour les femmes intéressées à se lancer, ni des métiers de demie-portion, tant pis pour les hommes frêles et petit format : selon cette pub, ils auront l'air ridicules au volant de leurs gros engins !



La publicité télé de Volkswagen est déclinée dans la presse professionnelle avec les visuels suivants, montrant que le danger vient moins de la route que de leur dur métier, décidément pas fait pour les gonzesses (cliquer pour agrandir) :


Slogan en bas d'affiche : "le danger ne viendra pas de la route" ; il n'y a pas que la foudre qui menace l'artisan en plein travail, le client libidineux qui se rince l'œil et apprécie avec concupiscence le beau plombier coincé sous la lavabo, le menace aussi en le mettant en position de proie sexuelle !
La situation n'est plus réservée aux femmes.
(Cliquer pour agrandir !)















*DDPP : Direction Départementale de Protection des Populations
DSV : Direction des Services Vétérinaires. Ces services dépendent de la Préfecture.

7 commentaires:

  1. A croire que voilà les hommes jaloux de la menace d'être violé que les femmes subissent. Il leur faut tout, tout. Même les trucs glauques.
    c'est vraiment des grands malades...

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  2. Tiens, pour une fois, je ne partage pas ton avis ! Les hommes victimes de la pub ... mouais. Certes, ils sont enfermés dans des clichés et subissent une injonction mais ils ne sont pas montrés comme de fragiles proies. Je pense qu'en termes de construction identitaire l'image qui leur est renvoyée est beaucoup moins destructrice que celle que l'on renvoie aux femmes. C'est d'ailleurs au travers du traitement médiatique et artistique de leur image sociale qu'ils acquièrent confiance en eux et sentiment de supériorité (beaux, forts et invincibles). D'autant plus que ce sont eux qui contrôlent la majorité des médias: s'ils sont victimes ce n'est que d'eux-mêmes.
    Il y a quand même pas mal de bénéfices à s'enfermer dans un rôle de tout-puissant, non ?

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  3. @ Euterpe et Héloïse : en disant qu'ils sont victimes aussi n'implique pas que je les plains ni que je suis prête à adhérer à une association pour les défendre, ils sont assez grands et puissants pour cela et leurs relais marchent mieux que les nôtres, je constate juste que la pub, ce dressage social permanent, frappe aussi de leur côté, et que certains, les moins compétitifs, paient aussi pour le machisme des autres. Mais c'est vrai qu'on ne les entend pas trop sur le sujet...

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  4. Ce qui est aussi couramment vendu pour du " boeuf ", c'est du taurillon élevé vite fait bien fait, pas castré et tué jeune^^. Après, s'il n'est pas mangé jeune, il est castré et prend le nom de boeuf (sans hormones, il sera encore plus rentable sur la balance). S'il reste " entier ", il servira à la reproduction des vaches dont on connaît le déroulement de la vie^^. Ou amusera à la corrida s'il est de bonne race, pour finir quand même dans les assiettes.
    Et les cornes des veaux, oui, ils les brûlent à l'âge de 8 jours...

    Bah, par chez moi, ils bouffent même du poney basque (le pottok), c'est pourtant un petit cheval bien costaud qui date d'1 million d'années environ, qui servait autrefois dans les champs. Il y en a qui vivent encore en liberté et sauvages ici en montagne (j'en ai déjà croisés sur la route la nuit et crois-moi, la voiture doit s'arrêter car ils sont chez eux et c'est magnifique!!!)et d'autres qui sont élevés en prairie pour les centres équestres pour les enfants. Il y a des enfoirés de maquigons qui ont trouvé le filon de les élever pour leur viande et on trouve le pottok à 3,50 euro le kilo...

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  5. @ Angèle : J'ai trouvé un article sur ce cheval sur un blog du Monde (copier/coller l'adresse dans la barre de votre navigateur) : http://ambatill.blog.lemonde.fr/2008/09/18/le-pottok/
    Faire finir sa vie à l'abattoir ce cheval extrêmement rustique qui a traversé les millénaires pour arriver jusqu'à nous, et le vendre 3,50 euros le kilo à la boucherie (à moins que ce soit sur pied ?), c'est choquant à un point inimaginable ! Merci de ta contribution : je pensais que les hippophagiques sévissaient surtout dans le nord de la France et en Belgique, régions minières qui faisaient travailler leurs chevaux dans la mine (ils ne remontaient jamais) et les finissaient en steaks et saucisson ! C'est quant même partout une viande en totale régression : il n'y a plus que des vieux qui en mangent.

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  6. Il y a 1 mois, j'ai un copain (et c'est pas un vieux, il a 36 ans!)qui m'a demandé si je voulais du pottok pour mon congélateur à 3,50 le kilo^^. Inutile de préciser que je lui ai dit que je préférais manger des racines et que jamais, on ne me ferait manger du pottok. Et c'est le prix sous vide! Il amène le pottok, dès la sortie du camion, il lui met le pistolet électrique et le boucher de l'abattoir le découpe en rôtis et autres...

    De toute façon, il y a un trafic incroyable avec la viande, des brebis déclarées mortes et vendues sous vide aussi par exemple.

    Je pense que si l'être humain pouvait concrètement bouffer son voisin, il ne se gênerait pas.

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  7. @ Angèle : 3,50 le kilo abattu et conditionné, c'est dingue ! Mais ce prix bas ne serait-il pas le constat qu'il y en a sur le marché qui ne trouverait pas preneur ? C'est quand même incroyablement bas pour de la viande ! Le prix, c'est un baromètre de rareté ou d'abondance.

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